Commentaires sur une dépêche de l’agence APIC

DICI n° 203 du 17/​10/​09

Le 12 octobre, l’agence Apic titrait la dépêche consa­crée à cet entre­tien : « Pour Mgr Fellay, la seule solu­tion est un « retour au pas­sé » ». C’est un juge­ment plu­tôt hâtif, mais cette hâte est révé­la­trice. Le contexte de ce membre de phrase iso­lé montre une pen­sée plus nuan­cée :

« (…) j’ai l’impression que nous sommes devant une situa­tion bien déli­cate. La réa­li­té de la crise est admise (par les auto­ri­tés romaines, ndlr), mais pas les remèdes. Nous disons, et on le prouve par les faits, que la solu­tion à la crise est un retour au pas­sé. Benoît XVI dit la même chose : il insiste sur l’importance de ne pas cou­per avec le pas­sé – l’herméneutique de la conti­nui­té -, mais il entend main­te­nir les nou­veau­tés du concile, consi­dé­rant qu’elles ne sont pas une rup­ture avec ce pas­sé. Selon lui, ne sont dans l’erreur et la rup­ture avec le pas­sé que ceux qui vont plus loin que le concile. C’est un pro­blème des plus sen­sibles ».

Mgr Fellay indique, à la veille des dis­cus­sions doc­tri­nales avec Rome, où est le point de conver­gence : le constat com­mun d’une crise sans pré­cé­dent dans l’Eglise, mais aus­si où se situe la diver­gence : la néces­si­té d’un retour à la Tradition pour remé­dier à cette crise, car Vatican II n’est pas en conti­nui­té pleine et entière avec cette Tradition bimillénaire.

Présenter dans un rac­cour­ci rapide le « retour au pas­sé » comme « la seule solu­tion » à la crise, c’est sug­gé­rer com­bien l’analyse de la Fraternité Saint-​Pie X est sim­pliste et faire entendre qu’elle croit naï­ve­ment pou­voir tout résoudre par un simple retour en arrière. On pour­rait citer ici quelques slo­gans pro­gres­sistes : « cris­pa­tion nos­tal­gique », « effort illu­soire de remon­ter le temps », « ten­ta­tive pathé­tique d’arrêter le cours de l’histoire »… Ces cari­ca­tures ont la ver­tu de ras­su­rer à peu de frais ceux qui les emploient. Surtout ne trou­blons pas leur tranquillité !

Mais à ceux que la réa­li­té inté­resse, deux ques­tions se posent :

1. Quand on s’aperçoit que l’on a fait fausse route, est-​il sage ou non de faire un retour en arrière pour reprendre le bon chemin ?

2. Quand on ne chante pas avec les révo­lu­tion­naires « Du pas­sé fai­sons table rase », est-​il déri­soire de reve­nir à cet héri­tage doc­tri­nal et spi­ri­tuel qu’on appelle la Tradition, pour assu­rer à l’Eglise un ave­nir qui ne soit pas celui d’un « bateau qui prend l’eau de toutes parts » ?

In DICI n° 203 d’oc­tobre 2009