24 avril 2005

Sermon du 24 avril 2005 pour le Grand-​Pardon de Notre-Dame-du-Puy-en-Velay

« […]Que ceux qui sont appe­lés à une telle des­ti­née de gloire divine sachent cepen­dant qu’ils ne peuvent pré­tendre à deve­nir les com­pa­gnons et les amis de Jésus-​Christ que parce qu’ils le seront vrai­ment dans ses abais­se­ments et ses humiliations.[…] »

† Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il

Cher Monsieur le Directeur, chers Confrères, bien chers pèle­rins,
Les pèle­ri­nages ne manquent pas dans la vie de notre famille de catho­liques de tra­di­tion. Ainsi, dans trois semaines à peine, nous retrouverons-​nous tous cer­tai­ne­ment à sillon­ner la Beauce, de Notre-​Dame de Chartres au Sacré-​Cœur de Montmartre. Etait-​il bien utile d’or­ga­ni­ser encore ce Pèlerinage au Puy, au point d’en­cou­rir peut-​être le blâme de l’Imitation de Jésus-Christ :

« Souvent, on ne se sanc­ti­fie pas par de nom­breux pèlerinages ? »

Il a été bien dif­fi­cile de ne pas se lais­ser convaincre par l’en­thou­siasme éru­dit et com­mu­ni­ca­tif de quelques prêtres qui connais­saient bien les lettres de noblesse excep­tion­nelles de ce sanc­tuaire et ont fini par don­ner le branle à cette nou­velle équi­pée. Bien sûr, tous les pèle­ri­nages peuvent reven­di­quer de beaux titres pour en appe­ler à la pié­té des catho­liques. Le Puy cepen­dant, reçut du pape Jean XVI la faveur de jouir d’un jubi­lé solen­nel à chaque fois que se pro­dui­rait cette rare coïn­ci­dence de date du 25 mars jour de l’Annonciation à Marie et de l’Incarnation de Notre-​Seigneur, avec le Vendredi Saint jour de la mort de Notre-​Seigneur, où s’ac­com­plit le mys­tère de la Rédemption.

Les retrou­vailles de ces deux mys­tères ne se pro­duisent que bien rare­ment, la der­nière fois en 1932, et je ne puis donc que remer­cier tous ceux qui se sont dévoués pour nous per­mettre, à nous aus­si, de nous rendre dans d’ex­cel­lentes condi­tions au Puy afin de gagner à notre tour cette indul­gence jubi­laire. Afin de vous y aider, chers pèle­rins, je vou­drais insis­ter sur la signi­fi­ca­tion de la ren­contre de ces deux dates du 25 mars et du Vendredi Saint. Elle n’est pas for­tuite. Même si nous ne pou­vons par­ve­nir à une cer­ti­tude, il semble bien, d’a­près d’ex­cel­lents auteurs et d’a­près une forte tra­di­tion, que la mort de Notre Seigneur Jésus-​Christ a bien eu lieu 33 ans, jour pour jour, après le jour de son Incarnation. Le Bon Dieu, qui ne laisse rien au hasard, spé­cia­le­ment dans le choix des cir­cons­tances et des moindres détails qui pré­sident à la vie de son Fils, a vou­lu qu’il en soit ain­si. Et nous trou­vons, dans cet éta­blis­se­ment du Jubilé du Puy une confir­ma­tion de l’im­por­tance que l’Eglise accorde aux quelques ren­contres de ces deux dates qui se pro­duisent au cours des siècles. Aussi, après avoir sou­li­gné le sens de cette cor­res­pon­dance de dates, je dirai com­bien elle éclaire la mis­sion des prêtres et des futurs prêtres, mais éga­le­ment celle de tous les catholiques.

Notre-​Seigneur a vou­lu mou­rir 33 ans après sa concep­tion dans le sein de la Vierge Marie. Il n’y avait pas d’autre date que celle de sa nais­sance qui fut plus conve­nable pour le choix de celle de sa mort.

Notre-​Seigneur avait une mis­sion à réa­li­ser sur cette terre, et il n’en avait qu’une seule : il est né pour mou­rir, il est né pour s’of­frir lui-​même en sacri­fice sur la Croix. Toute sa vie s’est orien­tée vers ce but unique : le 25 mars, jour de son Incarnation, il com­mence à exis­ter dans le sein de sa Mère comme vic­time et comme prêtre, et cette obla­tion de lui-​même se pour­sui­vra jour après jour jus­qu’au 25 mars de son immo­la­tion sur la Croix où son sacri­fice suprême est consommé.

Nous célé­brons à une même date le pre­mier ins­tant où Notre-​Seigneur a com­men­cé de souf­frir pour nos péchés et pour ouvrer à notre rachat, celui de l’Incarnation, et le der­nier ins­tant de cette souf­france et de son immo­la­tion terrestre.

Nous célé­brons à une même date le pre­mier ins­tant du Sacerdoce de Notre-​Seigneur, prêtre dès sa concep­tion, et l’acte suprême de son sacer­doce qui est son sacri­fice san­glant sur la Croix. A une même date, le ven­dre­di 25 mars, le sacer­doce de la Nouvelle Alliance est inau­gu­ré dans le sein de la Vierge Marie et s’a­chève cette course vers l’im­mo­la­tion sur l’au­tel de la Croix..

Nous devons com­prendre, mes bien chers frères, que le Mystère de l’Incarnation est tout entier orien­té vers le Mystère de la Rédemption, comme la mis­sion sacer­do­tale ne trouve à s’a­che­ver par­fai­te­ment que dans le sacri­fice de la Croix.

De l’Incarnation à la Rédemption, d’un 25 mars à l’autre, rien ne détourne Notre-​Seigneur de la mis­sion qu’il est venu rem­plir. Aucune autre date ne compte ni n’a sa place. Il ne lui est pas utile d’aug­men­ter la durée de sa vie d’un seul jour. Il avait dit lors de son incarnation :

« Voici que je viens, ô Père, pour faire votre volonté »

et il peut mou­rir, ce 25 mars, car il a accom­pli toute la volon­té de Dieu et il a consom­mé son sacri­fice. Nous pou­vons res­ter hale­tants d’ad­mi­ra­tion nous autres de la terre, en revi­vant la cor­res­pon­dance de ces deux dates. Nous avons bien com­pris, qu’il n’est par­mi nous que parce qu’il vou­lait mou­rir pour nous. Qui d’entre nous ne peut donc être sai­si devant l’am­pleur de la mis­sion du Dieu qui s’est incar­né et qui s’est immo­lé, du Dieu qui ne s’est incar­né que parce qu’il vou­lait s’immoler ?

En cette année de grâce où se pro­duit la fusion des deux dates, il convient aux prêtres d’a­bord, et à tous les catho­liques ensuite, de secouer la tor­peur trop facile de leurs âmes, pour que toute leur exis­tence signi­fie éga­le­ment le mys­tère du 25 mars.

En 1991, notre fon­da­teur est mort un 25 mars qui cette année-​là était un Lundi Saint. Nous ne nous éton­nons pas que celui qui fut choi­si pour pré­si­der à la sur­vie du sacer­doce catho­lique, se soit éteint en cette date pres­ti­gieuse où le sacer­doce de la Nouvelle Alliance com­men­çait d’exis­ter. Nous ne nous éton­nons pas que Mgr Lefebvre, Athanase de la messe catho­lique, soit entré dans l’Eternité le jour où Notre-​Seigneur a consom­mé le sacri­fice du Calvaire. Cependant, il est mort un Lundi Saint et non, un Vendredi Saint, car il appar­te­nait à la Fraternité, à son ouvre, de conti­nuer le magni­fique tra­vail qu’il avait inau­gu­ré jus­qu’au Vendredi Saint et ensuite jus­qu’au triomphe de Pâques.

Si nous avons de nom­breuses rai­sons de nous réjouir de la pré­sence de tant de nos prêtres et de nos sémi­na­ristes, il y a cer­tai­ne­ment celle aus­si, que nous ne pou­vons com­prendre ce jubi­lé ponot qu’en rap­pe­lant la mis­sion sacer­do­tale de Notre-​Seigneur et que nous nous réjouis­sons que la Fraternité à son tour puisse béné­fi­cier de cette occasion.

Oui, la vie de Notre-​Seigneur n’est belle et ful­gu­rante que par cette mis­sion unique de salut qu’Il est venu accom­plir et à laquelle Il consacre tous les ins­tants de son exis­tence, au ser­vice de laquelle tout est soumis.

Nous avons per­çu que toutes les cir­cons­tances s’inclinent, que les dates elles-​mêmes se son inflé­chies et se retrouvent confon­dues parce que la mis­sion unique s’est accom­plie et que les âmes scru­ta­trices des mys­tères divins en sont toutes trans­por­tées d’amour et d’admiration.

En ce Vendredi Saint, où Notre-​Seigneur accom­plit sa mis­sion atta­ché aux bras de la Croix, il y opère l’œuvre essen­tielle, bien plus haute que la Création, l’œuvre qui révèle quelque chose de la pro­fon­deur inson­dable, de la jus­tice, de la pure­té et de la misé­ri­corde de Dieu, l’œuvre de Rédemption. Il y obtient une fécon­di­té à la mesure du sacri­fice auquel il consent. Voici l’arrachement d’une mul­ti­tude innom­brable, arra­che­ment aux geôles du pêché qui pré­lu­daient à celles de l’Enfer. Voilà cette race nou­velle, illu­mi­née de la grâce de Dieu qui vient chan­ger la face de la terre. Et voi­là encore cette colonne des grands imi­ta­teurs de Dieu, saints et saintes de l’Eglise qui donne la plus éblouis­sante démons­tra­tion de la bien­fai­sance du Sacrifice de la Croix.

Mais je n’aurais rien dit si je n’exprimais ce chef‑d’œuvre de la Rédemption qu’est l’Immaculée Conception, celle dont la beau­té consti­tue le fleu­ron de Dieu et l’honneur inéga­lable de la race humaine. Or, chers confrères dans le Sacerdoce, et vous, chers futurs prêtres, notre voca­tion nous place au cœur de la per­pé­tua­tion du sacer­doce de Notre-​Seigneur et de son Sacrifice vivant ; nous sommes donc, comme Notre-​Seigneur, les hommes d’une seule date.

Les prêtres, ce sont les hommes du 25 mars où com­mence notre mis­sion avec l’appel d’un ange qui pour nous est notre voca­tion et où elle s’achève avec l’immolation de notre exis­tence sur l’autel pour la gloire de Dieu et le salut des âmes de nos frères.

Il n’est de gran­deur d’existence ici bas que par le prin­cipe d’unité qui la domine. L’homme de plu­sieurs mis­sions n’est qu’une illu­sion. Nous autres prêtres, nous avons reçu de Dieu comme le plus somp­tueux des héri­tages, notre voca­tion sacer­do­tale. Ne nous abais­sons pas à en cher­cher une autre, humaine, amé­ri­ca­niste. Il s’agit de la plus belle mis­sion, celle que le Père a choi­si pour son Fils Bien-​Aimé. Y a‑t-​il plus bel idéal que l’on puisse conce­voir et dont un cœur humain puisse rêver ? Le prêtre, élu de la droite de Dieu, autre Christ vivant sur la terre, des­ti­né à offrir à Dieu le sacri­fice de l’Autel pour don­ner Notre-​Seigneur en nour­ri­ture à ses frères.

Voilà 2000 ans que depuis les Apôtres, les prêtres se suc­cèdent sur la terre pour y renou­ve­ler encore et tou­jours le sacri­fice de l’Agneau et irri­guer les âmes du Sang Rédempteur. Telle est la mis­sion Sacerdotale, telle qu’elle demeure intacte, par­fai­te­ment inchan­gée après 2000 ans d’autant plus néces­saire au monde qu’il s’est davan­tage cor­rom­pu et avi­li. Que ceux qui sont appe­lés à une telle des­ti­née de gloire divine sachent cepen­dant qu’ils ne peuvent pré­tendre à deve­nir les com­pa­gnons et les amis de Jésus-​Christ que parce qu’ils le seront vrai­ment dans ses abais­se­ments et ses humiliations.

Telle qu’elle est, par­fai­te­ment belle et ter­ri­ble­ment exi­geante, nous pen­sons la mis­sion sacer­do­tale tel­le­ment atti­rante et sédui­sante qu’elle laisse à côté d’elle, un peu falot, un peu fadasse les meilleurs métiers d’hommes. C’est pour­quoi dans une socié­té catho­lique digne de ce nom, il est bon que la voca­tion sacer­do­tale, même si elle est d’abord don de Dieu, soit éga­le­ment l’objet des saintes convoi­tises et du plus haut désir des hommes. Ce n’est qu’après l’avoir admi­ré que les hommes qui n’y sont pas appe­lés peuvent ensuite son­ger à d’autres devoirs.

Mes bien chers frères, si le sens du jubi­lé du 25 mars et la pré­sence de nos prêtres et sémi­na­ristes nous don­nait comme une obli­ga­tion de concen­trer d’abord notre atten­tion sur la mis­sion sacer­do­tale inau­gu­rée par Notre-​Seigneur ; si nous étions éga­le­ment convain­cus de l’importance que tous les catho­liques aient une estime du sacer­doce catho­lique, nous vou­drions main­te­nant nous tour­ner vers vous, vous tous qui vous êtes dépla­cés pour ce pèle­ri­nage. Pour que ce jubi­lé auquel vous par­ti­ci­pez revête bien toute l’importance qu’il doit avoir et que l’ « Ite Missa est » qui conclu­ra cette messe ne soit pas com­pris comme un contre-​sens, comme un au revoir mais comme un ordre de mis­sion bien net qui claque comme un dra­peau, comme une vague de fond qui enva­hisse les âmes, les sou­lève et les entraîne, bien déci­dées dans une fer­veur renouvelée.

Au pre­mier jubi­lé de l’an 33, il s’en est fal­lu d’une parole du Christ pour que le der­nier des gre­dins qui se trou­vait atta­ché à la croix, à côté de lui, se trouve comme cata­pul­té dans l’Eternité en quelques ins­tants jusqu’au som­met de la sain­te­té, et jusqu’à la vision béa­ti­fique. La puis­sance de Dieu est tou­jours la même, qui fait encore à par­tir des ster­co­ra, des pierres pré­cieuses.
La grâce de Dieu qui a conver­ti Dismas, ne comprenez-​vous pas comme elle est avide d’envahir vos cœurs aujourd’hui et de vous conduire à votre tour vers ces hau­teurs où le Bon Dieu vous veut ? Parce que le jubi­lé n’est pas qu’un mot, il doit coïn­ci­der avec une vic­toire sur les âmes impa­tientes de rompre enfin avec la médio­cri­té pour se pla­cer tout de bon au Service de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Mes bien chers frères, nous n’avons pas le cou­rage de rompre avec nos médio­cri­tés, peut être parce que nous n’avons pas suf­fi­sam­ment conscience de ces pay­sages stu­pé­fiants de beau­té aux­quels nous convie Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, par la puis­sance de la grâce de Dieu, par son cœur débor­dant d’amour qui réchauffe les cœurs gla­cés, par l’absolution des prêtres qui vous entourent et qui défait les liens du péché, par la Sainte-​Eucharistie reçue dans les âmes, par la jubi­la­tion catho­lique com­mu­ni­quée par ce jubi­lé, il faut, il est impé­ra­tif que les âmes se redressent.

Ce lieu est évi­de­ment saint qui est la patrie de Notre-​Dame de France, qui attire les pèle­rins depuis le plus pro­fond des âges et qui vit par­tir la Première Croisade en 1095. Ce lieu est pro­fon­dé­ment fran­çais qui pal­pite encore du sang de Bertrand Du Guesclin, mort pour la défendre en 1380. Mais ce lieu, mes bien chers frères, est peut-​être sur­tout celui qui illu­mine mys­té­rieu­se­ment la mis­sion de l’incarnation de l’espérance de notre pays , j’ai dit sainte Jeanne d’Arc. Qu’il est admi­rable cet ins­tant où Jeanne envoyée à sa mis­sion par les saints n’hésite pas à envoyer à son tour sa mère elle-​même, qui, en 1429 vient prier ici pour sa fille et pour la mis­sion de sa fille. Mère et fille se trouvent insé­pa­ra­ble­ment unies dans la rédemp­tion de notre pays auquel elles se sont vouées. Est-​il pos­sible qu’il y ait un cœur catho­lique et fran­çais qui puisse demeu­rer morne et flasque devant ces sou­ve­nirs char­gés d’une telle espé­rance ? Il doit y avoir par­mi vous des Isabelle Romée pour que nous soient don­nés les saints et les saintes dont nous avons besoin.

Vous consta­tez, mes bien chers frères, qu’en tout cela il n’y a aucune place pour les sen­ti­ments sté­riles, pour le décou­ra­ge­ment ou pour l’amertume. Nous n’avons pas de temps à perdre, et notre mis­sion est trop belle et trop grande pour que nous ne nous y lan­cions pas enfin de tout notre cœur.

Notre Dame de France nous bénit et nous encou­rage et nous presse de nous don­ner à cette œuvre de res­tau­ra­tion du règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Si le bon sang de France coule encore un peu dans nos veines, si notre géné­ra­tion ne veut pas être au milieu de toutes les autres, celle que l’on dési­gne­ra du doigt parce que c’est avec elle qu’aura ces­sé la trans­mis­sion de la foi, il importe alors d’écouter l’appel du Puy.
Ce pèle­ri­nage ne sera pas à ajou­ter à la col­lec­tion de ceux que vous aurez déjà par­cou­rus. Il est un pèle­ri­nage unique, en vue de sus­ci­ter un réveil unique de notre foi. Il est mar­qué au coin du sceau natio­nal, mouillé du sang de Du Guesclin, inau­gu­ra­teur de la mis­sion de Jeanne. C’est à notre tour main­te­nant de devoir y répondre sans plus tar­der. A l’heure de l’agonie de la France, de notre pays comme bles­sé jusqu’à la mort, ne sommes-​nous pas comme les der­niers sur­vi­vants pour qui le mot de patrie a encore un sens, à ne pas ces­ser d’aimer encore notre mère patrie humi­liée, rava­gée, rava­lée au rang des nations déca­dentes ? Il pèse donc sur nous une mis­sion écra­sante, mais encore plus exal­tante qu’écrasante.

Cette mis­sion est de déli­vrer notre sol à l’instar de Jeanne, et de la rendre au Seigneur Jésus-​Christ et à Notre Dame de France. Au moment où l’Eglise ago­nise, où ses enfants les plus fidèles sont jetés hors de la cathé­drale ou hors de la mai­son, ils n’ont rien d’autre à deman­der que l’honneur de conti­nuer à la ser­vir, uni­que­ment heu­reux de savoir que ces sacri­fices contri­bue­ront modes­te­ment à la fin de la crise ter­rible qu’elle connaît. Telle est notre atti­tude à l’avènement du nou­veau Pape à qui nous sou­hai­tons la grâce de ne pas s’émouvoir de l’hostilité qu’il semble sus­ci­ter et que, au contraire, cette hos­ti­li­té lui soit salu­taire pour qu’il com­prenne l’impossibilité de la conci­lia­tion entre l’Eglise et le monde.

Mes bien chers frères, au ser­vice de l’Eglise comme au ser­vice de la France, il nous faut donc quelques hommes d’armes, quelques Isabelle Romée, quelques Jeanne d’Arc. Alors, à toutes les âmes ici pré­sentes, rede­vables au Ciel de la grâce du Jubilé, éblouies par la gran­deur de l’idéal catho­lique, nous deman­dons pour la Tradition, pour le triomphe de la Tradition, une nou­velle fer­veur. Mais pour que mes mots ne demeurent pas dés­in­car­nés, pieux sou­haits qui s’envoleront, pour que per­sonne ne puisse pro­tes­ter qu’il ne sait pas com­ment ser­vir, permettez-​moi d’énumérer, pour ter­mi­ner, quatre pistes que je pro­pose à votre flamme, quatre brandons :

  • la fidé­li­té à la retraite igna­tienne annuelle, meilleure anti­dote contre la tiédeur ;
  • la pra­tique des pre­miers same­dis du mois, confor­mé­ment au désir de Notre Dame de Fatima ;
  • l’engagement dans un Tiers-​Ordre ou une confré­rie pour enra­ci­ner et sta­bi­li­ser vos habi­tudes de ver­tu et de piété ;
  • le ser­vice de la France par le com­bat civique et poli­tique catho­lique selon la croi­sade des pères de famille pré­co­ni­sée dès 1979 par Mgr Lefèbvre.

Notre véné­ré Monseigneur est né, cette année, il y a un siècle. Qu’il nous accorde à nous tous son atta­che­ment indé­fec­tible à la foi, à la Sainte Eglise Catholique et à Rome. Qu’il agran­disse nos cœurs pour que nous puis­sions entendre l’appel salvateur :

« « Va, fille de Dieu, va » , qui condui­sit Jeanne à se mettre en route immé­dia­te­ment « car, disait-​elle, je ne dure­rai qu’un an. Il me faut l’employer. O mon Dieu ! Vous tar­dez trop à m’envoyer ; il faut beso­gner quand Dieu veut, tra­vailler et Dieu travaillera ! ». »

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit.
Ainsi soit-​il.

Abbé Régis de Cacqueray †

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.