Dossier doctrinal 2008 : Dieu dans l’histoire, par Marie

De Chartres au Sacré Cœur de Montmartre : 10, 11 et 12 mai 2008

Introduction – Les apparitions : des pages du triomphe de Marie

Les appa­ri­tions de Lourdes ne sont pas arri­vées d’a­bord à Bernadette, elles sont arri­vées, si l’on peut s’ex­pri­mer ain­si, à la Vierge Marie. Pour les com­prendre dans la lumière de Dieu, il ne suf­fit pas de les situer dans la vie de Bernadette Soubirous, il faut les voir et les situer dans la vie de la Vierge Marie et dans l’Histoire sainte du Peuple de Dieu.

Cette his­toire de Marie com­mence à l’Immaculée Conception… elle se déroule à tra­vers l’Annonciation et la Visitation, elle passe au Calvaire, elle monte au ciel dans la gloire de l’Assomption et répand aujourd’­hui sa splen­deur sur le monde entier. Tout cela ne fait qu’un : c’est la vie de la Vierge Marie : c’est son mystère.

On ne peut savoir ce que sont les Apparitions pour nous, qu’en essayant de devi­ner ce qu’elles sont pour elle. On ne peut en sai­sir le sens pro­fond qu’en les repla­çant toutes dans le mys­tère de Marie. Cela fait par­tie de ces grandes choses que Dieu a faites pour elle : le Tout-​Puissant a fait pour moi des merveilles.

Tout se tient en ce dérou­le­ment tem­po­rel des mys­tères de Marie, dont Dieu voit éter­nel­le­ment l’u­ni­té. Chacune des étapes de cette vie pré­pare ce qui vient, et explique ce qui pré­cède ; et on ne peut la com­prendre que dans son uni­té. L’Annonciation, la mater­ni­té divine expliquent l’Immaculée Conception et pré­parent la coré­demp­tion au pied de la Croix. La Croix pré­pare la gloire de l’Assomption. L’Assomption même auprès du Fils glo­rieux pré­pare encore cette effu­sion de grâces répan­dues par ses mains et per­met cette mani­fes­ta­tion de bon­té mater­nelle comme l’Ascension pré­pare la Pentecôte. Elle est pré­sente au ciel pour reve­nir à nous, com­blée de gloire et de béné­dic­tions, pour nous faire du bien, gué­rir et par­don­ner. Et tout cela n’est que l’an­nonce encore et la pré­pa­ra­tion d’une der­nière ren­contre qui expli­que­ra tout le reste quand elle appa­raî­tra dans toute sa gloire au jour du grand retour, Mère glo­rieuse au côté de son Fils triomphant.
Voici com­ment il faut regar­der celle qui vient à nous.

Les Apparitions, les grâces, les gué­ri­sons, les par­dons ne sont que les pages nou­velles du mys­tère de Marie et non point la der­nière, mais le pre­mier rayon sur la terre, l’aube du triomphe qui vient.

L’Apparition, le Pèlerinage, la foule qui se réunit lui donnent sim­ple­ment de mani­fes­ter aujourd’­hui ce qu’elle est tous les jours de la vie. Elle appa­raît. Elle parle au plus petit. Elle sou­rit. Elle se montre telle qu’elle est. Elle encou­rage. Elle cor­rige. Elle élève. Elle gué­rit. Elle bénit. Nous le savions par la foi, mais main­te­nant quel­qu’un l’a vu. C’est bien elle, nous l’a­vons recon­nue. Car il suf­fit que nous ayons ren­con­tré quel­qu’un une fois dans la vie pour être assu­ré pour tou­jours qu’il existe. Il suf­fit qu’il nous ait mon­tré une fois, un jour, au centre de notre vie, sa bon­té, pour savoir tou­jours qu’il est bon.
C’est sa vie main­te­nant à elle, non point de se mon­trer tou­jours, mais de tou­jours faire du bien.

Abbé L. Lochet - Les Apparitions, pp. 14–16, 25–26

Les Papes et Lourdes

Du 11 février au 16 juillet 1858, il plai­sait à la Bienheureuse Vierge Marie, par une faveur nou­velle, de se mani­fes­ter sur la terre pyré­néenne à une enfant pieuse et pure, issue d’une famille chré­tienne, labo­rieuse dans sa pau­vre­té. « Elle vient à Bernadette, disions-​Nous jadis, elle en fait sa confi­dente, la col­la­bo­ra­trice, l’ins­tru­ment de sa mater­nelle ten­dresse et de la misé­ri­cor­dieuse toute-​puissance de son Fils, pour res­tau­rer le monde dans le Christ par une nou­velle et incom­pa­rable effu­sion de la Rédemption. » (Discours du 28 avril 1935)

Les foules n’ont pas ces­sé de défer­ler vers la Grotte des Apparitions, à la source mira­cu­leuse, dans le sanc­tuaire éle­vé à la demande de Marie. C’est l’é­mou­vant cor­tège des humbles, des malades et des affli­gés ; c’est l’im­po­sant pèle­ri­nage de mil­liers de fidèles d’un dio­cèse ou d’une nation ; c’est la dis­crète démarche d’une âme inquiète qui cherche la véri­té… « Jamais, disions-​Nous, en un lieu de la terre, on n’a vu pareil cor­tège de souf­frances, jamais pareil rayon­ne­ment de paix, de séré­ni­té et de joie » Jamais, pourrions-​nous ajou­ter, on ne sau­ra la somme des bien­faits dont le monde est rede­vable à la Vierge secourable !

Ces cent années de culte marial ont en quelque sorte tis­sé entre le Siège de Pierre et le sanc­tuaire pyré­néen des liens étroits, qu’il Nous plaît de recon­naître. La Vierge Marie elle-​même n’a-​t-​elle pas dési­ré ces rap­pro­che­ments ? « Ce qu’à Rome par son Magistère infaillible le Souverain Pontife défi­nis­sait, la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, bénie entre toutes les femmes, vou­lut, semble-​t-​il, le confir­mer de sa bouche, quand peu après elle se mani­fes­ta par une célèbre appa­ri­tion à la Grotte de Massabielle… » (Décret de Tuto pour la cano­ni­sa­tion de sainte Bernadette, 2 juillet 1933) Certes, la parole infaillible du Pontife romain, inter­prète authen­tique de la véri­té révé­lée, n’a­vait besoin d’au­cune confir­ma­tion céleste pour s’im­po­ser à la foi des fidèles. Mais avec quelle émo­tion et quelle gra­ti­tude le peuple chré­tien et ses pas­teurs ne recueillirent-​ils pas des lèvres de Bernadette cette réponse venue du ciel : « Je suis l’Immaculée Conception ! »

Aussi n’est-​il pas éton­nant que Nos Prédécesseurs se soient plu à mul­ti­plier leurs faveurs envers ce sanctuaire.

Dès 1869, Pie IX, de sainte mémoire, se réjouis­sait de ce que les obs­tacles sus­ci­tés contre Lourdes par la malice des hommes eussent per­mis de « mani­fes­ter avec plus de force et d’é­vi­dence la clar­té du fait ». (Lettre du 4 sep­tembre 1869) Et, fort de cette assu­rance, il comble de bien­faits spi­ri­tuels l’é­glise nou­vel­le­ment édi­fiée et fait cou­ron­ner la sta­tue de Notre-​Dame de Lourdes.

Léon XIII, en 1892, accorde l’of­fice propre et la messe de la fête « in appa­ri­tione Beatae Mariae Virginis Immaculatae », que son suc­ces­seur éten­dra bien­tôt à l’Eglise uni­ver­selle ; l’an­tique appel de l’Ecriture y trou­ve­ra désor­mais une appli­ca­tion nou­velle : « Surge, arni­ca mea, spe­cio­sa mea et veni : colum­ba mea in fora­mi­ni­bus petrae, in caver­na mace­riae ! « (Cant. 2, 13–14. Graduel de la messe de la fête des Apparitions.) Vers la fin de sa vie, le grand Pontife tint à inau­gu­rer et à bénir lui-​même la repro­duc­tion de la Grotte de Massabielle édi­fiée dans les jar­dins du Vatican et, à la même époque, sa voix s’é­le­vait vers la Vierge de Lourdes pour une prière ardente et confiante : « Que dans sa puis­sance la Vierge Mère, qui coopé­ra autre­fois par son amour à la nais­sance des fidèles dans l’Eglise, soit encore main­te­nant l’ins­tru­ment et la gar­dienne de notre salut… qu’elle rende la tran­quilli­té de la paix aux esprits angois­sés ; qu’elle hâte enfin, dans la vie pri­vée comme dans la vie publique, le retour à Jésus-​Christ. » (Bref du 8 sep­tembre 1901.)

Le cin­quan­te­naire de la Définition dog­ma­tique de l’Immaculée-​Conception de la Très Sainte Vierge offrit à Saint Pie X l’oc­ca­sion d’at­tes­ter dans un docu­ment solen­nel le lien his­to­rique entre cet acte du Magistère et l’ap­pa­ri­tion de Lourdes : « A peine Pie IX avait-​il défi­ni de foi catho­lique que Marie fut dès l’o­ri­gine exempte de péché, que la Vierge elle-​même com­men­çait à opé­rer à Lourdes des mer­veilles. » (Lettre Encyclique Ad diem illum, du 2 février 1904). Peu après il crée le titre épis­co­pal de Lourdes, rat­ta­ché à celui de Tarbes, et signe l’in­tro­duc­tion de la cause de béa­ti­fi­ca­tion de Bernadette. Il était sur­tout réser­vé à ce grand Pape de l’Eucharistie de sou­li­gner et de favo­ri­ser l’ad­mi­rable conjonc­tion qui existe à Lourdes entre le culte eucha­ris­tique et la prière mariale : « La pié­té envers la Mère de Dieu, note-​t-​il, y fit fleu­rir une remar­quable et ardente pié­té envers le Christ Notre-​Seigneur. » (Lettre du 12 juillet 1914). Pouvait-​il d’ailleurs en être autre­ment ? Tout en Marie nous porte vers son Fils, unique Sauveur, en pré­vi­sion des mérites duquel elle fut imma­cu­lée et pleine de grâces ; tout en Marie nous élève à la louange de l’a­do­rable Trinité, et bien­heu­reuse fut Bernadette, égre­nant son cha­pe­let devant la Grotte, qui apprit des lèvres et du regard de la Vierge Sainte à rendre gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint ! Aussi sommes-​Nous heu­reux, en ce Centenaire, de Nous asso­cier à cet hom­mage ren­du par saint Pie X : « La gloire unique du sanc­tuaire de Lourdes réside en ce fait que les peuples y sont de par­tout atti­rés par Marie à l’a­do­ra­tion du Christ Jésus dans l’au­guste sacre­ment, en sorte que ce sanc­tuaire, à la fois centre de culte marial et trône du mys­tère eucha­ris­tique, sur­passe, semble-​t-​il, en gloire, tous les autres dans le monde catho­lique. »(Bref du 25 avril 1911).

Ce sanc­tuaire déjà com­blé de faveurs, Benoît XV tint à l’en­ri­chir de nou­velles et pré­cieuses indul­gences et, si les tra­giques cir­cons­tances de son Pontificat ne lui per­mirent pas de mul­ti­plier les actes publics de sa dévo­tion, il vou­lut néan­moins hono­rer la cité mariale en accor­dant à son évêque le pri­vi­lège du pal­lium au lieu des apparitions.

Pie XI, qui avait lui-​même été pèle­rin de Lourdes, pour­sui­vit son œuvre et eut la joie d’é­le­ver sur les autels la pri­vi­lé­giée de la Vierge, deve­nue sous le voile sœur Marie-​Bernard, de la Congrégation de la Charité et de l’Instruction chré­tienne. N’authentifiait-​il pas pour ain­si dire à son tour la pro­messe de l’Immaculée à la jeune Bernadette « d’être heu­reuse non pas en ce monde, mais dans l’autre ? » Et désor­mais Nevers, qui s’ho­nore de gar­der la châsse pré­cieuse, attire en grand nombre les pèle­rins de Lourdes, dési­reux d’ap­prendre auprès de la Sainte à accueillir comme il convient le mes­sage de Notre-​Dame. Bientôt l’illustre Pontife, qui venait à l’exemple de ses Prédécesseurs d’ho­no­rer d’une Légation les fêtes anni­ver­saires des appa­ri­tions, déci­dait de clô­tu­rer le Jubilé de la Rédemption à la Grotte de Massabielle, là où, selon ses propres termes, « la Vierge Marie Immaculée se mon­tra plu­sieurs fois à la Bienheureuse Bernadette Soubirous, où avec bon­té elle exhor­ta tous les hommes à la péni­tence, en ce lieu même de l’é­ton­nante appa­ri­tion qu’elle com­bla de grâces et de pro­diges ». (Bref du 11 jan­vier 1933). En véri­té, concluait Pie XI, ce sanc­tuaire « passe main­te­nant à juste titre pour l’un des prin­ci­paux sanc­tuaires marials du monde ».

A ce concert una­nime de louanges, com­ment n’aurions-​Nous pas uni Notre voix ? Nous le fîmes notam­ment dans Notre Encyclique Fulgens coro­na. Et nous rap­pe­lions, à cette occa­sion, com­ment les Pontifes Romains, conscients de l’im­por­tance de ce pèle­ri­nage, n’a­vaient ces­sé de « l’en­ri­chir de faveurs spi­ri­tuelles et des bien­fait de leur bien­veillance » (ibid.).

L’histoire de ces cent années que Nous venons d’é­vo­quer à grands traits, n’est-​elle pas en effet une constante illus­tra­tion de cette bien­veillance pon­ti­fi­cale, dont le der­nier acte fut la clô­ture à Lourdes de l’an­née cen­te­naire du Dogme de l’Immaculée Conception ?

Pie XIILettre ency­clique du 2 juillet 1957

Prière composée par S. S. Pie XII pour les pèlerins de Lourdes (1958)

Dociles à l’in­vi­ta­tion de votre voix mater­nelle, ô Vierge Immaculée de Lourdes, nous accou­rons à vos pieds près de l’humble grotte, où vous avez dai­gné appa­raître, pour indi­quer aux éga­rés le che­min de la prière et de la péni­tence et dis­pen­ser aux éprou­vés les grâces et les pro­diges de votre sou­ve­raine bonté.

Recevez, ô Reine com­pa­tis­sante, les louanges et les sup­pli­ca­tions, que les peuples et les nations, oppres­sés par les amer­tumes et l’an­goisse, élèvent avec confiance vers vous.

Ô blanche Vision du Paradis, chas­sez des esprits les ténèbres de l’er­reur par la lumière de la Foi ! 0 mys­tique Roseraie, sou­la­gez les âmes abat­tues par le céleste par­fum de l’Espérance ! O source inépui­sable d’eau salu­taire, rame­nez les cœurs arides par les flots de la divine Charité ! Faites que nous tous, qui sommes vos fils, récon­for­tés par vous dans nos peines, pro­té­gés dans les dan­gers, sou­te­nus dans les luttes, nous aimions et ser­vions si bien votre doux Jésus, que nous méri­tions les joies éter­nelles près de votre trône dans le ciel.

Ainsi soit-​il !

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