Mgr Viganò répond à ses accusateurs et supplie les autorités de l’Eglise de dire la vérité

Mgr Vigano. Crédit : wikimedia commons

Dans une nou­velle lettre-​témoignage publiée le 19 octobre sur le site LifeSitenews et le blog de Marco Tosatti, Mgr Vganò répond au car­di­nal Marc Ouellet, Préfet de la Congrégation pour les Evêques, et inter­pelle le Pape François et ses confrères afin que ceux qui savent osent enfin par­ler.

Ce nou­vel échange épis­to­laire, le troi­sième de l’an­cien nonce apos­to­lique à Washington, est pour lui l’oc­ca­sion de fus­ti­ger le manque d’a­na­lyse sérieuse sur la pre­mière cause de ces scan­dales sexuels à savoir l’ho­mo­sexua­li­té, qu’il appelle tout sim­ple­ment un « fléau ».

Cette dénon­cia­tion fron­tale ne va lui faire de nou­veaux amis à Rome où l’on évite de « stig­ma­ti­ser » ces pra­tiques contre-​nature au nom du doré­na­vant célèbre et scan­da­leux « qui suis-​je pour juger ? »

Ci-​dessous l’in­té­gra­li­té de cette troi­sième lettre où son auteur déclare une fois de plus : « je suis vieux, je crains le juge­ment du Juge qui peut jeter corps et âme en enfer. Je ne pou­vais pas res­ter silencieux. »

Pour ce qui nous concerne, nous vous pro­po­sons la lec­ture d’un très bel article, poi­gnant, clair­voyant et dou­lou­reux de M. l’ab­bé François-​Marie Chautard inti­tu­lé « La lèpre de l’Eglise de Dieu » et en tête duquel il cite le pro­phète Jérémie :

« Jérusalem a mul­ti­plié ses péchés ; c’est pour­quoi elle est deve­nue une chose souillée ; Tous ceux qui l’ho­no­raient la méprisent, car ils ont vu sa nudi­té ; elle-​même gémit et détourne la face. (…) « Vois, Jéhovah, ma misère, car l’en­ne­mi triomphe ! » »(Jérémie, Lamentations, cha­pitre 1).

Nous vous invi­tons aus­si à relire les recom­man­da­tions de sainte Catherine de Sienne sur les scan­dales de ministres de Dieu aux mœurs infâmes qui souillent l’Eglise de Dieu et dont le prin­ci­pal inté­rêt réside dans l’es­prit sur­na­tu­rel avec lequel ces scan­dales sacer­do­taux doivent être jugés.

La Porte Latine

La troisième lettre ouverte de Mgr Viganò

« En la fête des mar­tyrs d’Amérique du Nord

Le fait de por­ter témoi­gnage de la cor­rup­tion au sein de la hié­rar­chie de l’Eglise catho­lique a été pour moi une déci­sion dou­lou­reuse, et elle le demeure. Mais je suis un homme âgé, un homme qui sait devoir bien­tôt rendre compte devant le Juge de ses actions et omis­sions, un homme qui craint Celui qui peut jeter corps et âme en enfer. Un juge qui, même dans son infi­nie misé­ri­corde, accor­de­ra à cha­cun salut ou dam­na­tion selon ses mérites. Anticipant la ques­tion ter­rible de ce Juge – « Comment as-​tu, toi qui avais connais­sance de la véri­té, pu gar­der le silence au milieu du men­songe et de la dépra­va­tion ? » – quelle réponse pouvais-​je donner ?

J’ai témoi­gné avec la pleine conscience de l’inquiétude et du désar­roi que mon témoi­gnage allait pro­vo­quer chez beau­coup de per­sonnes émi­nentes : des hommes d’Eglise, des frères évêques, des col­lègues avec qui j’a­vais tra­vaillé et prié. Je savais que beau­coup d’entre eux se sen­ti­raient bles­sés et tra­his. Je m’at­ten­dais à ce que cer­tains m’assaillent à leur tour, moi et mes moti­va­tions. Plus dou­lou­reux que tout, je savais qu’un grand nombre de fidèles inno­cents seraient trou­blés et décon­cer­tés par le spec­tacle d’un évêque accu­sant des col­lègues et des supé­rieurs de méfaits, de péchés sexuels et d’une grave négli­gence à l’é­gard de leur devoir. Mais je crois que la per­sis­tance de mon silence eût mis beau­coup d’âmes en péril, et dam­ne­rait cer­tai­ne­ment la mienne. Ayant rap­por­té à de nom­breuses reprises à mes supé­rieurs et même au pape le com­por­te­ment aber­rant de Theodore McCarrick, j’au­rais pu dénon­cer publi­que­ment plus tôt les véri­tés dont j’a­vais connais­sance. Si j’ai quelque res­pon­sa­bi­li­té par rap­port à ce retard, je m’en repens. Ce retard a été dû à la gra­vi­té de la déci­sion que j’al­lais prendre, et au long tra­vail de ma conscience.

On m’a accu­sé de sus­ci­ter la confu­sion et la divi­sion au sein de l’Eglise par ce témoi­gnage. A ceux qui pensent que cette confu­sion et cette divi­sion étaient insi­gni­fiantes avant août 2018, une telle asser­tion peut paraître plau­sible. Les obser­va­teurs plus impar­tiaux, en revanche, auront eu conscience qu’on a confu­sion et divi­sion à l’excès, et de longue date, comme il était inévi­table dès lors que le suc­ces­seur de Pierre néglige d’exer­cer sa mis­sion prin­ci­pale, qui est d’affermir ses frères dans la foi et dans la saine doc­trine morale. S’il exa­cerbe alors la crise par le biais de décla­ra­tions contra­dic­toires ou décon­cer­tantes à pro­pos de ces doc­trines, la confu­sion s’aggrave.

C’est pour­quoi j’ai par­lé. Car c’est la conspi­ra­tion du silence qui a cau­sé et qui conti­nue de cau­ser de grands dom­mages au sein de l’Eglise – des dom­mages frap­pant tant d’âmes inno­centes, de voca­tions sacer­do­tales, et les fidèles en géné­ral. En ce qui concerne ma déci­sion, que j’ai prise en conscience devant Dieu, j’ac­cepte volon­tiers toute cor­rec­tion fra­ter­nelle, tout conseil, toute recom­man­da­tion et invi­ta­tion à pro­gres­ser dans ma vie de foi et d’a­mour pour le Christ, l’Eglise et le pape.

Laissez-​moi redire les éléments-​clefs de mon témoignage.

  • En novembre 2000, le nonce aux Etats-​Unis, Mgr Montalvo, infor­mait le Saint-​Siège du com­por­te­ment homo­sexuel du car­di­nal McCarrick avec des sémi­na­ristes et des prêtres.
  • En décembre 2006 le nou­veau nonce aux Etats-​Unis, Mgr Pietro Sambi, infor­mait le Saint-​Siège du com­por­te­ment homo­sexuel du car­di­nal McCarrick avec encore un autre prêtre.
  • En décembre 2006, j’ai moi-​même écrit un mémo­ran­dum au secré­taire d’Etat, le car­di­nal Bertone, et je l’ai per­son­nel­le­ment remis au sub­sti­tut pour les affaires géné­rales, Mgr Leonardo Sandri, appe­lant le pape à mettre en place des mesures dis­ci­pli­naires extra­or­di­naires à l’en­contre de McCarrick afin d’é­vi­ter de futurs crimes et scan­dales. Ce mémo­ran­dum n’a pas reçu de réponse.
  • En avril 2008, une lettre ouverte au pape Benoît XVI signée de Richard Sipe a été relayée par le pré­fet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le car­di­nal Levada, au secré­taire d’Etat, le car­di­nal Bertone, fai­sant état d’ac­cu­sa­tions sup­plé­men­taires affir­mant que McCarrick cou­chait avec des sémi­na­ristes et des prêtres. Je la reçus un mois plus tard, et en mai 2008 j’ai moi-​même remis un deuxième mémo­ran­dum à celui qui était alors sub­sti­tut pour les affaires géné­rales, Mgr Fernando Filoni, ren­dant compte des accu­sa­tions visant McCarrick et deman­dant que des sanc­tions soient prises à son encontre. Ce deuxième mémo­ran­dum ne devait pas non plus rece­voir de réponse.
  • En 2009 ou 2010, j’ai appris du car­di­nal Re, pré­fet de la Congrégation des évêques, que le pape Benoît XVI avait ordon­né à McCarrick de ces­ser tout minis­tère public et d’entamer une vie de prière et de péni­tence. Le nonce Sambi a com­mu­ni­qué les ordres du pape à McCarrick avec une voix d’une force telle qu’on l’en­ten­dait dans tout le cou­loir de la nonciature.
  • En novembre 2011, le car­di­nal Ouellet, nou­veau pré­fet des évêques, m’a répé­té, à moi le nou­veau nonce aux Etats-​Unis, les res­tric­tions impo­sées par le pape à McCarrick, et je les ai moi-​même com­mu­ni­quées à McCarrick, face-à-face.
  • Le 21 juin 2013, vers la fin d’une assem­blée offi­cielle de nonces au Vatican, le pape François m’a dit des mots énig­ma­tiques, cri­ti­quant l’épiscopat américain.
  • Le 23 juin 2013, j’ai ren­con­tré le pape François face-​à-​face dans son appar­te­ment pour lui deman­der des expli­ca­tions, et le pape m’a deman­dé : « Il car­di­nale McCarrick, com’è ? » (Le car­di­nal McCarrick, com­ment est-​il ?), chose que je ne peux inter­pré­ter que comme une curio­si­té feinte visant à décou­vrir si j’é­tais ou non un allié de McCarrick. Je lui ai dit que McCarrick avait sexuel­le­ment cor­rom­pu des géné­ra­tions de prêtres et de sémi­na­ristes, et qu’il avait reçu ordre de Benoît XVI de se reti­rer et de mener une vie de prière et de pénitence.
  • Au lieu de cela, McCarrick a conti­nué de jouir de l’at­ten­tion par­ti­cu­lière du Pape François ; il se vit confier par lui de nou­velles res­pon­sa­bi­li­tés et missions.
  • McCarrick fai­sait par­tie d’un réseau d’évêques qui fait la pro­mo­tion de l’homosexualité ; met­tant à pro­fit la faveur dont ils jouis­saient auprès du pape François, ils mani­pu­laient les nomi­na­tions épis­co­pales de manière à se pro­té­ger face à la jus­tice et à ren­for­cer le réseau homo­sexuel dans la hié­rar­chie de l’Eglise et dans l’en­semble de celle-​ci. Le pape François a soit été com­plice de cette cor­rup­tion, ou bien, sachant ce qu’il sait, gra­ve­ment négligent en omet­tant de s’y oppo­ser et de l’extirper.

J’ai invo­qué Dieu en tant que témoin de la véra­ci­té de mes dires, et on n’a pu prou­ver la faus­se­té d’aucun d’entre eux. Le car­di­nal Ouellet m’a écrit pour me répri­man­der en rai­son de ma témé­ri­té parce que j’ai rom­pu le silence et lan­cé des accu­sa­tions aus­si graves à l’en­contre de mes frères et de mes supé­rieurs, mais en véri­té, sa remon­trance m’af­fer­mit dans ma déci­sion et, plus encore, sert à jus­ti­fier mes accu­sa­tions, prises sépa­ré­ment comme dans leur ensemble.

  • Le car­di­nal Ouellet recon­naît qu’il a par­lé avec moi de la situa­tion de McCarrick avant mon départ pour Washington où je pre­nais mon poste de nonce.
  • Le car­di­nal Ouellet recon­naît qu’il m’a com­mu­ni­qué par écrit les condi­tions et res­tric­tions impo­sées à McCarrick par Benoît XVI.
  • Le car­di­nal Ouellet recon­naît que ces res­tric­tions inter­di­saient à McCarrick de voya­ger ou d’ap­pa­raître en public.
  • Le car­di­nal Ouellet recon­naît que la congré­ga­tion des évêques a par écrit, d’a­bord par le tru­che­ment du nonce Sambi et une nou­velle fois par le mien, exi­gé de McCarrick qu’il s’a­donne à une vie de prière et de pénitence.

Que conteste le car­di­nal Ouellet ?

  • Le car­di­nal Ouellet conteste la pos­si­bi­li­té que le pape François ait pu inté­grer une infor­ma­tion impor­tante concer­nant McCarrick en un jour où il avait ren­con­tré des dizaines de nonces, n’ac­cor­dant à cha­cun que quelques moments de conver­sa­tion. Mais tel n’é­tait pas mon témoi­gnage. Mon témoi­gnage est que lors d’une deuxième réunion, pri­vée, j’ai infor­mé le pape, répon­dant à sa propre ques­tion sur Théodore McCarrick, alors cardinal-​archevêque émé­rite de Washington, per­son­na­li­té émi­nente de l’Eglise aux Etats-​Unis, et affir­mant au pape que McCarrick avait sexuel­le­ment cor­rom­pu ses propres sémi­na­ristes et prêtres. Aucun pape ne sau­rait oublier cela.
  • Le car­di­nal Ouellet conteste l’exis­tence dans ses archives de lettres signées par le pape Benoît XVI ou par le pape François concer­nant des sanc­tions impo­sées à McCarrick. Mais tel n’é­tait pas mon témoi­gnage. Mon témoi­gnage est qu’il pos­sède dans ses archives des documents-​clefs – quelle que soit leur pro­ve­nance – qui incri­minent McCarrick et qui apportent une trace écrite des mesures prises à son encontre, et d’autres preuves de l’occultation de sa situa­tion. Et je le reconfirme.
  • Le car­di­nal Ouellet conteste l’existence par­mi les dos­siers de son pré­dé­ces­seur, le car­di­nal Re, de « mémos d’audience » impo­sant à McCarrick les dites res­tric­tions. Mais tel n’é­tait pas mon témoi­gnage. Mon témoi­gnage est qu’il existe d’autres docu­ments : par exemple, une note du car­di­nal Re, non ex-​Audientia SS.mi, signée soit par le secré­taire d’Etat ou par son substitut.
  • Le car­di­nal Ouellet rétorque qu’il est faux de pré­sen­ter les mesures prises à l’en­contre de McCarrick comme des « sanc­tions » décré­tées par Benoît XVI et annu­lées par le pape François. C’est vrai. Il ne s’a­gis­sait pas tech­ni­que­ment de « sanc­tions », mais de dis­po­si­tions, « des condi­tions et des res­tric­tions ». Ergoter sur le fait de savoir s’il s’a­gis­sait de sanc­tions ou de dis­po­si­tions ou d’autre chose est du pur léga­lisme. D’un point de vue pas­to­ral il s’a­git exac­te­ment de la même chose.

En résu­mé, le car­di­nal Ouellet recon­naît les affir­ma­tions impor­tantes que j’ai expri­mées que j’ex­prime encore, et conteste des affir­ma­tions que je n’ex­prime pas et que je n’ai jamais exprimées.

Sur un point, je dois abso­lu­ment réfu­ter ce que le car­di­nal Ouellet a écrit. Le car­di­nal déclare que le Saint-​Siège n’a­vait connais­sance que de « rumeurs », qui était insuf­fi­santes pour jus­ti­fier des mesures dis­ci­pli­naires à l’en­contre de McCarrick. J’affirme au contraire que le Saint-​Siège était conscient d’une série de faits concrets, et qu’il pos­sède des preuves docu­men­taires, et que les per­sonnes res­pon­sables ont néan­moins choi­si de ne pas inter­ve­nir ou qu’elles ont été empê­chées de le faire. La com­pen­sa­tion finan­cière accor­dée par l’archidiocèse de Newark et le dio­cèse de Metuchen aux vic­times des abus sexuels de McCarrick, les lettres du P. Ramsey, des nonces Montalvo en 2000 et Sambi en 2006, du Dr Sipe en 2008, mes deux notes aux supé­rieurs du secré­ta­riat d’Etat, décri­vant en détail des allé­ga­tions concrètes à l’en­contre de McCarrick, ne sont-​ce donc que des rumeurs ? Ce sont des cor­res­pon­dances offi­cielles, et non des ragots de sacris­tie. Les crimes évo­qués étaient très graves, y com­pris celui de ten­ter de don­ner l’ab­so­lu­tion sacra­men­telle à ses com­plices d’actes per­vers, avec célé­bra­tion sacri­lège de la messe par la suite. Ces docu­ments pré­cisent l’identité des auteurs et de leur pro­tec­teur, et la séquence chro­no­lo­gique des faits. Ils sont conser­vés dans les archives adé­quates ; il n’est nul besoin d’en­quête extra­or­di­naire pour les recouvrer.

Parmi les remon­trances publiques qui m’ont visé j’ai remar­qué deux omis­sions, deux silences dra­ma­tiques. Le pre­mier silence concerne le sort des vic­times. Le second est rela­tif à la rai­son sous-​jacente pour laquelle il y a tant de vic­times, à savoir, l’in­fluence cor­rup­trice de l’homosexualité au sein du sacer­doce et de la hié­rar­chie. Pour ce qui est du pre­mier, il est conster­nant que par­mi tous les scan­dales et toute l’indignation, on accorde si peu d’attention à ceux qui ont été abî­més par les pré­da­tions sexuelles de per­sonnes ayant reçu la charge d’être ministres de l’Evangile. Il ne s’a­git pas ici d’une affaire de règle­ment de comptes ou de bou­de­ries à pro­pos des vicis­si­tudes des car­rières ecclé­sias­tiques. Il ne s’a­git pas de poli­tique. Il ne s’a­git pas de savoir com­ment les his­to­riens de l’Eglise pour­ront éva­luer tel pon­ti­fi­cat ou tel autre. Il s’a­git des âmes. De nom­breuses âmes ont été et sont encore aujourd’­hui en péril de perdre leur salut éternel.

Pour ce qui est du second silence, cette crise très grave ne peut pas être abor­dée ni réso­lue de manière cor­recte si nous n’ap­pe­lons pas les choses par leur nom. Il s’a­git d’une crise due au fléau de l’homosexualité, en ses agents, en ses motifs, en sa résis­tance à la réforme. Il n’y a pas d’exagération à dire que l’ho­mo­sexua­li­té est deve­nue une plaie au sein du cler­gé, et il ne sera éra­di­qué qu’au moyen d’armes spi­ri­tuelles. C’est une énorme hypo­cri­sie que de condam­ner les abus, de pré­tendre ver­ser des larmes sur les vic­times, et de refu­ser cepen­dant de dénon­cer la cause qui est à la racine de tant d’a­bus sexuels : l’homosexualité. C’est une hypo­cri­sie que de refu­ser de recon­naître que ce fléau est dû à une grave crise dans la vie spi­ri­tuelle du cler­gé, et d’ommettre de prendre les mesures néces­saires pour y remédier.

Il existe incon­tes­ta­ble­ment des clercs cou­reurs de jupons, et incon­tes­ta­ble­ment, ils font du tort eux aus­si à leurs propres âmes, aux âmes de celles qu’ils cor­rompent, et à l’Eglise en géné­ral. Mais ces vio­la­tions du céli­bat sacer­do­tal sont en géné­ral confi­nées aux indi­vi­dus direc­te­ment concer­nés. Les clercs cou­reurs de jupons ne recrutent en géné­ral pas d’autres cou­reurs, ils ne tra­vaillent pas à leur pro­mo­tion, ni n’oc­cultent leurs méfaits – tan­dis que que les preuves de la col­lu­sion homo­sexuelle, avec ses racines pro­fondes si dif­fi­ciles à extir­per, sont accablantes.

Il est bien éta­bli que les pré­da­teurs homo­sexuels exploitent le pri­vi­lège clé­ri­cal à leur propre avan­tage. Mais affir­mer que la crise elle-​même est consti­tuée par le clé­ri­ca­lisme est pur sophisme. Cela revient à pré­tendre qu’un moyen, un ins­tru­ment, est en réa­li­té le prin­ci­pal motif.

La dénon­cia­tion de la cor­rup­tion homo­sexuelle et de la lâche­té morale qui lui per­met de pros­pé­rer ne recueille pas de nos jours les congra­tu­la­tions, pas même dans les plus hautes sphères de l’Eglise. Je ne suis pas éton­né de ce que, ayant atti­ré l’attention sur ces fléaux, je sois accu­sé de déloyau­té à l’é­gard du Saint-​Père, et de fomen­ter une rébel­lion ouverte et scan­da­leuse. Mais la rébel­lion sup­po­se­rait d’ex­hor­ter d’autres à ren­ver­ser la papau­té. Je n’ex­horte à rien de tel. Je prie chaque jour pour le pape François – plus que je ne l’ai jamais fait pour les autres papes. Je demande, je sup­plie même de la manière la plus ardente, le Saint-​Père d’être à la hau­teur des enga­ge­ments qu’il a lui-​même pris lorsqu’il a assu­mé son office de suc­ces­seur de Pierre. Il a pris sur lui la mis­sion de confir­mer ses frères et de conduire toutes les âmes à la suite du Christ, dans le com­bat spi­ri­tuel, sur le che­min de la Croix. Qu’il recon­naisse ses erreurs, qu’il se repente, qu’il montre sa dis­po­si­tion à rem­plir le man­dat confié à Pierre et que, une fois conver­ti, il affer­misse ses frères (Luc 22:32).

En conclu­sion, je veux répé­ter mon appel à mes frères évêques et aux prêtres qui savent que mes décla­ra­tions sont vraies et qui peuvent en témoi­gner, ou qui ont accès aux docu­ments qui peuvent lever tout doute sur cette affaire. Vous êtes, vous aus­si, face à un choix. Vous pou­vez choi­sir de vous reti­rer de la bataille, de sou­te­nir la conspi­ra­tion du silence et de détour­ner vos yeux devant la cor­rup­tion qui s’étend. Vous pou­vez faire des excuses, des com­pro­mis­sions et des jus­ti­fi­ca­tions qui retar­de­ront l’heure de véri­té. Vous pou­vez vous conso­ler à l’aide du men­songe et de l’illu­sion selon les­quelles il sera plus facile de dire la véri­té demain, puis le len­de­main, et ain­si de suite.

A l’in­verse, vous pou­vez choi­sir de par­ler. Vous pou­vez faire confiance à Celui qui nous a dit : « La véri­té vous ren­dra libres. » Je ne dis pas qu’il sera facile de choi­sir entre se taire et par­ler. Je vous exhorte à consi­dé­rer quel choix – sur votre lit de mort, puis devant le juste Juge – vous ne regret­te­rez pas d’a­voir fait.

Carlo Maria Viganò, Archevêque tit. d’Ulpiana, Nonce apostolique

En la fête des mar­tyrs d’Amérique du Nord, 19 octobre 2018.

Sources : Lifesitenews /​Blog de Marco Tosatti /​Traduction du blog de Jeanne Smits. /​La Porte Latine du 21 octobre 2018