24 Heures – Négociations entre le Vatican et les intégristes d’Ecône

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24 Heures du 25 octobre 2009

Ces dis­cus­sions secrètes débutent aujourd’hui à Rome. Elles pour­raient durer plu­sieurs mois.

Décidément, Benoît XVI met les bou­chées doubles pour refaire l’unité des frères enne­mis de l’Eglise ! Quelques jours seule­ment après avoir réus­si à inté­grer les « dis­si­dents » angli­cans dans le giron catho­lique, le pape se tourne vers d’autres inté­gristes, ceux de la com­mu­nau­té de la Fraternité Saint-​Pie X. Pour rendre sim­ple­ment pos­sible cette ren­contre, le sou­ve­rain pon­tife a déjà adou­ci son pro­pos. Il a ain­si auto­ri­sé la célé­bra­tion de la messe en latin avant de lever, en jan­vier der­nier, l’excommunication qui frap­pait les évêques nom­més par Mgr Lefebvre, dont le tris­te­ment célèbre Mgr Williamson.

Dans ces négo­cia­tions secrètes qui s’ouvrent aujourd’hui, deux délé­ga­tions de haut niveau se feront face, le pape choi­sis­sant de res­ter en retrait. Du côté romain, on note la pré­sence d’un pro­fes­seur domi­ni­cain, phi­lo­sophe et théo­lo­gien, Charles Morerod. Un Gruérien nom­mé, en avril der­nier, secré­taire géné­ral de la Commission pon­ti­fi­cale théo­lo­gique. Une com­mis­sion ins­ti­tuée par Paul VI pour aider le Vatican dans l’examen de ques­tions doc­tri­nales majeures.

Et du côté des inté­gristes, sans leur chef, Mgr Fellay, on retrouve éga­le­ment quelqu’un de bien connu en Suisse. A savoir, l’abbé de Jorna, direc­teur du Séminaire d’Ecône en Valais, qui, en jan­vier der­nier après la levée des excom­mu­ni­ca­tions, nous avait affir­mé lors d’une inter­view à Ecône : « On ne va pas céder sur Vatican II, notam­ment sur l’œcuménisme et sur la liber­té reli­gieuse. La crise n’est pas près de se résorber. »

Négociations difficiles

Ces négo­cia­tions secrètes s’annoncent donc par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­ciles, car ce sont jus­te­ment toutes les ques­tions liées à ce moment fort de l’histoire de l’Eglise catho­lique qui seront sur la table, notam­ment l’ouverture de l’Eglise catho­lique au monde moderne. La marge de négo­cia­tion sera dès lors très étroite. Car Benoît XVI a déjà lâché du lest, en par­lant du IIe concile œcu­mé­nique du Vatican (son véri­table nom) comme d’une conti­nua­tion et non d’une rup­ture, en affir­mant qu’il fal­lait reve­nir à la lettre du Concile et non plus à ses dif­fé­rentes inter­pré­ta­tions. Reste qu’il a aus­si fixé une ligne rouge en refu­sant par avance une uti­li­sa­tion à la carte des ensei­gne­ments de Vatican II par les dis­ciples de Mgr Lefebvre.

Autant dire qu’il fau­dra du temps pour que les inté­gristes catho­liques suivent le che­min des retrou­vailles que viennent de prendre les dis­si­dents anglicans.

Philippe Dumartheray , In 24 Heures du 25 octobre 2009