Monsieur l’abbé Tim Pfeiffer
Les premiers patients ont dû passer l’information : une foule compacte nous attend ce matin à 8h30. Certains viennent de loin, parfois à pied, ils n’ont pas hésité à partir tôt pour venir profiter des bons soins missionnaires.
Cette année, nous avons trois prêtres pour la mission : monsieur l’abbé Karl Stehlin qui a pu se libérer pour passer quelques jours avec nous, monsieur l’abbé Tim Pfeiffer, sur place depuis plusieurs années déjà, et monsieur l’abbé Jacques Péron, qui découvre la vocation de prêtre missionnaire… A peine arrivé, il est envoyé desservir une paroisse à quelques heures de jeepnee, puis préside une Mary’s Mission en imposant pas moins de 390 scapulaires ; il fait le premier cours de catéchisme de sa vie en anglais et reçoit ensuite des centaines d’engagement dans la Légion de Marie… Non nobis, Domine !
Sur place au gymnase, les prêtres et les religieuses ont de quoi faire auprès de tous les gens qui attendent. Certains ne connaissent aucune prière, alors qu’ils se disent catholiques. Il faut commencer par les rudiments, expliquer le chapelet, et le plus souvent, les prêtres commencent par imposer le scapulaire et donner la médaille miraculeuse. La Sainte Vierge est dans la place, la suite sera plus facile !
Au niveau médical, les médecins voient un homme diabétique qui s’est fait amputer la semaine dernière en transfémoral. Il est venu montrer son moignon, mal cicatrisé : le seul traitement qu’il faisait était de mettre dessus une poudre d’origine douteuse, et de recouvrir avec une compresse scotchée ( !). Et bien entendu, il ne nettoyait pas entre deux pseudo-pansements. Donc la plaie ne s’est pas cicatrisée, elle s’est vite infectée et déjà presque nécrosée. Claire a dû passer une heure à nettoyer la plaie. Et pour comble d’infortune, ce pauvre homme désormais condamné au fauteuil roulant a formé un escarre très exsudatif. A
utrement, un jeune homme de 14 ans avait une simple coupure au doigt de pied, mais il ne s’est pas soigné ; un fort impétigo s’est déclaré, il a le pied purulent, le médecin est obligé de lui prescrire immédiatement un antibiotique. Une maman nous amène son garçon de six ans qui a l’abdomen très dur et fait des infections urinaires à répétition : le médecin lui découvre une malformation qui pourrait vite entraîner une septicémie. Il faut agir vite, ce sera une lourde opération.
Autre cas grave : un homme de 60 ans qui fait de l’hypertension. Par prudence, une infirmière lui fait un ECG et détecte une arythmie des contractions du cœur avec dissociation auriculo-ventriculaire. Il est envoyé d’urgence chez un cardiologue, il aura peut-être besoin d’une longue opération du cœur.
Chaque soir, pendant que les pharmaciennes finissent de traiter les dernières ordonnances, nous récitons le chapelet au pied de Notre-Dame de Fatima, puis assistons à la messe : c’est en même temps une action de grâces pour la journée écoulée, et une source de grâces pour le jour suivant.
Monsieur l’abbé Stehlin nous rappelle bien ce qu’est un missionnaire : c’est avant tout un catholique désireux de convertir les autres, qui met ses talents entre les mains de la Vierge, et La laisse agir sur les âmes. Cette vision donne un sens surnaturel aux rôles variés assignés à chaque volontaire.
Après la messe, nous avons rendez-vous près du palais du gouverneur pour une réception de remerciement. Sous un grand chapiteau sont dressées des tables aux nappes multicolores, une grande affiche de « Thanksgivings » est dressée en fond de décor. C’est Asma, la secrétaire du gouverneur, qui nous accueille. Etonnement d’être reçus par tant de femmes voilées : il semble que, par opposition aux terroristes musulmans des montagnes, les musulmans de la ville tiennent à cohabiter sereinement avec les catholiques, surtout quand ils viennent aider leurs concitoyens !
Moment solennel : tout le monde se lève pour chanter l’hymne philippin, la main sur le cœur. Bien sûr, pour que nous puissions chanter, c’est en version karaoké ! Après commence le festival de discours pour remercier docteur Dickès et son équipe.
Nous venons volontiers rendre service, et sommes touchés de voir la gratitude des Philippins : danses, chants, buffets plantureux, remerciements chaleureux, diplômes variés, tout est mis en œuvre pour nous rendre hommage. A la fin, docteur Dickès émeut tout son petit troupeau en faisant, en quelque sorte, son testament spirituel. Il ne sait pas combien de missions il pourra encore faire, et nous encourage à ne pas abandonner. Il déplore les volontaires « taupes » qui font une mission puis disparaissent de la circulation.
« Un volontaire doit continuer la mission en rentrant en France. S’il a compris l’importance de la grâce à transmettre par le Cœur Immaculé de Marie, il aura le souci de continuer à rayonner, et d’œuvrer pour Rosa Mystica. »
Qu’on se le dise !
Jeanne de Vençay, envoyée spéciale de La Porte Latine aux Philippines.
Suite des reportages de la Mission Acim Asia 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 05 : samedi 17 février 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 06 : lundi 20 février 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 07 : mardi 21 février 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 08, fin de la mission 2017
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