Ouverture du dialogue doctrinal entre Rome et les traditionalistes – 26/​10/​09

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reflé­tant la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Famille Chrétienne /​I‑Media du 26/​10/​09

Pour la pre­mière fois depuis la sépa­ra­tion inter­ve­nue en juin 1988, l’Eglise catho­lique entame ce 26 octobre 2009 des dis­cus­sions doc­tri­nales et théo­lo­giques avec la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X. Les experts des deux par­ties vont ain­si se ren­con­trer pour régler, comme l’a sou­hai­té Benoît XVI en juillet der­nier, les pro­blèmes « de nature essen­tiel­le­ment doc­tri­nale« avant toute réin­té­gra­tion des évêques lefeb­vristes et de leurs fidèles dans le giron de l’Eglise catholique.

A huis clos, dans une salle de l’imposant Palais du Saint-​Office, sur la gauche des colon­nades de la place Saint-​Pierre, les trois théo­lo­giens experts dési­gnés par la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei et les trois experts nom­més par la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X vont ain­si se ren­con­trer une pre­mière fois pour fixer les règles de ces dis­cus­sions vou­lues par Benoît XVI. Des dis­cus­sions qui por­te­ront essen­tiel­le­ment sur le conte­nu et l’application du Concile Vatican II (1962–1965). Des sources proches du dos­sier confient que Rome attend de savoir quelle est, sur ce point, « la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X« . La posi­tion de la fra­ter­ni­té tra­di­tio­na­liste, répondent déjà cer­tains res­pon­sables, est « celle de l’Eglise de tou­jours« .

A Rome, on assure que le dis­cours de Benoît XVI devant la curie romaine, en décembre 2005, sur « l’herméneutique du renou­vel­le­ment dans la conti­nui­té« , sera le fil conduc­teur de ces échanges. Elu 8 mois plus tôt, le pape avait alors évo­qué les « fruits«  et la « récep­tion«  du Concile Vatican II, reje­tant clai­re­ment « l’herméneutique de la dis­con­ti­nui­té et de la rup­ture« . Il avait alors mis en garde contre le risque de créer « une frac­ture entre l’Eglise pré­con­ci­liaire et l’Eglise post­con­ci­liaire« .

Ces dis­cus­sions, souligne-​t-​on à Rome, sont inédites depuis la sépa­ra­tion entre Rome et la fra­ter­ni­té en 1988. Les der­niers échanges doc­tri­naux avec les tra­di­tio­na­listes remontent ain­si aux dis­cus­sions du prin­temps 1988 entre Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) et un cer­tain car­di­nal Joseph Ratzinger, alors pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi. A la demande de Jean-​Paul II (1978–2005), c’est en effet le futur pape qui avait trai­té avec Mgr Lefebvre afin d’éviter la sépa­ra­tion cepen­dant inter­ve­nue fin juin 1988 avec la consé­cra­tion de 4 nou­veaux évêques de la fra­ter­ni­té sans l’accord de Rome. Auparavant, il était pour­tant par­ve­nu à un « pro­to­cole d’accord » dans lequel l’évêque fran­çais pro­met­tait fidé­li­té au pape et à l’Eglise, accep­tait la doc­trine conci­liaire et recon­nais­sait la vali­di­té du rite litur­gique postconciliaire.

Les « experts »

Les trois experts char­gés par Rome de ce dia­logue, tous consul­teurs de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, sont le domi­ni­cain suisse Charles Morerod, secré­taire de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale, l’Espagnol Mgr Fernando Ocáriz, numé­ro deux de la Prélature de l’Opus Dei, et le jésuite alle­mand Karl Becker. Côté romain par­ti­ci­pe­ront éga­le­ment le secré­taire de la Commission Ecclesia Dei, Mgr Guido Pozzo, et le secré­taire de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, le jésuite Mgr Luis Ladaria Ferrer.

De son côté, la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X envoie trois experts à Rome, tous fran­çais : l’abbé Benoît de Jorna, direc­teur du Séminaire d’Ecône (Suisse), l’abbé Jean-​Michel Gleize, pro­fes­seur d’ecclésiologie à Ecône, et l’abbé Patrick de La Rocque, prieur du Prieuré Saint-​Louis à Nantes (France). Ils seront conduits par l’Espagnol Mgr Alfonso de Galarreta. Depuis plu­sieurs mois, le direc­teur du sémi­naire de la fra­ter­ni­té en Argentine avait été char­gé de pré­pa­rer ces discussions.

Mgr Alfonso de Galarreta – l’un des 4 évêques dont Benoît XVI avait levé l’excommunication en jan­vier 2009 – a d’ores et déjà décla­ré qu’il s’attendait à « plu­sieurs années de dis­cus­sions«  avec Rome. Quant à son supé­rieur, Mgr Bernard Fellay, il a récem­ment encore jugé que « la sainte Eglise«  était « en train de se trans­for­mer en un amas de ruines spi­ri­tuelles« , dont il attri­bue la res­pon­sa­bi­li­té au Concile Vatican II. Il reste convain­cu que sa fra­ter­ni­té est l’expression des « pro­blèmes«  de l’Eglise.

Mgr Fellay, qui juge que les dis­cus­sions doc­tri­nales pour­raient durer « un siècle« , est cepen­dant vu à Rome comme l’homme avec lequel un dia­logue est encore pos­sible. Le nom de Mgr Richard Williamson, en revanche, n’est pas men­tion­né, sauf pour dire que « son cas sera jugé plus tard« . […]

famil​le​chre​tienne​.fr – Emmanuel Bourceret – Agence I‑Media au Vatican, In Famille Chrétienne du 26 octobre 2009