A propos des prises de paroles de Mgr Vigano

Mgr Vigano. Crédit : wikimedia commons

Depuis des mois, Mgr Viganò monte au cré­neau pour dénon­cer avec clar­té, fer­me­té, des désordres dans l’Église : les scan­dales du pape dans ses pro­pos vis-​à-​vis de la Vierge Marie, des fausses reli­gions, dans ses pro­jets et actes « œcu­mé­niques » (par­ti­ci­per à la construc­tion d’un « temple pour les reli­gions » dans le jar­din d’Abou Dabi, la Pachamama dans les jar­dins du Vatican) !

Peu à peu, Mgr Viganò — sacré évêque par le pape Jean-​Paul II, le 26 avril 1992 — s’en prend aux consé­quences de la nou­velle messe et loue même la messe traditionnelle :

« Offensé par la négli­gence et le manque de res­pect de ses prêtres, outra­gé par la pro­fa­na­tion du Saint-​Sacrement qui se pro­duit chaque jour lorsqu’ils donnent la com­mu­nion dans la main, et fati­gué des chants stu­pides et des homé­lies héré­tiques, Notre-​Seigneur est encore — depuis son lieu de silence dans le taber­nacle — satis­fait par l’austère louange offerte par les nom­breux prêtres qui disent encore la messe de tous les temps ; la messe qui remonte au temps des apôtres et qui a tou­jours été le cœur bat­tant de l’Église à tra­vers les siècles. »

29 mars 2020

« La voix sereine et pure de la litur­gie a été rem­pla­cée par la cla­meur vul­gaire et pro­fane ; com­ment pouvons-​nous espé­rer que notre prière sera agréable au ciel ! »

7 avril

Mgr Viganò n’hésite plus main­te­nant à dénon­cer la racine de tous les maux dans l’Église : le concile Vatican II.

« Ceux qui ont lu le troi­sième secret de Fatima ont clai­re­ment décla­ré que son conte­nu concerne l’apostasie des hommes d’Église, qui a com­men­cé pré­ci­sé­ment au début des années soixante et qui a atteint un stade si évident aujourd’hui qu’il peut être recon­nu par les obser­va­teurs laïcs. »

21 avril

L’ancien nonce des États-​Unis serait d’avis d’oublier pure­ment et sim­ple­ment le Concile :

« Je pense que les per­son­na­li­tés émi­nentes qui ont mon­tré les points pro­blé­ma­tiques du Concile, mieux que moi, ne manquent pas. Certains pensent qu’il serait moins com­pli­qué et cer­tai­ne­ment plus intel­li­gent de suivre la pra­tique de l’Église et des papes, telle qu’elle a été appli­quée avec le « synode de Pistoie » en Toscane (1786). Même là il y avait quelque chose de bon, mais les erreurs qu’il affir­mait étaient consi­dé­rées comme suf­fi­santes pour le lais­ser tom­ber dans l’oubli ».

Nous devons nous réjouir de telles inter­ven­tions de la part d’un évêque, même s’il est à la retraite. Il lui reste encore un peu de che­min pour deman­der que les erreurs du Concile soient condam­nées. C’est ce que fit en par­ti­cu­lier le pape Pie VI dans la bulle « Auctorem Fidei » du 28 août 1794, à pro­pos du synode de Pistoie.

Plusieurs fidèles, devant de telles décla­ra­tions de la part de ce pré­lat ita­lien, ne craignent pas de dire : « Enfin un évêque qui se lève pour dénon­cer avec clar­té et fer­me­té les erreurs du Concile ! ».
C’est vrai qu’en soi on pour­rait dire que Mgr Lefebvre a vu, à tra­vers les nou­veau­tés du Concile, les prin­cipes qui allaient rui­ner le règne de Notre-​Seigneur, faire perdre la foi aux fidèles… C’est pour­quoi il les a tou­jours dénon­cés. Mgr Viganò (ordon­né prêtre en 1968), voit aujourd’hui les fruits amers, désas­treux et scan­da­leux dans l’Église, et il a le cou­rage de les rat­ta­cher au Concile. Des consé­quences, il remonte aux causes et les dénonce.

Cependant, il y a deux choses qui m’intriguent en Mgr Viganò ; il ne faut pas vivre dans la sus­pi­cion, mais la pru­dence reste de mise quand on a connu toutes les attaques pour faire dis­pa­raître la Fraternité.

Tout d’abord, on ne com­prend pas pour­quoi Mgr Viganò ne cite jamais Mgr Lefebvre lors de son com­bat au Concile, et après, dans son œuvre de res­tau­ra­tion pour main­te­nir la messe de tou­jours et la doc­trine, la morale catho­lique indemne des erreurs du Concile ! C’est comme si on par­lait du com­bat de l’arianisme sans par­ler de saint Athanase. Il est clair que plu­sieurs évêques ont réagi pen­dant le Concile, mais après le Concile, qui a mené le com­bat ? qui mène le com­bat depuis cin­quante ans ?

Mgr Viganò ne peut pas igno­rer cela. Pourquoi son silence ?

Il veut réveiller les consciences ; mais où les prêtres et fidèles en accord avec ses ana­lyses doivent-​ils aller ? Il n’a ni sémi­naire ni communauté…

Peut-​être l’avenir nous mon­tre­ra où mène cette luci­di­té étonnante.

D’autre part, on est encore sur­pris qu’après de telles ana­lyses, Mgr Viganò ne s’en prenne qu’au pape régnant. Car enfin, tous depuis Paul VI jusqu’à Benoît XVI en pas­sant par Jean-​Paul II ont par­ti­ci­pé à la ruine de l’Église en appli­quant le Concile. La situa­tion actuelle dans l’Église est bien leur œuvre à tous et à cha­cun d’eux.

Bien sûr, il faut peut-​être lais­ser le temps à Mgr Viganò de rele­ver le venin du moder­nisme dans cha­cun de ces pon­ti­fi­cats pour dénon­cer et le Concile et les auto­ri­tés qui l’ont mis en œuvre pour le plus grand mal­heur de l’Église.

Pour toutes ces rai­sons, il nous faut res­ter prudent.

N’oublions pas que dans cette crise de l’Église, c’est l’amour de Notre-​Seigneur et de son règne qui a gui­dé Mgr Lefebvre !

Abbé Alain Delagneau (prieu­ré Notre-​Dame du Pointet)

Sources : La Porte Latine du 1er juillet 2020