14e Opération Rosa Mystica aux Philippines – N° 06 : vendredi 21 février 2020

Quelque part, un peu plus loin dans la mon­tagne, nous décou­vrons aujourd’hui le baran­guay Pelaez qui dépend aus­si de Balingasag. Cinquième ins­tal­la­tion de la semaine.

Certains volon­taires ont dor­mi là, dans le froid et le vent, avec des pierres pour les­ter leurs tentes. Les gens arrivent bien cou­verts, avec des blou­sons et des gros bon­nets ; pre­mière fois que nous voyons cela aux Philippines !

Le doc­teur Ledoux aus­culte la doyenne de la région : 104 ans, en bonne san­té grâce à l’air sain des mon­tagnes ! Il y beau­coup de cas de toux, mais les gens ont dans l’ensemble une bonne san­té, sans doute due à l’air sain des montagnes.

Le rythme est sou­te­nu aujourd’hui et les phar­ma­ciennes ne font qua­si­ment pas de pause à midi, nous voyons pas­ser presque trois cents per­sonnes, tan­dis que nous étions à un peu moins de deux cents les jours pré­cé­dents. Il n’y a pas école, aus­si les enfants sont nom­breux à aller et venir, trop contents du moindre jeu que l’on peut faire avec eux.

16H : Rendez-​vous au camp du 58e Bataillon d’Infanterie
INTERVIEW AVEC LE COMMANDANT DU CAMP 

Combien êtes-​vous dans ce camp ? Quel est votre rôle ?
Nous sommes envi­ron 500, mais il y a un rou­le­ment entre les mili­taires en dépla­ce­ment, sur place ou en congé. Nous avons un rôle impor­tant à jouer entre la popu­la­tion et le gou­ver­ne­ment, pour que la pre­mière voie d’un bon oeil le second. 

Qu’attendez-vous d’une mis­sion comme la nôtre ?
Justement qu’elle nous aide dans l’œuvre de paci­fi­ca­tion que le gou­ver­ne­ment essaie de déve­lop­per depuis un an. La NPA (nou­velle armée popu­laire, for­mée de rebelles com­mu­nistes qui montent les gens contre l’armée et l’Etat) a convain­cu beau­coup de mon­ta­gnards du Misamis orien­tal que le gou­ver­ne­ment n’en a rien à faire d’eux, qu’il ne s’occupe pas d’améliorer leur niveau de vie, etc. Alors, votre venue entre exac­te­ment dans notre plan ! Elle montre aux gens que nous sou­cions d’eux, et que nous fai­sons même venir des étran­gers exprès pour eux ! En plus, ils se déplacent très peu et cer­tains ne sont jamais allés en ville, donc les mis­sions sont leur seul accès à la médecine.

De quoi vivent les gens ici ?
La végé­ta­tion est très riche. Entre le riz, le maïs et les fruits, ils ont de quoi se nour­rir. Il y a aus­si tous les porcs et les poules en liber­té que vous avez dû voir, et le pois­son avec la proxi­mi­té de la mer. La pro­vince essaie de déve­lop­per l’industrie et le tou­risme pour amé­lio­rer l’économie. Et contrai­re­ment à d’autres zones des Philippines, nous avons la chance de ne pas avoir trop de catas­trophes natu­relles ici, ce qui per­met d’envisager les pro­jets sur le long terme, notam­ment quelques tra­vaux sur les routes et le réseau électrique. 

Est-​ce que la NPA repré­sente encore un dan­ger actuel­le­ment ?
Non, heu­reu­se­ment. Depuis deux ans, il n’y a plus de com­bats meur­triers, nous encou­ra­geons la popu­la­tion à se rap­pro­cher des villes pour pro­fi­ter de plus de confort. Mais cette armée popu­laire n’est pas encore dis­soute, il reste quelques membres dans les mon­tagnes qui exercent du chan­tage dès qu’ils peuvent pour récu­pé­rer de l’argent : si quelqu’un vient cou­per du bois dans leur zone, il doit payer, et s’il ne s’exécute pas, on lui brûle son bois pen­dant la nuit. Pareil sur la route, vous avez d’ailleurs peut-​être vu à cer­tains endroits des zones cal­ci­nées au bord du che­min ; ce sont des restes de véhi­cules brû­lés par eux… Leurs inter­ven­tions sont de plus en plus rares, mais quand ils agissent, ils sont sans pitié. 

A ce pro­pos, pour conclure cette jour­née, voi­ci une anec­dote que nous a rap­por­tée Father Tim : il sem­ble­rait que la police et l’armée ne se sou­tiennent pas assez, elles s’affaiblissent au lieu de s’entraider. Il y a à peine cinq ans, un peu plus au sud de l’île, il y a eu un com­bat très meur­trier : trente-​cinq poli­ciers étaient en fac­tion au milieu du maïs, et l’armée sur­veillait de son côté, un peu plus bas. Cinquante rebelles sont arri­vés par en haut, sans bruit, connais­sant par cœur leur ter­ri­toire, et ont encer­clé les poli­ciers. Le com­bat était inégal, l’attaque faite en sur­prise, tous les poli­ciers ont été tués sauf un… Et l’armée n’a pas bou­gé, loin d’imaginer le car­nage qui se pas­sait tout près. 

Quant au res­ca­pé, il a réus­si à s’écarter du com­bat, s’est glis­sé dans une mare, est pas­sé mira­cu­leu­se­ment entre les balles des ter­ro­ristes furieux qui tiraient dans l’eau. Il se trouve que c’était un ancien sémi­na­riste, et qu’il avait tou­jours sur lui son cha­pe­let et son sca­pu­laire. Il sait per­ti­nem­ment qu’il doit son salut à la Sainte Vierge. Rosa Mystica, ora pro nobis !

Sources : Rosa Mystica 2020 /​Jeanne de Vençay

Suite des reportages 2020

Accès au repor­tage n° 07 du same­di 22 février 2020

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