Le cardinal Caffarra, co-​signataire des dubia sur Amoris laetitia, est mort

Le dio­cèse de Bologne est en deuil. Son ancien arche­vêque, le car­di­nal Carlo Caffarra [Photo ci-​dessus], est mort à 79 ans, mer­cre­di 6 sep­tembre au matin. Il était malade depuis un cer­tain temps déjà. Suite à ce décès, le Collège car­di­na­lice com­porte désor­mais 221 car­di­naux, dont 120 élec­teurs et 101 non électeurs.

Courte notice biographique

Né en 1938 à Samboseto di Busseto, près de Parme, il est ordon­né prêtre en 1961. Il obtient un doc­to­rat en droit cano­nique à l’u­ni­ver­si­té pon­ti­fi­cale Grégorienne et un diplôme de spé­cia­li­sa­tion en théo­lo­gie morale auprès de l’Académie pon­ti­fi­cale alphon­sienne. Il part ensei­gner la théo­lo­gie morale dans les sémi­naires de Parme et de Fidenza, puis à la facul­té théo­lo­gique de l’Italie sep­ten­trio­nale à Milan.

Dans les années 1970, le car­di­nal Caffarra appro­fon­dit les thèmes du mariage, de la famille et de la pro­créa­tion et enseigne l’é­thique médi­cale à la Faculté de méde­cine et de chi­rur­gie de l’u­ni­ver­si­té catho­lique du Sacré-​Cœur à Rome. En 1974, il est nom­mé par le Pape Paul VI membre de la Commission théo­lo­gique internationale.

En 1980, le Pape Jean-​Paul II le nomme expert au Synode des évêques sur le Mariage et la Famille puis le charge l’an­née sui­vante de fon­der et de pré­si­der l’Institut pon­ti­fi­cal Jean Paul II sur le mariage et la famille.

En 1980, le car­di­nal Caffarra est nom­mé arche­vêque de Ferrara-​Comacchio, avant de prendre la tête de l’ar­che­vê­ché de Bologne de 2003 à 2015. Il est créé car­di­nal par le Pape Benoît XVI le 24 mars 2006.

Un Prince de l’Eglise au franc-​parler classé comme « conservateur »

Ainsi en 2009, il a été un des pro­ta­go­nistes les plus en pointe dans « l’af­faire de Komos » du nom de ce chœur com­po­sé d’ho­mo­sexuels qui avait trou­vé l’hos­pi­ta­li­té pour les répé­ti­tions heb­do­ma­daires dans un salon de la paroisse San Bartolomeo del­la Beverara. Fâchée avec l’as­so­cia­tion gay locale, la cho­rale exclu­si­ve­ment com­po­sée d’hommes, était venu frap­pée à la porte de l’é­glise qui leur fut ouverte.

En plein mois d’août, l’ar­che­vêque Caffarra, ayant vent de l’af­faire écri­vit une lettre au curé pour lui rap­pe­ler l’exis­tence d’un docu­ment sur les homo­sexuels de 1986 éma­nant de la Congrégation pour la doc­trine de la foi dans lequel des ini­tia­tives de ce type étaient inter­dites. Le résul­tat fut la fin immé­diate des répé­ti­tions de chants sans que le car­di­nal ait eu besoin de rajou­ter un seul mot public. Komos dut se trou­ver un autre local…

On se sou­vien­dra aus­si de sa passe d’armes avec le Procureur Général de Bologne, Enrico Di Nicola, qui avait clas­sé sans suite la plainte contre un spec­tacle blas­phé­ma­toire sur la Sainte Vierge au pré­texte que « l’offense à la Sainte Vierge n’est pas un blas­phème parce que la Vierge n’est pas une divi­ni­té ». Le car­di­nal lui le mou­cha séche­ment en lui deman­dant que le Parquet « fasse son métier et ne s’érige pas en pro­fes­seur de doc­trine ».

Au sujet de l’ac­cueil illi­mi­té dans les paroissses ita­liennes des « migrants » deman­dé en 2015 par le Pape François, il décla­ra que l’ac­cueil des paroisses « ne sera pas un accueil d’ur­gence de per­sonnes à peine arri­vées ».

Mais c’est sur le dos­sier des « divorcés-​remariés » et leur acces­sion à la com­mu­nion, plus ou moins impo­sée par Amoris Laetitia, qu’il fut le plus en pointe et qu’il co-​signa, le 19 sep­tembre 2016, un cour­rier inha­bi­tuel au Souverain Pontife, appe­lé « Dubia », aux côtés de trois autres car­di­naux : Joachim Meisner, ancien arche­vêque de Cologne décé­dé en juillet der­nier, Walter Brandmüller, ancien pré­sident du comi­té pon­ti­fi­cal des sciences his­to­riques, et Raymond Burke, car­di­nal légat de l’Ordre de Malte [Voir pho­to ci-dessus].

Le 25 avril 2017, le car­di­nal Caffarra avait repris la plume, au nom du même groupe, afin de sol­li­ci­ter une audience avec le pape. N’ayant pas obte­nu de réponse, ils avaient déci­dé de rendre cette lettre publique. Le Professeur Roberto de Mattei conclue cette affaire par ces mots que nous fai­sons volon­tiers nôtres :

« Le silence du pape François à leur égard est tenace et irres­pec­tueux, mais sa per­sis­tance exprime la posi­tion de qui avance avec déter­mi­na­tion dans la voie qu’il s’est tra­cée. Puisqu’une cor­rec­tion pri­vée n’est pas envi­sa­geable du fait de ce refus décon­cer­tant d’audience, les car­di­naux devront eux aus­si avan­cer réso­lu­ment dans leur voie, s’ils veulent évi­ter que, dans l’Eglise, le silence ne l’emporte sur leurs paroles. »

Enfin, notre consoeur Jeanne Smits note que :

« le car­di­nal Caffarra ne sera pas mort sans avoir eu le temps de confir­mer, de vive voix, la teneur de la lettre que lui avait envoyée sœur Lucie de Fatima sur la der­nière bataille de Satan qui serait livrée autour de la famille et du mariage. Je l’ai enten­du rendre ce témoi­gnage lors du der­nier Rome Life Forum à Rome en mai. »

Début juillet, le car­di­nal Meisner était décé­dé. Il ne reste donc plus en vie que deux signa­taires des « dubia » en vie.

Prions pour le repos de l’âme des ces deux Princes de l’Eglise rap­pe­lés devant leur Créateur et pour que Notre Dame de Fatima donne la force et le cou­rage aux deux « sur­vi­vants » des Dubia d’al­ler jus­qu’au bout de leur oppo­si­tion à la ruine de l’Eglise en rejoi­gnant ouver­te­ment le com­bat de la Tradition ini­tié par feu Mgr Marcel Lefebvre d’heu­reuse mémoire.

Sources : La Croix /​Radio Vatican /​Le blog de Jeanne Smits