« Dialogue de la charité et accueil des exclus » par Mgr Daucourt

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« Dialogue de la charité et accueil des exclus »

Premier ser­vi­teur de la com­mu­nion uni­ver­selle, le Pape doit tout faire pour que cessent les divi­sions et que tous les chré­tiens gran­dissent dans la com­mu­nion. Nous sou­te­nons par la prière l’i­ni­tia­tive qu’il vient de prendre et sou­hai­tons de tout cœur qu’elle porte des fruits car dans la marche vers la pleine com­mu­nion de tous les bap­ti­sés il n’est pas pos­sible que nous lais­sions des frères et sœurs au bord du che­min. « Le Pape Benoît XVI a vou­lu aller jus­qu’au bout de ce qu’il pou­vait faire comme main ten­due, comme une invi­ta­tion à la récon­ci­lia­tion. » (Cardinal Ricard ; 24 jan­vier 2009)

Même si les don­nées his­to­riques et doc­tri­nales ne sont pas com­pa­rables, un paral­lèle avec la levée des excom­mu­ni­ca­tions entre ortho­doxes et catho­liques est éclairant.

En 1054 le Pape et le Patriarche de Constantinople se sont excom­mu­niés réciproquement.

Par la prière des chré­tiens et de nom­breuses ren­contres à tous les niveaux (dont celle de Paul VI et d’Athénagoras 1er en 1964), le Saint Esprit nous a fait la grâce de vivre ce qui est cou­ram­ment appe­lé en oecu­mé­nisme « le dia­logue de la cha­ri­té », condi­tion néces­saire pour com­men­cer un dia­logue doc­tri­nal et le pour­suivre. Les ana­thèmes entre Rome et Constantinople ont été levés en 1965 en plein Concile Vatican II et le dia­logue théo­lo­gique tou­jours en cours a été annon­cé en 1979. Benoît XVI n’a pas réha­bi­li­té les quatre évêques (cf. le com­mu­ni­qué du conseil per­ma­nent de la confé­rence des évêques du 21 jan­vier 2009) et il n’a pas décla­ré la pleine com­mu­nion. Il a posé un geste pour avan­cer dans « le dia­logue de la charité ».

Il y a eu une réelle insuf­fi­sance d’ex­pli­ca­tion et de com­mu­ni­ca­tion qui a pour résul­tat de para­si­ter l’in­ten­tion géné­reuse du Pape et d’une façon plus large l’é­van­gé­li­sa­tion. Je pense aus­si à ceux qui marchent plus dif­fi­ci­le­ment sur les che­mins de la foi, qui attendent quelque chose de l’Église et risquent de se décourager.

Du para­si­tage, on est pas­sé au scan­dale en appre­nant les pro­pos « néga­tion­nistes » d’un des évêques concer­nés. Le Supérieur de la fra­ter­ni­té Saint Pie X a désa­voué son confrère, l’a inter­dit de prise de parole publique sur les ques­tions poli­tiques ou his­to­riques et a deman­dé « par­don au Souverain Pontife et à tous les hommes de bonne volon­té pour les consé­quences dra­ma­tiques d’un tel acte. » Mais cer­tains étaient déjà allés aus­si jus­qu’à l’a­mal­game, soup­çon­nant voire accu­sant le Pape.

Aussi bien sur les ques­tions doc­tri­nales qui demeurent que sur la réa­li­té de la Shoah, Benoît XVI a par­lé clai­re­ment au cours de l’au­dience publique du mer­cre­di 28 Janvier 2009 :

« Je sou­haite que mon geste soit sui­vi par un prompt enga­ge­ment de leur part à accom­plir les pas sup­plé­men­taires néces­saires pour réa­li­ser la pleine com­mu­nion avec l’Eglise, en témoi­gnant ain­si de la véri­table fidé­li­té et de la véri­table recon­nais­sance du magis­tère et de l’au­to­ri­té du Pape et du Concile Vatican II.… Alors que je renou­velle avec affec­tion l’ex­pres­sion de ma pleine et indis­cu­table soli­da­ri­té avec nos frères des­ti­na­taires de la Première Alliance, je sou­haite que la mémoire de la Shoah incite l’hu­ma­ni­té à réflé­chir sur la puis­sance impré­vi­sible du mal lors­qu’il conquiert le cœur de l’homme. Que la Shoah soit pour tous un aver­tis­se­ment contre l’ou­bli, contre la néga­tion ou le réduc­tion­nisme, car la vio­lence contre un seul être humain est une vio­lence contre tous. »

Ayons tous autant d’au­dace et d’es­pé­rance que Benoît XVI en mani­feste à l’é­gard de ces quatre évêques ! Autant qu’il est en notre pou­voir, ouvrons nos cœurs, ten­dons nos mains à ceux qui dans l’Église sont excom­mu­niés, à ceux qui croient être excom­mu­niés, à ceux qui ne peuvent rece­voir les sacre­ments mais sont tou­jours membres de l’Église et ne sont pas excom­mu­niés. Pensons aus­si à ceux qui ne peuvent rece­voir le bap­tême mais n’en sont pas moins des « amis de Jésus » médi­tant la Parole de Dieu, priant et sou­vent col­la­bo­rant avec nous au rayon­ne­ment de l’Évangile ! Faisons de même dans la socié­té à l’é­gard des « bles­sés de la vie » atteints dans leur san­té ou leur vie conju­gale ou fami­liale ou pro­fes­sion­nelle ou dans leur affec­ti­vi­té, leur sexua­li­té, etc.

Je rap­pelle ce qui est de pre­mière actua­li­té dans notre dio­cèse : la prio­ri­té évan­gé­lique aux pauvres et aux pré­caires, le ser­vice des équipes d’a­ni­ma­tion pas­to­rale dans chaque paroisse, le déve­lop­pe­ment d’une caté­chèse pour tous les âges et toutes les situa­tions, la mul­ti­pli­ca­tion des petites com­mu­nau­tés fra­ter­nelles de foi et le renou­vel­le­ment du ser­vice maté­riel et éco­no­mique des paroisses et doyennés.

Mgr Gérard Daucourt, Évêque de Nanterre