Le capitaine lui-même vient au pied de la Vierge et lui consacre officiellement tout son baranguay
Tandis que le travail médical se poursuit au gymnase, quelques volontaires vont découvrir une « Marys’mission » avec Father Tim. Inutile d’essayer de comparer la Milice de l’Immaculée française avec celle d’ici : la mentalité des gens est tellement différente que le « travail d’approche » ne se fait pas du tout de la même façon. Retour à l’époque du père Kolbe : on bat la campagne pour faire venir les gens à l’église, et ils viennent
Alors que nous arrivons à Noralah pour commencer la mission, les femmes du baranguay (quartier de la ville) nous font signe de les suivre. Father Tim s’exécute, et nous voilà bientôt devant une table dressée pour nous, garnie d’au moins dix plats différents, porc en sauce, sardines grillées, nems, riz, pâtes, gâteau de coco, etc.
Ce n’est pas très conforme à l’esprit de détachement de la Milice ! Mais il faut aussi montrer notre reconnaissance pour cela, et goûter tant bien que mal à tout cela. Au dessert, Father Tim gronde gentiment les dames en leur disant que cela n’est pas prévu dans le déroulement des « Marys’ Mission » ; si elles recommencent, il leur donnera vingt pompes à faire !
Les préparatifs commencent dans le petit gymnase : mise en place de l’autel pour la messe du soir, et installation de la Vierge de Fatima sur son brancard. La procession se met lentement en route.
Le principe est le suivant : La Vierge est portée devant en ambassadrice, les fidèles suivent, le prêtre marche à l’arrière avec micro et haut-parleur ; il nous fait réciter le chapelet, et fait l’annonce suivante entre chaque dizaine : « Chers amis, la Vierge Marie vient vous rendre visite ! C’est votre mère à tous, elle vous apporte protection et bonheur ! Si vous voulez vous consacrer à elle, venez à 5h, il y aura la messe, et vous recevrez comme cadeau de la Vierge son scapulaire et sa médaille. A 5h, au gymnase San Miguel, votre Mère du Ciel vous attend ! »
En fait de procession, nous marchons bien deux heures et demie, en alternant béton brûlant des routes et fraîcheur des chemins de traverse. Au gré des kilomètres, la file des pèlerins s’allonge. Et quand nous sommes de retour au gymnase, presque tous les habitants du baranguay sont là ! Il y a ceux qui ont marché avec nous derrière la Vierge, et ceux qui nous attendent sur place pour la messe. Beaucoup d’enfants courent partout, le recueillement est très relatif, mais enfin ils sont là, et le sermon théâtral et tonitruant de Father Tim décidera presque tout le monde à s’engager dans la Milice.
Après la messe, il y a d’abord l’imposition des scapulaires : il suffit de le porter tout le temps autour du cou avec dévotion, de réciter trois Ave Maria par jour, et la Sainte Vierge promet de nous éviter l’enfer ; vous pensez bien que les Philippins ne se le font pas dire deux fois, on ne refuse pas un « talisman » si efficace ! Pour l’étape suivante, ils ont besoin de savoir un peu plus à quoi ils s’engagent : le Père leur expose dans les grandes lignes la religion catholique, et le rôle de la Milice qui se consacre à la Sainte Vierge et promet de répandre son nom. Pour pouvoir y accéder, il faut être baptisé, porter la médaille, et s’engager à faire quelque chose pour la Vierge. Puis c’est le moment de réflexion avant de s’engager. Distribution de fiches d’inscription, puis validation par les catéchistes. Les enfants doivent apprendre une prière par cœur pour manifester leur bonne volonté.
Quand l’aspect technique des enrôlements est clos, vient la cérémonie d’intronisation, avec renouvellement des promesses du baptême et engagement à servir Marie. Les attitudes sont variées : certains visages sont recueillis et graves, d’autres curieux et souriants ; certains s’engagent pour faire comme les autres ; et il y a ceux qui comprennent mal l’anglais et suivent le mouvement. Father Tim a bien conscience que la terre dans laquelle il sème n’est pas toujours fertile, mais il voit là son vrai travail de missionnaire : semer et beaucoup cultiver ; puis, peut-être, un jour, récolter.
Pour couronner le tout, le capitaine lui-même vient au pied de la Vierge et lui consacre officiellement tout son baranguay [Voir la photo n° 1 de e reportage]. Imaginez le quart de la moitié de ce genre de cérémonie en France… On croit rêver !
Il est 21h, l’ensemble des cérémonies a duré quatre heures. On nous offre à dîner avant de reprendre la route. Mais pour aller où ? Father Tim nous dit sur le ton de la blague que le chauffeur a reçu une noix de coco sur la tête, alors le retour est compromis.
En fait, c’est le bus qui donne réellement des signes de faiblesse, ce n’est peut-être pas raisonnable d’aller jusqu’à Gensan. Alors pourquoi ne pas s’arrêter à Marbel, où une gentille paroissienne propose de nous loger ? Les pourparlers sont longs, nous suivons de loin les décisions qui vont et viennent, Patrick prévient sa femme de ne pas s’inquiéter, et nous apprivoisons l’idée de dormir chez l’habitant sans toilette ni linge de rechange, et de rejoindre les autres le lendemain quand Dieu voudra… Le bus finit par démarrer, nous arrivons vite à Marbel. Et là, surprise, il est 23h15, et on nous annonce que le bus nous ramène à Gensan. Arrivée à 1h du matin.
Tout vient à point à qui sait attendre !
Jeanne de Vençay, envoyée spéciale de La Porte Latine aux Philippines.
Suite des reportages de la Mission Acim Asia 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 06 : lundi 20 février 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 07 : mardi 21 février 2017
11° Opération Rosa Mystica sur l’île de Mindanao – N° 08, fin de la mission 2017
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