Très Saint Père,
Depuis que j’ai eu l’honneur d’être reçu par Vous en audience une année s’est écoulée. Les entretiens avec le cardinal Seper au cours de cette année ont pu, je l’espère, montrer que rien ne s’oppose de notre part à ce qu’une solution soit trouvée.
Ces quelques lignes voudraient vous manifester notre désir de voir cette solution aboutir pour le bien de l’Eglise et des âmes.
Par vos discours Vous avez clairement montré votre attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ, seule solution de tous les problèmes, votre fidélité à la morale catholique, votre volonté de restaurer la sainteté de la vie sacerdotale et de la vie religieuse. Or c’est ce que nous n’avons cessé d’affirmer, de défendre et de mettre en pratique. Et c’est parce que nous avons pensé que ces objectifs ne pouvaient être atteints que par un culte qui leur correspond, culte que l’Eglise a pratiqué depuis ses origines jusqu’au Concile Vatican II inclusivement, que nous avons été sauvagement condamnés.
La Liturgie en effet n’est pas un simple rituel du culte, elle est l’expression de la foi et la source de la grâce. Elle a donc une importance primordiale dans la vie du chrétien. Le sacrifice de la messe est vraiment le « mysterium fidei » dans toute sa plénitude. Il manifeste le grand mystère du Christ crucifié, mystère de charité par le sacrifice de soi. Enfin la Liturgie met l’âme en contact direct avec Notre Seigneur nous communiquant sa propre vie divine.
La restauration de l’Eglise passe par cette institution divine qui est le trésor et le cœur de l’Eglise. C’est pourquoi nous demandons avec instance de mettre en pratique cette Liturgie qui rendra à l’Eglise une nouvelle jeunesse. Les prêtres retrouveront le sens de leur sacerdoce et la grandeur de ses exigences, les religieux et les religieuses le mystère de leur oblation, les époux le vrai sens du sacrement de mariage et les grâces nécessaires à son accomplissement selon la loi divine.
Le mystère de la Croix et du Sacrifice de Notre Seigneur sont la source inépuisable des grâces nécessaires à l’accomplissement de la vie chrétienne. La diminution considérable des messes explique l’accélération de la crise de l’Eglise.
Que Notre Dame de Compassion Vous inspire et Vous vienne en aide pour parvenir à cette solution tant attendue.
Dès lors que le problème liturgique est réglé, les problèmes particuliers d’Ecône et des autres groupes, ainsi que des religieuses, trouveront aussi leur solution, pourvu que les évêques manifestent compréhension et bienveillance.
Que Votre Sainteté daigne agréer mes sentiments de filial respect en Jésus et Marie.
+ Marcel Lefebvre, Ancien Archevêque-Evêque de Tulle
Source : Mgr Marcel Lefebvre et le Vatican sous le pontificat de Jean-Paul II