Reportage du pèlerinage en Terre Sainte pour les jeunes avec M. l’abbé Louis-​Joseph VAILLANT du 14 au 21 juillet 2013

On ne revient pas d’Israël comme on en est par­ti… ! Pour un pro­fane, une telle des­ti­na­tion peut évo­quer le palais des Mille et Une Nuits, les étoffes cha­toyantes, les cara­vanes de cha­meaux, les épices aux sen­teurs envoû­tantes, etc. Mais pour le catho­lique, tout cela n’est rien à côté des humbles ves­tiges qui rap­pellent la pré­sence de Notre-​Seigneur. Le visi­teur qui se recueille devant la grotte de l’Annonciation ou qui ploie le genou devant le Golgotha ne peut repar­tir indifférent !

Pendant une semaine, nous avons pro­gres­sé en Terre Sainte, de Nazareth jusqu’à Jérusalem. 

Tandis que notre guide Fabien nous don­nait toutes les expli­ca­tions his­to­riques et poli­tiques, notre aumô­nier mon­sieur l’abbé Vaillant nous aidait à réa­li­ser la pré­sence bien­fai­sante de Jésus, à com­prendre son enseignement. 

Dimanche 14 juillet 2013

Arrivés en début d’après-midi à l’aéroport de Tel Aviv, le car nous emmène vers le Nord, la Galilée, où nous posons nos valises à Nazareth pour sillon­ner la région pen­dant 3 jours. 

Notre héber­ge­ment à 100 m de la basi­lique, chez les sœurs de Nazareth. Notre pre­mière visite nous porte chez les sœurs Clarisses de Nazareth où une sœur âgée, sœur Marie-​Joséphine, nous parle avec beau­coup de fer­veur du sou­ve­nir que Charles de Foucauld a lais­sé en ces lieux. C’est là en effet qu’il vécut dans une cabane, très pau­vre­ment de 1897 à 1900. Cette sœur âgée, liba­naise, entrée au couvent très jeune, a recueilli des reli­gieuses de l’é­poque le témoi­gnage direct de la vie de ce bien­heu­reux. Elle nous sup­plie avec force de gar­der la droite ligne.

Son appel est vibrant et réveille en nous la fier­té de la fille aînée de l’Eglise. Où en est la France aujourd’hui ? Réveillons-​nous ! Surtout nous les jeunes ! Elle nous inter­pelle : « Pèlerins, Français, gar­dez la Foi ! ». L’exemple de Charles de Foucauld et de tant d’autres saints de notre pays montre le rôle que la France doit jouer dans la sur­vie du chris­tia­nisme… Elle nous demande si nous votons. A notre réponse affir­ma­tive, elle laisse un silence pla­ner, puis s’exclame : « Vous n’avez su choi­sir que celui-​là ? ». Son dépit est réel et le nôtre aussi…

Lundi 15 juillet 

Après la messe au Mont Carmel, nous arri­vons à saint Jean d’Acre. Nous pre­nons un pique-​nique au bord de l’eau, puis nous par­tons admi­rer les ves­tiges lais­sés par les Croisés. 


C’est la der­nière place-​forte du Royaume latin de Jérusalem. En entrant dans ces grandes salles voû­tées, notre guide Fabien nous montre com­bien la venue des chré­tiens en terre musul­mane était héroïque et périlleuse. Nous nous enga­geons même dans les sou­ter­rains qu’ils emprun­taient pour rejoindre la mer direc­te­ment depuis la forteresse ! 

Puis nous décou­vrons Nazareth l’après-​midi : Nous gar­de­rons un sou­ve­nir mar­quant de la grotte de l’Annonciation, main­te­nant englo­bée dans la basi­lique, pre­mier Lieu Saint que nous décou­vrons. Le « oui » de la Vierge est le pre­mier miracle qui per­met la Rédemption. 

Après le dîner, un temps de recueille­ment à la basi­lique qui est à 100 m de notre héber­ge­ment. Puis l’ab­bé nous pro­pose une « pro­me­nade » dans Nazareth : il s’a­git en fait d’une excur­sion au pas de course dans un dédale de rues sombres pour atteindre le point culmi­nant de la ville. Quelle équi­pée ! En haut, nous nous arrê­tons prier dans une belle église.

Puis nous nous posons à une ter­rasse pour admi­rer la vue et nous désal­té­rer ! L’ambiance est très sym­pa­thique ! Notre ami Jacques et l’ab­bé Vaillant animent la soi­rée. Nazareth se sou­vien­dra de nos joyeuses soi­rées car le len­de­main nous pre­nons place dans un bar et ani­mons le quar­tier de nos chants. Les enfants se hissent aux fenêtres et appellent les amis du vil­lage pour assis­ter au spectacle ! 

Mardi 16 juillet 

Un lac qui s’é­tend à l’in­fi­ni, des flots azu­rés brillant de mille dia­mants, des kib­boutz iso­lés nichés dans les val­lons : tel est le pano­ra­ma qui s’offre à nos yeux le temps d’une tra­ver­sée sur le lac de Tibériade. 

Notre-​Seigneur a mar­ché sur ces eaux, Il les a sillon­nées avec ses dis­ciples. Nous médi­tons quelques ins­tants, emplis d’une sainte émo­tion à la lec­ture des miracles qui eurent lieu ici.


Puis nous arri­vons au Mont des Béatitudes, haut lieu de l’en­sei­gne­ment que Jésus a pro­di­gué aux foules. L’abbé reprend les paroles de Notre-​Seigneur comme un nou­veau « ser­mon sur la mon­tagne » : ici Il a expli­qué à ses dis­ciples sa Loi de misé­ri­corde et d’hu­mi­li­té, tel­le­ment plus belle que la ven­geance ou la loi du Talion alors en vigueur chez les Juifs.

Dans le car, l’am­biance va bon train. Il s’a­git d’ap­prendre quelques poly­pho­nies que nous pour­rons ensuite chan­ter dans les Lieux Saints ; ce sera pour nous l’oc­ca­sion de prier deux fois dans ces hauts-​lieux de la Chrétienté et de cla­mer aux tou­ristes indif­fé­rents qu’il existe encore des catho­liques enthou­siastes et convaincus !

Avant d’at­teindre Jérusalem, nous fai­sons halte à Césarée mari­time, ville romaine où saint Paul a été jugé et empri­son­né avant d’être envoyé à Rome pour y mou­rir mar­tyr. Des ves­tiges antiques et médié­vaux s’é­lèvent au bord de la grève. Un beau panorama ! 

A Jérusalem, beau­coup d’entre nous sont for­te­ment impres­sion­nés par la pré­sence des musul­mans et des Juifs. Nous arri­vons le pre­mier soir à la Porte des Lions : le muez­zin est en train d’ha­ran­guer ses troupes – Ramadan oblige – et nous voyons défer­ler de toutes les rues des marées humaines de tcha­dors, kef­fiehs, et longues tuniques bario­lées. Les visages sont basa­nés, sombres, et sou­vent tristes… Ensuite, nous pas­sons une sorte de douane en pleine ville : il faut mon­trer patte blanche pour entrer dans le quar­tier Juif. En une minute, nous bas­cu­lons dans un nou­vel uni­vers : sur une immense espla­nade, la popu­la­tion déam­bule, les habits sont noirs et stricts, les regards hau­tains et fiers. En toile de fond se dresse le Mur des Lamentations, contre lequel de fer­vents pra­ti­quants s’a­donnent à des rites osten­ta­toires. Ces deux mondes nous aident à com­prendre com­ment Jésus a pu se faire accueillir à son époque. Les popu­la­tions avaient été pré­pa­rées par les pro­phètes, mais elles n’ont pas vou­lu d’une reli­gion plus exi­geante qui devait com­plè­te­ment réfor­mer leur vie. 

Mercredi 17 juillet 

Pour mieux nous rap­pro­cher de Notre-​Seigneur, nous fai­sons à pied l’as­cen­sion du Mont Thabor, comme Lui-​même l’a faite avec trois apôtres avant la Transfiguration. La pente et le soleil nous per­mettent d’of­frir nos efforts, de mar­cher dans les pas de Jésus, Lui confiant nos peines, nos joies, nos inten­tions… et le som­met appa­raît bientôt ! 

Là-​haut, le guide et l’ab­bé nous donnent quelques expli­ca­tions, puis nous enten­dons la Messe dans la basi­lique. Les Franciscains du lieu, d’a­bord sur­pris de la messe Tridentine, sont ensuite enchan­tés par nos chants et nous féli­citent à plu­sieurs reprises. En refer­mant le por­tail pour la fer­me­ture, l’un d’entre eux confie qu’il voit pas­ser les groupes de la Fraternité tous les ans et en admirent la ferveur !

Jeudi 18 juillet : Bethléem ! 

Voir le lieu de la nais­sance de Jésus : quelle grâce ! Nous avons la chance qu’il n’y ait pas trop de monde à cette période et en pro­fi­tons pour res­ter prier et chan­ter plus long­temps dans la grotte. La crypte de l’é­glise de la Nativité résonne de nos plus beaux airs de Noël. 

Puis nous nous ren­dons à la grotte du Lait, grotte où selon la Tradition la sainte famille vécut quelques temps et où l’on com­mé­more l’al­lai­te­ment de Marie. Et enfin, nous visi­tons le champ des ber­gers. Là c’est émou­vant car l’on peut bien se repré­sen­ter le pay­sage où pais­saient les trou­peaux et on peut même des­cendre dans une grotte qui donne une bonne idée de ce que devait être la grotte de la Nativité avant que l’on y construise une basilique. 

En sor­tant du champ des ber­gers et rejoi­gnant le car, nous chan­tons de tous notre cœur Les Anges dans nos cam­pagnes. Un voi­sin qui tient là une bou­tique impro­vise et accom­pagne notre chant d’un air de flûte ! D’autres habi­tants du quar­tier prennent des pho­tos. Un beau moment ! 

Vendredi 19 juillet 

Comme Notre-​Seigneur, nous allons sillon­ner Jérusalem à pied pen­dant deux jours. Le Mont des Oliviers, avec la grotte du Pater où jésus ensei­gna cette prière à ses apôtres, le lieu de l’Ascension et celui à flanc de col­line qui vit les larmes de Notre-​Seigneur sur Jérusalem. Il se tenait face au Temple à cette époque… aujourd’hui nous sommes face à l’esplanade des Mosquées qui a rem­pla­cé le temple… A entendre le chant du Muezzin et à s’approcher du mur des lamen­ta­tions, on com­prend pour­quoi Jésus pleura….


Puis nous arri­vons au pied du mont, dans le jar­din des Oliviers où un Père Franciscain nous obtient la per­mis­sion d’en­trer et de tou­cher les oli­viers sécu­laires, témoins muets de l’Agonie. Quelle chance qui est rare puisque d’ha­bi­tude on se heurte aux barrières !!!

Enfin, nous enten­dons la messe dans la grotte de Gethsémani, près du jar­din des Oliviers. C’est là que Notre-​Seigneur pria tant de fois avec ses dis­ciples et fut arrê­té par la tra­hi­son de Judas !

Samedi 20 juillet 

Très belle jour­née qui com­mence par la Messe au Golgotha, sur le lieu-​même de la Crucifixion. Pouvoir célé­brer et assis­ter au Saint Sacrifice à l’en­droit même où le Christ s’est offert, c’est un moment iné­nar­rable. De quoi ébran­ler même les cœurs les plus endurcis !

Puis nous entrons dans le Saint-​Sépulcre pro­pre­ment dit, le tom­beau du Christ. On peut y tou­cher la pierre où Il reposa. 

Pour la pre­mière fois de notre vie, nous fai­sons LE Chemin de Croix, sur la Via Dolorosa emprun­tée par Notre-​Seigneur le ven­dre­di saint. Entre une bou­tique de tcha­dors et un éta­lage de viande Allal, nous chan­tons « Vive Jésus, vive sa Croix » sous le regard dubi­ta­tif des pas­sants. Sur cette Via Dolorosa, Notre-​Seigneur a souf­fert, prié, endu­ré des peines ignobles sur ce che­min que nous fou­lons. Chacun de nos pas peut être une prière de remer­cie­ment envers ce Sauveur au cœur inépuisable. 

Nous avons ensuite la chance de pou­voir nous unir à la pro­ces­sion des Latins dans le Saint-​Sépulcre. C’est conso­lant de par­ti­ci­per à un rite inchan­gé depuis le début du XXe. Les abbés se joignent au cor­tège des Franciscains, tan­dis que nous sui­vons en chan­tant des hymnes fami­liers. Grâce au port de la sou­tane, nos abbés Vaillant et Boissonnet ain­si que le frère Erwan peuvent se joindre aux Franciscains : ils sont au pre­mières loges. 

Le soir, il faut bien se détendre un peu, et retrou­ver une âme d’en­fant… Notre lieu de pré­di­lec­tion est la ter­rasse qui sur­plombe le loge­ment, sous un pan de ciel étoi­lé qui a vu naître l’Enfant-​Jésus. Se suc­cèdent alors chants, blagues et jeux variés.

Comme le Saint-​Sépulcre ouvre ses portes à minuit le same­di, nous nous ren­dons au Golgotha. Le Golgotha, abou­tis­se­ment d’une vie don­née pour le salut des hommes. Nous avons la chance de nous recueillir de longues heures à cet endroit, pen­dant la nuit. Joies et peines, inquié­tudes et espoirs, tout est dépo­sé au pied de la Croix.

Dimanche 21 juillet 

Dernier jour, avant de reprendre l’a­vion, nous pas­sons à Emmaus Abu Gosh pour la belle messe de la Résurrection. C’est là que les dis­ciples d’Emmaüs on ren­con­tré Notre-​Seigneur. Les béné­dic­tins fran­çais nous y accueillent en nous ouvrant excep­tion­nel­le­ment les portes d’or­di­naire fer­mées le dimanche. Nous avons même la pos­si­bi­li­té d’a­voir une belle messe chan­tée… avec orgue !

Au terme de ce voyage, nous empor­tons des sou­ve­nirs qui marquent à jamais nos cœurs et nos esprits. Pendant une semaine, nous avons mis nos pas dans ceux de Notre-​Seigneur, nous avons fou­lé les che­mins de Galilée à ses côtés ; les Mystères du Rosaire ne sont plus de pieuses évo­ca­tions, mais des lieux désor­mais familiers.

La proxi­mi­té avec Jésus a rani­mé en nous le feu sacré ; à cha­cun d’œu­vrer pour que jamais il ne s’éteigne ! 

Texte de Jeanne de Vençay et de Laetitia Perrin /​Photos des pèlerins 

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