« Benoît XVI l’avait prévu – Les loups sont là » – Présent du 4 février 2009


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Jean Madiran

L’une des pre­mières paroles de Benoît XVI avait été :

Priez pour que je n’aie pas peur des loups.

Mais quels loups ?

Benoît XVI n’a pas eu peur.

Les loups sont appa­rus, ils se sont mis à hur­ler.

Il y a eu comme un mot d’ordre. Je ne sais pas qui l’a don­né. Mais je vois qui l’a reçu : les gros médias et tous ceux des évêques pour qui le monde réel va du quo­ti­dien anarcho-​bancaire Libération au quo­ti­dien d’inspiration trots­kiste mon­daine Le Monde.

Partout, dans les médias, répé­té lit­té­ra­le­ment, ou bien insi­nué plus ou moins clai­re­ment, le mot d’ordre tient en une phrase qui s’analyse en deux points :

1. – « Une fois de plus » ; « une nou­velle fois ». La levée d’excommunication du 21 jan­vier s’inscrit dans une longue suite d’« impairs » ayant un « effet dévas­ta­teur », dont la liste est tou­jours la même : le dis­cours à la Curie sur l’herméneutique du Concile, le dis­cours de Ratisbonne « sur » l’islam, le motu pro­prio du 07.07.07.

2. – La cause : chaque fois, « une ini­tia­tive prise en soli­taire » par ce pape « mal à l’aise dans le tra­vail col­lé­gial » et qui pour cela est « cou­pé du monde réel ».

Ainsi, c’est « ce pape » qui est visé, c’est sa per­sonne que l’on veut dis­qua­li­fier, pré­sen­tée comme sans auto­ri­té morale et sans com­pé­tence en dehors de son éru­di­tion livresque. Il a mau­vais esprit : il n’accepte pas de gou­ver­ner l’Eglise selon un par­le­men­ta­risme où rien ne serait décré­té qui, au nom de la « col­lé­gia­li­té », n’aurait été pré­pa­ré, contrô­lé, approu­vé par la majo­ri­té de l‘épiscopat. Il faut écar­ter « ce pape », pour démo­cra­ti­ser l’Eglise !

On voit donc se mani­fes­ter, jusqu‘à l’intérieur du Vatican, une « oppo­si­tion au Pape » dont l’abbé Claude Barthe dévoile les réseaux et, dans une série d’articles de L’Homme nou­veau, pointe nom­mé­ment quelques figures cardinales.

Sur les points contes­tés, Benoît XVI n’a com­mis aucun autre « impair » que d’avoir raison.

Raison d’avoir stop­pé, d’emblée, la catas­tro­phique évo­lu­tion conci­liaire qui a vidé tant d‘églises, sup­pri­mé le caté­chisme et asphyxié les voca­tions sacerdotales.

Raison, à Ratisbonne, sur l’islam, grand per­sé­cu­teur de chré­tiens dans les pays où il est au pouvoir.

Raison le 07.07.07, en met­tant fin à l’interdiction injuste de la messe traditionnelle.

Quand l’opposition à Benoît XVI est celle du monde pro­fane fai­sant peser sur l’Eglise une inso­lente pres­sion, il n’y a pas à s‘étonner : il en a tou­jours été ain­si, l’on ne peut rien attendre d’autre, si ce n’est leur conver­sion, dans les pays qui ont offi­ciel­le­ment, sta­tu­tai­re­ment, consti­tu­tion­nel­le­ment reje­té Jésus-Christ.

Mais il existe, à l’intérieur de l’Eglise, cette oppo­si­tion qui, pour cri­tères de res­pec­ta­bi­li­té, de cré­di­bi­li­té, de véri­té, prend les cri­tères du monde pro­fane et de ses médias de masse, ceux de l’idéologie domi­nante dans l’univers anarcho-​bancaire et trots­kiste mon­dain. Ainsi s’installe une situa­tion reli­gieuse ana­logue à celle créée par le moder­nisme qu’affrontait saint Pie X (in sinu gre­mioque Ecclesiae). Cette oppo­si­tion interne réclame une refor­mu­la­tion de la foi chré­tienne qui soit direc­te­ment « cré­dible » sans avoir besoin de pas­ser par une conver­sion : il suf­fit alors d’« adap­ter l’Evangile au monde actuel », en somme à la manière d’un can­di­dat adap­tant son pro­gramme aux ten­dances des élec­teurs. L’avant-garde de cette oppo­si­tion interne réclame expli­ci­te­ment « une décons­truc­tion de l’architecture doc­tri­nale et dog­ma­tique de l’Eglise ». De telles exi­gences sont clai­re­ment incom­pa­tibles avec les for­mu­la­tions nettes d’un petit caté­chisme pour enfants bap­ti­sés, et c’est pour­quoi celui-​ci a été sup­pri­mé par l‘évolution conci­liaire en même temps qu’elle inter­di­sait la messe traditionnelle.

A la suite de la messe, le caté­chisme doit main­te­nant retrou­ver toute sa place. Il est, avec la grâce de Dieu, le rempart.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6772 du mer­cre­di 4 février 2009 – Présent