Les accords entre Rome et Pékin : une trahison et une reddition sans condition

L’accord entre le Vatican et la Chine tant redou­té par le car­di­nal chi­nois Joseph Zen [Photo ci-​dessus] a donc été bel et bien conclu.

La signa­ture l’of­fi­cia­li­sant devant came­ras et médias mon­diaux aura lieu à la fin du mois. L’annonce de cette nou­velle a fait réagir Mgr Zen, évêque émé­rite de Hong Kong. Il a décla­ré à l’a­gence Reuters : « Ils jettent le trou­peau dans la gueule des loups. C’est une tra­hi­son incroyable » et d’a­jou­ter « les consé­quences seront tra­giques et durables, non seule­ment pour l’é­glise en Chine, mais pour toute l’é­glise car cela nuit à la crédibilité. »

Nos confrères du Journal d’André Noël titrent à pro­pos de cette tra­hi­son « Evêque, c’est par toi que je meurs ! ».

« Capitulation » du pape François , « tra­hi­son » des catho­liques chi­nois. Cest ain­si que s’ex­prime le car­di­nal Zen , ancien arche­vêque de Hong- kong, après l’ac­cord signé entre Pékin et le Vatican. Il a ajou­té que le car­di­nal Parolin, secré­taire d’Et at, numé­ro deux du Saint Siège, prin­ci­pal arti­san de cet accord, a « ven­du l’Eglise catho­lique au gou­ver­ne­ment com­mu­niste. »

Rappelons qu’en 1957, la dic­ta­ture com­mu­niste a créé de toutes pièces une « asso­cia­tion catho­lique patrio­tique » consti­tuée d’a­gents du régime qui nomme des évêques et ne recon­naît pas l’au­to­ri­té de Rome .

Depuis 2010, l’Eglise offi­cielle a dési­gné sept évêques non recon­nus par le Vatican qui sont enn fait membres du PC chi­nois. Il y a trente évêques de l’Eglise clan­des­tine et per­sé­cu­tée par Pékin.

Certes, le Vatican étant aus­si un Etat, il a sa diplo­ma­tie mais la fina­li­té de celle-​là est ulti­me­ment ordon­née au bien de l’Eglise et au salut des âmes, même si l’on n’en per­çoit par immé­dia­te­ment tous les tours et détours. Mais, là, il ne s’a­git plus d’un simple geste de cour­toi­sie diplo­ma­tique mais d” un aban­don pur et simple des catho­liques qui furent héroï­que­ment fidèles à Rome en les met­tant sous l’au­to­ri­té d’é­vêques qui ont col­la­bo­ré à leur per­sé­cu­tion, jus­qu’à les dénon­cer. Imagine-​t-​on saint Pierre signant un accord avec Néron ?

Pour ce qui est de l’a­ve­nir, le pape assure que c’est tou­jours lui qui nom­me­ra les évêques. Certes, mais sur une liste de plu­sieurs noms pro­po­sés par Pékin ! Ce seront évi­dem­ment tous des prêtres dans la main du gou­ver­ne­ment. Et cela inter­vient dans une période où les per­sé­cu­tions contre les chré­tiens ont redou­blé d’intensité !

Ciomme le sou­ligne le site Life Site News ce scan­da­leux accord inter­vient dans un contexte de per­sé­cu­tion des catholiques :

« Le pré­sident Xi Jinping s’attaque impi­toya­ble­ment à la liber­té de reli­gion. Pékin a publié le 1er février des règle­ments inter­di­sant les acti­vi­tés reli­gieuses non auto­ri­sées, inter­di­sant aux enfants et aux membres du par­ti d’entrer dans les églises, aux prêtres non ins­crits sur les registres de célé­brer des offices et exi­geant que « tous les sites reli­gieux soient enregistrés. »

La cam­pagne de « sini­sa­tion » des reli­gions relan­cée en 2016 a abou­ti à la des­truc­tion de lieux de culte catho­liques et pro­tes­tants, à la des­truc­tion de mil­liers de croix et de bibles et à l’in­car­cé­ra­tion d’ec­clé­sias­tiques et de fidèles.

Récemment plus de 2.000 croix ont été arra­chées des églises dans le Zhejiang, sous pré­texte qu’elles n” étaient pas conformes aux normes de construc­tion. A Wenzhou, cin­quante croix ont été arra­chées pas plus tard qu’en mars dernier.

Au mois d’a­vril 2018, cinq prêtres de l’Eglise clan­des­tine ont été arrê­tés et dépor­tés dans un camp de tra­vail après avoir été tor­tu­rés. L’un d’eux a été retrou­vé mort, offi­ciel­le­ment « sui­ci­dé ». En fait, il a péri sous la tor­ture. Les catho­liques fidèles devront obéir à ces évêques, éma­na­tion du pou­voir com­mu­niste.

De façon cynique le pape François l’a recon­nu :« Ils souf­fri­ront », en ajou­tant « Il y a tou­jours de la souf­france dans un accord. » « Toujours » ?

Non, seule­ment quand le ber­ger aban­donne le trou­peau aux loups ravis­seurs. Ces catho­liques chi­nois, après avoir souf­fert pour l’Eglise, vont main­te­nant souf­frir par l’Eglise.

Sainte Jeanne d’Arc, sur le bûcher, lan­ça à Cauchon :« Evêque, c’est par toi que je meurs !» Et aujourd’­hui, lors­qu’on entend Mgr Joseph Zen décla­rer « C’est un aban­don total (de notre foi), je n’ai pas d’autres mots », on peut dire sans for­cer le trait que les catho­liques chi­nois sont en droit de crier la même chose que Jeanne, mais, hélas, trois fois hélas, il ne s’a­git plus d’un cri à de l’é­vêque de Rouen mais à celui de Rome qui est aus­si le pape.

Sources : Journal d’André Noël /​La Croix /​Life Site News /​Vatican news /​La Porte Latine du 28 sep­tembre 2018