Gallicanisme à l’oeuvre, contre le pape – Le Nouvelliste du 1er avril 2009


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Gallicanisme à l’œuvre, contre le pape.
Et déjà une « victime » à Rome, le cardinal Hoyos.

Le car­di­nal André Vingt-​Trois pré­sident des évêques fran­çais leur a décla­ré en assem­bée plé­nière qu’il y avait eu des « dys­fonc­tion­ne­ments » au Vatican. Pour faire croire qu’il n’at­ta­quait pas direc­te­ment le pape, il a cri­ti­qué ses ser­vices et leur « pré­pa­ra­tion insuf­fi­sante de la levée des excom­mu­ni­ca­tions ». Il a cepen­dant repro­ché au pape « l’an­nonce du décret avant que les évêques en fussent infor­més » et ajou­té (je cite l’Apic):

” »en votre nom, j’ai écrit au pape et je l’ai ren­con­tré pour lui dire notre sou­tien et com­bien de tels pro­cé­dés étaient néfastes et rui­neux pour son pro­jet de réconciliation ».

Cela veut tout sim­ple­ment dire que les évêques de France, en tout cas le car­di­nal Vingt-​Trois, n’au­raient pas été d’ac­cord avec la levée de ces excom­mu­ni­ca­tions. Et c’est un peu pour cela, sans doute, que le pape n’a pas aver­ti l’en­semble des évêques. 

Pour le motu pro­prio, ils avaient déjà essayé de le dis­sua­der de libé­ra­li­ser l’an­cienne messe. Mgr 23 oublie que le pape peut prendre une déci­sion comme la levée des excom­mu­ni­ca­tions tout seul et qu’en l’oc­cur­rence il a pris conseil, mais pas urbi et orbi. Le pape excom­mu­nie et c’est lui qui lève l’ex­com­mu­ni­ca­tion, mesure pure­ment dis­ci­pli­naire qui n’a pas une dimen­sion doc­tri­nale puis­qu’elle est seule­ment un pré­li­mi­naire à l’ou­ver­ture de dis­cus­sions pour une éven­tuelle récon­ci­lia­tion. C’est la démarche du Père envers le fils prodigue. 

Mais on sait bien qu’une par­tie de l’é­pis­co­pat vou­drait limi­ter le pou­voir du pape par une col­lé­gia­li­té qui le lie­rait jusque dans ses déci­sions stra­té­giques. Le car­di­nal Vingt-​Trois s’est réjoui devant les évêques fran­çais de la réso­lu­tion de la crise notam­ment par de rapides chan­ge­ments annon­cés autour de la Commission Ecclesia Dei qui s’oc­cupe des traditionalistes. 

Décodons : un cer­tain nombre d’é­vêques ger­ma­no­phones et fran­çais ont pro­fi­té de la crise Williamson pour deman­der la tête de Mgr Castrillon Hoyos qui est res­pon­sable de la com­mis­sion Ecclesia Dei et à qui ils reprochent d’être trop bien­veillant envers les tra­di­tio­na­listes. Grâce à la crise qui a sui­vi la levée des excom­mu­ni­ca­tions, ils ont obte­nu que la com­mis­sion Ecclesia Dei – et donc Mgr Castrillon Hoyos – soit pla­cée sous la tutelle de la Congrégation pour la doc­trine de la foi (ex Saint Office). Or, ce n’est pas Castrillon Hoyos qui est res­pon­sable du raté dans l’af­faire Williamson, mais le pré­fet de la congré­ga­tion des évêques, le car­di­nal Battista Re, qui a insuf­fi­sam­ment pré­pa­ré la com­mu­ni­ca­tion aux évêques et la déci­sion de levée des excom­mu­ni­ca­tions, car­di­nal Re qui est n’est d’ailleurs pas dans la ligne rat­zin­gé­rienne, et qui a écrit au car­di­nal Castrillon Hoyos pour s’ex­cu­ser de ce qui s’é­tait passé. 

Dans un entre­tien publié par le quo­ti­dien colom­bien El Tiempo [NDLR : lire ici l’in­té­gra­li­té de l’en­tre­tien don­né à El Tiempo], le car­di­nal Darío Castrillon Hoyos, pré­sident de la Commission Ecclesia Dei, indique : 

« J’ai eu à faire ces entre­tiens, mais cela ne signi­fie pas que j’é­tais seul à par­ler avec Mgr Fellay. J’ai tou­jours eu à mes côtés tout le groupe au sein du Saint-​Siège néces­saire pour cha­cun des pas. […]Il n’y a pas eu un seul acte qui ne se soit fait col­lé­gia­le­ment.[…] les lefeb­vristes n’ont pas été excom­mu­niés pour des motifs de doc­trine, mais parce qu’ils avaient été ordon­nés sans auto­ri­sa­tion.[…] Si quel­qu’un devait savoir quelque chose, c’est le car­di­nal en charge de la vie des évêques, le car­di­nal Re. Il m’a écrit une lettre pour me deman­der par­don. Nous avons été de très bons amis. »

Vincent Pellegrini inLe Nouvelliste

P.S. Dans lepoint​.fr, Christian Terras, direc­teur d’un média pré­sen­té comme un heb­do­ma­daire catho­lique pro­gres­siste alors qu’il n’a plus rien de catho­lique et a pour seule ligne édi­to­riale l’a­dog­ma­tisme (avec alpha pri­va­tif) et l’an­ti­pa­pisme, est inter­ro­gé par le jour­na­liste qui lui demande « En consé­quence, le pape doit-​il par­tir ? » Réponse de C. T. : « Oui. C’est un pape schis­ma­tique. »
En consé­quence, je ne demande qu’une chose : que la Radio Suisse Romande cesse d’in­vi­ter tout le temps Christian Terras sur ses ondes.