Les circuits [1] pour la Zambie et [2] pour le Malawi
Un petit berger, pauvre mais fier,
du Malawi |
la pêche n’est pas encore miraculeuse,
mais l’heure du Bon Dieu n’est pas la nôtre.… |
Lundi matin 24 janvier : Direction Malawi ! Une étape de 541 km sépare la capitale de Zambia de celle du Malawi. Nous la franchirons en 12 heures !
Tout le long du parcours, nous sommes frappés par la tenue des écoliers. Les garçons portent un pantalon (jamais de short), un blouson et une cravate bien que le thermomètre indique une température de 40 degrés !
Les filles dans leur robe ou jupe d’uniforme impeccable semblent se rendre dans un de nos établissements tradis ! Ces écoliers sont très pauvres, ils habitent dans des cases. Cependant, pour aller à l’école, on ne néglige jamais sa tenue.
Il est vrai qu’être toujours bien habillé correspond à la nature africaine ! Imaginez un Africain en France au mois de juillet : il serait vite scandalisé par ces tenues provocantes condamnées en Afrique ! Petite nouvelle : le nouveau premier ministre du Zimbabwe veut faire voter une loi interdisant le port du pantalon féminin ! Des bananes, nous en achetons à ces enfants qui nous tendent leurs bras chargés de fruits : 50 bananes ou 80 mangues pour le prix d’un litre d’essence, 1 US$ !
« Les enfants : la richesse du Malawi »
Ah, ces milliers d’enfants ! On pourrait penser à juste titre que leur pauvreté soit un motif suffisant pour limiter les naissances ! Détrompez-vous ! Avoir des garçons donne à la famille des bras supplémentaires pour les tâches ardues. Avoir des filles, cela rapporte pas mal aux parents lors du mariage puisque le « futur » doit payer une dot ! Donc, tout le monde y gagne ! Mais pour être tout de même objectif, il faut ajouter que les Africains aiment les enfants et se soucient bien peu de tout ce qui est contraception (ce qui, en soi, est une bonne chose!). De plus, l’Afrique est suffisamment vaste pour accueillir toute cette population. Il suffirait de mieux gérer les terres…
Les 100 derniers km sont bien difficiles ; ce ne sont que trous et ornières ! Le but du « jeu » consiste à ne pas trop démolir la voiture ! Un pont coupé nous oblige à emprunter un sentier parallèle. Malheureusement, comme c’est la saison des pluies, une énorme flaque (du genre piscine) entrave le passage ! Que faire ? Nous prions Ste Rita, fermons les fenêtres (comme dans un sous-marin) et plongeons ! Le 4x4 assez élevé s’en sort bien et nous passons sans encombre ! Merci mon Dieu !
Vers 21h, arrivée dans la capitale. Après avoir téléphoné, Mme Chimulu vient nous chercher ! Deo gratias ! Nous sommes dans Lilongwe, ville d’1 million d’habitants sur les 11 millions que possède le pays. Le Malawi rassemble plus d’habitants que le Zambia pour une densité sept fois moindre !
Au cours du premier repas, la tante de Mme Chimulu chez qui nous logeons, me déclare qu’elle est anglicane ! Stupéfaction ! Nous venons en Mission catholique et des Anglicans nous reçoivent ! Bien sûr, elle dit que c’est la même chose, que Catholiques et Anglicans ont la même messe, les mêmes sacrements ! Je lui réponds simplement que d’un côté les prêtres catholiques sont vraiment prêtres et que de l’autre, les « prêtres » anglicans ne sont pas prêtres ! Léon XIII a décrété l’invalidation des ordinations en 1896 par le changement des paroles du rite. Elle me répond que de toute façon cela ne la dérange pas ; que le principal c’est d’être content là où l’on est. (Exactement le sujet de ma prochaine conférence : la religion du cœur!) Elle est responsable en Malawi d’un programme de mise en place de la contraception ! Je lui réponds que, s’ils sont opposés à l’avortement, les Anglicans ne le sont pas à la contraception, ce qui va contre la morale. Il faut savoir que 95% des pilules contraceptives sont abortives ! Elle ne me contredit pas, baisse la tête, le « dialogue » se termine !
Je remarque qu’elle n’aime pas à ce que l’on cherche à la convertir !
« La messe catholique de retour au Malawi »
Nous organisons la messe du mardi soir. Une trentaine de personnes se retrouvent sous la véranda de la maison. La Tante et ses deux filles (aussi anglicanes) y assistent. Je ne donne la communion qu’à deux vieilles dames catholiques qui connaissent leur catéchisme un peu plus que les autres ! La Tante me demande de communier ; refus de ma part ! Je n’ai pas parcouru 4 700 km pour pratiquer l’oecuménisme !
Une conférence est organisée : comme Mme Chimulu ne se souvient plus trop de son « Chichewa » (langue principale parlée en Malawi), c’est Rehema, une des deux filles de la Tante qui accepte de tenir le rôle de traductrice. C’est la plus intelligente de l’assemblée ! Tout se passe bien. Je ne parle pas de l’anglicanisme… prudence ! Mais je parle suffisamment du protestantisme pour qu’ils puissent voir les différences avec le catholicisme. Par exemple, en parlant de la communion dans les mains, la Tante me fusille du regard : la communion dans la main se pratique aussi chez les Anglicans !
Rendez-vous est donné pour le lendemain. Une dame lève la main et rappelle que le mercredi soir, des « prières » d’une durée de 2 à 3 heures sont organisées dans l’église ! Mais je ne peux pas changer l’heure de la messe et invite ceux qui ont compris un peu mieux la crise de l’Eglise à profiter de la messe traditionnelle. Tout le monde repart.
En conclusion de cette soirée, cela m’a prouvé, s’il le fallait encore, que des personnes soi-disant catholiques ne connaissent rien de l’histoire de l’Eglise ni même de leur catéchisme ! On se demande ce que font leurs curés chaque dimanche ! De tout, mais certainement pas de l’instruction !
Durant le dîner, dans sa grande maison entretenue par de nombreux domestiques et gardée de jour et de nuit par deux vigiles, la Tante me déclare qu’elle ne savait pas que la messe serait publique. Si l’un des fidèles se plaint à leurs pasteurs, elle sera certainement excommuniée ! Oecuménisme engagé avec tout le monde sauf avec nous !
Mercredi 26 janvier : nous partons à la découverte de la région avec d’autres membres de la famille de Mme Chimulu. Ils sont tous bien catholiques mais si pauvres qu’il était vraiment impossible de célébrer la messe chez eux et qu’ils ne pouvaient nous héberger : dommage ! Nous visitons le lac du Malawi, le 3ème plus grand lac d’Afrique !
« J’en profite pour photographier deux évêques dans leur belle soutane blanche ressortie pour l’occasion… J’apprendrai plus tard que l’un des deux est un oncle de Mme Chimulu et il n’est pas du tout en accord avec la Tradition ! »
Dans un village, des milliers de personnes entourent un hélicoptère. Que se passe-t-il ? Le Président s’est déplacé afin de tenir un meeting. Puis nous nous arrêtons à Mua, deuxième mission du pays. Nous apprenons que la Princesse de Norvège honore la Mission de sa présence : elle en est la grande bienfaitrice.
J’entre dans un genre de musée qui raconte en tableaux l’histoire de la Mission : la soutane m’ouvre toutes les portes… Là, sont réunies les personnalités qui assistent à une danse africaine endiablée devant la Princesse. J’en profite pour photographier deux évêques dans leur belle soutane blanche ressortie pour l’occasion… J’apprendrai plus tard que l’un des deux est un oncle de Mme Chimulu et il n’est pas du tout en accord avec la Tradition !
Nous nous dirigeons ensuite vers un endroit appelé « Monkey bay ». Ce fut certainement un beau petit port ; maintenant il ne reste que des ruines ! Pauvre pays !
« Ils sont pauvres, mais leur sourire…quel sourire ! »
Sur le chemin de retour, nous rencontrons encore de nombreux enfants. L’indice de fécondité du Malawi est de 6,37 enfants par femme ! Ce qui est nettement supérieur à tout ce que je connaissais jusqu’ici ! Il faut savoir aussi que sur le continent africain, le Malawi possède un pourcentage d’analphabétisme élevé : il est en seconde position après le Mozambique ! Même si le pays est chrétien dans l’ensemble, il ne faut pas oublier que 30% de la population est musulmane !
Le soir, retour à la maison. Personne ne vient pour ma dernière messe « publique ». Je la célèbre devant six membres de la famille de Mme Chimulu. Durant l’office, la Tante et l’Oncle restent dans la pièce voisine et en profitent pour visionner la cassette d’un mariage anglican.
Ils augmentent bien le volume du son ! C’est la même ambiance que pour une nouvelle messe ! Un jeune homme de la famille rit avec eux. Le lendemain matin, j’apprends que personne n’a dormi puisque ce jeune, pris d’une convulsion soudaine vers minuit a été transporté en urgence à l’hôpital ! On ne se moque pas du Bon Dieu !
Pourquoi si peu de monde à la messe ? Les fidèles d’hier soir ne sont certainement pas encore convaincus de l’importance et des bienfaits de la Tradition. Mme Chimulu avait pourtant préparé les esprits le dimanche précédent, au cours d’une réunion. Tout est grâce !
Le cuisinier nous dit que certains fidèles ont parlé avec leurs prêtres. Ceux-ci ne sont pas très contents que je sois venu sans les avertir. Ils veulent parler avec moi. Mais je décline l’invitation ! Ce sera pour une prochaine fois…
Jeudi matin, retour vers le Zimbabwe. Nous saluons chacun. « See you » est la réponse de la Tante et de l’Oncle. La veille, celui-ci avait reçu le Président dans ses bureaux du centre ville ! Il est certain qu’ils ne veulent plus de cette sorte de prêtres complètement rétrogrades qui osent leur refuser la communion alors que les autres prêtres acceptent tout lors de leurs réunions oecuméniques ! Pauvre monde ! Mais à qui la faute ? On ne peut pas baiser l’anneau de « l’Archevêque » anglican et refuser ensuite de lui ouvrir la porte bien grande ! L’exemple vient d’en haut !
Je demande à Veronica, une nièce de Mme Chimulu, d’accepter d’être notre contact avec le Zimbabwe. Imaginez, une petite jeune fille, orpheline, connaissant à peine son catéchisme alors qu’elle a fait sa première communion ! Elle accepte en se demandant ce qui lui tombe sur la tête ! « A bientôt, si Dieu veut ! », dis-je en lui offrant un catéchisme.
Je repense au missel anglican que la Tante m’avait présenté : la nouvelle messe est exactement l’office contenu dans ce « missel » de Cranmer ! Ah, cette crise mondiale de l’Eglise ! Elle est, comme le disait Mgr Lefebvre, bien plus terrible que les deux premières guerres mondiales !
« Ici, tout est immense : les paysages, les arbres, les distances, la pauvreté… »
Durant 30 km, la bande de la route sur laquelle nous roulons appartient au Malawi et l’autre au Mozambique ! Étrange !
Je constate que de nombreuses mosquées bordent le chemin : environ une tous les 10 km!! Imaginez qu’en 1960, on recensait une mosquée pour dix églises catholiques ; de nos jours, il suffit d’inverser la tendance, une église pour 10 mosquées ! Sous peu, ce pays qui était encore, dans l’ensemble, catholique grâce au bon travail missionnaire, deviendra musulman et se choisira un président musulman !
Nous en profitons pour saluer le frère de Mme Chimulu. En sortant de chez lui, je distribue des chapelets à des dizaines d’enfants attirés par ma soutane ! Le lieu est tout à fait propice puisque nous nous trouvons devant une mosquée importante !
Nous souhaitons aussi rendre visite aux parents de Mme Chimulu ; mais à quelques kilomètres du but, un effondrement de la route dû aux fortes pluies, nous oblige à rebrousser chemin.
Comment repérer le Mozambique ? Un indice : le grand nombre de maisons en ciment complètement détruites ou brûlées. Ce sont les traces laissées par la dernière guerre !
Le Portugal a colonisé ce pays mais l’indépendance est votée en 1964, à la plus grande satisfaction des marxistes-léninistes soutenus par la Chine et l’Union soviétique. Les Blancs sont chassés. La Rhodésie d’alors, soutenue par les Etats-Unis réagit en suscitant un mouvement anticommuniste. C’est la guerre froide. Le pays s’effondre. En 1989, on renonce officiellement au marxisme-léninisme. La guerre a fait un million de morts et deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays ! Le Mozambique est ruiné. Bravo l’indépendance !
Un accord de paix est signé avec le chef marxiste Frelimo : il contrôlait 20% du territoire. On s’aperçoit alors que des enfants âgés de 11 ans composent les deux tiers de certaines unités de combat ! Ne soyons dons pas étonnés qu’en 1996, 800.000 armes étaient encore en circulation dans le pays ! Les tensions entre belligérants sont encore d’actualité. Les inondations de l’an 2000 ont accentué les problèmes et portent le coût de reconstruction du pays à 65 millions de dollars environ ! Quand Notre-Seigneur sera-t-Il remis à l’honneur ? Notre-Seigneur, c’est la vie. En dehors de lui, tout est cimetière !
Tout est cimetière ! C’est exactement cette impression que j’ai ressentie en parcourant ces trois pays. Après le passage du marxisme et celui de l’ONU, il ne reste que ruine matérielle. Dans l’immédiat, je ne vois pas de solution pour ces pays. Du point de vue spirituel, l’oecuménisme a détruit les missions catholiques et le nombre de Catholiques se réduit d’année en année.
L’aide matérielle fait défaut aux quelques pauvres vieux missionnaires qui résistent encore. Lors d’une halte près d’une très belle église des Prêtres Montfortains, je posai la question suivante au sacristain : « Combien reste-t-il de prêtres dans cette Mission importante ?» Il me répondit : « Trois vieux prêtres puis se sera fini ! Il n’y a plus de vocation !»
Conclusion : Sur le plan purement humain, il est difficile d’imaginer ce qui pourra sortir ces pays de la pauvreté (bien plus spirituelle que matérielle). D’ailleurs, les Etats-Unis et l’Europe ne s’en soucient pas trop. Avec le taux élevé de sida, dans 10 ans une grande partie de la population aura disparu et le reste sera prisonnier des Musulmans ou envoyé dans des sortes de « goulags » par les « Communistes » qui ont toujours la vie belle ! Les populations n’ont plus la force de résister. Les dirigeants, francs-maçons, ont depuis longtemps vendu le pays à des étrangers !
Je souhaiterais quand même terminer sur une note positive. Le Saint Sacrifice de la Messe produit du fruit. Après notre passage, on réfléchit, on a vu autre chose, on a vu une autre sorte de prêtres. Tous ces gens n’en soupçonnaient même pas l’existence. Même si le latin ne leur semble pas évident, ils ont très bien compris la différence entre la messe « repas » et la messe « Sacrifice ». Maintenant, il nous reste à aider nos deux contacts, Frère Chapewa et Veronica en les invitant à participer à nos retraites spirituelles.
Que les prières et les aumônes de nos bienfaiteurs nous aident dans ce long travail de formation intellectuelle et spirituelle. Le grain est tombé ; portera-t-il ses fruits ? Nous plantons, mais le Bon Dieu arrose !
Epilogue : Trois jours après le voyage, je suis tombé bien malade. Le médecin m’annonce tout bonnement que c’est la malaria ! Même constat pour mes passagers, Mme Chimulu et Bryan qui se remettront plus vite que moi. J’avais pourtant pris toutes les précautions ! Finalement, après analyse de sang, il semble que ce soit un « virus infectieux », proche cousin de la malaria. On ne peut rien faire pour moi, il faut attendre ! Tout est grâce ! Je suis resté une semaine au lit avec une température avoisinant les 40 degrés ! Actuellement, je vais mieux, je reprends des forces et le virus se rend ! Le virus « communiste » a été maîtrisé par mes anticorps « catholiques » ! Partout c’est la guerre !
Qu’en toutes choses, Dieu soit béni. Que le Bon Dieu bénisse l’Afrique et l’aide à se relever !
P.S. Juste avant de vous envoyer ce texte, je viens de recevoir une lettre du Brother Chapewa me remerciant de mon passage ! Les prêtres du village l’ont encore convoqué ! Ils lui ont dit que son Abbé, « n’est pas un prêtre de Dieu » qu’il est « sataniste » parce qu’il n’était pas venu dans leur église pour y célébrer la messe (la nouvelle, bien sûr !). « Comme le Brother a été pollué par son prêtre, il doit être purifié par le curé du village »!!! (Cela s’apparente davantage à de la sorcellerie, mais de leur côté…!!)
« On vous tuera pensant rendre honneur à Dieu ». Tout est grâce !
Plus tard, il a reçu une lettre du Vicaire général qui lui siginifie sa « suspens » de l’Eglise catholique par adhésion à une secte (la nôtre!!) « qui n’est pas en union avec l’Eglise catholique » ! Mon Dieu pardonnez-les car ils ne savent pas ce qu’ils font ! La lettre se termine quand même par une bénédiction envers le Brother !
Il sont sympatiques non ?
Father Pascal Gendron†
Les coordonnées de monsieur l’abbé Gendron
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Montmerle-Sur-Saône
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