Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Juvénat du Sacré-Coeur

( Libreville mars 2005 )

« Le Père Patrick Duverger, direc­teur de l’école. »

Chers Amis et Bienfaiteurs
En rece­vant cette cir­cu­laire, quel­qu’un, de manière plai­sante, pour­ra s’ex­cla­mer : « Ah ! Ils ont besoin de sous ! ». Et une nou­velle fois, s’en­vo­le­ra au Gabon, un chèque au pro­fit de la Mission et de son Juvénat ! La semaine der­nière, le mois der­nier, c’é­tait la même chose au pro­fit de l’Inde et des sinis­trés du raz-​de-​marée, au pro­fit des béné­dic­tins, des domi­ni­cains ou de telle ouvre. Votre géné­ro­si­té ne se dément pas, elle sus­cite notre admi­ra­tion et notre recon­nais­sance ! Mais com­ment faire autre­ment ? Nous avons encore besoin de vous, mal­gré tous nos efforts pour essayer de moins vous sol­li­ci­ter. Alors mer­ci pour votre aide finan­cière, pour votre ami­tié, pour vos prières. En retour, chaque jour, les élèves prient pour vous. La com­mu­nau­té vous recom­mande à Dieu par le cha­pe­let quo­ti­dien. Une messe men­suelle est célé­brée à vos inten­tions et pour les bien­fai­teurs défunts.

Résultats scolaires

Que devenons-​nous ? La vie de l’é­cole revêt une cer­taine mono­to­nie. Le calme et la régu­la­ri­té sont néces­saires à l’é­qui­libre des élèves. Au rythme du calen­drier sco­laire, les semaines et les mois se suc­cèdent sans évè­ne­ments majeurs. L’éducation est tra­vail obs­cur et de longue haleine.

Le BEPC de notre pre­mière classe de troi­sième, en mai der­nier, a obte­nu un résul­tat tout à fait hono­rable (11 admis sur 12) pour des pré­mices, com­pen­sant la moins bonne per­for­mance des élèves du cm2 à l’exa­men inter-​écoles de la Fraternité Saint Pie X. Les autres résul­tats aux exa­mens et concours aca­dé­miques de fin du pri­maire sont satis­fai­sants mais à double tran­chant. Ils assurent à l’é­cole une répu­ta­tion de sérieux mais éloignent des élèves de notre col­lège : après un bon pri­maire ici, les parents pré­fèrent la gra­tui­té du lycée public à la qua­li­té du col­lège privé.

Education particulière

Ainsi de notre cm2, seule­ment six élèves sur quinze sont pas­sés dans notre sixième qui compte pour­tant vingt et un nouveaux.

« Des élèves studieux »

Cet exemple illustre la dif­fi­cul­té : après cinq ans d’exis­tence, l’am­biance de notre col­lège souffre encore du nombre de nou­veaux par rap­port aux anciens. Et beau­coup de nou­veaux sont comme en per­di­tion : échec sco­laire, famille désar­ti­cu­lée ou inexis­tante. Par la force des choses, nous tenons un cré­neau auquel nous ne nous atten­dions pas : récu­pé­rer des épaves, les res­tau­rer et les remettre sur la voie. Chaque année, au prix d’un immense labeur, nous avons la satis­fac­tion de voir des élèves retom­ber sur leurs pieds ; notre répu­ta­tion de « sau­ve­teurs » se répand. Des familles suivent ce mou­ve­ment modeste de res­tau­ra­tion ; deux foyers ont régu­la­ri­sé leur situa­tion cette année. C’est peu, car on aime­rait tel­le­ment plus, mais c’est immense aus­si. C’est le fruit d’un long tra­vail de la grâce et de per­sua­sion ; d’autres foyers pré­parent la même démarche. Il faut beau­coup prier à cette inten­tion ; car la famille enra­ci­née dans la grâce du sacre­ment est une clé durable de la res­tau­ra­tion chré­tienne de la socié­té et de l’é­du­ca­tion. La situa­tion au Gabon est tel­le­ment alar­mante que l’Etat aus­si mani­feste sa pré­oc­cu­pa­tion vis-​à-​vis du peu de mariages, ne serait-​ce qu’au for civil. Pour cela encore, prions que des déci­sions salu­taires soient prises pour favo­ri­ser la sta­bi­li­té des mariages sans laquelle les enfants subissent de ter­ribles consé­quences, dont nous sommes les témoins déso­lés mais impuissants.

Encouragements

A côté de ces élèves en situa­tion dif­fi­cile, ceux issus d’un milieu stable donnent satis­fac­tion dans leur conduite et dans leur tra­vail ; il fau­drait qu’ils soient plus nom­breux ! Ils ne repré­sentent guère plus d’un tiers de l’ef­fec­tif au secondaire.
Ce fut un encou­ra­ge­ment de voir 9 élèves rece­voir le bap­tême à la Pentecôte et 16 élèves com­mu­nier pour la pre­mière fois, à la Fête Dieu. C’était des élèves de toutes les classes, du CP en troisième.

« Messe de fin d’an­née célé­brée par le Père Médard »

Ainsi le fond de notre tra­vail au Juvénat est dur, « car nous n’a­vons pas à lut­ter contre des êtres de chair et de sang. mais contre les maîtres de ce monde de ténèbres, contre les mau­vais esprits répan­dus dans les régions célestes » (Eph. 6.12). Mais nous savons aus­si que nos armes sont celles de l’Esprit ! C’est la rai­son de notre ferme confiance dans le suc­cès de cette gigan­tesque bataille menée, ici comme ailleurs, pour le règne de Dieu.
Pour la fête de fin d’an­née, le spec­tacle a été rem­pla­cé par une veillée autour du feu, pré­cé­dée de la pro­cla­ma­tion des résul­tats, de la dis­tri­bu­tion des prix, et de la messe chan­tée d’ac­tion de grâces.

Grandes vacances et plantations

Les grandes vacances de juillet à sep­tembre, pen­dant la sai­son sèche, ont rapi­de­ment défi­lé. Le père Arnold s’est ren­du chaque semaine, à Four-​Place, avec une équipe de volon­taires, dans la bana­ne­raie plan­tée en mars, pour conti­nuer à défri­cher un nou­vel espace et entre­te­nir ce qui est déjà plan­té. Hélas ! le résul­tat n’a pas été à la hau­teur de l’ef­fort four­ni, à cause de la fai­blesse des pré­ci­pi­ta­tions en 2004, à tel point qu’on a par­lé de séche­resse ! 2005 com­mence mieux arro­sé ; espé­rons que le retard pris sera vite com­pen­sé par une bonne récolte pour les 1100 bana­niers plan­tés sur un hec­tare envi­ron. Mais pour­quoi s’é­ver­tuer à un tel tra­vail ? N’y a‑t-​il pas déjà assez à faire avec l’é­cole elle-​même ? Certes, mais il faut pour­tant vivre ! La pro­duc­tion est lar­ge­ment uti­li­sée pour ali­men­ter les cent bouches que le Juvénat nour­rit à midi. Le sur­plus est ven­du en ville dans l’es­poir de déga­ger un reve­nu com­plé­men­taire. Tels sont entre autres, nos efforts pour vous être moins à charge ! Et puis, il y a un exemple à don­ner ; le retour à la terre est une néces­si­té vitale pour des popu­la­tions qui, croyant au mirage de l’ur­ba­ni­sa­tion, ont déser­té les cam­pagnes. Les jeunes géné­ra­tions, celles de nos élèves, ont besoin d’ap­prendre que tra­vailler la terre est noble et d’au­tant plus que la terre ne ment pas. Nous espé­rons emme­ner bien­tôt des élèves, à ces tra­vaux champêtres.

« La bana­ne­raie, ou « plan­ta­tion », et nos valeu­reux bénévoles »

Le reste des vacances a pas­sé à pré­pa­rer la ren­trée sco­laire : entre­tien et remise en état des locaux, réfec­tions des livres sco­laires loués aux élèves durant l’an­née. La dis­tri­bu­tion de 7000 tracts en ville nous a fait un peu mieux connaître. Au résul­tat, beau­coup de visites et d’ap­pels télé­pho­niques. Pour com­plé­ter cette opé­ra­tion, nous avons ins­tal­lé sur le mur d’en­ceinte, un grand pan­neau « Bienvenue au Juvénat du Sacré-Cour ».

Après un mois de congés, en juillet, le Père Olivier Rioult revient pour s’ap­pli­quer à toutes sortes de tra­vaux géné­raux. Il a été aus­si mis à contri­bu­tion pour la plan­ta­tion ! En août com­mencent les cours de vacances au pri­maire comme au secon­daire, puis les ins­crip­tions et réins­crip­tions. Travail de longue haleine sur­tout dans le secon­daire pour essayer de sélec­tion­ner au mieux les élèves. Pour les nou­veaux, est orga­ni­sé un test d’é­va­lua­tion de niveau sco­laire. Environ la moi­tié des can­di­dats a été reca­lée. mal­gré une indul­gence assez large ! Au résul­tat, nous fai­sons la ren­trée sco­laire à par­tir du 15 sep­tembre avec 100 élèves au col­lège et 125 à l’é­cole primaire.

Communauté religieuse

Du côté de la com­mu­nau­té reli­gieuse, arrivent fin sep­tembre et début octobre, l’ab­bé Edouard Boissonnet sémi­na­riste de 3° année, et mes­sieurs Amaury Graff et Henri Brière, bache­liers frais émou­lus des écoles de la Fraternité en France.

« Notre com­mu­nau­té aug­men­tée par la pré­sence des « jeunes blancs ». »

Dans l’i­dée du ser­vice mis­sion­naire, ils viennent pas­ser un an de dévoue­ment et rem­por­te­ront une expé­rience qui enri­chi­ra leur ave­nir, de manière incon­tes­table. Leur arri­vée bien que tar­dive, puisque la ren­trée sco­laire est déjà faite, est saluée d’un sou­pir de sou­la­ge­ment. Ils n’ont pas eu de répit avant d’être mis à contri­bu­tion : sacris­tie, cui­sine, secré­ta­riat, sur­veillances, tra­vaux exté­rieurs ! A eux se joint John Kamau, Kenyan ; il apprend le fran­çais et apporte son aide, ici et là. Au total nous sommes 7 à demeure, au Juvénat du Sacré Cour. C’est beau­coup, mais par­mi nous, quatre sont tem­po­raires. Notre com­mu­nau­té reli­gieuse n’est pas assez nom­breuse de per­sonnes stables d’une année à l’autre. Le frère Grégoire est ren­tré en France en sep­tembre. Nous sommes donc seule­ment trois, à faire fonc­tion­ner, de manière per­ma­nente, l’é­cole pri­maire et le Collège, avec plus de la moi­tié des élèves comme demi-​pensionnaires. Les dif­fi­cul­tés déjà expo­sées au sujet de l’é­du­ca­tion des élèves com­pliquent la tâche. L’urgence est donc au ren­for­ce­ment des effec­tifs de la com­mu­nau­té reli­gieuse ; mais comme ailleurs, la crise des voca­tions nous frappe de plein fouet.

Rentrée et trimestre

Du côté du per­son­nel ensei­gnant et de ser­vice, on compte 40 per­sonnes tra­vaillant à temps plein ou à mi temps. Le pre­mier tri­mestre de cette année sco­laire 2004–2005, outre les cours avec leurs leçons et leurs devoirs, a été occu­pé à pré­pa­rer la solen­ni­té du 8 décembre. D’Italie, nous avons fait venir une sta­tue grande d’un mètre trente pour laquelle le Père Olivier a fabri­qué un magni­fique trône mon­té sur une voi­ture. Le soir du 8, 1500 fidèles se sont ras­sem­blés pour une pro­ces­sion aux flam­beaux, autour de l’Immaculée pla­cée sur ce trône solen­nel, du Juvénat à la Mission St-​Pie X.

Projet et avenir

Et l’a­ve­nir ? Il nous est bien incon­nu. mais les pro­jets, il y en a et les voi­ci. Nous ne sommes pas assez nom­breux pour les réa­li­ser. De plus les ins­tal­la­tions et les locaux sont actuel­le­ment insuf­fi­sants pour pour­suivre le déve­lop­pe­ment. C’est pour­quoi, cette année, nous avons renon­cé à ouvrir la classe de seconde.

« Plus d’une cen­taine de bouches à nour­rir chaque jour ! »

Grâce à votre aide pré­cieuse, le fonc­tion­ne­ment ordi­naire du Juvénat est assu­ré ; vos dons com­plètent les sco­la­ri­tés payées (ou impayées !) par les parents.
Pour pour­suivre l’af­fer­mis­se­ment de l’ouvre, ici au Juvénat, il nous faudrait :
– agran­dir la cha­pelle. Nous y logeons à grand-​peine les cent col­lé­giens pour la prière et pour la messe. Il est impos­sible d’y mettre les 225 élèves du Juvénat avec le per­son­nel. D’où l’o­bli­ga­tion de dou­bler la célé­bra­tion des grands offices, pour que tous y assistent.
– amé­na­ger un ora­toire à l’in­té­rieur de la mai­son qui ser­vi­ra dés que la cha­pelle sera mise en travaux.
– répa­rer le mur d’en­ceinte qui en par­tie risque l’effondrement.
– ren­for­cer l’a­li­men­ta­tion en eau à par­tir du ser­vice public.
– construire quelques dépen­dances : buan­de­rie, salle de vais­selle et annexes à la cui­sine, dix sani­taires pour les élèves.

N’ayant pas le moindre sou pour tout cela, ni les moyens de les trou­ver, nous res­tons sereins et confiants dans la divine Providence. Toutefois, il est n’est pas inutile de vous confier nos pré­oc­cu­pa­tions. Un de nos lec­teurs peut deve­nir l’ins­tru­ment de la Providence. D’où ce nou­vel appel en faveur de la for­mule du vire­ment auto­ma­tique men­suel. Cette solu­tion nous est pré­cieuse. Si deux cents bien­fai­teurs sous­cri­vaient ne serait-​ce que 10 ou 15 euros par mois, nous pour­rions cer­tai­ne­ment mieux pro­gram­mer dépenses et travaux.

Vers l’internat

Par la force des choses, et la mort dans l’âme, nous n’a­vons pas ouvert la classe de seconde. Nous vou­lons pour­tant conti­nuer. C’est pour­quoi nous pen­sons ouvrir le second cycle en internat.

« pour l’in­ter­nat, la recherche du ter­rain néces­site par­fois de s’en­fon­cer dans la brousse… »

Actuellement nous pros­pec­tons des ter­rains à une soixan­taine de kilo­mètres de Libreville. Les ter­rains et les condi­tions d’ac­qui­si­tion sont actuel­le­ment favo­rables. Mais tout est à faire, c’est encore la forêt. Oeuvre immense qui dépasse lar­ge­ment nos forces ! On pour­rait la trou­ver uto­pique et dérai­son­nable. A vues humaines c’est peut-​être juste. Mais que l’ouvre soit vou­lue de Dieu et elle se réa­li­se­ra. Pour l’ins­tant, je vous demande la cha­ri­té de vos prières ; c’est par là que com­mencent les fon­da­tions de toute ouvre catho­lique. S’il vous plait, priez et faites prier autour de vous, sur­tout les enfants : tous ceux qui ont la grâce d’être dans une bonne école. Qu’ils prient pour que la Divine Providence nous donne de pour­suivre le tra­vail, aujourd’­hui en sus­pens, pour que bien vite ces enfants du Gabon aient eux aus­si la grâce d’a­voir une bonne école pour y apprendre à sau­ver leur âme. C’est pour eux que je vous ai écrit, car chez eux aus­si comme sur toute la terre d’Afrique, Jésus veut régner et triom­pher. « Tout ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à Moi que vous l’au­rez fait. » Cette parole de Jésus est le seul titre qui nous auto­rise à vous adres­ser ces lignes ; le but de notre pré­sence au Gabon

Père Patrick Cocault Duverger
Directeur de l’é­cole de la Mission St-​Pie X.

Gabon – Mission Saint-​Pie X

Prieur : Abbé Prudent BALOU YALOU – 15/​08/​11

Mission Saint-​Pie X
B.P.3870
Libreville
GABON
00 241 11 76 60 18 

Gabon – Juvénat du Sacré-Cœur

Directeur : Abbé Christophe LEGRIER – 15/​08/​11

Juvénat du Sacré-Cœur
Primaire Saint-Joseph-de-Calasanz
& Collège Privé de LA MERCI
Quartier Rio – PK 5 – BP 2149
Libreville – GABON 
00 241 11 72 18 66