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Valeurs Actuelles n° 3771 du 5 mars 2009
Mgr Marc Ailler. « Présider à la charité »
Vous avez salué la décision du pape de lever les excommunications et signé la lettre de soutien à Benoît XVI (www.soutienabenoitxvi.org) face aux critiques que cette mesure lui a values. Quelle est selon vous la portée de cette démarche de réconciliation du pape ?
L’excommunication des quatre évêques était liée strictement à un acte de désobéissance, puisqu’ils avaient été consacrés par Mgr Lefebvre sans mandat pontifical, et non à eurs « réserves » sur le concile Vatican II. En levant cette peine, le Saint Père fait acte de miséricorde par rapport à cette de désobéissance de 1988 et manifeste sa volonté d’éviter un schisme qui compromettrait durablement le retour à la pleine communion.
Ce faisant, il entend établlir les conditions d’un dialogue plus confiant pour relancer la discussion sur les points controversés du concile Vatina II.
Nul ne peut préjuger de l’issue du dialogue ainsi renoué, ni de l’efficacité d’une telle mansuétude, mais qui ne souhaiterait que l’on aboutisse à la pleine communion ?
Pour l’heure la Fraternité Saint-Pie X ne retrouve pas pour autant une reconnaissance canonique, ni ses prêtres une mission dans l’Eglise, mais tout reste ouvert pour parvenir à un accord.
Les polémiques des dernières semaines ne témoignent-elles pas que l’autorité pontificale est quelque chose de très diffcile à admettre aujourd’hui pour beaucoup de gens, y compris des catholiques ?
Les déclarations négationnistes insoutenables et offensantes de Mgr Williamson sont venues parasiter la décision du pape et brouiller son message : les médias ont surfé complaisamment sur ces propos pour jeter le soupçon sur les intentions du Saint-Père et discréditer son autorité. Et si un certain nombre de fidèles catholiques ont exprimé leur incompréhension, voire leur révolte, c’est peut-être aussi parce qu’ils ne trouvent pas toujours auprès de leurs pasteurs le regard distancié et le jugement théologal qui leur permettraient de prendre un peu de hauteur.
L’autorité du pape est un service confié par le Christ lui-même à Pierre et à ses successeurs : c’est l’enseignement très clair de Vatican II qui rappelle « le pouvoir plénier, suprême et universel »du pontife romain. De plus, sa mission est « de présider à la charité », et nul ne saurait reprocher à Benoît XVI de porter concrètement ce souci. L’autorité du pape fait partie de la foi catholique, aujourd’hui comme hier. D’ailleurs, en ces jours d’épreuve, de nombreux fidèles, souvent ignorés des médias, manifestent spontanément leur soutien à Benoît XVI.
Que répondez-vous à ceux qui craignent que cette main tendue aux traditionalistes ne provoque un « schisme silencieux » de catholiques de l’autre bord ?
Le fils aîné se scandalisera toujours de la miséricorde du Père de la parabole envers le fils prodigue ! Cela n’empêchera pas le Père, et d’accueillir le fils cadet, dont il n’ignore pourtant rien de la démarche intéressée, et de supplier le fils aîné de rester dans la maison. Hier, des catholiques ont quitté l’Église pour avoir été blessés dans leur foi par la« rupture de tradition » opérée par ceux qui se réclamaient d’autant plus de « l’esprit du Concile » qu’ils en interprétaient les textes de manière arbitraire. Aujourd’hui, j’ai peine à croire que l’on puisse quitter le navire pour une démarche de réconciliation et d’unité, à moins que ce ne soit pour le rappel d’un enseignement traditionnel, qu’on avait pris l’habitude de contester, en se réclamant indûment du Concile ? Mais comme dit Jésus : « La Sagesse se révèle juste dans ses enfants » (Mt 11, 19).
Propos recueillis par Laurent Dandrieu pour Valeurs Actuelles
Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, du 25 janvier 2009