Aujourd’hui, nous restons au baranguay, le chef nous accueille et nous remercie pour cette mission pacifique. En effet, il y a moins d’un an, leur village a subi l’assaut répété des communistes, avec quelques combats meurtriers. Actuellement, ils commencent tout juste à reprendre une vie normale, sans être dans l’anxiété permanente.
Au refferal, c’est-à-dire le bureau d’accueil des patients à l’entrée du gymnase, chacun applique scrupuleusement le protocole demandé : port du masque obligatoire, et interroge chaque patient sur son éventuelle proximité récente avec un ressortissant de Chine. Le pays est un peu en panique, car beaucoup de Chinois résident aux Philippines, et le risque de contagion n’est donc pas improbable. A l’aéroport, il y avait toute une série de panneaux de prévention, on nous a pris la température, et il fallait montrer patte blanche en indiquant où nous avions fait escale.
Les rendez-vous d’optique se multiplient aujourd’hui, Alexandra et Gaëlle sont aux petits soins pour leurs patients. Une fois l’examen des yeux fait, vient le moment tant attendu de choisir une paire de lunettes. Une vieille femme se plaint de mal voir quand elle fait sa couture, tout en pensant que, comme elle ne sait pas lire, elle n’a pas besoin de lunettes. Gaëlle teste sa vision avec des images et lui met une bobine de fil en main, elle répond en visaya, et une interprète traduit en anglais. On est loin de la précision d’examen à laquelle on est habitués en France. Mais peu importe ici, puisqu’une fois le diagnostic posé, Alexandra lui essaie une paire de lunettes, et là, le miracle se produit : elle rit en n’en revient pas de voir son fil ! Elle va pouvoir l’enfiler toute seule dans le chas de l’aiguille !
Les médecins ont plus d’espace vital qu’hier, mais les enfants aussi… qui s’en donnent à cœur joie pour sauter, chanter, crier, se poursuivre et courir après leurs ballons. Un homme arrive, abîmé de partout : il a eu un accident de moto il y a une semaine, et toutes ses plaies non suturées se sont infectées. C’était en soit bénin, mais le manque d’hygiène a compliqué son cas. Le docteur Ledoux compte au moins trois problèmes de lumbagos, parce que les hommes portent de lourdes charges dans leur métier, sans avoir la résistance suffisante : comme prescription médicale, il se met tout simplement par terre et leur apprend à faire des pompes ! Sinon, une femme âgée avait un trouble de la conduction cardiaque, et son ECG donnait une suspicion d’infarctus ; il semblerait qu’un médecin lui avait prescrit un traitement, et c’est depuis qu’elle l’a terminé que les troubles sont survenus. Le docteur Cotruta demande quand même qu’elle voie au plus vite un cardiologue… « Vite » sera la semaine prochaine.
En fin d’après-midi, le chef du baranguay revient nous voir pour se consacrer à la Milice de l’Immaculée. Il nous explique qu’il organise une fois par mois une navette pour aller à l’église la plus proche se confesser et assister à la messe. Chez eux, il n’y a pas eu la séparation de l’Eglise et de l’Etat… Après cela, chapelet et messe achèvent pieusement la journée ; tous les enfants sont là, un chapelet à la main, et un feuillet pour lire les prières. Les soeurs sont d’un dévouement et d’une énergie incroyables pour s’occuper d’eux toute la journée.
Après le repas, Elaine nous annonce le programme du lendemain : départ à 4h pour deux heures de route vers la côte ouest, où un nouveau lieu de mission nous attend. La journée se finit avec la traditionnelle photo d’adieu avec les militaires.
A bientôt pour vous raconter la suite quand nous la connaîtrons nous-mêmes, et si l’endroit n’est pas trop reculé pour vous envoyer des nouvelles.
Sources : Rosa Mystica 2020 /Jeanne de Vençay
Suite des reportages 2020
Accès au reportage n° 04 du mercredi 19 février 2020
Accès au reportage n° 05 du jeudi 20 février 2020
Accès au reportage n° 06 du vendredi 21 février 2020
Accès au reportage n° 07 du samedi 22 février 2020
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