France Catholique du 26 janvier 2009 – Gérard LECLERC

Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflétant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

En levant l’excommunication qui conti­nuait à peser sur les quatre évêques consa­crés illé­gi­ti­me­ment par Mgr Marcel Lefebvre, l’autorité romaine a accom­pli un acte de misé­ri­corde. Elle a aus­si répon­du à l’appel de Mgr Bernard Fellay, supé­rieur de la Fraternité Saint-​Pie X, qui deman­dait expres­sé­ment, et en ver­tu de « son atta­che­ment à la pri­mau­té de Pierre », d’être libé­rée de ce far­deau de l’exclusion de l’Église.

Comment ne pas se réjouir de ce pas en avant vers des frères sépa­rés et de cette main ten­due afin de ména­ger des ren­contres d’explication sereine sur des ques­tions qui font encore litiges entre les deux par­ties ? Le décret signé, en effet, par le car­di­nal Giovanni Battista Re, publié le 24 jan­vier, évoque direc­te­ment la tenue de col­loques avec les auto­ri­tés du Saint-​Siège pour par­ve­nir rapi­de­ment à une pleine et satis­fai­sante solu­tion du pro­blème posé à l’origine. Mgr Fellay a mani­fes­té son accord sur ce point, en ne cachant rien des désac­cords non résolus.

De la levée des excom­mu­ni­ca­tions à l’entrée dans une pleine com­mu­nion il demeure une sérieuse dis­tance. Et il est de l’intérêt de tous de la fran­chir en totale luci­di­té théo­lo­gique et spi­ri­tuelle. Voilà long­temps déjà que le car­di­nal Joseph Ratzinger avait pro­po­sé aux inté­res­sés d’exposer les dubia (les doutes, les inter­ro­ga­tions) qu’ils avaient à l’égard de cer­tains textes de Vatican II. Il signi­fiait ain­si la légi­ti­mi­té d’une réflexion à par­tir d’objections, pour peu que tous s’accordent sur une démarche d’élucidation sous la conduite du magis­tère de l’Église.

Qu’il y ait eu des incer­ti­tudes et des faux pas dans l’interprétation de Vatican II et cer­taines de ses appli­ca­tions, c’est un fait que les papes ont eux-​mêmes déplo­ré et de grands théo­lo­giens comme le car­di­nal de Lubac dénon­cé comme une tra­hi­son. Il y a donc lieu de pour­suivre, selon le vœu de Benoît XVI, une her­mé­neu­tique qui ne sépare pas l’enseignement conci­liaire de la tra­di­tion qui le porte et l’éclaire. Mais, dans le même mou­ve­ment, on ne sau­rait refu­ser ce qui découle du déve­lop­pe­ment orga­nique de cette même tra­di­tion et qui jus­ti­fie des réformes néces­saires et des orien­ta­tions apos­to­liques en fonc­tion des don­nées nou­velles de l’Histoire.

Pour mener le débat serein qui s’impose, il fau­drait qu’un cli­mat de pleine com­mu­nion per­mette de s’accorder en pro­fon­deur sous la motion de l’Esprit Saint. C’est lui qu’il convient d’invoquer en ce temps de réconciliation.

Gérard Leclerc de France Catholique