Lettre aux mamans sur l’éducation n° 32 de mars 2013 : la vertu de patience

N° 32 – Mars 2013

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hère Madame,

Revenons, si vous le vou­lez bien, sur ce sujet si impor­tant dans l’é­du­ca­tion : la ver­tu de patience. Nous en man­quons tous plus ou moins, et il est bon de s’y attarder.

La patience demande, de notre part, un esprit de sacri­fice, car elle est contraire à notre nature.

Que nous révèlent la vie et sur­tout la Passion et la mort de Notre-​Seigneur ? N’est-​ce pas l’im­mense patience de notre Divin Sauveur ! La Passion de Jésus se pro­page par la patience. La patience chré­tienne n’est effec­ti­ve­ment que la Passion de Jésus-​Christ subie par nous-​mêmes ; car la patience, comme la Passion, c’est la croix volon­tai­re­ment accep­tée. Et, avouons-​le, c’est pénible pour notre nature, sur­tout en ce temps où tout, dans la socié­té, nous invite à cher­cher le plus facile, le plus pra­tique, le plus commode….

Aussi, la patience est-​elle la ver­tu essen­tielle des dis­ciples de l’Evangile ; par elle, nous pos­sé­dons nos âmes et nous gagnons l’âme de notre pro­chain. En elle réside la force. Par consé­quent, la femme forte, c’est la femme patiente ; et la femme patiente, c’est celle qui accepte et porte chré­tien­ne­ment sa croix. Cette maî­trise de soi ne s’ac­quiert que par la pra­tique constante de la patience. Pourquoi tant de dis­putes, de révoltes ? même mal­heu­reu­se­ment de divorces ? L’être humain ne se sup­porte pas lui-​même, et encore moins le pro­chain. Où est la force de la patience ? C’est tout l’in­verse de la cha­ri­té : « qui sup­porte tout, accepte tout ». (relire l’épître de St Paul 2 Corinthiens, cha­pitre 13)

La patience est « le génie de la mère ». Elle donne le cou­rage dans la dou­leur, la force devant les sacri­fices à faire pour le bien de son enfant… Les occa­sions de l’exer­cer ne lui manquent pas. Elle lui donne une auto­ri­té douce et ferme sur son enfant. Combien de fois pouvons-​nous remar­quer l’in­fluence et le « pou­voir » que l’on peut exer­cer sur un enfant par la patience ; car l’en­fant sait ins­tinc­ti­ve­ment com­ment nous pous­ser à bout. Il triomphe quand il réus­sit à nous éner­ver et à nous faire éle­ver la voix, ou pire : quand il voit l’a­dulte se mettre en colère : là, il a gagné ! Mais quand nous gar­dons le calme et la patience : il est dému­ni, et cela l’o­blige à plier et à se sou­mettre. Vous consta­te­rez alors com­bien, par la patience, vous appre­nez à votre enfant la pra­tique de cette seconde ver­tu : l’hu­mi­li­té. La patience et le calme nous assurent la vic­toire sur l’en­fant que rien n’ar­rête. C’est l’école de l’obéissance pour l’enfant.

Qui n’a pas ren­con­tré ces petits enfants de 5 ou 6 ans qui se croient le centre du monde, se font remar­quer sans cesse, qui dérangent pour qu’on les regarde, qui se per­mettent de faire beau­coup trop de choses, selon leurs « envies », avec par­fois l’ac­cep­ta­tion des parents, quel que soit l’en­droit (y com­pris pen­dant la Messe). Il en est de même de ces chers petits qui parlent à haute voix et inter­rompent les conver­sa­tions,… qui répondent à leurs parents, qui n’o­béissent pas,… et qui, pire encore, « croient mieux savoir que l’a­dulte ». On en ren­contre mal­heu­reu­se­ment trop fré­quem­ment de nos jours et qu’on sur­nomme « made­moi­selle ou mon­sieur je sais tout » D’où cela vient-​il ? Ils n’ont pas appris ces deux ver­tus parce que, bien sou­vent, ils ne les ont pas trou­vées chez leurs parents ! N’oublions pas, ce que je vous répète sans cesse : l’en­fant imite les per­sonnes qu’il voit ; et la pre­mière per­sonne, c’est vous, Chère Madame. Vous ne pen­sez pas assez au pou­voir que vous tenez dans votre main sur vos petits : on les cajole, on les admire, « il est ado­rable », – rap­pe­lons, à ce pro­pos, que seul L’Enfant-Jésus est ado­rable, car Il est Dieu – et on oublie que les bles­sures du péché ori­gi­nel existent dans son âme.

Cultivons dans l’âme de l’en­fant, non l’or­gueil (qui est une des bles­sures à soi­gner éner­gi­que­ment et non pas à entre­te­nir) mais l’hu­mi­li­té qui n’est pas une ver­tu de fai­blesse mais une ver­tu forte : Notre-​Seigneur nous le montre dans sa Passion ; et c’est bien cette force qui « éner­vait » ses enne­mis. On le voit dans le mys­tère de la Flagellation, du Couronnement d’épines….

Oui, pour « bien » édu­quer son enfant, la maman doit s’exer­cer à la patience, je ne le dirai pas assez. Et c’est l’in­ten­si­té de son amour qui nour­rit cette ver­tu. Qu’elle sache pui­ser dans le Cœur de Jésus, cet amour patient et misé­ri­cor­dieux qu’elle doit exer­cer autour d’elle. C’est ain­si seule­ment qu’elle rayon­ne­ra dans son foyer.

Vous me répli­que­rez : « c’est facile à dire ! ». Je sais que notre monde actuel veut démon­trer tout-​à-​fait le contraire ; mais ce monde n’est pas chré­tien. Regardons vers le Divin Modèle qu’est Notre-​Seigneur. En Lui vous pui­se­rez le désir et la force de l’imiter.

Notre-​Seigneur s’est fait Homme pour nous mon­trer le che­min. Imitons-​Le, regardons-​Le et montrons-​Le à notre enfant. La misé­ri­corde est un fruit de l’Amour. « Parmi toutes choses, le Seigneur n’estime rien au-​dessus de la misé­ri­corde », dit Saint Grégoire de Nazianze.

La patience est néces­saire pour sup­por­ter et accep­ter que l’enfant se trompe, fasse mal ce que vous lui avez deman­dé, etc.… Pourquoi crier et se fâcher ? Ne sommes-​nous pas tous pécheurs ? et donc bien imparfaits ?

L’enfant « ne sait pas tout » et c’est donc nor­mal qu’il se trompe. La maman est là « pour lui apprendre » à vivre, à aimer le bien, à faire ce qui est bien… Rester maître de soi est un fruit de la ver­tu de patience et de force. Quel en sera le résul­tat ? Le rayon­ne­ment de la bon­té et de la misé­ri­corde, ce dont l’enfant a besoin pour « se sen­tir aimé » mal­gré la faute. Cette bon­té qui ne sup­prime pas la fer­me­té, encou­rage l’enfant vers le bien, et … à obéir ! Rappelons que la puni­tion n’est pas le châ­ti­ment pour satis­faire notre besoin de jus­tice : elle doit ame­ner l’en­fant à recon­naître : c’est mal (édu­ca­tion de la conscience), à deman­der par­don, puis à répa­rer dans la mesure du pos­sible. La puni­tion a pour but de « cor­ri­ger », afin de remettre dans le droit chemin.

C’est à la maman qu’il revient de dire à l’enfant, selon l’im­por­tance de la mal­adresse ou de l’er­reur bien évi­dem­ment, « ce n’est pas très grave »… « je vais te mon­trer com­ment faire et puis tu vas recom­men­cer. » et non à l’enfant de dire (trop faci­le­ment) « je n’ai pas fait exprès », « je n’y ai pas pen­sé », ou « j’ai oublié »… pour se dis­cul­per ! En disant avec bon­té « tu vas répa­rer » , vous ras­su­rez l’enfant, vous l’encouragez à recom­men­cer l’œuvre prescrite….ou à regret­ter une faute qu’il ne vou­dra pas refaire parce que c’est mal.

Par contre une faute, telle qu’un men­songe, un vol, etc.… un acte de malice, là, il faut mon­trer plus de fer­me­té, car il y a péché… sans tou­te­fois l’augmenter, ce qui ren­drait votre enfant scrupuleux.

Ainsi, vous éveille­rez la conscience de l’en­fant et… vous le pré­pa­rez à dési­rer le sacre­ment de pénitence….

La maman souffre parce qu’elle aime, et elle souffre déme­su­ré­ment parce que sou­vent elle aime sans mesure. « La mesure d’ai­mer c’est d’ai­mer sans mesure » disait Saint Bernard en par­lant de l’a­mour du Christ.

Gardez-​vous, Chère Maman, de fuir ou d’é­lu­der la croix ! Si vous en accep­tez les rigueurs, vous recueille­rez de pré­cieuses béné­dic­tions. Les plaies de la croix, (enten­dons par cette der­nière : ces épreuves, ces sou­cis que toute maman connaît) ouvrent et attirent dans le cœur d’une maman, les regards de la divine misé­ri­corde, et deviennent des sources de grâces pour les enfants. Oui, sans doute, les épreuves sont comme le glaive du sacri­fice : la Vierge Marie, la pre­mière, nous a tra­cé la voie, elle qui reçut ce mes­sage du vieillard Siméon, alors qu’elle pré­sen­tait l’Enfant Jésus au Temple « un glaive trans­per­ce­ra votre cœur ».

On lit avec légè­re­té cet Evangile du 2 février, mais les yeux de la Foi doivent nous invi­ter à y voir le modèle à suivre. Quelle grâce et quelle force nous en tire­rons du Cœur mater­nel et imma­cu­lé de Marie !

Cette croix fait cou­ler des larmes certes ! Mais, que notre Foi soit « vivante » et non théo­rique. La Foi est un don de Dieu, la vie de Dieu en notre âme. Vivons de cette Foi qui n’est pas sen­ti­ment mais « vie spi­ri­tuelle », la « vie de l’âme ». Alors, cette croix devien­dra le gage des conso­la­tions divines : Notre-​Seigneur se penche vers toute âme qui souffre « avec Lui » : c’est ain­si que se renouent dans la vie spi­ri­tuelle les liens que l’âme a rom­pus dans l’ordre de la nature par le péché qui nous éloigne de Dieu.

Le mys­tère de la Croix est une folie pour ceux qui se perdent et s’en détournent ; mais pour les vrais chré­tiens, pour les enfants de Dieu, c’est le mys­tère d’a­mour plein d’es­pé­rance et d’im­mor­ta­li­té, qui nous fait vivre déjà ici bas de cette vie éter­nelle commencée….

(à suivre)

Une Religieuse.

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