Sermon de saint Léon le Grand pour les Quatre-​Temps d’hiver

Saint Pierre pénitent par Guido Reni, huile sur toile vers 1600, Collection Mainetti, Rome. Domaine public.

Les messes des Quatre-​Temps nous pré­sentent les anté­cé­dents de la nais­sance et de l’avènement du Seigneur. Comme intro­duc­tion à ces solen­ni­tés d’une anti­qui­té véné­rable, don­nons ici un ser­mon de Quatre-​Temps du pape saint Léon :

Mes très chers, notre sou­ci pas­to­ral nous porte à vous prê­cher confor­mé­ment au temps et à l’usage litur­gique. Nous célé­brons le jeûne du dixième mois (décembre, comme son nom l’indique, était le dixième mois).

Dans ce jeûne, nous offrons à Dieu, l’auteur de tous biens, après avoir ache­vé la récolte de tous les fruits, un digne sacri­fice de tem­pé­rance. Car quelle œuvre peut être plus effi­cace que le jeûne, par lequel nous nous rap­pro­chons de Dieu, nous résis­tons au démon, nous triom­phons des vices séducteurs ?

En effet, tou­jours le jeûne a été l’aliment de la ver­tu. La sobrié­té pro­duit les pen­sées chastes, les réso­lu­tions rai­son­nables, les conseils salu­taires. Par la mor­ti­fi­ca­tion volon­taire on meurt aux convoi­tises de la chair. L’esprit est renou­ve­lé pour la pra­tique de la ver­tu. Mais comme nous ne pou­vons pas faire notre salut par le jeûne seul, complétons-​le par la misé­ri­corde envers les pauvres. Donnons à la ver­tu ce que nous enle­vons au plai­sir. Que la pri­va­tion de ceux qui jeûnent soit un sou­la­ge­ment pour les pauvres. Efforçons-​nous de pro­té­ger les veuves, d’aider les orphe­lins, de récon­ci­lier ceux qui sont en dis­corde, de recueillir les étran­gers, de secou­rir les affli­gés, de vêtir ceux qui sont nus, de soi­gner les malades.

Ainsi celui d’entre nous qui aura offert à Dieu, l’auteur de tous biens, le sacri­fice de ses œuvres de cha­ri­té comme un bon tra­vailleur, méri­te­ra de rece­voir comme salaire le royaume céleste.

Ainsi donc, jeû­nons mer­cre­di, ven­dre­di et same­di, veillons ensemble (célé­brons l’office de nuit) auprès de l’Apôtre saint Pierre, afin que, par son inter­ces­sion, nous puis­sions obte­nir ce que nous deman­dons par Notre Seigneur Jésus-​Christ qui avec le Père et le Saint-​Esprit vit et règne dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-​il.

Source : Pius Parsch, Le guide de l’an­née litur­gique, tome 1