Après la conférence de presse de l’Angelus, à laquelle il a participé en tant que conférencier, Mgr Bernard Fellay a pris le temps de répondre à quelques questions sur ses années comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, la façon dont les catholiques peuvent combattre la confusion dans l’Église, et le rôle qui est désormais le sien au sein de la Fraternité.
Nous vous proposons le passage de cet entretien où Monseigneur Fellay, évêque auxiliaire de la FSSPX, parle de l’état de l’Église catholique en 2018.
« Nous vivons dans des temps très, très particuliers. En c’était en partie prévisible. Mais dans le sens, « cela pourrait arriver, mais espérons que cela n’arrivera jamais » ou même « non, cela ne pourra pas arriver, c’est impossible ! Dieu interviendra avant ça. » Cette situation est dramatique au plus haut point sur plusieurs niveaux. Mais je pense que le niveau le plus dramatique est celui de la vérité ; de l’enseignement. L’Église est par sa nature, par sa mission – cette toute première mission que Dieu a donnée à l’Église – maîtresse de l’enseignement. Elle l’est vraiment, c’est son rôle. Enseigner. Mais enseigner quoi ? La vérité ! La vérité que nous avons reçue dans la Révélation faite par Dieu. La Parole de Dieu – que c’est la mission de l’Église de donner au monde. Et c’est tellement fondamental que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu et d’aller au Ciel, d’être sauvé ! Et cette mission, c’est la mission de l’Église.
Si, disons, de grands privilèges ont été donnés à l’Église (le privilège de l’infaillibilité par exemple), c’est pour cette raison. Et si on regarde maintenant où va cet enseignement – il devient flou, confus au plus haut point. Et si on descend, par exemple au niveau de l’enseignement du catéchisme, on se demande ce qu’il reste de ce catéchisme dans la pratique ! Si on regarde le résultat chez les jeunes, ils ne connaissent plus leur foi. Point. C’est très, très grave.
Le deuxième point, peut-être le plus visible ou palpable, qui est source de remous dans l’Église aujourd’hui, c’est le niveau de la morale. C’est la même chose, le même manque de clarté, la même confusion. A tel point que plus personne ne sait ce qui est vrai, ce qui est mauvais, ce qu’on a ou n’a pas le droit de faire sur des points très graves.
On commence, bien sûr, par Amoris laetitia, avec la question, « Est-ce que les divorcés qui vivent comme s’ils étaient remariés peuvent recevoir la Sainte Eucharistie ? » L’enseignement de l’Église a toujours été très clair. Et maintenant, un point d’interrogation a été introduit. J’appelle cela une zone grise. Ils ont essayé de créer une zone grise entre le « oui » et le « non ». Et évidemment, c’est impossible et inacceptable, et cela entraine un grand débat. La division dans l’Église – entre ceux qui disent « oui, vous pouvez » et ceux qui disent « non, vous ne pouvez pas ». Parce que l’Église a toujours été très claire là-dessus.
Alors, cette division crée ensuite une indépendance. Car les gens essaient de regarder qui c’est qui parle ; et la voix qui devrait parler ne parle pas. Alors ils finissent par compter sur eux-mêmes. C’est ça le résultat. Donc ça encourage tout le contraire de l’obéissance, ou bien l’obéissance devient arbitraire, ce qui est tout aussi mauvais.
Alors, que peuvent faire les fidèles d’un point de vue actif et positif ? Au niveau de la foi et la morale, ils doivent savoir. Avoir la conviction, une conviction forte, et la première conviction forte en matière de morale viendra de la doctrine. Ils doivent apprendre. Ils doivent lire de bons livres, les bonnes encycliques, le bon catéchisme. Jusqu’aux années 50, tout était bon. Vous pouvez aller voir n’importe quelle encyclique d’avant les années 60, il n’y a pas de risque. Vous y trouverez une nourriture et vous en avez besoin. Mais encore une fois, il faut apprendre, et ensuite, il faut mettre en pratique. Cette pratique vient de la conviction. Mais vous aurez besoin de la grâce, alors il faut prier.
Il y a beaucoup à faire, mais nous avons cette certitude que quand le Bon Dieu permet quelque chose, une épreuve, Il donne toujours la grâce et l’aide qu’il nous faut pour survivre, pour nous en sortir, et même pour grandir.
Alors, tout en étant conscient de la tragédie de l’Église, il ne faut pas paniquer. Ce n’est pas le moment de paniquer ; c’est le moment de prendre les choses au sérieux et d’aller de l’avant. L’aide de Dieu est là. Il n’y a aucun doute là-dessus, et je dirais même que l’existence de la Fraternité et de tous les fidèles qui y sont attachés en est la preuve.
+ Bernard Fellay, évêque auxiliaire de la FSSPX »
Sources : District des USA /Traduction de Mary Molliné-Carlisle pour LPL