Entretien de l’abbé Gregory Chukwudi Obih à The Angelus de sept. 2009


Septembre 2009



« Il ne suf­fit pas de défendre la messe traditionnelle »

Le père Gregory Chukwudi Obih, ori­gi­naire du Nigeria est en poste depuis le milieu du mois d’août 2009 à Nairobi, capi­tale du Kenya.
La Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X y pos­sède le Prieuré » Sainte Marie – Secours des chré­tiens » et un Noviciat pour les reli­gieuses Oblates.
L’interview avec ce prêtre, né en 1966, et membre de la FSSPX depuis 2007 seule­ment, a été réa­li­sée en englais par l’abbé Markus Heggenberger pour la revue The Angelus (9/​09).

P. Markus Heggenberger : Pères Obih, un grand mer­ci de bien vou­loir répondre à nos ques­tions sur votre par­cours de vie et sur la façon dont vous êtes arri­vé à la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Pouvez-​vous nous don­ner tout d’abord un aper­çu de votre che­mi­ne­ment ? Comment êtes-​vous arri­vé à la Tradition ? Quand avez-​vous connu la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X ?

P. Gregory Chukwudi Obih : Mes contacts avec la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X ont com­men­cé lors d’une conver­sa­tion avec un membre nigé­rian de la Fraternité Saint-​Pierre. Ce prêtre avait étu­dié un cer­tain temps aux Etats-​Unis, où il avait appris à connaître les abus litur­giques du Novus Ordo, qui là-​bas étaient plus graves encore qu’au Nigeria. Ce qui l’a­vait ame­né à se tour­ner vers la Tradition.

Il déci­da alors de rejoindre la Fraternité Saint-​Pierre. Il revint au Nigeria, où son évêque lui attri­bua une cha­pelle pri­vée, où il pou­vait célé­brer la Messe tra­di­tion­nelle. Ce prêtre était le pre­mier contact qui m’a fait connaître la Tradition. Nous sommes deve­nus amis. Ma pre­mière visite chez lui eut lieu en 2001, soit deux ans après mon ordi­na­tion. C’est ce prêtre qui célé­brait la pre­mière messe tra­di­tion­nelle à laquelle j’ai assis­té. Pourtant, je n’ai pas été tout de suite atti­ré par cette messe.

Pendant mes études au sémi­naire, on nous avait ensei­gné que l’ancienne litur­gie latine était mau­vaise. On nous disait que l’abandon de la célé­bra­tion devant l’autel retour­né était une bonne chose, tout comme l’abandon du latin. Et que grâce à Dieu, il y avait eu Vatican II, et main­te­nant tout allait bien pour nous. Pas une seule fois il ne nous a été ensei­gné quoi que ce soit de posi­tif sur la messe traditionnelle.

P. Markus Heggenberger : Quelles étaient vos connais­sances en latin à l’époque ?

P. Gregory Chukwudi Obih : Nous avions un peu de cours de latin au sémi­naire. Après que ce prêtre, dont je vous ai par­lé, a célé­bré la Messe, je vou­lais en savoir plus. Il me don­na alors un écrit des car­di­naux Ottaviani et Bacci, le » Bref exa­men cri­tique du Novus Ordo Missae ». C’était en 2001. Je suis reve­nu chez moi et j’ai lu cette étude. J’ai com­men­cé à y réflé­chir. Le confrère m’a four­ni plus d’écrits sur la Tradition, dont cer­taines revues : L’ « Angelus », le « Remnant », le « Catholic Family News ». J’ai tout lu.

Pourtant, deux ans se sont encore écou­lés, durant les­quels j’ai eu le temps de réflé­chir inten­sé­ment à tout ceci. En 2003 j’ai pas­sé un mois avec le confrère qui m’avait fait connaître la célé­bra­tion de la Messe tra­di­tion­nelle. Il me don­na d’autres livres à lire, par exemple, de Michael Davis, « Pope John’s Council » et « Pope Paul’s New Mass », ou encore les deux livres de Monseigneur Lefebvre, « Ils L’ont décou­ron­né » ou « Lettre ouverte aux Catholiques per­plexes », et encore d’autres ouvrages de défense de la Tradition. Après la lec­ture de ces livres, je me déci­dai en 2003 à adhé­rer à la Fraternité Saint-​Pierre. Je sol­li­ci­tai pour cette conver­sion l’autorisation de mes supé­rieurs reli­gieux. Mais il fut impos­sible de l’obtenir. Je res­tais donc dans ma paroisse. Pendant l’année qui sui­vit, j’ai conti­nué à réflé­chir et en avril 2004 j’ai deman­dé à être admis dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

J’avais réflé­chi sur les dif­fé­rences qui exis­taient entre ces deux Fraternités. Je me déci­dai pour la FSSPX à cause des prin­cipes de Monseigneur Lefebvre pour la défense et le renou­veau de la digni­té du sacer­doce catho­lique et du sérieux de la vie d’ordre. J’étais moi-​même membre d’une Congrégation et je pre­nais conscience de com­bien ces choses avaient déri­vé dans ma propre com­mu­nau­té. La dis­ci­pline était désor­ga­ni­sée. Les sta­tuts de la Congrégation avaient été for­te­ment adou­cis. Maintenant, les déci­sions inter­ve­naient de façon « démo­cra­tique », il n’y avait plus aucune auto­ri­té propre, mais un véri­table effon­dre­ment géné­ral de celle-ci.

Toutes ces expé­riences m’ont aidé à y voir clair. La « Lettre ouverte aux catho­liques per­plexes » était mon pre­mier contact avec les écrits de Monseigneur Lefebvre. Le deuxième livre était « Ils L’ont décou­ron­né ». Je voyais que la posi­tion prise par Monseigneur Lefebvre avait des fon­de­ments très pro­fonds, puisqu’elle s’efforçait de réta­blir le sacer­doce catho­lique et de res­tau­rer l’ordre dans la litur­gie et l’enseignement. C’est pour ces trois rai­sons – la dis­ci­pline, la Liturgie et l’Enseignement‑, que je deman­dai à être admis dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

P. Markus Heggenberger : Pourriez-​vous, s’il vous plaît, décrire votre cur­sus. Dans quel sémi­naire étiez-​vous ? Quels types de chan­ge­ment a appor­té votre conver­sion à la Tradition ?

P. Gregory Chukwudi Obih : Depuis 1991, j’étais Augustin. Dans cette com­mu­nau­té, j’ai étu­dié la phi­lo­so­phie et la théo­lo­gie. Après le novi­ciat et les études, j’ai pro­non­cé mes vœux en 1998 et j’ai été ordon­né prêtre un an plus tard. Puis je suis allé dans l’une des paroisses confiée aux Augustins dans la ville d’Ibusa, dans l’état fédé­ral nigé­rien de Delta. C’est là que j’ai connu le col­lègue dont je vous ai par­lé, et que j’ai étu­dié les fon­de­ments de la Tradition.

Tandis que j’attendais une réponse de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, une année sab­ba­tique m’a été accor­dée, que j’ai pas­sée chez le prêtre de la Fraternité Saint-​Pierre. C’est là que j’ai mieux appris la célé­bra­tion de l’antique litur­gie et que j’ai étu­dié tous les livres concer­nant le domaine de la Tradition que j’ai pu trou­ver. Ce fut une période dif­fi­cile pour moi. L’évêque du dio­cèse m’avait dit qu’il ne vou­lait pas que d’autre prêtres que celui-​ci rejoignent la Fraternité Saint-​Pierre. Il disaient que ceux-​là exis­taient pour rame­ner les dis­ciples de Monseigneur Lefebvre dans l’Église. L’évêque vou­lait m’amener à reve­nir dans ma congrégation.

J’avais tenu à l’époque une confé­rence pour les fidèles. Il me deman­dèrent de leur par­ler de la Sainte Messe. Après cette confé­rence j’ai osé des asser­tions sur la nou­velle messe, qui n’ont pas plu aux auto­ri­tés de l’Eglise. Certains de mes com­men­taires sont même remon­tés jusqu’au car­di­nal (nigé­rien) Arintze, le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin du Vatican. Il était irri­té par mes pro­pos et il écri­vit une lettre à l’évêque du dio­cèse dans lequel se trouve la Fraternité Saint-Pierre.
Le pré­lat dut me rap­pe­ler à l’ordre. C’est ain­si qu’il écri­vit à mon Supérieur et se plai­gnit auprès du membre de la Fraternité Saint-​Pierre. Je devais écrire une lettre d’excuses au Saint Siège et au dio­cèse et reti­rer mes asser­tions condam­nant la nou­velle messe et Vatican II.

J’avais men­tion­né, au cours de ma confé­rence, que les chan­ge­ments appor­tés par Vatican II avaient cor­rom­pu dans sa mis­sion la sain­te­té du rite de la Messe, ce qui l’avait presque vidé de sa force pour le salut des âmes. Voilà les mots que le car­di­nal avait rap­por­tés et que je devais rétracter.

Et natu­rel­le­ment on fit for­te­ment pres­sion sur moi : mon supé­rieur, l’évêque du Diocèse et le prêtre de la Fraternité Saint-​Pierre (chez qui j’habitais), qui avait peur qu’on lui retire la charge des âmes qui lui avait été confiée. Je fis donc dans cette situa­tion des excuses hési­tantes, même si je ne croyais pas y être obli­gé. Pourtant tout cet épi­sode m’a aidé à com­prendre com­bien il est pro­blé­ma­tique de nos jours de défendre la véri­té et de prendre le par­ti de la Tradition et de l’Enseignement. Il ne suf­fit pas de défendre le rite tra­di­tion­nel. Il faut aus­si défendre l’enseignement trans­mis de l’Eglise.

P. Markus Heggenberger : Comment les choses se sont-​elles ensuite pas­sées pour votre entrée dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X ? Sa pré­sence en Afrique n’est pas com­pa­rable avec celle en Europe. 

P. Gregory Chukwudi Obih : J’avais déjà deman­dé à entrer dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie Xavant de pas­ser mon année sab­ba­tique chez le prêtre de la Fraternité Saint-​Pierre dont j’ai par­lé. Ma pre­mière lettre ne reçut aucune réponse. Par une fidèle amé­ri­caine de Californie qui reçoit les sacre­ments auprès des deux Fraternités, et qui était venue rendre visite au prêtre de la Fraternité Saint-​Pierre au Nigéria, j’ai eu un contact direct avec la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

A son retour aux Etats Unis, cette fidèle put par la suite par­ler avec l’abbé Couture auquel elle expli­qua la situa­tion. Nous étions en contact via e‑mail et j’ai pu lui expli­quer mon cas. Le père Couture a infor­mé la mai­son géné­ra­lice. Et c’est ain­si qu’un an exac­te­ment après ma pre­mière ten­ta­tive de prise de contact, j’ai reçu une lettre de Monseigneur Fellay. On me priait de me rendre au Gabon. Je suis donc arri­vé en 2005 dans la grande mis­sion de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X à Libreville au Gabon. C’est là que j’ai tout appris sur la Tradition. J’y suis res­té deux ans.

Mes confrères m’ont aidé à mieux célé­brer la messe et m’ont intro­duit dans une com­pré­hen­sion plus pro­fonde de la Sainte Liturgie. Ce n’est qu’à ce moment que j’ai enten­du par­lé de l’obligation que j’avais de lire tous les jours mon Bréviaire. Jusqu’ici je n’en avais eu aucune idée !

J’apprenais beau­coup de prières, j’aidais pour la Communion aux malades et je par­ti­ci­pais à la vie litur­gique et à la vie en com­mu­nau­té de la Fraternité. Tous les trois mois, j’allais visi­ter les parois­siens qui m’étaient res­tés fidèles après mon départ de la mai­son de la Fraternité Saint-​Pierre et qui m’a­vaient sou­te­nu dans ma décision.

En 2007, après deux ans pas­sés comme invi­té dans la mis­sion au Gabon, je suis par­ti en Suisse, afin de par­ler avec Monseigneur Fellay. Je lui refor­mu­lai à nou­veau mon sou­hait d’entrer dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Mgr Fellay me pro­po­sa de suivre au sémi­naire des Etats Unis à Winona des cours de Philosophie et de Théologie afin d’améliorer ma for­ma­tion. Je suis res­té en tout deux ans à Winona au sémi­naire Saint Thomas d’Aquin. Au cours de ma pre­mière année, j’ai étu­dié la méta­phy­sique, le latin, la litur­gie, l’éthique et la psy­cho­lo­gie ; en deuxième année : le Dogme, la théo­lo­gie de morale et le droit canon.

P. Markus Heggenberger : Que vous réserve l’avenir ?

P. Gregory Chukwudi Obih : Le 8 décembre 2007, j’ai fait mes pre­miers vœux dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. J’en deve­nais ain­si membre, avec une pleine conscience de mes obli­ga­tions. Lorsque j’eux ache­vé mes études, je fus nom­mé le 15 août 2009 au Kenya, dans le Priorat « Marie, Secours des chré­tiens » à Nairobi. Le dis­trict afri­cain encou­rage les nomi­na­tions de ce conti­nent ; c’est ain­si qu’une mai­son a été ouverte au Kenya pour les reli­gieuses Oblates de la Fraternité. J’aide les sœurs dans la fon­da­tion de cette mai­son en étant à dis­po­si­tion comme prêtre. Voilà en quoi consiste mon Apostolat actuel.

P. Markus Heggenberger : Vous avez par­lé de la Fraternité Saint-​Pierre qui vous a aidé à décou­vrir la Messe tra­di­tion­nelle. Y a‑t-​il eu encore d’autres groupes ou per­sonnes qui ont été impor­tantes pour votre décou­verte de la Tradition avant que vous n’entriez dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X ? 

P. Gregory Chukwudi Obih : Je men­tion­ne­rais d’a­bord les livres que j’ai lus, par­ti­cu­liè­re­ment ceux de Michael Davies. Ils sont extrê­ment utiles pour faire la connais­sance de la Tradition. J’ai été très inté­res­sé par son enga­ge­ment dans l’Una Voce même si je n’en ai jamais été membre. Son tra­vail pour la Latin Mass Society est aus­si exemplaire.

Le prêtre de la Fraternité Saint-​Pierre qui m’a ame­né à la Messe tra­di­tion­nelle, fai­sait de grands efforts pour encou­ra­ger les fidèles à écrire à leurs évêques et à deman­der la messe tra­di­tion­nelle. Le pape Jean Paul II avait dit dans : « Ecclesia Dei afflic­ta », que ceux qui sou­haitent cette messe, peuvent en obte­nir l’autorisation en contac­tant leurs évêques. Or, tous les évêques contac­tés ont refu­sé les demandes des fidèles. Cela m’a aidé à prendre ma déci­sion de me mettre en rap­port avec la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Nous ne devons pas recu­ler devant une hié­rar­chie qui n’est pas dis­po­sée à écou­ter Rome. Rome dit que les fidèles ont le droit de deman­der la messe tra­di­tion­nelle à leurs pas­teurs. Alors, les fidèles vont trou­ver leur pas­teur, mais le résul­tat est seule­ment d’être inti­mi­dés par lui. Ainsi sont-​ils contraints de res­ter avec la messe moderne. En fait, ce que dit Rome n’a aucune importance.

P. Markus Heggenberger : Comment caractériseriez-​vous le com­por­te­ment des évêques en Afrique, par­ti­cu­liè­re­ment au Nigeria, à l’égard de la messe tra­di­tion­nelle et de la Tradition ?

P. Gregory Chukwudi Obih : En Afrique, les évêques « tra­di­tion­nels » ne pèsent pas beau­coup. Ils sont des conser­va­teurs du Novus Ordo. Ils suivent le tem­po romain. C’était par­ti­cu­liè­re­ment le cas pen­dant le pon­ti­fi­cat Jean Paul II. Beaucoup des évêques gou­ver­nants ont été nom­més à cette époque. Beaucoup d’entre eux sou­tiennent l’Inculturation. Ils aiment la nou­velle messe. Ils sont convain­cus que le Novus Ordo exige la par­ti­ci­pa­tion des fidèles. On per­met la pré­sence des tam-​tam, de la danse et d’autres mani­fes­ta­tions cultu­relles. Le Novus Ordo a trou­vé par là un moyen de plaire aux gens. Et cela plaît aux évêques parce que les per­sonnes viennent et s’expriment d’elles-mêmes. Beaucoup des supé­rieurs croient que c’est mer­veilleux. A l’heure actuelle, ils ne sou­tiennent pas la Tradition.

P. Markus Heggenberger : Comment voyez-​vous la situa­tion morale géné­rale dans les dio­cèses afri­cains ? On rap­porte sou­vent dans les médias des rela­tions dif­fi­ciles, des condi­tions désas­treuses. Prenons l’exemple du sida. Nous pou­vons ima­gi­ner com­bien tout cela rend dif­fi­cile l’ac­ti­vi­té pas­to­rale dans beau­coup de pays de l’Afrique.

P. Gregory Chukwudi Obih : Nous autres prêtres, œuvrons dans cet état actuel du conti­nent afri­cain, avec la situa­tion du monde moderne et de l’ « occi­den­ta­li­sa­tion » qui dis­sout la culture afri­caine. Beaucoup de tri­bus afri­caines ont une haute pra­tique cultu­relle, un grand res­pect à l’égard du mariage et pros­crivent une conduite immo­rale. Mais l’oc­ci­den­ta­li­sa­tion, l’ur­ba­ni­sa­tion, l’apparition de nou­velles tech­no­lo­gies, par exemple l’or­di­na­teur, le maté­ria­lisme, tout cela par­ti­cipe à l’é­crou­le­ment de l’au­to­ri­té dans l’Église et a une grande influence sur l’en­vi­ron­ne­ment. Le fait que per­sonne n’a le contrôle influe sur la vie des prêtres. Cela touche l’i­den­ti­té du prêtre.

P. Markus Heggenberger : Lorsque vous par­lez de l’« occi­den­ta­li­sa­tion », vous ne pen­sez pas au tra­vail de mis­sion catho­lique, mais plu­tôt à la sous-​culture occi­den­tale, comme la télé­vi­sion, Internet. Voyez-​vous ici les effets néga­tifs de la civi­li­sa­tion occidentale ? 

P. Gregory Chukwudi Obih : Oui, effec­ti­ve­ment, c’est à cela que je pense quand je parle des effets néga­tifs de la culture occi­den­tale. Je pense sur­tout à ces pays occi­den­taux qui étaient avant des nations catho­liques, mais qui main­te­nant ont per­du la foi et qui répandent le sécu­la­risme. Toutes ces choses que j’ai évo­quées ont ensemble une influence nui­sible sur la vie chré­tienne et le tra­vail des prêtres en Afrique.

P. Markus Heggenberger : Vous êtes entré dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X avant la rési­lia­tion du décret d’ex­com­mu­ni­ca­tion en jan­vier 2009. Que pensez-​vous des der­niers déve­lop­pe­ments de la situa­tion entre Rome et la Fraternité saint-​Pie X ?

P. Gregory Chukwudi Obih : La levée des soi-​disant excom­mu­ni­ca­tions, que la Fraternité n’a jamais consi­dé­rées comme valides, éma­nait du pape Benoît XVI, sur­tout parce qu’il connais­sait l’af­faire depuis son début. Dans les années 80, c’est lui qui négo­ciait avec l’ar­che­vêque Lefebvre. Maintenant le car­di­nal Ratzinger est deve­nu pape et il s’est déci­dé à régler une ques­tion de jus­tice qui durait depuis en 1988, avec la consé­cra­tion des évêques. C’est une bonne évo­lu­tion. Beaucoup de per­sonnes nous accu­saient d’être excom­mu­niés. Ce nou­veau pas peut aider à ce que beau­coup de fidèles du Novus Ordo se rap­prochent de la Fraternité et puissent voir ce qui s’y est vrai­ment passé.

Beaucoup de fidèles en avaient été éloi­gnés par la calom­nie de l’ex­com­mu­ni­ca­tion. Maintenant les uns ou les autres trou­ve­ront le cou­rage de s’en appro­cher et de voir ce que la Fraternité défend vrai­ment. Peut-​être que cela aide­ra ces fidèles à reve­nir à la Tradition. Pour l’Afrique tout cela repré­sente une évo­lu­tion posi­tive pour la Tradition catho­lique. La hié­rar­chie suit ce qui vient de Rome. Si le pape dit que c’est bon, alors pour eux c’est bon. Cette évo­lu­tion est impor­tante pour le com­bat pour la res­tau­ra­tion de la Foi catholique.

P. Markus Heggenberger : Dans votre déci­sion, la levée du décret n’était pas le fac­teur le plus important ? 

P. Gregory Chukwudi Obih : C’est vrai. Lorsque j’ai deman­dé à être admis dans la Fraternité, je com­pre­nais bien qu’elle n’était pas très bien vue par la hié­rar­chie ecclé­siale. On m’avait mis en garde face à ce que je vou­lais faire. Et je l’ai accep­té. Lorsque je suis entré dans la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X la fausse accu­sa­tion d’excommunication était encore en vigueur. Mais j’avais été ren­for­cé dans ma manière d’agir par l’étude de la vie de Monseigneur Lefebvre.

L’année où je suis par­ti au Gabon, l’abbé Schmidberger m’a envoyé un exem­plaire de la bio­gra­phie de Monseigneur Lefebvre écrite par Mgr Tissier de Mallerais. Après l’avoir lue, je n’é­tais plus rete­nu par la calom­nie de l’ex­com­mu­ni­ca­tion. Je com­pre­nais que la posi­tion de Monseigneur se basait sur des prin­cipes justes.

C’est l’his­toire de l’Église qui s’y trou­vait. Dans l’Église catho­lique, la Vérité triom­phe­ra de la falsification.

Fin de l’entretien.

Le site de The Angelus

Accéder au site The Angelus