S.O.S Mamans – Journal de bord n° 26

Lundi 3 novembre 2008

Monsieur P.G. (dép. 13) nous écrit :

« Chacun de vos car­nets de bord pro­voquent des émo­tions pro­fondes. Vous tou­chez de près la ter­rible détresse pro­vo­quée par notre socié­té démo­niaque qui favo­rise la malice des hommes ! Vos récits tirent les larmes des cœurs les plus endur­cis, et le sang des pierres ! »

Cher Monsieur, nous n’y sommes pour rien. Nous essayons sim­ple­ment d’ouvrir nos yeux aux ‘signes’ que le Bon Dieu envoie à notre époque et face aux­quels Il nous a conseillé de réflé­chir et d’agir.

Lundi 10 novembre 2008

Week-​end intense ! Avant-​hier nous avons fait venir une jeune fille esclave, Mara, d’une ambas­sade est-​asiatique à Berlin, 15 ½ ans, com­plè­te­ment amo­chée par vio­lences sexuelles – et enceinte par viol – jusqu’à Paris (en voi­ture de loca­tion pour évi­ter les contrôles). Elle est ori­gi­naire de l’Océan indien. Nous l’avons soi­gnée ici, et fait repar­tir par sécu­ri­té au Bénélux dans une de nos familles héber­geuses là-​bas. Coût total de cette opé­ra­tion de sau­ve­tage en 48 heures : 839 €.

Maintenant elle peut se soi­gner, se repo­ser et por­ter en paix son bébé.

- Pendant ce temps nous avions paral­lè­le­ment un cas très urgent sur Paris : Karina, une jeune russe de 20 ans, mâchoire cas­sée par vio­lence (3 frac­tures) lors d’un viol avec sévices sexuels par 3 voyous. La fille avait été raco­lée en Russie pour être ‘répé­ti­tion­neuse de russe’ à Paris, mais en fait elle se trou­vait débar­quée dans un bor­del. Elle est enceinte. Nous l’avons ren­con­trée dans la rue, défi­gu­rée, pro­vi­soi­re­ment soi­gnée. Nous l’avons fait resoi­gner dans un hôpi­tal pari­sien et éva­cuée vers une de nos familles héber­geuses sur la Côte d’Azur. Là elle est en paix. Elle est diplô­mée en langues. Coût de cette opé­ra­tion de sau­ve­tage – bébé et maman : 214 €.

Il faut dire que le Bon Dieu nous a envoyé au début de SOS MAMANS (1995) des cas moins durs – nous l’aurions pas consi­dé­ré ain­si à l’époque -, mais on dirait qu’au fur et à mesure que le temps et notre expé­rience pro­gressent, Il veut nous com­bler ? Nous sommes comme à l’école de Dieu, qu’Il nous mène où Il le sou­haite, même si c’est dur.

Mercredi 12 novembre 2008

Nous rece­vons ce jour un chèque de sou­tien accom­pa­gné d’un petit mot bou­le­ver­sant, de JCB (78):

« Chers amis, mer­ci pour votre action, mer­ci pour votre jour­nal (qui nous console et nous fait honte de nous-​mêmes). Soyez bénis ! »

C’est sur­tout Dieu qu’il faut remer­cier, cher Monsieur. Deo gratias !

– Aujourd’hui 2 autres cas dra­ma­tiques : deux sœurs de 15 et 13 ans, à cause de leurs noms impro­non­çables nous les sur­nom­mons Lala 1 et Lala 2, métisses indo/​maghrébines, enceintes, nous télé­phonent de l’avortoir où un oncle per­vers les a ame­nées pour les faire avor­ter – des séquelles des viols répé­tés qu’il a com­mis sur ses deux nièces. Elles avaient notre numé­ro de télé­phone confi­den­tiel d’une copine que nous avions déjà sau­vées. (Il s’agit de notre numé­ro de télé­phone mobile uti­li­sé pour SOS MAMANS.) Nous réus­sis­sons à les sor­tir de l’hôpital. On mange ensemble chez MacDo (c’est ce qu’elles aiment, tant pis) pour les res­tau­rer. On leur met des tcha­dors pour les camou­fler, mais où les loger ? Provisoirement chez une amie dans la ban­lieue pari­sienne, en atten­dant une solu­tion miracle du Bon Dieu.

– Quelqu’un nous a deman­dé : et si l’avortement était inter­dit un jour en France, vous fer­me­riez SOS MAMANS ? Bonne ques­tion, même si elle est un peu irréa­liste pour le moment. Notre réponse : Non ! Car si l’avortement était inter­dit, com­bien de jeunes filles et jeunes mamans se sui­ci­de­raient, manque de la pré­sence d’un Bon Samaritain dans des situa­tions qui leur semblent humai­ne­ment inex­tri­cables et sans espé­rance ? Donc SOS MAMANS conti­nue­rait à aider les femmes enceintes, ce qui prouve que l’avortement n’est qu’une goutte dans une mer de crimes, péchés, manque d’amour, sexua­li­té pré­coce, divorces, concu­bi­nages, com­por­te­ments hai­neux, pros­ti­tu­tion, escla­vage, égoïsme….

Que de drames dans ces ‘familles’ ! Ce qui est mer­veilleux dans notre tra­vail de sau­ve­tage d’un bébé, c’est que celui-​ci est le moteur et le tur­bo de tout un pro­ces­sus de gué­ri­son de cette socié­té malade : autour du bébé la lumière se fait, tout le monde com­mence à aimer, à se sacri­fier, à s’oublier. Et cela fait des flammes, allu­mant d’autres étin­celles qui s’ignorent. Bientôt un bra­sier ? « L’esprit souffle où il veut », nous a révé­lé Jésus.

Mercredi 19 novembre 2008

Quant à jeunes Lala 1 et Lala 2 (voir ci-​dessus à la date du 12 nov.), nous leur avons fina­le­ment trou­vé un héber­ge­ment défi­ni­tif, après l’hébergement pro­vi­soire d’une semaine sur la Côte d’Azur. Devinez qui les prend ? Eh bien, notre aimable petite dame en Normandie qui, ren­trée de l’hôpital avec l’assurance qu’elle a le can­cer, a de nou­veau signa­lé qu’elle est prête à accueillir nos petites mamans en détresse.

On ne peut que s’incliner devant une telle cha­ri­té. Que Dieu soit loué !

Vendredi 21 novembre 2008

Déjà il y a une semaine nous avions ren­con­trée Ilonka, étu­diante hon­groise. Elle était défi­gu­rée par des coups de poings par son concu­bin fran­çais qui, marié, ne vou­lait pas du bébé qu’il lui avait conçu. Nous l’avions ame­née à l’hôpital pour la soi­gner. Aujourd’hui : rebe­lote. Puisque son amant connaît son loge­ment, il est venu lui cas­ser encore la figure, cette fois-​ci elle a un bras cas­sé, et des bleus par­tout. De nou­veau hôpi­tal, soins, et retour. Il faut abso­lu­ment qu’on lui trouve un loge­ment pour être à l’abri de cette brute de ‘copain’. Petit à petit nous nous fai­sons une idée de la bas­sesse de cer­tains hommes, à un degré inima­gi­nable. Il fau­drait effec­ti­ve­ment un jour créer SOS PAPAS… qui fonc­tion­ne­rait avec un moyen opé­ra­tion­nel inha­bi­tuel : une batte de base­ball ! Vous direz : où est le regard chré­tien dans cette bou­tade ? Et nous répon­dons : est-​ce que Jésus Lui-​même n’a pas dit de cer­tains : « Je les vomi­rai » ? Bien sûr, il par­lait des tièdes, mais qu’est-ce qu’il aurait dit ces pourris-là ?

Dimanche 30 novembre 2008

Vesna, 20 ans, enceinte. Elle erre dans un jar­din public. Du sang rou­git son vête­ment au niveau de l’épaule, et sa main est enve­lop­pée d’une énorme bande, ce qui nous incite à l’aborder. Elle est serbe et a reçu cette nuit 2 coups de cou­teaux « en famille », soit dit parce qu’elle est enceinte : 1 dans l’épaule, et l’autre dans la main. Difficile de l’amener vers un hôpi­tal : là-​bas ils sont obli­gés, quand il y a coups de cou­teau, de contac­ter la police, et Vesna a ter­ri­ble­ment peur d’être rame­née à sa famille. Nous allons donc chez un méde­cin pri­vé, dis­cret. Il la soigne par­fai­te­ment. Nous lui ache­tons quelques vête­ments, quelques tickets de res­tau­rant (MacDo, ce n’est pas cher et c’est ce qu’elles aiment…) et de métro. Après 4 nuits d’hôtel (4 x 35 Euro), en chan­geant chaque nuit d’hôtel – tel­le­ment elle a peur -, nous arri­vons à la rai­son­ner et l’amener chez nos amis en Normandie. Tout est main­te­nant réglé, elle attend tran­quille­ment son bébé.

Vendredi 5 décembre 2008

Nous ren­con­trons Lubliana, russe de 18 ans arri­vée il y a 3 mois en France, enceinte depuis 1 mois, pros­ti­tuée sous la coupe de 3 hommes dont 2 redou­tables Albanais. Elle est morte de peur, et pire : elle a quelque chose comme des contrac­tions, peut-​être par angoisse ? Nous l’amenons chez le méde­cin pour des soins, puis nous l’aidons à fuir en l’envoyant sur la Côte‑d’Azur, d’abord chez une famille expé­ri­men­tée pour lui per­mettre de reprendre du souffle et du cou­rage, et ensuite chez une nou­velle dame héber­geuse dans le midi. Tout s’est bien pas­sé. Pourtant il y avait un couac : la camion­nette qui devait la trans­por­ter vers Biarritz, fut cam­brio­lée pen­dant la nuit avant le départ de Paris : porte et pare-​brise cas­sés. Nous aidons la famille trans­por­teuse avec 200 € pour aider à répa­rer les dégâts, et c’est par­ti. Deo gratias !

Lundi 22 décembre 2008

Mme J.K. (Bretagne) nous écrit ces quelques lignes :

« Je vous expé­die un petit chèque pour que vous puis­siez conti­nuer votre œuvre auprès des mamans et des enfants en dan­ger. Votre jour­nal de bord montre vos dif­fi­cul­tés et leurs dif­fi­cul­tés en France et ailleurs. Il y aurait de quoi se décou­ra­ger, aus­si je vous admire beau­coup car vous ne per­dez pas cou­rage et je trouve ça for­mi­dable et vous en remercie. »

Pourtant, nous sommes par­fois ten­tés de nous décou­ra­ger, chère Madame, mais il y a des batailles où l’on ne peut recu­ler. Puisque nous avons main­te­nant le contact avec les femmes et jeunes filles enceintes en dan­ger d’avortement, recu­ler signi­fie­rait ‘mar­cher sur les cadavres’, ce qui est impos­sible à nos équipes. Il n’y a que la fuite vers l’avant, vers la cha­ri­té tou­jours plus grande de Jésus, en Le lais­sant faire à tra­vers nous, s’Il le veut bien. Nous réa­li­sons aus­si que nous entrons là dans une sorte de plan d’économie divine : chaque sau­ve­tage est une conver­sion du mal vers le bien, contre­ba­lan­cée sûre­ment quelque part par une âme pieuse et géné­reuse qui se donne, et obte­nue en défi­ni­tive de la Miséricorde de Dieu par Jésus souf­frant sur la croix. Comment recu­ler ? Mission impossible.

– A côté de tout cela, nous avions pen­dant ce mois de décembre 12 nais­sances, donc des bébés sau­vés au début de l’année. Voici la liste de ces bébés, accueillis par nos assis­tantes lors d’une visite à la mater­ni­té avec des fleurs, des cho­co­lats, une pre­mière peluche et une prime d’accueil de 225 Euros (pro­mis à la maman au moment du sau­ve­tage) : Maria – Izabella – Laure – Lucia – Yuanna – Nicolai – Zoé – Pearl – Ivan – Christian – Carolina – Kristoffer. C’est la for­mi­dable prime de joie que nous récol­tons après chaque sau­ve­tage d’une maman : au plus tard 9 mois plus tard un bébé naît, tout beau et inno­cent, avec une petite maman heu­reuse : comme si la Création recom­men­çait à zéro. Gloria in excel­sis Deo !

Mercredi 24 décembre 2008

Notre ‘cadeau’ de Noël ? La pire his­toire que nous n’ayons jamais vécue. Une amie infir­mière des alen­tours de Paris nous appelle, et nous fait ren­con­trer une ‘mère’ – bien fran­çaise – qui veut vendre l’embryon de sa fille Odile qui a 17 ans. La ‘mère’ nous parle de 5000 Euro à payer si nous vou­lons libé­rer le bébé. ‘Libérer’ ?

Une his­toire incroyable. Elle est en train de vendre le bébé de sa fille à un vieux anglais, habi­tant en Angleterre et en France, souf­frant de la mala­die d’Alzheimer. Il a un pro­jet infer­nal : il veut, aurait-​il dit, avoir en per­ma­nence un bébé-​médicament à côté de lui, soit pour gué­rir sa mala­die par ‘le cor­don ombi­li­cal’ à la nais­sance, soit plus tard par le reste du corps du bébé vivant (?). La fille de 17 ans, contre 5000 Euro payés par l’anglais à la ‘mère ter­rible’, vien­drait loger chez lui, accou­che­rait du bébé ET L’ABANDONNERAIT POUR TOUJOURS AUPRES DU VIEUX en ren­trant chez sa mère – sans le bébé.

Les bras nous tombent. Ici il ne s’agit pas d’un avor­te­ment, mais peut-​être de pire : d’un bébé spi­ri­tuel­le­ment mort-​né, puisque tota­le­ment ren­du esclave. Le pro­jet pour­rait sem­bler issu des phan­tasmes d’un vieux malade, mais le ‘prix’ de vente du bébé de 5000 Euro est bien réel, et le départ de la jeune fille vers l’Angleterre immi­nent. Nous dis­cu­tons âpre­ment avec cette ‘mère ter­rible’ qui ne veut pas démordre, ni bais­ser le prix de ‘libé­ra­tion’ équi­valent à la somme conve­nue avec le vieux. Nous lais­sons entendre que nous pour­rions lui régler 10 men­sua­li­tés de 500 Euro, et comme preuve nous lui remet­tons immé­dia­te­ment les pre­miers 500 Euro au comp­tant. La jeune fille, tota­le­ment apeu­rée, arrive à fixer un rendez-​vous secret avec nous, en dépit de la sur­veillance par sa mère. Nous l’aiderons à fuir et à se rendre chez une de nos familles héber­geuses – loin de Paris (et nous oublie­rons froi­de­ment les 9 autres men­sua­li­tés, une négo­cia­tion sous contrainte ne valant rien).

- Jusqu’où faut-​il que nous sui­vions nos petites mamans dans leur misère, leur car­can, leur pri­son ? Jusqu’où nous mène­ront les méandres de l’avortement, du mépris ultime du la vie ? Nous nous aper­ce­vons de plus en plus que la cause de l’assassinat des bébés N’EST PAS LEURS JEUNES MAMANS, mais très sou­vent ceux qui sont autour d’elle. Il s’agit donc, pour SOS MAMANS, de sau­ver aus­si bien le bébé que leur maman d’un monde deve­nu immonde.

- Mais pour l’instant : jubi­lons ! Un bébé est sau­vé, par la grâce d’un Dieu des­cen­du dans une crèche ! Joyeux Noël !

Cher lec­teur, chère lectrice,

Vous faites par­tie de nos dona­teurs ou coopé­rants, et nous nous ferons une joie de par­ta­ger régu­liè­re­ment avec vous, par le biais des extraits de notre “Journal de bord”, nos joies et nos peines. Ce “Journal” devient un monu­ment de l’es­pé­rance, prou­vant que le crime de l’a­vor­te­ment peut être vain­cu par la cha­ri­té chrétienne.

Nous sommes fiers et heu­reux de savoir tant de gens (1 000 envi­ron) à nos côtés. Ils font véri­ta­ble­ment par­tie de l’é­quipe de SOS MAMANS, mer­ci, et en avant !

S.O.S Mamans

Pour tout renseignement, contact ou don :

S.O.S MAMANS (UNEC)
B.P 70114
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Rép/​Fax 01 34 12 02 68
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