Lettre de Paul VI au cardinal Jean Villot du 21 février 1976

Monsieur le car­di­nal Jean Villot, notre Secrétaire d’Etat,

Nous avons pris connais­sance d’une inter­view deman­dée à Mgr Marcel Lefebvre par l’heb­do­ma­daire France Catholique-​Ecclesia (n° 1322 du 13 février 1976). Parmi les erreurs conte­nues dans cette inter­view, il en est une que nous vou­lons rec­ti­fier nous-​même : vous seriez un écran pla­cé entre le Pape et Mgr Lefebvre, un obs­tacle à la ren­contre qu’il désire avoir avec nous. Cela n’est pas exact.

Nous esti­mons qu’a­vant d’être reçu en audience, Mgr Lefebvre doit reve­nir sur sa posi­tion inad­mis­sible à l’é­gard du Concile oecu­mé­nique Vatican Il et des mesures que nous avons pro­mul­guées ou approu­vées en matière litur­gique ou dis­ci­pli­naire (et, par consé­quent, aus­si doc­tri­nale). Cette posi­tion, il ne cesse mal­heu­reu­se­ment de l’af­fir­mer par sa parole et par ses actes.

Un réel chan­ge­ment d’at­ti­tude est donc néces­saire pour que l’en­tre­tien sou­hai­té puisse avoir lieu dans l’es­prit de fra­ter­ni­té et d’u­ni­té ecclé­siale que nous dési­rons tant depuis le début de cette pénible affaire et sur­tout depuis que nous avons per­son­nel­le­ment, à deux reprises, écrit à Mgr Lefebvre.

Nous conti­nuons à espé­rer qu’il nous don­ne­ra bien­tôt, dans les faits, la preuve concrète de sa fidé­li­té à l’Eglise et au Saint-​Siège dont il a reçu tant de marques d’es­time et de confiance.

Nous savons que vous par­ta­gez cet espoir ; c’est pour­quoi nous vous auto­ri­sons à rendre publique cette lettre, conforme à la bien­veillance et à l’af­fec­tion que nous éprou­vons pour vous, notre col­la­bo­ra­teur dans la charge apostolique.

Avec notre pater­nelle bénédiction.

PAULUS PP. VI.