France Livres nº 41
février 2004
ous avons volontiers l’impression de vivre une époque de catastrophes. Nous en avons l’impression sur le plan religieux, et ce n’est pas dénué de pertinence : la perte presque universelle de la foi, le refroidissement de la charité, l’autodémolition de l’église, l’effacement rapide de l’empreinte chrétienne de notre pays, tous ces éléments qui constituent ce qu’on appelle communément « la crise de l’église » atteignent un tel degré qu’ils finissent par nous faire penser que les précédente crises, pourtant très graves parfois (trois papes simultanés durant le Grand Schisme d’Occident, par exemple), n’étaient que de « simples rhumes des foins ».
Nous en avons l’impression sur le plan temporel : les guerres, le terrorisme, les catastrophes diverses, les épidémies et autres « canicules », l’insécurité, le chômage, l’immigration incontrôlée, tout cela, sans cesse mouliné par les médias, tend à créer en nous une atmosphère diffuse de peur, de découragement et de morosité.
Nous finissons par oublier que les Anciens, nos pères, nos ancêtres, ont connu eux aussi de terrible périodes de souffrance et qu’avec la grâce de Dieu, par l’aide de la Providence et armés de leur courage, il ont réussi à faire face à ces catastrophes, à les surmonter et à construire la civilisation dont nous avons hérité.
C’est une telle réflexion qui me venait en gisant le dernier livre qu’Anne Bernet vient de nous livrer. Depuis 1999, Anne Bernet a entrepris de retracer la vie des quatre grands Docteurs de l’église. Elle nous déjà donné un Saint Ambroise et un Saint Jérôme. Bientôt viendra un Saint Augustin. Aujourd’hui, c’est un Saint Grégoire le Grand qu’elle nous propose.
Or, s’il a existé une période absolument catastrophique pour Rome et l’Italie, c’est bien celle que le futur saint Grégoire a connue et vécue. Coups d’état, invasions, guerres, massacres, famines, épidémie inondations rythment sans relâche le misérable quotidien d’une Rome désolée et dépeuplée. En 590, la Ville, défendue par une garnison insuffisante, mal payée et démoralisée, est à la merci des Lombards, le Barbares les plus féroces que l’Italie ait connus (et Dieu sait, depuis 410 que le roi wisigoth Agaric avait dévastée Rome, si l’Italie avait connu des Barbares féroces).
Dans ces conditions, lorsque le pape Pélage II meurt de la peste bubonique qui est en train de tuer à grande vitesse les derniers habitants de Rome, et que le moine Grégoire, ancien Préfet de Rome, ancien nonce à Constantinople, est élu pape par un clergé totalement démoralisé, il y aurait de très sérieuses raisons de perdre courage.
C’est là que la sainteté de Grégoire éclate. Pourtant persuadé que la fin du monde est proche, comme les signes annonciateurs semblent le prédire, il se consacre sans relâche à son devoir d’état, car c’est celui sur lequel il sera jugé par Dieu. La façon dont en douze ans il va réformer l’église, épurer un clergé trop mondain, rénover la vie monastique, convertir l’Angleterre, publier des livres majeurs, le tout avec une santé si défaillante que souvent il ne peut même pas se lever de la journée, vous pourrez le lire en détail dans l’ouvrage d’Anne Bernet.
Ce qui est sûr, c’est qu’à sa mort, le 12 mars 604, il y a exactement quatorze siècles, il laisse une église rénovée, une Europe chrétienne en train d’émerger, une Italie qui retrouve les voies de la paix et de prospérité, et un exemple pour tous ses successeurs qui vont traverser le Moyen Âge à sa lumière.
Alors, si vous vous sentez démoralisés, inquiets, découragés, lisez Saint Grégoire le Grand d’Anne Bernet, c’est une grande bouffée d’espérance. Ce livre manifeste que la grâce de Dieu est toujours puissante, sa Providence toujours présente, sa miséricorde toujours active. Lorsque la situation paraît désespérée, il peut envoyer l’homme qui permettra les redressements futurs.
Toutefois, ce livre manifeste en même temps le bien-fondé d’une remarque de Maurice Barrès, pourtant agnostique : « L’église a besoin de saints. » Le Seigneur est prêt à venir à notre secours, mais il demande des hommes qui lui appartiennent sans retour. Le Carême qui s’approche, et pour lequel nous vous proposons divers livres spirituels, peut être pour chacun de nous l’occasion d’y réfléchir sérieusement.
Abbé Grégoire Celier
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