La joie

Nous autres chré­tiens, nous devons nous réjouir, nous avons même toutes sortes de rai­sons d’être joyeux : tel est le conso­lant mes­sage de l’Église au troi­sième dimanche de l’Avent.

Jusqu’ici, on a tou­jours cru que la joie et la gaie­té étaient le lot des gens dépour­vus de pié­té, des mau­vais sujets qui font toutes sortes de tours. Mais que tous les chré­tiens, jeunes ou vieux, pauvres ou riches, malades ou bien por­tants, doivent être des gens joyeux, voi­là ce que beau­coup de gens ne savaient pas, et ceux qui le savaient vivaient comme s’ils l’ignoraient. Aujourd’hui l’Eglise nous le dit expres­sé­ment et on ne sau­rait assez le répé­ter. Dès la porte du sanc­tuaire, elle nous annonce : « Réjouissez-​vous dans le Seigneur. Je vous le dis encore une fois, réjouissez-vous ».

Mais, sainte Eglise notre mère, ne vois-​tu donc pas la misère de ces mil­liers de mal­heu­reux qui n’ont pas un mor­ceau de pain ? ne vois-​tu pas la misère des âmes qui donne pour­tant de si grands sou­cis ? ne vois-​tu pas la per­sé­cu­tion des chré­tiens en tant de pays ? peut-​on alors se réjouir ?

L’Eglise nous répond : Mes chers enfants, je vois tout cela, je connais mieux que vous toutes les misères. Mon cœur mater­nel res­sent toutes les souf­frances qui sont infli­gées à mes enfants et celles que mes enfants me pré­parent. Pourtant j’ai le droit de me réjouir et je vous appelle à la joie. Pourquoi ? parce que vous êtes les enfants de Dieu, parce que Jésus-​Christ est votre frère, parce que le ciel est votre patrie. Combien de temps dure la vie ter­restre ? elle passe comme un mau­vais rêve. Parce que, dans le ciel, nous serons riches, heu­reux, beaux, bien por­tants et que cette vie du ciel dure­ra éternellement.

Ah ! Sainte Mère Eglise, sommes-​nous ten­tés de dire, la vie ter­restre est bien pénible et elle dure si long­temps et le ciel est si loin. Qui sait ?… Ici nous sommes pris et l’Eglise peut nous répondre : Savez-​vous, mes enfants, pour­quoi vous ne pouvez-​pas par­ve­nir à la véri­table joie du chris­tia­nisme ? c’est parce que vous n’avez pas une foi forte, pro­fonde, pleine et vivante. Croire, c’est ris­quer, je vous le concède volon­tiers. La colombe de la vie éter­nelle est posée sur le toit du ciel, le pas­se­reau de la pauvre vie ter­restre est dans votre main. Or la foi consiste à lais­ser ce pas­se­reau s’enfuir de votre main pour aller retrou­ver la colombe sur le toit. Seul le chris­tia­nisme vivant, celui qui a conscience de la vie divine, qui a assez de foi pour aban­don­ner le bien-​être ter­restre et l’échanger contre la vie éter­nelle, seul ce vrai et authen­tique chris­tia­nisme peut par­ve­nir à un véri­table état de joie. C’est à cette joie chré­tienne et à cette foi chré­tienne que nous appelle aujourd’hui notre Mère l’Église : Réjouissez-​vous sans cesse, je vous le dis encore une fois : Réjouissez-vous.

Source : Pius Parsch, Le guide de l’an­née litur­gique, tome 1