Déclaration de Mgr Lefebvre et de Mgr Antonio de Castro Mayer- 2/​12/​1986

Rome nous a fait deman­der si nous avions l’in­ten­tion de pro­cla­mer notre rup­ture avec le Vatican à l’oc­ca­sion du Congrès d’Assise.

La ques­tion nous sem­ble­rait plu­tôt devoir être la suivante :

Croyez-​vous et avez-​vous l’in­ten­tion de pro­cla­mer que le Congrès d’Assise consomme la rup­ture des Autorités romaines avec l’Eglise Catholique ?

Car c’est bien cela qui pré­oc­cupe ceux qui demeurent encore catholiques.

Il est bien évident en effet que depuis le Concile Vatican II, le Pape et les Episcopats s’é­loignent tou­jours plus net­te­ment de leurs prédécesseurs.

Tout ce qui a été mis en œuvre pour défendre la foi par l’Eglise dans les siècles pas­sés, et tout ce qui a été accom­pli pour la dif­fu­ser par les mis­sion­naires, jus­qu’au mar­tyre inclu­si­ve­ment, est désor­mais consi­dé­ré comme une faute dont l’Eglise devrait s’ac­cu­ser et se faire pardonner.

L’attitude des onze Papes qui depuis 1789 jus­qu’en 1958 ont, dans des docu­ments offi­ciels, condam­né la Révolution libé­rale, est consi­dé­rée comme « un manque d’in­tel­li­gence du souffle chré­tien qui a ins­pi­ré la Révolution ».

D’où le revi­re­ment com­plet de Rome depuis le Concile Vatican II, qui nous a fait redire les paroles de Notre-​Seigneur à ceux qui venaient l’ar­rê­ter : Haec est hora ves­tra et potes­tas tene­bra­rum (c’est ici votre heure et la puis­sance des ténèbres) (Luc XXII 52–53).

Adoptant la reli­gion libé­rale du pro­tes­tan­tisme et de la Révolution, les prin­cipes natu­ra­listes de J‑J. Rousseau, les liber­tés athées de la Constitution des Droits de l’Homme, le prin­cipe de la digni­té humaine n’ayant plus de rap­port avec la véri­té et la digni­té morale, les Autorités romaines tournent le dos à leurs pré­dé­ces­seurs et rompent avec l’Eglise Catholique, et elles se mettent au ser­vice des des­truc­teurs de la Chrétienté et du Règne uni­ver­sel de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Les actes actuels de Jean-​Paul II et des Episcopats natio­naux illus­trent d’an­née en année ce chan­ge­ment radi­cal de concep­tion de la foi, de l’Eglise, du sacer­doce, du monde, du salut par la grâce.

Le comble de cette rup­ture avec le magis­tère anté­rieur de l’Eglise s’est accom­pli à Assise, après la visite à la Synagogue. Le péché public contre l’u­ni­ci­té de Dieu, contre le Verbe Incarné et Son Eglise fait fré­mir d’hor­reur : Jean-​Paul II encou­ra­geant les fausses reli­gions à prier leurs faux dieux : scan­dale sans mesure et sans précédent.

Nous pour­rions reprendre ici notre Déclaration du 21 novembre 1974, qui demeure plus actuelle que jamais.

Pour nous, demeu­rant indé­fec­ti­ble­ment atta­chés à l’Eglise Catholique et Romaine de tou­jours, nous sommes obli­gés de consta­ter que cette Religion moder­niste et libé­rale de la Rome moderne et conci­liaire s’é­loigne tou­jours davan­tage de nous, qui pro­fes­sons la foi catho­lique des onze Papes qui ont condam­né cette fausse religion.

La rup­ture ne vient donc pas de nous, mais de Paul VI et Jean-​Paul Il, qui rompent avec leurs prédécesseurs.

Ce renie­ment de tout le pas­sé de l’Eglise par ces deux Papes et les Evêques qui les imitent est une impié­té incon­ce­vable et une humi­lia­tion insou­te­nable pour ceux qui demeurent catho­liques dans la fidé­li­té à vingt siècles de pro­fes­sion de la même foi.

Nous consi­dé­rons donc comme nul tout ce qui a été ins­pi­ré par cet esprit de renie­ment : toutes les Réformes post-​conciliaires, et tous les actes de Rome qui sont accom­plis dans cette impiété.

Nous comp­tons avec la grâce de Dieu et le suf­frage de la Vierge fidèle, de tous les mar­tyrs, de tous les Papes jus­qu’au Concile, de tous les Saints et Saintes fon­da­teurs et fon­da­trices des Ordres contem­pla­tifs et mis­sion­naires, pour nous venir en aide dans le renou­veau de l’Eglise par la fidé­li­té inté­grale à la Tradition.

Buenos Aires, le 2 décembre 1986.

S. Exc. Mgr LEFEBVREArch.-Evêque émé­rite de Tulle

S. Exc. Mgr Antonio de CASTRO MAYER, Evêque émé­rite de Campos en par­fait accord avec la pré­sente Déclaration