Notre arrivée à Tacloban : tout est dévasté !
Arrivée à Tacloban, samedi 18 janvier
A la suite du typhon Yolanda, une partie des communications aériennes et par bateau sont interrompues. Pour les volontaires de l’Association Catholique des Infirmières et Médecins (ACIM) la route a été longue. En roulant sur la piste d’attérissage, nous voyons les grands arbustes comme brûlés par un incendie. L’aéroport ne subsiste que par les montants en bétons. Toutes les parois sont éclatées ; et ce qui se nomme ici le caroussel, c’est-à-dire les tapis roulants pour les baggages, sont évidemment hors d’usage. Inattendue, une haie d’honneur de porteurs en uniforme lance un chant pour accueillir les passagers : Mabuhay : Bienvenue !
Notre groupe de français est embarqué par un minibus : ce dernier n’a plus de garniture intérieure, le tableau de bord tient par du ruban adhésif, les fenêtres ne s’ouvrent plus, etc. Un enfant s’approche : « Hungry ! J’ai faim. » La gorge se serre à ces mots. Nous rassemblons tous les biscuits qui restent du voyage.
Première surprise, à perte de vue, un fouillis invraisemblable de tentes, de baches colorées, de tôles ondulées, et partout le long des routes des monceaux de déchets. Les gens vivent au milieu, les pieds dans la boue. Nous sortons de la zone aéroportuaire vers Tacloban. Nous sommes pris aux tripes par un immense sentiment d’impuissance.
Chemin faisant, nous découvrons un paysage effroyable et cauchemardesque, nous sommes entourés de maisons effondrées, de ferrailles, d’entrepôts détruits, ou sans toit, d’habitations dont il ne reste plus que quelques pans de murs. Des arbres gigantesques gisent sur le sol, leurs racines lançant vers le ciel un pathétique appel, les poteaux télégraphiques sont abattus. Cet affreux cataclysme s’étend sur des kilomêtres. Dans le minibus, nous sommes tous sans voix, un silence de mort devant une réalité dépassant notre imagination et ce que nous avons pu voir dans les médias.
Nous sommes répartis vaille que vaille dans divers lieux d’hébergement, certains n’ont pas l’eau, d’autres l’électricité ; une partie des volontaires couchent sur le sol ; nous sommes en mission, ceux qui avaient des exigences ont bien fait de rester chez eux.
Dimanche, 19 janvier
Progressivement, après une nuit blanche à l’aéroport de Manille, d’autres volontaires arrivent tant bien que mal. Un certain nombre d’entre eux manquent toujours à l’appel en raison des circonstances météorologiques caractérisées par la pluie et le vent entrainant l’annulation de nombreux bateaux et d’avions.
9h00 – Chapelet, suivi de la messe chantée par les frères de la Fraternité St Pie X. Ils ont mis quatre jours en venant de Iloilo pour faire un trajet qui normalement dure deux heures et demi en avion. Nous sommes rassemblés dans l’astrodome ; il s’agit d’un gigantesque amphithéâtre, centré sur un terrain de basketball, le sport national. Le toit dont une partie a été arrachée, nous protège mal de la pluie. Après moultes négociations avec les autorités municipales, nous avons obtenu cet endroit pour la mission.
14h00 – Réunion d’orientation des volontaires. Comme par le passé, ils sont arrivés des quatre coins du monde ; par ordre numérique : les Philippins, les Français, les Australiens, les Américains, les Suisses ; mais ils sont venus aussi d’Irlande, du Vietnam, de la Belgique, de la Nouvelle Zélande, de Singapour, de Corée, d’Afrique du Sud, de la Malaisie, et du Canada. Il y a même une jeune femme d’origine turque, parlant l’araméen, la langue de Jésus. Nous arrivons à la soixantaine de volontaires. Nous en attendons encore plus d’une vingtaine.
Pourquoi sommes-nous aussi nombreux ? La raison est simple, l’ampleur du désastre nécessitait une aide massive à la fois spirituelle et médicale ; mais aussi matérielle et alimentaire, d’où la presence d’une équipe de gros bras, à majorité australienne, pour aider à la reconstruction.
Il est 17h30, il commence à faire noir. L’équipe de pharmacie, quasiment totalement française range les médicaments sur des étagères sommaires préparées la veille par Ryan, un jeune ancien américain des guerres d’Irak et d’Afganistan ; on travaille à la lampe de poche. (Faute de connection internet suffisante, il est impossible d’envoyer des vidéos. Celles-ci seront présentées ultérieurement. De même pour les photos.)
Jean-Pierre Dickès
La première vidéo : un premier entretien poignant avec le Dr Dickès
Produit et réalisé pour La Porte Latine, le site officiel du district de France
de la FSSPX, par Jean-Paul et Jacques Buffet.
Pour aider la Mission Acim Asia 2014
Les dons pour ACIM ASIA doivent être envoyés au : Dr Jean-Pierre Dickès Il est rappelé que la totalité des dons est envoyé à la mission sans prélèvement de quelque nature que ce soit. D’autant qu’ACIM France prend en charge intégralement le fonctionnement |