« Traditionalistes. Un réseau actif » – Télégramme.com du 31/​01/​09


Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflé­tant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Didier Déniel

La levée par Benoît XVI des excom­mu­ni­ca­tions des quatre évêques inté­gristes, le 21janvier, a remis en lumière cette mou­vance reli­gieuse. En Bretagne, elle est par­ti­cu­liè­re­ment active. Avec ses lieux de culte mais aus­si ses écoles.

Brest, rue Bruat, dans le nord de la ville. On devine à peine la dis­crète cha­pelle Sainte-​Anne. À l’in­té­rieur, un jeune prêtre en robe de bure prie devant l’au­tel. Dans la salle, une cen­taine de chaises pour accueillir les fidèles. Sur un poteau, un tronc « pour les pauvres ». Et un petit pan­neau qui incite les femmes à se cou­vrir la tête. Une ambiance d’é­glise des années cin­quante. La cha­pelle Sainte-​Anne est un des lieux de culte ouverts par la Fraternité Sacerdotale Pie X en Bretagne. Ici, on dit la messe en latin. Les valeurs tra­di­tio­na­listes font le socle de ce mou­ve­ment qui s’est tou­jours oppo­sé au « moder­nisme » du concileVatican II. Comme on peut le lire dans ses publi­ca­tions, il « s’op­pose acti­ve­ment aux nou­veau­tés libé­rales qui minent la foi et amènent sa ruine ».

Des pro­jets d’ou­ver­ture d’écoles

À ce jour, on comp­te­rait en Bretagne 5.000 croyants atta­chés aux pré­ceptes de Mgr Lefebvre. Des ouailles enca­drées par de jeunes prêtres (120 en France) dont la moyenne d’âge est de 41 ans. Outre les cha­pelles, le mou­ve­ment gère aus­si plu­sieurs écoles hors contrat, qui ne dépendent pas des réseaux dio­cé­sains habi­tuels. « En Bretagne, nous avons plu­sieurs pro­jets d’ou­ver­ture dans les mois à venir, explique l’ab­bé Patrick de la Rocque, res­pon­sable du prieu­ré nan­tais de la Fraternité. À Brest, à Rennes, mais aus­si à Guipavas ».

Quimperlé et la région quim­pé­roise seraient aus­si concer­nées. Dans ces écoles, tout est pris en charge par les parents, le mou­ve­ment et ses « bien­fai­teurs » : les inves­tis­se­ments immo­bi­liers et les émo­lu­ments des pro­fes­seurs. La dis­ci­pline semble régner en maître et le port du jean est inter­dit. L’apprentissage du latin est obli­ga­toire et l’his­toire est abor­dée « dans un esprit chré­tien ». Pour les internes, les uni­formes sont de rigueur les dimanches et les jours de sor­tie. Le sys­tème est par­fai­te­ment rodé. Les familles trop éloi­gnées des éta­blis­se­ments peuvent opter pour l’en­sei­gne­ment et le caté­chisme à distance.

« On atten­dait cela depuis longtemps »

Ces der­niers jours, les fidèles de la Fraternité Pie X se disaient sou­la­gés par la déci­sion du pape de lever l’ex­com­mu­ni­ca­tion. « Notre com­mu­nau­té atten­dait cela depuis très long­temps », sou­ligne l’ab­bé de Crécy, res­pon­sable de la cha­pelle Sainte-​Anne à Brest. Et les pro­pos néga­tion­nistes de MgrWilliamson, un des quatre évêques réin­té­grés ? Il y a trois mois, ce der­nier sou­te­nait devant une équipe de télé­vi­sion sué­doise que les chambres à gaz n’a­vaient jamais exis­té et que l’Holocauste se résu­mait à 200.000, voire 300.000morts.. « C’est une thèse per­son­nelle qui ne reflète pas du tout la posi­tion de la Fraternité », répond l’ab­béde la Rocque. Des pro­pos qui rejoignent ceux de Mgr Fellay, le supé­rieur de la Fraternité Sain- tPie X qui, dans un com­mu­ni­qué, en début de semaine, écri­vait : « Nous deman­dons par­don au Souverain Pontife, et à tous les hommes de bonne volon­té, pour les consé­quences dra­ma­tiques d’un tel acte ».

Cette mino­ra­tion de la solu­tion finale aurait sûre­ment inté­res­sé au plus haut point Mgr Lefebvre, le créa­teur de la Fraternité Pie X, mort en 1991. Son père, résis­tant, a été vic­time de la bar­ba­rie nazie. Il est décé­dé en 1944 dans le camp de concen­tra­tion de Sonnenburg, en Pologne. 

Didier Déniel in Le Télégramme.com