Chers Chevaliers de l’Immaculée !
Afin de comprendre correctement saint Maximilien Kolbe, nous devons revenir aux sources les plus importantes qui ont mis en forme et inspiré sa vie intérieure : l’histoire de son pays, complètement marqué par la présence de Marie, particulièrement vénérée en Pologne, comme le « Commandant-en-chef » des armées chrétiennes, la Médaille miraculeuse, les apparitions de Marie à Lourdes et en particulier saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Le plus probable est qu’il a rencontré le grand maître de la « parfaite soumission à Marie » pendant ses études à Rome. Ce n’est certainement pas une coïncidence s’il fut ordonné prêtre le 28 avril, la fête de saint Louis-Marie (à cette époque il n’était encore que le bienheureux Louis-Marie), il y a exactement 100 ans.
Il fit connaître saint Louis-Marie en Pologne, imprima et diffusa la première traduction du « Secret de Marie ». Dans la préface, il rédigea une courte biographie et un résumé de la spiritualité de Grignion. Il insista surtout sur la similitude de la situation aux différentes époques auxquelles ils vécurent. À l’époque de saint Louis-Marie, les ennemis étaient les jansénistes, aujourd’hui ce sont les francs-maçons et les différentes sectes. La marque distinctive de tous : une haine pour la véritable dévotion à Jésus et Marie. Comme les Chevaliers de l’Immaculée aujourd’hui, Grignion était alors le grand apôtre de la Médiatrice de toutes les grâces. Tel un outil parfait dans ses mains immaculées, il a sauvé d’innombrables âmes des chaines de Satan durant ses célèbres missions. Tout comme aujourd’hui la M.I. fait face aux armées toutes puissantes du mal, Grignion fut aussi exposé au pouvoir puissant de l’ennemi. Souvent seul, abandonné même par ses amis, il devint la cible de la méchanceté et de la jalousie des hérétiques. Et cependant, Grignion et Maximilien ont surtout tiré ensemble la source de leur force et de leur courage : ils ont mis toute leur confiance en Notre-Dame et lui étaient totalement obéissants en tout, toujours et partout et totalement, il n’y a qu’ELLE qui compte !
Il y a cependant une coïncidence encore plus importante : Grignion de Montfort fut certainement inspiré « d’En-Haut » quand il mit en évidence le rôle de Marie à la fin des temps : si la suprématie du dragon et de ses serviteurs est si grande qu’ils peuvent réussir à détruire l’Église et à entraîner presque tous les hommes sur le chemin de la damnation, alors à ce moment la Femme de l’Apocalypse apparaît (Apoc. 12, 1). À travers ses fidèles serviteurs, Elle écrase la tête de Satan et vainc toutes ses attaques, mais surtout, par ses fidèles « apôtres de Jésus et Marie de la fin des temps », Elle reprend à son adversaire une innombrable quantité d’âmes. Saint Maximilien attire l’attention des Chevaliers de l’Immaculée sur la description par Grignion de ces fidèles esclaves de Marie, qui ne craignent aucun pouvoir, qui vont partout où leur Reine les envoie, qui tiennent le crucifix dans leur main droite, le rosaire dans la main gauche et ont gravé dans leur cœur les noms de Jésus et de Marie.
Il veut que les Chevaliers de l’Immaculée s’identifient aux apôtres de Jésus et de Marie de la fin des temps :
« Notre but et les moyens d’atteindre cet idéal (être apôtre de Jésus et Marie) sont en accord complet avec les vues de saint Louis-Marie. Son désir le plus ardent, le désir de toute sa vie, fut d’honorer l’Immaculée en tant que Reine de toute l’humanité, pour transmettre son amour à tous les cœurs battant des hommes. »
Pour cette raison, selon le vœu de saint Maximilien, tous les habitants de la Cité de l’Immaculée, à la fois en Pologne et au Japon, ont fait la consécration selon Montfort. Pour devenir un véritable Chevalier de l’Immaculée dans le sens complet du terme, on doit être son enfant obéissant et son esclave soumis. On ne peut devenir totalement un instrument que si on appartient complètement à l’artiste comme sa propriété.
Il est certainement vrai que saint Maximilien a rendu facile pour chacun de devenir un Chevalier, et ne demande pratiquement rien d’autre que la consécration, une petite prière quotidienne et le fait de porter la Médaille miraculeuse. Néanmoins, il exprime son désir le plus profond que chaque Chevalier se sente investi d’une mission magnifique et incroyablement importante :
« Nous devons nous efforcer d’appartenir toujours plus à l’Immaculée, de Lui être obéissants et ainsi d’être son instrument pour qu’Elle puisse nous utiliser comme Elle le veut, afin de sauver autant d’âmes que possible. »
Cependant, ceci est incroyablement difficile, particulièrement de nos jours. Et plus la fin approche, plus le combat devient difficile et dangereux ! Dans de tels moments, nous ne devrions jamais oublier que la moindre chose que nous faisons pour l’Immaculée est généreusement récompensée par Elle. Le premier à être rempli des grâces de l’Immaculée sera son fidèle instrument lui-même. Mes efforts pour la conversion des pauvres pécheurs me bénéficieront à moi d’abord, le plus pauvre des pauvres pécheurs.
Mais quelle est la différence entre les deux consécrations ? Comment sont-elles liées l’une à l’autre ?
Notre-Dame a donné à saint Louis-Marie la grâce de la dévotion véritable et parfaite envers Elle. À travers cette dévotion, Elle devient notre mère et reine dans le sens le plus vrai du terme et nous devenons ses enfants et esclaves. En tant que mère, Elle prend notre main et nous aide à retourner à Dieu, pour sauver nos âmes, pour nous libérer des pièges du diable et nous accrocher à Jésus-Christ. De cette manière, nous accomplissons nos vœux de baptême et commençons à remplir le commandement de Dieu le plus important : l’amour de Dieu par-dessus tout ! Visiblement, la « dévotion parfaite » nous est donnée pour notre propre conversion et sanctification, pour notre relation avec Dieu Lui-même : « Sans ma Mère et Reine, je ne trouverai jamais « la voie, la vérité et la vie ». Même si je les avais trouvées, je les perdrais sûrement à nouveau sans Marie. Mais maintenant qu’Elle dirige le vaisseau de ma vie, Elle va me ramener sain et sauf au port. »
Après le premier commandement majeur sur l’amour pour Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ nous demande également de « nous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés », et il appelle ceci son nouveau commandement. Comment est-ce que le Christ nous a aimés ? Il s’est donné Lui-même pour nous sauver de la damnation éternelle et nous conduire à la béatitude éternelle.
Et ici aussi, nous devons nous demander : à quelle fréquence pensons-nous au salut de nos semblables ? Nous ne faisons pas attention à la plupart d’entre eux, les autres nous ennuient et s’il nous arrive de souhaiter du bien à quelqu’un, alors c’est en général pour lui souhaiter « santé, bien-être et succès ».
Là, le Seigneur nous envoie un secours afin que nous puissions de mieux en mieux mettre en pratique le grand commandement de la charité : c’est la Mère aimante, la Reine, qui après le Christ, aime tant tout le monde, chacun d’entre nous plus que l’amour de toutes les meilleures mères du monde pour leurs propres enfants chéris. De plus, le Christ Lui a donné toutes les grâces afin que ces gens soient convertis et sauvés. Mais maintenant Dieu souhaite également que nous participions à cette œuvre. C’est pourquoi, nous avons reçu un autre sacrement, la sainte confirmation, qui nous imprègne du Saint-Esprit, non seulement pour notre propre sanctification, mais aussi pour devenir les soldats du Christ et pour participer à l’édification du Corps Mystique du Christ.
Pour ne pas gâcher les grandes grâces du sacrement de confirmation et pour finalement entrer dans l’armée du Roi et suivre son appel, le Seigneur nous envoie l’Immaculée afin que nous devenions ses Chevaliers, que nous rejoignions sa petite armée et L’aidions à sauver les âmes de ses enfants, autant que possible. Et voici la Reine du Ciel vient à moi comme une mendiante et me demande humblement :
« Mon enfant, J’ai besoin de toi ! Veux-tu M’aider à sauver mes enfants, les âmes immortelles ? Tant d’âmes sont perdues pour toujours parce qu’il n’y a personne qui prie ni ne fait de sacrifices pour elles » (voir l’apparition du 19 août 1917 à Valinhos).
Pour cette mission, l’Immaculée nous a envoyé son serviteur, qui nous enseigne à sauver les âmes, en tant qu’instruments et pour répandre de plus en plus les grâces de la sainte confirmation : saint Maximilien Kolbe a fondé la Militia Immaculatae pour mettre le monde entier à ses pieds, afin qu’« Elle puisse écraser partout la tête du diable et puisse vaincre les hérésies à travers le monde ».
Comme l’amour du prochain se construit sur l’amour de Dieu et le présuppose, et comme la confirmation se base sur le baptême, le présuppose et le complémente, ainsi toute l’œuvre de saint Maximilien est basée sur la consécration totale à Marie selon Grignion, comme son extension et son complément. En d’autres termes, pour compléter la consécration entière à Marie selon saint Louis-Marie, on recourra à la consécration de saint Maximilien. Seulement à ce moment-là, notre existence entière pourra être rendue entièrement dépendante de Marie, pénétrée par sa présence et la plénitude de sa grâce : non seulement notre relation avec Dieu mais aussi notre relation avec notre semblable ; non seulement notre propre sanctification mais aussi la mission que nous avons reçue de Dieu dans ce monde, c’est-à-dire être le champion du Christ pour l’expansion de son Royaume. Notre chemin vers le Ciel, nos luttes sur terre pour le salut des âmes : tout sans exception, tout Lui appartient, tout comme Elle appartient à Dieu.
D’un autre côté cependant, cela signifie aussi que le Chevalier de l’Immaculée doit encore et toujours être conscient de ses fondations spirituelles :
« Ô ma Reine, victorieuse dans toutes les batailles de Dieu, je peux être votre instrument et votre chevalier dans votre armée, mais seulement dans la mesure où je suis complètement votre enfant et Vous ma Mère, je suis votre esclave et vous ma Maîtresse. »
Pour parler rigoureusement, on ne peut être totalement son Chevalier sans la consécration totale par laquelle nous reconnaissons solennellement Marie comme notre Mère et notre Reine, et ainsi notre dépendance absolue envers Elle en tant que ses enfants et esclaves.
Si vous n’avez pas encore fait votre consécration selon saint Louis-Marie, le Commandant-en-chef voudrait vous inviter à découvrir le secret de la victoire certaine dans toutes les luttes et toutes les batailles. Si vous rejetez cette invitation, vous ne serez jamais un combattant acharné de l’Immaculée. Au contraire, vous serez souvent trop faible pour résister aux attaques des terribles ennemis. De plus, vous ne pourrez rien faire de spécial dans cette bataille, car le général ne pourra compter qu’un peu sur vous, vos armes sont rouillées et vos munitions sont épuisées.
Si vous avez déjà reçu la grâce formidable que la Reine vous accepte comme son esclave et enfant, et qu’Elle est à présent théoriquement capable de vous mener en sûreté au sommet de la perfection, il est très important de renouveler encore et toujours la soumission totale à Marie, au moins une fois par an.[1]
La raison est simple : tant que nous vivons, nous manquerons toujours de la confiance pour comprendre totalement et sérieusement cette dévotion. À travers chaque renouvellement de notre consécration, nous devenons un peu moins misérables et un peu plus fidèles !
Il y a une autre raison : le combat est terrible, nous sommes toujours sur le champ de bataille. Le Chevalier peut être facilement fatigué, surtout quand il est constamment occupé à aider l’Immaculée à sauver les âmes. Le tumulte sans fin nous use. C’est pourquoi la Mère veut nous tirer à Elle, afin que nous puissions nous reposer un instant, tel un enfant sur le cœur de sa mère. Elle veut nous rappeler à nouveau combien Elle nous aime, combien pour nous Elle est une Mère et ce qu’Elle veut de nous (2e semaine de préparation). Elle veut que nous réfléchissions encore et encore sur qui nous sommes, en tant que créatures complètement dépendantes de Dieu, mais aussi en tant que pauvres hommes déchus (1re semaine de préparation). Elle désire surtout nous mener à son Fils, afin qu’à travers Elle, nous puissions Le connaître et L’aimer totalement, et puissions Lui appartenir, Lui qui nous a aimés « sans limite et qui s’est donné pour nous jusqu’à la mort sur la Croix » (3e semaine de préparation).
Le jour de solennité préféré du Père de Montfort est le 25 mars, fête de l’Annonciation, à laquelle tous sont invités à renouveler l’acte de consécration (ou à le faire pour la première fois). La grande solennité de la M.I. est le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, au cours de laquelle nous devons faire le renouvellement de l’acte de consécration pour être son instrument. Ainsi, la préparation et la consécration en tant qu’esclaves tombent en général pendant le Carême, alors que la consécration en tant que Chevaliers tombe pendant l’Avent. Si ceci n’est pas une réminiscence de la Providence, qui de cette manière nous aide à prendre cette magnifique résolution en ces temps de pénitence et de conversion ?…
À part ça, toutes les fêtes de Marie sont aussi convenables pour renouveler nos consécrations à l’Immaculée, une dévotion importante pour que n’oublions jamais notre identité : maintenant et pour toute l’éternité, nous avons le privilège d’être enfants, esclaves et chevaliers de l’Immaculée.
QU’ELLE SOIT LOUEE ET GLORIFIEE pour cette grâce que nous ne méritons pas !
Jakarta, le 26 février 2018.
Abbé Karl Stehlin , prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Source : La Porte Latine du 11 mars 2018
[1] Pour le renouvellement annuel de l’acte de consécration, saint Louis-Marie souhaite que nous le préparions pendant trois semaines : « Chaque année, le même jour, vous devriez renouveler la consécration pendant trois semaines après les mêmes exercices. Vous pouvez même la renouveler chaque mois ou même chaque jour en récitant cette courte prière : « Je suis à Vous et tout ce que j’ai est à Vous, mon cher Jésus par Marie, votre sainte Mère. » (Traité n° 233).