Saint Ferdinand et le Prêtre

Saint Ferdinand fut roi de Castille et de León. Sa mère, Doña Bérengère, une sainte femme, le for­ma dans la foi chré­tienne, la foi catho­lique et, alors qu’il était encore très jeune, il fit preuve de tant de pru­dence, qu’elle lui lais­sa le royaume. Il était presque un enfant.

Ce roi se signa­la par deux vertus :

  • 1° Un très grand amour pour l’Eucharistie. Il réso­lut de recon­qué­rir toute la par­tie de l’Espagne qui était au pou­voir des maures. Il conquit beau­coup de villes, dont la plus célèbre est Séville, qui, autre­fois comme aujourd’­hui, était une grande cité. La pre­mière chose qu’il fai­sait dans toutes ces villes conquises, c’é­tait de construire des églises et des monas­tères pour que le culte à Notre Seigneur y soit ren­du. Il avait un très grand amour pour l’Eucharistie. Et il le mani­fes­ta tout par­ti­cu­liè­re­ment sur son lit de mort. Quand il vit qu’il allait mou­rir, il deman­da qu’on lui appor­tât le Saint Viatique et vou­lut le rece­voir à genoux. Son état était très grave et il ne pou­vait pas se lever. Mais il ordon­na à ses ser­vi­teurs de le sor­tir du lit, de lui pas­ser une corde au cou et de le sou­te­nir à genoux pour rece­voir Notre Seigneur. Ainsi fit-​il sa der­nière com­mu­nion. Et d’ailleurs, un de nos peintres de renom l’a immor­ta­li­sé sur une de ses toiles. Quelle foi si grande ! Quelle dévotion !
  • 2° La seconde ver­tu fut sa dévo­tion à la très sainte Vierge Marie. Il avait pour elle un amour et une confiance très tendres. Il attri­buait à son inter­ces­sion toutes les batailles qu’il gagnait contre les maures . Il por­tait tou­jours une petite sta­tue de la sainte Vierge sur le har­nais de son che­val et disait que c’é­tait elle qui obte­nait toutes les vic­toires. Ainsi, lors­qu’il entra dans Séville, il la pro­cla­ma Reine de toute la cité. Et actuel­le­ment, la patronne de Séville est cette même sta­tue que saint Ferdinand por­tait au cours de ses batailles Et actuel­le­ment, la patronne de Séville est cette même sta­tue que saint Ferdinand por­tait au cours de ses batailles.

Ces deux dévo­tions concernent tous les catho­liques et plus par­ti­cu­liè­re­ment les prêtres qui sont, aujourd’­hui plus qu’­hier, entou­rés de très grands dan­gers et de très graves ten­ta­tions contre l’hu­mi­li­té et la chasteté.

Pour for­ti­fier ces deux ver­tus, il n’y a rien de mieux que l’a­mour de la Sainte Eucharistie où Jésus nous parle. Jésus, qui est tota­le­ment à la mer­ci du prêtre, obéit en tout. Quel exemple d’hu­mi­li­té celui de Jésus caché dans le taber­nacle ! Le prêtre le touche tous les jours, le consacre et le rend pré­sent à la Sainte Messe ; c’est comme si Jésus lui disait : « sois humble comme moi, sois obéis­sant comme moi. Ne recherche pas les hon­neurs, les applau­dis­se­ments, les suc­cès. Regarde-​moi ici silen­cieux, caché… Vois comme je me sanc­ti­fie en silence pour les âmes… » ; c’est une leçon constante d’hu­mi­li­té que Jésus donne au prêtre. Et, en effet, les prêtres ont besoin de beau­coup d’hu­mi­li­té puisque, de par leur voca­tion, Dieu les a exal­tés en les éle­vant au des­sus des autres fidèles.

Il est donc logique que les catho­liques honorent et tiennent le prêtre en grande estime, quoique cela soit très dan­ge­reux parce que favo­ri­sant la vani­té et l’or­gueil. C’est pour­quoi la dévo­tion à la Sainte Eucharistie est le meilleur anti­dote contre le venin de la vani­té et de l’or­gueil qui peut s’emparer du prêtre. La seconde ver­tu dont le prêtre a besoin est celle de la chas­te­té ; être fidèle a l’a­mour de Jésus en mépri­sant tous les plai­sirs et en renon­çant à tous les goûts de la chair et de l’esprit.

Lorsqu’il est jeune, le prêtre vit ses pre­mières années de sacer­doce dans la fer­veur… mais au fur et a mesure que le temps passe, la vie devient plus pro­saïque et plus dif­fi­cile. Il res­sent le manque de com­pa­gnie, c’est-​a-​dire qu’il souffre davan­tage de la soli­tude. C’est alors que le démon com­mence à l’at­ta­quer le pous­sant à recher­cher les amours humaines. Sa chas­te­té est alors en dan­ger. Il n’y a rien de mieux pour conser­ver cette ver­tu que la dévo­tion à la très sainte Vierge Marie. C’est la meilleure arme, la meilleure méde­cine, le meilleur remède pour que le prêtre reste fidèle à Jésus et à Jésus seul.

C’est pour­quoi saint Ferdinand est un exemple pour tous et plus par­ti­cu­liè­re­ment pour les prêtres. Si le prêtre célèbre la Messe, ferme l’é­glise et oublie Jésus, pauvre de lui ! Il com­mence à perdre l’a­mour de Jésus Eucharistie. Et si à cela s’a­joute une dimi­nu­tion de la dévo­tion a la sainte Vierge Marie par l’a­ban­don des dévo­tions mariales et du cha­pe­let, il est per­du ! Tôt ou tard, il succombera.

Prions pour tous les prêtres. Rappelons-​nous cette phrase de Jésus à ses dis­ciples : « J’ai com­pas­sion de ce peuple…» ( Marc, 8, 2 ). Jésus a com­pas­sion de tous mais, d’une façon spé­ciale, de tant de prêtres qu’il a appe­lés, consa­crés, qui se dévouerent avec bon­heur et qui peut-​être pen­dant quelques années ont été très zélés, très fer­vents, très fidèles… et qui ensuite l’a­ban­don­nèrent, le quit­tèrent pour quelques « miettes de pain », pour « un plat de len­tilles. » Il en a com­pas­sion ! Imitons Jésus. Ayons com­pas­sion des prêtres qui sont tom­bés, ne les cri­ti­quons jamais, ne les condam­nons pas. « Nolite tan­gere unc­tos meos…», « Ne tou­chez pas à mes oints, ne faites pas de mal à mes pro­phetes ! » (Ps. 104, 15 et I Chron. 16, 22) « Ne tou­chez pas à mes élus, à mes oints, ne les tou­chez pas. » Ne pas les tou­cher, ni phy­si­que­ment, ni spi­ri­tuel­le­ment, c’est-​à-​dire, en les cri­ti­quant, en les condam­nant, etc… Nolite tangere !

Avec ma bénédiction.

Révérend Père P. de I. Muñoz, Supérieur-​Fondateur des Soeurs de l’Oasis.