Note de la rédaction de La Porte Latine : |
Depuis la fin du synode de 2014, il est intervenu des dizaines de fois à propos de l’avortement, du divorce et de l’homosexualité. Mais il n’a plus dit un seul mot pour soutenir les « ouvertures » réclamées par les novateurs
ROME, le 11 mai 2015 – La seconde et dernière session du synode consacré à la famille approche et le degré de chaleur de la discussion ne cesse d’augmenter.
Une sortie des évêques allemands – qui considèrent désormais comme acquises, dans le « contexte culturel » de l’Église de leur pays, des modifications substantielles de la doctrine et de la pratique pastorale en matière de divorce et d’homosexualité – a dernièrement fait du bruit.
Il n’y a rien de nouveau dans tout cela. En effet les évêques d’Allemagne sont, pour une grande partie d’entre eux, installés sur des positions de ce genre depuis longtemps, avant même que le cardinal Walter Kasper n’ouvre le feu en prononçant son mémorable discours d’ouverture au consistoire cardinalice qui s’est tenu au mois de février 2014, discours dans lequel il a apporté son soutien à l’accès des divorcés remariés à la communion.
La nouveauté, c’est quelque chose d’autre. Qui a pour personnage principal le pape François.
Jusqu’au synode du mois d’octobre 2014, Jorge Mario Bergoglio avait manifesté, à de nombreuses reprises et de différentes manières, qu’il était favorable à ce que des « ouvertures » soient proposées en matière d’homosexualité et de remariage des divorcés et il avait obtenu à chaque fois un important écho dans les médias. Le cardinal Kasper a déclaré de façon explicite qu’il avait « élaboré en accord » avec le pape son explosif discours au consistoire.
Cependant, au cours de ce synode, les résistances aux nouveaux paradigmes se sont avérées beaucoup plus fortes et beaucoup plus étendues que prévu et elles ont déterminé la défaite des novateurs. L’audacieuse « relatio post disceptationem » publiée à la mi-session a été démolie par les critiques et elle a laissé place à un rapport final beaucoup plus traditionnel.
Le pape François a, lui aussi, contribué à ce que ce virage soit pris en accompagnant le déroulement du synode, notamment parce que, pendant les travaux de celui-ci, il a complété l’effectif de la commission chargée de rédiger le rapport final – elle était jusqu’alors dominée de manière écrasante par les novateurs – en y faisant entrer des personnalités de tendance opposée.
Mais c’est surtout à partir de la fin du synode que François a défini un nouveau cap, différent de celui qu’il avait fixé initialement.
Depuis la fin du mois d’octobre 2014 jusqu’à aujourd’hui, on ne peut plus citer une seule fois où il ait apporté son soutien, si peu que ce soit, aux paradigmes des novateurs.
C’est même tout le contraire. Il a intensifié ses interventions à propos de toutes les questions les plus sujettes à controverse qui sont liées au thème du synode, c’est-à-dire à la famille : la contraception, l’avortement, le divorce, le remariage des divorcés, le mariage des homosexuels, l’idéologie du « genre ». Et, à chaque fois, il en a parlé en tant que « fils de l’Église » – comme il aime à se définir – avec une fidélité inébranlable à la tradition et sans s’écarter d’un millimètre de ce qui avait été dit avant lui par Paul VI, Jean-Paul II ou Benoît XVI.
[…]
Dans le monde des médias les novateurs continuent à bénéficier d’une grande visibilité et à être applaudis, et François continue à être présenté comme l’un d’eux.
Ce soutien qu’il leur apporterait continue à être considéré comme acquis, même par les plus fervents admirateurs de Bergoglio, comme par exemple ce « Cénacle des amis du pape François » qui se réunit mensuellement à l’abri des murailles du Vatican et qui a pour mentors les cardinaux Kasper et Francesco Coccopalmerio.
Mais la réalité est toute autre. En parfait jésuite, Bergoglio est un grand réaliste et il a déjà compris – ne serait-ce qu’en prenant connaissance de la liste des délégués qui ont été élus par les divers épiscopats nationaux – que la prochaine session du synode serait encore plus défavorable aux novateurs que la précédente.
Il sait que les décisions finales seront prises par lui et par lui seul. Mais il sait également qu’il lui sera impossible d’imposer au monde catholique tout entier des innovations qui seraient loin d’avoir recueilli au préalable l’accord collégial des évêques.
Ceux-ci ne se trouvent pas seulement dans la décadente Église allemande, mais aussi en Afrique, en Asie, et dans toutes ces « périphéries » du monde, bien vivantes, qui lui sont si chères.
Sandro Magiter
Source : Chiesa.espressonline