Note de Mgr Lefebvre au sujet du nouvel évêque succédant à S. Exc. Mgr de Castro Mayer – Ecône, 27 juin1991

II me semble très impor­tant de bien pré­ci­ser la solu­tion des pro­blèmes de juri­dic­tion du nou­vel évêque par rap­port aux prêtres et fidèles.

En pre­mier lieu, il faut remar­quer que sa situa­tion n’est pas exac­te­ment la même que celle de Mgr de Castro Mayer. Celui-​ci est désor­mais Évêque émé­rite de Campos, après en avoir été l’Évêque rési­den­tiel. D’où l’on pou­vait conclure qu’il gar­dait, sinon un pou­voir juri­dique, au moins un pou­voir moral, qui, au vu de cer­taines cir­cons­tances, pou­vait jus­ti­fier une action pas­to­rale vis-​à-​vis de ses anciens prêtres et fidèles.

Ce n’est pas le cas du nou­vel évêque, qui n’a d’autre titre de juri­dic­tion que celui qui lui vient de l’ap­pel des prêtres et des fidèles de prendre soin de leurs âmes et de celles de leurs enfants, qui lui ont deman­dé d’ac­cep­ter l’é­pis­co­pat pour leur don­ner de vrais prêtres catho­liques et la grâce du sacre­ment de confirmation.

Ainsi il appa­raît que la juri­dic­tion du nou­vel évêque n’est pas ter­ri­to­riale, mais per­son­nelle, comme le devient aus­si la juri­dic­tion des prêtres.

Dans la mesure où les fidèles viennent deman­der aux prêtres et à l’é­vêque les sacre­ments et la doc­trine de la foi, ceux-​ci ont un devoir de veiller à la bonne récep­tion et au bon usage de la doc­trine et de la grâce du Sacrifice de la Messe et des sacre­ments. Les fidèles ne peuvent pas deman­der les sacre­ments et refu­ser l’au­to­ri­té vigi­lante des prêtres et de l’évêque.

Pour veiller au bon ordre de l’a­pos­to­lat et à son effi­ca­ci­té, l’or­ga­ni­sa­tion de la Fraternité du Saint Curé d’Ars semble très heu­reuse et devrait réunir obli­ga­toi­re­ment tous les prêtres dési­reux de conti­nuer l’a­pos­to­lat traditionnel.

Il sem­ble­rait sou­hai­table que l’é­vêque nou­vel­le­ment consa­cré soit nom­mé pré­sident à vie du Conseil pres­by­té­ral, afin qu’il détienne une auto­ri­té indis­pen­sable pour les nomi­na­tions des prêtres, pour les nou­velles fon­da­tions, pour les œuvres inter­pa­rois­siales, pour le sémi­naire, les socié­tés religieuses.

L’autorité juri­dic­tion­nelle de l’é­vêque ne lui venant pas d’une nomi­na­tion romaine, mais de la néces­si­té du salut des âmes il devra l’exer­cer avec une déli­ca­tesse par­ti­cu­lière et tenir compte plus spé­cia­le­ment de son Conseil presbytéral.

D’autre part les fidèles et les prêtres doivent recon­naître la grâce d’a­voir un Pasteur suc­ces­seur des Apôtres et gar­dien de tra­di­tion du dépôt de la foi, du Sacrifice eucha­ris­tique, du sacer­doce catho­lique et de la grâce des sacre­ments, et par consé­quent faci­li­ter l’exer­cice de son auto­ri­té par une géné­reuse obéissance.

La juri­dic­tion de l’Évêque n’é­tant pas ter­ri­to­riale, mais per­son­nelle et ayant pour source le devoir pour les fidèles de sau­ver leurs âmes, si un groupe de fidèles dans les dio­cèses fait appel à l’é­vêque pour avoir un prêtre, ce groupe donne par le fait même pou­voir à l’é­vêque de veiller à la trans­mis­sion de la foi et de la grâce dans ce groupe, par l’in­ter­mé­diaire du prêtre qu’il envoie.

Ainsi, me semble-​t-​il, se résol­ve­raient dans l’ordre conforme à l’es­prit de l’Église, les déli­cats pro­blèmes que sou­lève la consé­cra­tion épis­co­pale sans le man­dat expli­cite de Rome, mais avec le man­dat impli­cite de l’Église romaine gar­dienne de la foi.

Le nou­vel évêque demeure le lien onto­lo­gique avec l’Église fidèle à sa divine Épouse Notre Seigneur Jésus-Christ.

† Marcel LEFEBVRE, le 20 février 1991

Source : note extraite du document publié à Ecône par la FSSPX le 27 juin 1991

Ecône
27 juin 1991

Déclaration des quatre évêques catholiques
sacrés par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988
au sujet d’un sacre épis­co­pal à Campos (Brésil)
– et docu­ments annexes -