Les évêques allemands interpellent Rome sur la crise intégriste – La Croix


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la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Les évêques allemands interpellent Rome sur la crise intégriste 

Au terme de son Assemblée plé­nière, la Conférence épis­co­pale d’Allemagne demande que soient cla­ri­fiées la posi­tion actuelle des inté­gristes et les moda­li­tés du dia­logue avec eux 

On savait les évêques d’Allemagne capables de fran­chise avec Rome. Ils viennent de le prou­ver à nou­veau, avec une liber­té de ton encore plus nette et à l’u­na­ni­mi­té, en adop­tant au terme de leur assem­blée de prin­temps, jeu­di der­nier à Hambourg, une « décla­ra­tion sur le che­min actuel de l’Église catho­lique ». Sous ce titre, un cri d’a­larme vers Rome et la volon­té de ras­su­rer un catho­li­cisme alle­mand cho­qué par la levée de l’ex­com­mu­ni­ca­tion des quatre évêques intégristes.

Fait peu banal : les deux pre­miers points, sur les cinq que com­porte la décla­ra­tion, contiennent cha­cun une inter­pel­la­tion à l’a­dresse du Saint-​Siège. Rappelant qu’en 1988 la Fraternité sacer­do­tale Saint- Pie‑X (FSSPX) « s’est cou­pée elle-​même de l’Église catho­lique », avec laquelle « elle ne se trouve de ce fait tou­jours pas en com­mu­nion », les évêques s’in­ter­rogent sur sa volon­té réelle de retrou­ver aujourd’­hui l’u­ni­té qu’elle a brisée. 

C’est à la FSSPX de « surmonter le schisme » 

Troublée à cet égard par l’in­ten­tion des évêques lefeb­vristes d’or­don­ner des prêtres en juin pro­chain, la Conférence épis­co­pale annonce qu’elle va « deman­der une prompte expli­ca­tion au Siège apos­to­lique quant aux consé­quences juri­diques que cela aurait pour les évêques qui y pro­cé­de­raient ». En espé­rant au pas­sage, chez les « res­pon­sables de la Curie », des « amé­lio­ra­tions rapides dans le domaine de la prise de déci­sion et de la com­mu­ni­ca­tion avec les confé­rences épiscopales ». 

L’autre ques­tion est aus­si tran­chante. La FSSPX ayant été res­pon­sable de la rup­ture, c’est à elle de « sur­mon­ter le schisme et, à tra­vers un pro­ces­sus de réin­té­gra­tion, de retrou­ver l’u­ni­té avec le pape et la doc­trine de l’Église » : la levée des excom­mu­ni­ca­tions n’est qu”« une main ten­due » de Benoît XVI dans cette direction. 

Mais, ajoute la Conférence épis­co­pale d’Outre-​Rhin, « il revient au Siège apos­to­lique de tirer au clair la ques­tion de savoir si la Fraternité est prête à approu­ver et accep­ter sans équi­voque le magis­tère de toute l’Église et en par­ti­cu­lier l’en­sei­gne­ment des papes et des conciles ». 

Quête de clarté

La pré­oc­cu­pa­tion des évêques va lar­ge­ment aux catho­liques alle­mands en désar­roi. « Nous déplo­rons que dans ce contexte soit appa­rue de l’in­cer­ti­tude quant au che­min de l’Église. » Tout en accueillant les innom­brables mani­fes­ta­tions d’in­quié­tude dont ils sont les témoins, ils veulent cepen­dant « espé­rer qu’un inté­rêt nou­veau pour la dyna­mique et les orien­ta­tions de Vatican II a été réveillé » par ces évé­ne­ments récents : c’est, disent-​ils, « une chance que nous vou­lons utiliser ». 

Et d’en­cou­ra­ger tous ceux qui sont enga­gés dans les com­mu­nau­tés chré­tiennes à ne pas bais­ser les bras. D’ailleurs, glisse en conclu­sion leur décla­ra­tion – qui renou­velle la condam­na­tion du néga­tion­nisme de Mgr Williamson et remer­cie le pape de pour­suivre le dia­logue avec les repré­sen­tants du judaïsme -, « la ques­tion d’une pleine com­mu­nion à venir de la FSSPX avec l’Église catho­lique n’est pas encore cla­ri­fiée, et beau­coup semble jus­qu’à pré­sent plai­der en sens opposé ».

C’est donc en quête de clar­té que Mgr Robert Zollitsch, arche­vêque de Fribourg-​en-​Brisgau et pré­sident de l’é­pis­co­pat alle­mand, a annon­cé jeu­di qu’il se ren­dra cette semaine à Rome. Il entend y « trai­ter beau­coup de points dans les dif­fé­rents ser­vices du Vatican, en par­ti­cu­lier la ques­tion de la com­mu­ni­ca­tion de Rome avec les confé­rences épis­co­pales nationales ». 

Michel KUBLER in La Croix