Mgr Viganò parle de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-​Pie X

Depuis 50 ans la Fraternité Saint-​Pie X, dans la conti­nui­té de son fon­da­teur Mgr Marcel Lefebvre, dénonce avec le sou­ci de la rigueur doc­tri­nale les erreurs décou­lant du concile Vatican II et de la nou­velle messe de Paul VI. 

Depuis 2 ans envi­ron, Mgr Vigano, ancien nonce apos­to­lique à Washington, dénonce avec cou­rage ces mêmes erreurs, sans men­tion­ner cepen­dant le com­bat de longue haleine entre­pris par la Tradition. Qu’en pense-​t-​il ? L’ambiguïté jus­qu’à pré­sent demeu­rait. Le pré­lat nous livre enfin son regard à ce sujet.

Mgr Vigano répond dans une lettre datée du 1er sep­tembre à la ques­tion que lui pose per­son­nel­le­ment le site amé­ri­cain Catholic Family News : « Son Excellence a rai­son sur Vatican II, mais a‑t-​elle une idée de ce que les catho­liques devraient faire ? » Voici un extrait signi­fi­ca­tif de ce docu­ment sui­vi du texte intégral.

Extrait à propos de la Fraternité Saint-​Pie X et de Mgr Lefebvre

« La ques­tion n’est pas de tra­vailler à l’intérieur ou à l’extérieur : les vigne­rons sont appe­lés à tra­vailler dans la vigne du Seigneur et c’est là qu’ils doivent res­ter, fut-​ce au prix de leur vie. Les ber­gers sont appe­lés à paître le trou­peau du Seigneur, tenir à dis­tance les loups ravis­seurs et chas­ser les mer­ce­naires qui ne se sou­cient pas du salut des bre­bis et des agneaux.

Ce tra­vail caché et sou­vent silen­cieux a été réa­li­sé par la Fraternité Saint-​Pie X, qui mérite recon­nais­sance pour ne pas avoir lais­sé s’éteindre la flamme de la Tradition à une époque où la célé­bra­tion de la messe ancienne était consi­dé­rée comme sub­ver­sive et un motif d’excommunication. Ses prêtres ont été une saine épine dans le pied de la hié­rar­chie, qui a vu en eux un inac­cep­table point de com­pa­rai­son pour les fidèles, un reproche constant de la tra­hi­son com­mise contre le peuple de Dieu, une inad­mis­sible alter­na­tive au nou­veau che­min conci­liaire. Si leur fidé­li­té a ren­du inévi­table la déso­béis­sance au pape avec les consé­cra­tions épis­co­pales, grâce à celles-​ci la Fraternité a pu se pro­té­ger de l’attaque furieuse des nova­teurs et, par son exis­tence même, elle a per­mis la libé­ra­li­sa­tion de l’Ancien Rite, jusqu’alors inter­dit. Sa pré­sence a per­mis éga­le­ment de faire res­sor­tir les contra­dic­tions et les erreurs de la secte conci­liaire, qui cour­tise constam­ment les héré­tiques et les ido­lâtres tout en étant impla­ca­ble­ment rigide et into­lé­rante envers la Vérité Catholique.

Je consi­dère Mgr Lefebvre comme un confes­seur exem­plaire de la foi et je pense qu’il est désor­mais évident que sa dénon­cia­tion du concile et de l’apostasie moder­niste est plus per­ti­nente que jamais. Il ne faut pas oublier que la per­sé­cu­tion dont Mgr Lefebvre a fait l’ob­jet de la part du Saint-​Siège et de l’é­pis­co­pat mon­dial a sur­tout ser­vi à dis­sua­der les catho­liques réfrac­taires à la révo­lu­tion conciliaire.

Je suis éga­le­ment d’accord avec ce qu’observe Mgr Tissier de Mallerais à pro­pos de la pré­sence de deux enti­tés à Rome : l’Église du Christ qui a été occu­pée et éclip­sée par la struc­ture moder­niste conci­liaire, qui s’est éta­blie dans la même hié­rar­chie et use de l’autorité de son minis­tère pour l’emporter sur l’Épouse du Christ et Notre Mère. »

Texte intégral

Cher Mr. Kokx,

J’ai lu avec un vif inté­rêt votre article « Questions pour Viganò : Son Excellence a rai­son à pro­pos de Vatican II, mais que pense-​t-​elle que les catho­liques devraient faire main­te­nant ? », publié par Catholic Family News le 22 août. Je suis heu­reux de répondre à vos ques­tions, qui portent sur des sujets très impor­tants pour les fidèles.

Vous deman­dez : « À quoi res­sem­ble­rait une “sépa­ra­tion” de l’Église conci­liaire selon l’ar­che­vêque Viganò ? » Je vous réponds par une autre ques­tion : « Que signi­fie se sépa­rer de l’Église catho­lique selon les par­ti­sans du Concile ? » S’il est clair qu’au­cun amal­game n’est pos­sible avec ceux qui pro­posent des doc­trines adul­té­rines du mani­feste idéo­lo­gique conci­liaire, il faut noter que le simple fait d’être bap­ti­sé et d’être membre vivant de l’Église du Christ n’im­plique pas l’adhé­sion à l’é­quipe conci­liaire ; cela est vrai sur­tout pour les simples fidèles et aus­si pour les clercs sécu­liers et régu­liers qui, pour diverses rai­sons, se consi­dèrent sin­cè­re­ment comme catho­liques et recon­naissent la Hiérarchie.

Ce qu’il faut plu­tôt cla­ri­fier, c’est la posi­tion de ceux qui, se décla­rant catho­liques, embrassent les doc­trines hété­ro­doxes qui se sont répan­dues au cours de ces décen­nies, avec la conscience que celles-​ci repré­sentent une rup­ture avec le Magistère pré­cé­dent. Dans ce cas, il est licite de dou­ter de leur réelle adhé­sion à l’Église catho­lique, dans laquelle ils occupent cepen­dant des fonc­tions offi­cielles qui leur confèrent une auto­ri­té. Il s’a­git d’une auto­ri­té exer­cée illi­ci­te­ment, si son but est de for­cer les fidèles à accep­ter la révo­lu­tion impo­sée depuis le Concile.

Une fois ce point cla­ri­fié, il est évident que ce ne sont pas les fidèles tra­di­tion­nels – c’est-​à-​dire les vrais catho­liques, selon les termes de saint Pie X – qui doivent aban­don­ner l’Église dans laquelle ils ont plei­ne­ment le droit de res­ter et dont il serait mal­heu­reux de se sépa­rer ; mais plu­tôt les moder­nistes qui usurpent le nom de catho­liques, pré­ci­sé­ment parce que seul l’élé­ment bureau­cra­tique leur per­met de ne pas être consi­dé­rés au même titre qu’une quel­conque secte héré­tique. Cette reven­di­ca­tion sert en fait à les empê­cher de se retrou­ver par­mi les cen­taines de mou­ve­ments héré­tiques qui, au cours des siècles, ont cru pou­voir réfor­mer l’Église à leur guise, pla­çant leur fier­té avant leur devoir de gar­der hum­ble­ment l’en­sei­gne­ment de Notre Seigneur. Mais de même qu’il n’est pas pos­sible de reven­di­quer la citoyen­ne­té dans une patrie dont on ne connaît pas la langue, la loi, la foi et la tra­di­tion, de même il est impos­sible que ceux qui ne par­tagent pas la foi, la morale, la litur­gie et la dis­ci­pline de l’Église catho­lique s’ar­rogent le droit de res­ter en son sein et même de gra­vir les éche­lons de la hiérarchie.

Ne cédons donc pas à la ten­ta­tion d’a­ban­don­ner – bien qu’a­vec une indi­gna­tion jus­ti­fiée – l’Église catho­lique, sous pré­texte qu’elle a été enva­hie par des héré­tiques et des for­ni­ca­teurs : ce sont eux qui doivent être expul­sés de l’en­ceinte sacrée, dans un tra­vail de puri­fi­ca­tion et de péni­tence qui doit com­men­cer par cha­cun de nous.

Il est éga­le­ment évident qu’il y a de nom­breux cas où les fidèles ren­contrent de sérieux pro­blèmes pour fré­quen­ter leur église parois­siale, tout comme il y a de moins en moins d’é­glises où la Sainte Messe est célé­brée selon le rite catho­lique. Les hor­reurs qui sévissent depuis des décen­nies dans nombre de nos paroisses et sanc­tuaires font qu’il est impos­sible d’as­sis­ter à une « Eucharistie » sans être déran­gé et sans mettre sa foi en dan­ger, tout comme il est très dif­fi­cile d’as­su­rer une édu­ca­tion catho­lique, de célé­brer digne­ment les sacre­ments et d’a­voir une solide orien­ta­tion spi­ri­tuelle pour soi-​même et ses enfants. Dans ces cas, les laïcs fidèles ont le droit et le devoir de trou­ver des prêtres, des com­mu­nau­tés et des ins­ti­tuts qui soient fidèles au Magistère pérenne. Et qu’ils sachent accom­pa­gner la louable célé­bra­tion de la litur­gie dans l’Ancien Rite par l’adhé­sion à la saine doc­trine et aux bonnes mœurs, sans aucun affais­se­ment sur le front du Concile.

La situa­tion est cer­tai­ne­ment plus com­plexe pour les clercs, qui dépendent hié­rar­chi­que­ment de leur évêque ou de leur supé­rieur reli­gieux, mais qui ont en même temps le droit de res­ter catho­liques et de pou­voir célé­brer selon le rite catho­lique. D’une part, les laïcs ont plus de liber­té de mou­ve­ment pour choi­sir la com­mu­nau­té vers laquelle ils se tournent pour la messe, les sacre­ments et l’ins­truc­tion reli­gieuse, mais moins d’au­to­no­mie du fait qu’ils doivent tou­jours dépendre d’un prêtre ; d’autre part, les clercs ont moins de liber­té de mou­ve­ment, puis­qu’ils sont incar­di­nés dans un dio­cèse ou un ordre et sont sou­mis à l’au­to­ri­té ecclé­sias­tique, mais ils ont plus d’au­to­no­mie du fait qu’ils peuvent légi­ti­me­ment déci­der de célé­brer la Messe et d’ad­mi­nis­trer les Sacrements selon le rite tri­den­tin et de prê­cher confor­mé­ment à la saine doc­trine. Le Motu Proprio Summorum Pontificum a réaf­fir­mé que les fidèles et les prêtres ont le droit inalié­nable – qui ne peut être nié – de se pré­va­loir de la litur­gie qui exprime plus par­fai­te­ment leur foi catho­lique. Mais ce droit doit être uti­li­sé aujourd’­hui non seule­ment et pas tant pour pré­ser­ver la forme extra­or­di­naire du rite, mais pour témoi­gner de l’adhé­sion au depo­si­tum fidei [dépôt de la foi] qui ne trouve une cor­res­pon­dance par­faite que dans l’Ancien Rite.

Je reçois quo­ti­dien­ne­ment des lettres sin­cères de prêtres et de reli­gieux qui sont mar­gi­na­li­sés, trans­fé­rés ou ostra­ci­sés en rai­son de leur fidé­li­té à l’Église : la ten­ta­tion de trou­ver un ubi consis­tam [un endroit où se tenir] loin de la cla­meur des Innovateurs est forte, mais nous devrions prendre exemple sur les per­sé­cu­tions que de nom­breux saints ont subies, y com­pris saint Athanase, qui nous offre un modèle de com­por­te­ment face à l’hé­ré­sie géné­ra­li­sée et à la fureur per­sé­cu­trice. Comme mon véné­rable frère, Mgr Athanasius Schneider l’a rap­pe­lé à plu­sieurs reprises, l’a­ria­nisme qui a affli­gé l’Église à l’é­poque du saint doc­teur d’Alexandrie en Égypte, était si répan­du par­mi les évêques qu’il lais­sait presque croire que l’or­tho­doxie catho­lique avait com­plè­te­ment dis­pa­rue. Mais c’est grâce à la fidé­li­té et au témoi­gnage héroïque des quelques évêques res­tés fidèles que l’Église a su se rele­ver. Sans ce témoi­gnage, l’a­ria­nisme n’au­rait pas été vain­cu ; sans notre témoi­gnage d’au­jourd’­hui, le moder­nisme et l’a­po­sta­sie mon­dia­liste de ce pon­ti­fi­cat ne seront pas vaincus.

La ques­tion n’est pas de tra­vailler à l’intérieur ou à l’extérieur : les vigne­rons sont appe­lés à tra­vailler dans la vigne du Seigneur et c’est là qu’ils doivent res­ter, fut-​ce au prix de leur vie. Les ber­gers sont appe­lés à paître le trou­peau du Seigneur, tenir à dis­tance les loups ravis­seurs et chas­ser les mer­ce­naires qui ne se sou­cient pas du salut des bre­bis et des agneaux.

Ce tra­vail caché et sou­vent silen­cieux a été réa­li­sé par la Fraternité Saint-​Pie X, qui mérite recon­nais­sance pour ne pas avoir lais­sé s’éteindre la flamme de la Tradition à une époque où la célé­bra­tion de la messe ancienne était consi­dé­rée comme sub­ver­sive et un motif d’excommunication. Ses prêtres ont été une saine épine dans le pied de la hié­rar­chie, qui a vu en eux un inac­cep­table point de com­pa­rai­son pour les fidèles, un reproche constant de la tra­hi­son com­mise contre le peuple de Dieu, une inad­mis­sible alter­na­tive au nou­veau che­min conci­liaire. Si leur fidé­li­té a ren­du inévi­table la déso­béis­sance au pape avec les consé­cra­tions épis­co­pales, grâce à celles-​ci la Fraternité a pu se pro­té­ger de l’attaque furieuse des nova­teurs et, par son exis­tence même, elle a per­mis la libé­ra­li­sa­tion de l’Ancien Rite, jusqu’alors inter­dit. Sa pré­sence a per­mis éga­le­ment de faire res­sor­tir les contra­dic­tions et les erreurs de la secte conci­liaire, qui cour­tise constam­ment les héré­tiques et les ido­lâtres tout en étant impla­ca­ble­ment rigide et into­lé­rante envers la Vérité Catholique.

Je consi­dère Mgr Lefebvre comme un confes­seur exem­plaire de la foi et je pense qu’il est désor­mais évident que sa dénon­cia­tion du concile et de l’apostasie moder­niste est plus per­ti­nente que jamais. Il ne faut pas oublier que la per­sé­cu­tion dont Mgr Lefebvre a fait l’ob­jet de la part du Saint-​Siège et de l’é­pis­co­pat mon­dial a sur­tout ser­vi à dis­sua­der les catho­liques réfrac­taires à la révo­lu­tion conciliaire.

Je suis éga­le­ment d’accord avec ce qu’observe Mgr Tissier de Mallerais à pro­pos de la pré­sence de deux enti­tés à Rome : l’Église du Christ qui a été occu­pée et éclip­sée par la struc­ture moder­niste conci­liaire, qui s’est éta­blie dans la même hié­rar­chie et use de l’autorité de son minis­tère pour l’emporter sur l’Épouse du Christ et Notre Mère.

L’Église du Christ – qui non seule­ment sub­siste dans l’Église catho­lique, mais est exclu­si­ve­ment l’Église catho­lique – n’est qu’obs­cur­cie et éclip­sée par une étrange Église extra­va­gante éta­blie à Rome, selon la vision de la bien­heu­reuse Anne Catherine Emmerich. Elle coexiste, comme le bon grain avec l’ivraie, dans la Curie romaine, dans les dio­cèses, dans les paroisses. Nous ne pou­vons pas juger nos pas­teurs pour leurs inten­tions, ni sup­po­ser qu’ils sont tous cor­rom­pus dans la foi et la morale ; au contraire, nous pou­vons espé­rer que beau­coup d’entre eux, jus­qu’i­ci inti­mi­dés et silen­cieux, com­pren­dront, à mesure que la confu­sion et l’a­po­sta­sie se répandent, la trom­pe­rie dont ils ont été vic­times et sor­ti­ront enfin de leur som­meil. De nom­breux laïcs élèvent la voix ; d’autres sui­vront néces­sai­re­ment, avec de bons prêtres, cer­tai­ne­ment pré­sents dans chaque dio­cèse. Ce réveil de l’Église mili­tante – j’o­se­rais presque par­ler de résur­rec­tion – est néces­saire, urgent et inévi­table : aucun fils ne tolère que sa mère soit outra­gée par les ser­vi­teurs, ou que son père soit tyran­ni­sé par les admi­nis­tra­teurs de ses biens. Le Seigneur nous offre, dans ces situa­tions dou­lou­reuses, la pos­si­bi­li­té d’être ses alliés pour mener cette sainte bataille sous sa ban­nière : le Roi qui est vic­to­rieux de l’er­reur et de la mort nous per­met de par­ta­ger l’hon­neur de la vic­toire triom­phale et la récom­pense éter­nelle qui en découle, après avoir endu­ré et souf­fert avec lui.

Mais pour méri­ter la gloire immor­telle du Ciel, nous sommes appe­lés à redé­cou­vrir – dans une époque émas­cu­lée et dépour­vue de valeurs telles que l’hon­neur, la fidé­li­té à la parole don­née et l’hé­roïsme – un aspect fon­da­men­tal de la foi de tout bap­ti­sé : la vie chré­tienne est une milice, et avec le sacre­ment de confir­ma­tion, nous sommes appe­lés à être des sol­dats du Christ, sous l’in­signe duquel nous devons lut­ter. Bien sûr, dans la plu­part des cas, il s’a­git essen­tiel­le­ment d’un com­bat spi­ri­tuel, mais au cours de l’his­toire, nous avons vu com­bien sou­vent, face à la vio­la­tion des droits sou­ve­rains de Dieu et de la liber­té de l’Église, il a éga­le­ment fal­lu prendre les armes : c’est ce que nous enseigne la résis­tance achar­née pour repous­ser les inva­sions isla­miques à Lépante et dans les envi­rons de Vienne, la per­sé­cu­tion des Cristeros au Mexique, des catho­liques en Espagne, et encore aujourd’­hui la guerre cruelle contre les chré­tiens dans le monde entier. Jamais comme aujourd’­hui nous ne pou­vons com­prendre la haine théo­lo­gique des enne­mis de Dieu, ins­pi­rée par Satan. L’attaque de tout ce qui rap­pelle la Croix du Christ – la Vertu, le Bien et le Beau, la pure­té – doit nous inci­ter à nous lever, dans un élan de fier­té, pour reven­di­quer notre droit non seule­ment à ne pas être per­sé­cu­tés par nos enne­mis exté­rieurs, mais aus­si et sur­tout à avoir des pas­teurs forts et cou­ra­geux, saints et crai­gnant Dieu, qui feront exac­te­ment ce que leurs pré­dé­ces­seurs ont fait pen­dant des siècles : prê­cher l’Évangile du Christ, conver­tir les indi­vi­dus et les nations, et étendre le Royaume du Dieu vivant et véri­table dans le monde entier.

Nous sommes tous appe­lés à faire un acte de Force – une ver­tu car­di­nale oubliée, qui rap­pelle en grec, non par hasard, la force virile, ἀνδρεία [andreia] – en sachant résis­ter aux moder­nistes : une résis­tance qui s’en­ra­cine dans la Charité et la Vérité, qui sont des attri­buts de Dieu.

Si vous ne faites que célé­brer la messe tri­den­tine et prê­cher la saine doc­trine sans jamais men­tion­ner le Concile, que peuvent-​ils vous faire ? Vous expul­ser de vos églises, peut-​être, et puis quoi ? Personne ne pour­ra jamais vous empê­cher de renou­ve­ler le Saint Sacrifice, même s’il se trouve sur un autel de for­tune dans une cave ou un gre­nier, comme l’ont fait les prêtres réfrac­taires pen­dant la Révolution fran­çaise, ou comme cela se passe encore aujourd’­hui en Chine. Et s’ils essaient de vous éloi­gner, résis­tez : le droit canon sert à garan­tir le gou­ver­ne­ment de l’Église dans la pour­suite de ses objec­tifs pre­miers, et non à le démo­lir. Cessons de craindre que la faute du schisme incombe à ceux qui le dénoncent, et non, au contraire, à ceux qui le réa­lisent : les schis­ma­tiques et les héré­tiques sont ceux qui blessent et cru­ci­fient le Corps Mystique du Christ, et non ceux qui le défendent en dénon­çant les bourreaux !

Les laïcs peuvent s’at­tendre à ce que leurs ministres se com­portent ain­si, pré­fé­rant ceux qui prouvent qu’ils ne sont pas conta­mi­nés par les erreurs actuelles. Si une messe devient une occa­sion de tor­ture pour les fidèles, s’ils sont contraints d’as­sis­ter à des sacri­lèges ou de sup­por­ter des héré­sies et des diva­ga­tions indignes de la Maison du Seigneur, il est mille fois pré­fé­rable d’al­ler dans une église où le prêtre célèbre digne­ment le Saint Sacrifice, dans le rite que nous donne la Tradition, avec une pré­di­ca­tion conforme à la saine doc­trine. Lorsque les curés et les évêques réa­li­se­ront que le peuple chré­tien exige le Pain de la Foi, et non les pierres et les scor­pions de la néo-​Église, ils met­tront de côté leurs craintes et se confor­me­ront aux demandes légi­times des fidèles. Les autres, véri­tables mer­ce­naires, se mon­tre­ront pour ce qu’ils sont et ne pour­ront ras­sem­bler autour d’eux que ceux qui par­tagent leurs erreurs et leurs per­ver­sions. Ils seront éteints par eux-​mêmes : le Seigneur assèche le maré­cage et rend aride la terre sur laquelle poussent les ronces ; il éteint les voca­tions dans les sémi­naires cor­rom­pus et dans les cou­vents rebelles à la Règle.

Les fidèles laïcs ont aujourd’­hui une tâche sacrée : confor­ter de bons prêtres et de bons évêques, se ras­sem­blant comme des mou­tons autour de leurs ber­gers. Leur offrir l’hos­pi­ta­li­té, les aider, les conso­ler dans leurs épreuves. Créer une com­mu­nau­té dans laquelle le mur­mure et la divi­sion ne pré­do­minent pas, mais plu­tôt la cha­ri­té fra­ter­nelle dans le lien de la Foi. Et puisque dans l’ordre éta­bli par Dieu – κόσμος [kos­mos] – les sujets doivent obéir à l’au­to­ri­té et ne peuvent faire autre­ment que lui résis­ter lors­qu’elle abuse de son pou­voir, aucune faute ne leur sera impu­tée pour l’in­fi­dé­li­té de leurs diri­geants, sur les­quels repose la très grave res­pon­sa­bi­li­té de la manière dont ils exercent le pou­voir vicaire qui leur a été confié. Nous ne devons pas nous rebel­ler, mais nous oppo­ser ; nous ne devons pas nous réjouir des erreurs de nos pas­teurs, mais prier pour eux et les admo­nes­ter res­pec­tueu­se­ment ; nous ne devons pas remettre en cause leur auto­ri­té, mais la façon dont ils l’utilisent.

Je suis cer­tain, avec une cer­ti­tude qui me vient de la Foi, que le Seigneur ne man­que­ra pas de récom­pen­ser notre fidé­li­té, après nous avoir punis pour les fautes des hommes d’Eglise, en nous accor­dant de saints prêtres, de saints évêques, de saints car­di­naux, et sur­tout un saint Pape. Mais ces saints naî­tront de nos familles, de nos com­mu­nau­tés, de nos églises : des familles, des com­mu­nau­tés et des églises dans les­quelles la grâce de Dieu doit être culti­vée avec une prière constante, avec la fré­quen­ta­tion de la Sainte Messe et des Sacrements, avec l’of­frande des sacri­fices et des péni­tences que la Communion des Saints nous per­met d’of­frir à la Divine Majesté afin d’ex­pier nos péchés et ceux de nos frères, y com­pris ceux qui exercent l’au­to­ri­té. Les laïcs ont un rôle fon­da­men­tal à cet égard, en gar­dant la Foi au sein de leurs familles, de telle sorte que nos jeunes qui sont édu­qués dans l’a­mour et dans la crainte de Dieu puissent un jour être des pères et des mères res­pon­sables, mais aus­si de dignes ministres du Seigneur, ses hérauts dans les ordres reli­gieux mas­cu­lins et fémi­nins, et ses apôtres dans la socié­té civile.

Le remède à la rébel­lion est l’o­béis­sance. Le remède contre l’hé­ré­sie est la fidé­li­té à l’en­sei­gne­ment de la Tradition. Le remède au schisme est la dévo­tion filiale pour les Pasteurs Sacrés. Le remède à l’a­po­sta­sie est l’a­mour pour Dieu et sa Très Sainte Mère. Le remède au vice est l’humble pra­tique de la ver­tu. Le remède à la cor­rup­tion des mœurs est de vivre constam­ment en pré­sence de Dieu. Mais l’o­béis­sance ne peut être per­ver­tie en ser­vi­li­té impas­sible ; le res­pect de l’au­to­ri­té ne peut être per­ver­ti en obéis­sance à la cour. Et n’ou­blions pas que si c’est le devoir des laïcs d’o­béir à leurs Pasteurs, c’est un devoir encore plus grave des Pasteurs d’o­béir à Dieu, usque ad effu­sio­nem san­gui­nis [jusqu’à l’effusion du sang].

† Carlo Maria Viganò, Archevêque
1er sep­tembre 2020

Traduit de l’italien en anglais par Giuseppe Pellegrino
Traduit de l’anglais par lapor​te​la​tine​.org avec l’aide de dee​pl​.com

Source : Catholic Family News