Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

8 septembre 1951

Lettre encyclique Sempiternus Rex

À l'occasion du 15e centenaire du Concile de Chalcédoine

Table des matières

En 451 se réunis­sait à Chalcédoine un Concile pour affir­mer la foi de l’Eglise dans le Christ ayant deux natures dis­tinctes et réfu­ter les erreurs d’Eutychès.

Eutychès était un moine influent de Constantinople pro­fes­sant que dans la per­sonne du Christ la divi­ni­té avait « absor­bé » son huma­ni­té, et par consé­quent que le Christ ne nous était pas consub­stan­tiel. [1]

Pour com­mé­mo­rer cet évé­ne­ment, datant d’il y a 1500 ans, Pie XII publie une ency­clique afin de « mettre en lumière… la pri­mau­té du Pontife romain qui, dans cette très grave contro­verse, res­plen­dit vive­ment, et la défi­ni­tion dog­ma­tique de Chalcédoine, d’une si grande impor­tance » ; puis, il lance aux hété­ro­doxes un appel en faveur de l’u­ni­té, ain­si qu’un aver­tis­se­ment contre des théo­ries dan­ge­reuses, et, enfin une exhor­ta­tion finale à une vie chré­tienne cohérente.

Cette Encyclique est sur le plan même de l’Encyclique Lux Veritatis, écrite par Pie XI pour rap­pe­ler la gloire et les gran­deurs du Concile d’Ephèse (431). Ces deux Synodes uni­ver­sels sont étroi­te­ment unis entre eux ; tous les deux sont chris­to­lo­giques ; l’un per­fec­tionne l’autre, en ce sens que le pre­mier, contre l’er­reur de Nestorius, enseigne que dans le Christ il n’y a qu’une seule per­sonne, la Personne divine du Verbe ; le second, contre la fausse doc­trine d’Eutychès, pro­clame magis­tra­le­ment qu’il faut admettre dans le Rédempteur deux natures dis­tinctes et par­faites : la nature divine et la nature humaine qui sub­sistent dans la seule Personne du Verbe.

Tout d’abord, le Pape centre son enseignement sur la Foi de l’Eglise :

Le Christ, Roi Eternel, avant de pro­mettre à Pierre, fils de Jean, la supré­ma­tie du sacer­doce, deman­da à ses dis­ciples ce que les hommes et eux-​mêmes pen­saient de lui ; et il loua magni­fi­que­ment cette foi qui devait vaincre tous les assauts et toutes les tem­pêtes infer­nales, et que l’apôtre, éclai­ré par la lumière du Père céleste avait pro­fessée en ces termes : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant » (Matth., XVI, 16.).

Cette foi, à qui sont dus les cou­ronnes des apôtres, les palmes des mar­tyrs, les lis des vierges et qui est pour tout croyant la force de Dieu qui sauve, (Rom., I, 16.) a été sur­tout effica­cement défen­due et abon­dam­ment illus­trée par trois Con­ciles Œcuméniques, celui de Nicée, celui d’Ephèse et celui de Chalcédoine dont le quin­zième cen­te­naire tombe à la fin de cette année.

Le Saint-​Père demande que, dans l’Eglise, on commémore le XVe centenaire du Concile de Chalcédoine :

Il convient qu’un si joyeux évé­ne­ment soit célé­bré à Rome et dans tout le monde catho­lique par des solen­nités ; et c’est d’un cœur heu­reux et ému que Nous les ordon­nons, en ren­dant grâces à Dieu, auteur de tout conseil salu­taire [2].

De fait, les quatre premiers Conciles de Nicée (325), de Constanti­nople (381), d’Ephèse (431) et de Chalcédoine (451), formulent avec netteté l’énoncé concernant la personne du Christ.

De même qu’en l’année 1925, Notre Prédécesseur Pie XI, d’heureuse mémoire, vou­lut com­mé­mo­rer solen­nellement dans la Ville Eternelle le saint Concile de Nicée, puis évo­qua en 1931 le saint Concile d’Ephèse par l’Encyclique Lux Veritatis, ain­si tenons-​Nous à rap­peler par cette Lettre, avec la même véné­ra­tion et le même soin, le sou­ve­nir du Concile de Chalcédoine : ayant, en effet, pour objet l’union hypo­sta­tique du Verbe Incarné, les Conciles d’Ephèse et de Chalcédoine sont indis­so­lu­ble­ment liés entre eux ; tous deux sont en grand hon­neur depuis les temps anciens, soit auprès des Orien­taux où ils jouissent d’une com­mé­mo­ra­tion liturgi­que, soit auprès des Occidentaux comme en témoi­gne Grégoire le Grand qui les exal­ta au même degré que les deux Conciles Œcuméniques célé­brés aupa­ra­vant — les Conciles de Nicée et de Constantinople — en pro­non­çant cette célèbre sen­tence : Sur ces quatre pierres s’élève l’édifice de la sainte foi et réside toute vie et toute action. Quiconque ne s’appuie pas sur ce solide fonde­ment, semblât-​il lui-​même un rocher, il gît hors de l’édifice [3].

L’histoire du Concile met en relief :
— le primat du Pontife romain
— la doctrine orthodoxe sur la personne du Christ :

Si l’on consi­dère atten­ti­ve­ment cet évé­ne­ment et les cir­cons­tances qui l’ont accom­pa­gné, deux faits princi­paux émergent, que Nous vou­lons autant que pos­sible mettre en lumière : le pri­mat du Pontife romain qui, dans cette très grave contro­verse chris­to­lo­gique, res­plen­dit vive­ment, et la défi­ni­tion dog­ma­tique de Chalcédoine, d’une si grande importance.

Appel est fait à tous pour qu’ils reviennent à cette foi :

Qu’ils suivent les cou­tumes et les exemples de leurs ancêtres, et qu’ils ne tardent plus à rendre à la Primauté du Pontife romain l’hommage res­pec­tueux qui lui est dû, ceux qui, par le mal­heur des temps, sur­tout dans les pays d’Orient, se sont sépa­rés du sein et de l’unité de l’Eglise ; que ceux qui se trouvent impli­qués dans les erreurs de Nestorius et d’Eutychès, pénètrent avec des yeux puri­fiés le mys­tère du Christ, et qu’ils acceptent enfin inté­gralement la doc­trine du Concile ; qu’ils consi­dèrent aus­si plus pro­fon­dé­ment et plus exac­te­ment cette doc­trine, ceux qui, séduits par un amour exces­sif de la nou­veau­té, osent ébran­ler les bornes sage­ment et invio­la­ble­ment éta­blies dans l’étude du mys­tère de notre Rédemption.

Que les catholiques eux-​mêmes raffermissent leur foi :

Que tous ceux qui se nomment catho­liques, en soient puis­sam­ment exci­tés à confes­ser et à conser­ver cette foi comme la perle pré­cieuse de l’Evangile ; qu’ils l’honorent de cœur et de bouche, et sur­tout, qu’ils lui soient fidèles par leur conduite : qu’avec le secours de la misé­ri­corde divine, ils écartent tout ce qui serait déré­glé, incon­ve­nant, blâ­mable et que res­plen­disse l’éclat de leurs ver­tus, de telle sorte qu’il leur soit don­né d’être par­ti­ci­pants de la divi­ni­té de Celui qui dai­gna se faire par­ti­ci­pant de notre humanité.

I. Histoire du Concile

Le Pape décrit l’histoire du Concile :

Les premières phases de l’hérésie d’Eutychès

Il convient, pour pro­cé­der avec ordre, de reprendre dès l’origine les évé­ne­ments que Nous com­mé­mo­rons. L’au­teur de toute la contro­verse qui fut agi­tée au Concile de Chalcédoine est Eutychès, prêtre et archi­man­drite d’un célèbre monas­tère de Constantinople. Combattant avec ardeur l’hérésie de Nestorius [4], qui pro­fes­sait deux per­sonnes dans le Christ, il tom­ba dans l’erreur contraire.

« Très impru­dent et trop igno­rant » [5], et d’humeur ex­traordinairement obs­ti­née, voi­ci ce qu’il affir­mait : il faut dis­tin­guer deux moments : avant l’Incarnation, il y avait deux natures du Christ, l’humaine et la divine ; mais après l’union, il n’en reste qu’une seule, le Verbe absor­bant l’homme ; de la Vierge Marie est sor­ti le corps du Seigneur, mais celui-​ci n’est pas de notre subs­tance et de notre matière ; si ce corps est bien humain, cepen­dant il n’est pas consub­stan­tiel ni à nous ni à celle qui a engen­dré le Verbe selon la chair [6] ; aus­si n’est-ce pas dans une vraie nature humaine que le Christ est né, qu’il a souf­fert, qu’il a été atta­ché à la croix et qu’il est res­sus­ci­té du tombeau.

Il est facile de réfuter la doctrine d’Eutychès :
Avant l’Incarnation, le Christ n’a pas de nature humaine :

En réa­li­té, Eutychès ne remar­quait pas qu’avant l’u­nion, la nature humaine du Christ n’existait en aucune façon, puisqu’elle ne com­men­ça d’être qu’au moment pré­cis de sa conception ;

Au moment de l’Incarnation, la nature humaine n’est pas absorbée par la nature divine :

Mais, après l’union, il est absurde de pré­tendre que de deux natures, il puisse n’en plus demeu­rer qu’une ; car, il n’y a abso­lu­ment aucune rai­son pour que deux vraies natures dis­tinctes puissent être rame­nées à une seule, d’autant plus que la nature divine est infi­nie et immuable.

De fait, Eutychès élaborait une hérésie :

A consi­dé­rer rai­son­na­ble­ment de telles opi­nions, on voit faci­le­ment que tout le mys­tère du plan divin se dis­sipe en ombres vaines et impalpables.

Quiconque avait le sens droit recon­nut aus­si­tôt ce que ces nou­veau­tés avaient d’extravagant et d’absolument oppo­sé aux oracles des Prophètes, aux textes de l’Evan­gile, au sym­bole des Apôtres, au dogme de foi défi­ni à Nicée ; et qu’elles sor­taient des offi­cines de Valentin et d’Appolinaire [7].

Dans un Concile par­ti­cu­lier, tenu à Constantinople et pré­si­dé par l’évêque de cette ville, saint Flavien [8], Euty­chès, qui pro­pa­geait lar­ge­ment et avec obs­ti­na­tion ses erreurs par­mi les monas­tères, fut ouver­te­ment accu­sé d’hérésie par Eusèbe, évêque de Dorylée, et il fut con­damné [9]. Il s’estima trai­té injus­te­ment, à cause de son zèle à com­battre l’hérésie nes­to­rienne qui renais­sait, et il en appe­la au juge­ment de quelques évêques d’une auto­rité pré­émi­nente. Une lettre de pro­tes­ta­tion fut aus­si reçue par saint Léon le Grand, évêque du Siège Apostolique [10] dont la suite des siècles admire sans se las­ser les écla­tantes et solides ver­tus, le zèle pour la reli­gion et pour la paix, le sou­ci de la véri­té et de la digni­té de la Chaire romaine, la dex­té­ri­té dans les affaires et pareille­ment l’éloquence har­mo­nieuse. Nul n’était mieux armé ni plus apte pour com­battre l’erreur euty­chéenne que ce Pontife, qui, dans ses ser­mons et dans ses Lettres aimait à exal­ter et à célé­brer avec une pieuse magni­fi­cence et une magni­fique pié­té le mys­tère, jamais assez pro­cla­mé, de l’unique per­sonne et de la double nature dans le Christ : « L’Egli­se catho­lique vit de cette foi, que dans le Christ Jésus ni l’humanité n’est crue sans la vraie divi­ni­té, ni la divi­ni­té sans la vraie huma­ni­té [11] ».

Un synode réuni à Ephèse fut saboté par les partisans d’Eutychès :

Le « brigandage » d’Ephèse.

L’archimandrite Eutychès, déses­pé­rant d’être sou­te­nu par le Pontife romain, eut recours à l’intrigue et à la ruse, et, par l’intermédiaire de Chrysaphe, à qui il était régu­lièrement uni et qui était aimé de Théodose II, il obtint de cet empe­reur la révi­sion de sa cause et la convo­ca­tion à Ephèse d’un autre concile que pré­si­de­rait Dioscore, évêque d’Alexandrie [12]. Celui-​ci était très lié avec lui et, en même temps hos­tile à Flavien, évêque de Constanti­nople. Trompé par la res­sem­blance des dogmes, il ré­pétait que, comme Cyrille, son pré­dé­ces­seur, avait dé­fendu l’unité de per­sonne dans le Christ, ain­si il défen­drait de toutes ses forces l’unité de nature après l’union.

Pour réta­blir la paix, Léon accep­ta d’envoyer à Ephèse ses légats, por­teurs de deux lettres, par­mi d’au­tres : l’une adres­sée au Concile, et l’autre à Flavien, où les erreurs d’Eutychès étaient réfu­tées par l’éclat d’une doc­trine par­faite et abondante.

Mais à ce Synode d’Ephèse, auquel Léon don­ne­ra, à juste titre, le nom de « bri­gan­dage », Dioscore et Eu­tychès domi­naient, et tout fut livré à la vio­lence : on re­fusa aux légats apos­to­liques la pre­mière place dans l’as­semblée ; on ne per­mit pas la lec­ture des lettres du Souverain Pontife ; on arra­cha les suf­frages des évêques par la trom­pe­rie et la menace ; et Flavien avec d’autres, fut accu­sé d’hérésie, des­ti­tué de sa charge pas­to­rale et jeté en pri­son, où il devait mou­rir. La fureur et la témé­rité de Dioscore allèrent à ce point qu’il osa cette impié­té de lan­cer l’excommunication contre le suprême pou­voir apostolique.

Le Patriarche de Constantinople et d’autres évêques en appellent au Pape contre la décision du synode d’Ephèse :

Dès que Léon eut appris par le diacre Hilaire les ini­quités per­pé­trées dans ce conci­lia­bule cri­mi­nel, il le dé­sapprouva, ordon­nant un nou­vel exa­men de tout ce qui y avait été déci­dé ou accom­pli. Il était plein d’une grande tris­tesse, qui était encore accrue par l’appel que fai­saient à son juge­ment un grand nombre d’évêques déposés.

Dignes de mémoire sont les lettres qu’écrivirent alors Flavien et Théodoret de Cyr [13] au Suprême Pasteur de l’Eglise. Voici les paroles de Flavien :

« Comme tout se dérou­lait contre moi, par une sorte de conspi­ra­tion, après qu’il (Dioscore) eut pro­non­cé contre moi cette sen­tence impie, j’en appe­lai au trône du Siège apos­to­lique de Pierre, prince des apôtres et à tout le Concile heu­reu­se­ment sou­mis sous l’autorité de Votre Sainteté ; aus­si­tôt, une mul­ti­tude de sol­dats m’entoura, m’empêcha de me réfu­gier au saint autel, comme je le vou­lais, et s’efforça de me tirer hors de l’église » [14].

Et Théodoret :

« Si Paul, héraut de la véri­té, alla visi­ter le grand apôtre Pierre…, com­bien plus nous, humbles et modestes, nous devons recou­rir à Votre Siège Apostolique… Avant toutes choses, je demande à apprendre de vous si je dois ou non accep­ter cette injuste dépo­si­tion : j’attends votre sen­tence » [15].

Le Pape, saint Léon le Grand, convoque au milieu des difficultés un Concile :

Pour effa­cer une pareille tache, Léon presse Théodose et Pulchérie [16], en de nom­breuses lettres, de por­ter remè­de à un état de choses si triste ; il demande qu’un nou­veau Concile soit réuni en Italie pour répa­rer les mé­faits d’Ephèse. Entouré d’une cou­ronne d’évêques, il accueille à l’entrée de la basi­lique Vaticane, l’empereur Valentinien III [17], avec sa mère Galla Placidia et son épouse Eudoxie, et, gémis­sant et pleu­rant, il les per­suade de remé­dier de tout leur pou­voir à la misère crois­sante de l’Eglise. L’Auguste écri­vit à l’autre Auguste, les Rei­nes aus­si. Ce fut en vain ; Théodose en butte à la ruse et à la fraude, ne cor­ri­gea en rien le mal com­mis. Mais sa mort subite lais­sa le pou­voir impé­rial à sa sœur Pul­chérie, qui épou­sa Marcien et l’associa à l’empire. Tous deux sont célèbres pour leur pié­té et leur sagesse. Aus­sitôt, Anatole, que Dioscore avait, en enfrei­gnant le droit, mis à la place de Flavien, sous­cri­vit à la lettre de Léon à Flavien sur l’Incarnation du Sauveur ; la dépouille mor­telle de Flavien fut, en grande pompe, trans­fé­rée à Cons­tantinople ; les évêques chas­sés de leur siège furent réta­blis ; enfin l’horreur géné­rale de la conta­gion euty­chéenne aug­men­ta, à tel point qu’on ne voyait plus la néces­si­té d’un Concile d’autant plus que, par suite des incur­sions des Barbares, l’état de l’empire n’était pas sûr.

Toutefois le Concile eut lieu et avec le consen­te­ment du Souverain Pontife.

Le Concile s’ouvrit à Nicée, le 1er septembre 451 et se transporta a Chalcédoine où les débats commencèrent le 8 octobre 451.

Chalcédoine est une ville de Bithynie près du Bospho­re de Thrace, en face de Constantinople, située sur l’au­tre rive. C’est là que, le 8 des Ides d’octobre, dans la très vaste basi­lique sub­ur­baine de Sainte Euphémie, vierge et mar­tyre, se réunirent les Pères venus de Nicée, où avait com­men­cé la réunion ; ils étaient près de six cents, tous Orientaux, à l’exception de deux Africains, chas­sés de leur résidence.

Au centre, était pla­cé le livre des évan­giles ; devant l’autel sié­geaient dix-​neuf pro­cu­reurs de l’empereur et du sénat. La charge de Légats du Pape était rem­plie par des hommes très pieux : Paschasinus, évêque de Lilibée en Sicile ; Lucentius, évêque d’Ascoli, les prêtres Boni­face et Basile ; Julien, évêque de Cos, leur fut adjoint pour les aider de ses soins et de son action. Les légats Pontificaux occupent la pre­mière place par­mi les évê­ques ; ils sont nom­més les pre­miers, ils parlent les pre­miers ; ils sous­crivent les pre­miers les actes ; de par l’autorité qui leur est délé­guée, ils approuvent ou rejettent les suf­frages des autres, comme ce fut le cas pour la condam­na­tion de Dioscore, qu’au nom du Souverain Pontife, ils rati­fièrent en ces termes : « Le très saint et très heu­reux arche­vêque de la grande et ancienne Rome, Léon, par notre inter­mé­diaire et par celui du pré­sent Saint Synode, et avec le trois fois bien­heu­reux et digne de toute louange, l’apôtre Pierre, roc inébran­lable de l’Eglise catho­lique, fon­de­ment de la foi ortho­doxe, l’a dépouillé (Dioscore) de la digni­té épis­co­pale et l’a écar­té de tout minis­tère sacer­do­tal » [18].

La primauté du Pape fut nettement établie :

D’ailleurs que les Légats Pontificaux aient non seu­lement exer­cé l’autorité de pré­si­dents, mais que le droit et l’honneur de pré­si­der leur aient encore été recon­nus par tous les Pères du Concile, sans excep­tion, cela résul­te clai­re­ment de la Lettre syno­dale envoyée à Léon : « C’est toi, disent les Pères, qui, comme la tête pré­side aux membres, pré­si­dais en la per­sonne de tes délé­gués, mon­trant ain­si ta bien­veillance » [19].

Par un abus rapidement corrigé, certains firent voter un article don­nant immédiatement après le Pape, la préséance au Patriarche de Constantinople :

Nous n’avons pas à pas­ser en revue tous les actes syno­daux, mais seule­ment à rap­pe­ler briè­ve­ment les prin­cipaux, dans la mesure où c’est utile pour mettre en lu­mière la véri­té et pro­mou­voir la pié­té. Ainsi quand il est ques­tion de la digni­té du siège apos­to­lique, nous ne pou­vons pas­ser sous silence le canon 28 de ce Concile, par lequel le second rang d’honneur, après le Siège romain, était assi­gné au Siège de Constantinople, en sa qua­li­té de cité impé­riale. Sans doute, il n’y avait là rien contre le divin pri­mat de juri­dic­tion, qui était tenu pour assu­ré ; mais ce canon com­po­sé en l’absence des Légats Ponti­ficaux, et contre leur volon­té, et par là même clan­des­tin et subrep­tice, est des­ti­tué de toute valeur juri­dique, et il fut réprou­vé et condam­né par saint Léon dans un grand nombre de Lettres. D’ailleurs, Marcien et Pulchérie ac­ceptèrent cette condam­na­tion et, de même, Anatole qui, excu­sant l’audace com­mise, écri­vit à saint Léon : « Quant à ce qui a été récem­ment décré­té au Concile uni­ver­sel de Chalcédoine, en faveur du siège de Cons­tantinople, que Votre Béatitude tienne pour cer­tain que la faute n’en est pas à moi… ; mais c’est le véné­rable cler­gé de l’église de Constantinople qui eut ce zèle… ; et toute la valeur et confir­ma­tion de ce qui avait été ain­si fait, était réser­vé à l’autorité de Votre Béatitude » [20].

II. Le contenu du Concile

Le Concile de Chalcédoine manifeste une tradition déjà solidement ancrée concernant les articles de foi :

Mais il faut enfin venir au cœur de toute l’affaire, c’est-à-dire à la solen­nelle défi­ni­tion de la foi catho­lique, par laquelle l’erreur cou­pable d’Eutychès fut répu­diée et condam­née. A la qua­trième ses­sion de ce saint Synode, comme les magis­trats impé­riaux deman­daient qu’on ré­digeât un nou­veau sym­bole de la foi, le Légat Paschasinus, inter­pré­tant le sen­ti­ment com­mun, répon­dit qu’il n’y avait pas à le faire : il exis­tait déjà assez de sym­boles et de canons reçus dans l’Eglise, et sur le sujet pré­sent, il y avait en pre­mier lieu la lettre de Léon à Flavien : « En troi­sième lieu, (c’est-à-dire après les sym­boles de Nicée et de Constantinople, et l’explication qu’en avait don­née saint Cyrille au Concile d’Ephèse), les écrits du bien­heu­reux et apos­to­lique Léon, pape de l’Eglise univer­selle, qui condamnent l’hérésie de Nestorius et d’Eutychès, ont expo­sé ce que contient la vraie foi. C’est cette même foi que le Saint Synode pro­fesse et observe » [21].

Il convient de rap­pe­ler ici que cette lettre d’une im­portance capi­tale de Léon à Flavien sur l’Incarnation du Verbe fut lue dans la troi­sième ses­sion du Concile. A peine le lec­teur eut-​il ache­vé, que tous les Pères pré­sents, d’un seul cœur et d’une seule voix, s’écrièrent : « Telle est la foi de nos pères, telle est la foi des apôtres. Ainsi nous croyons tous, ain­si croient les ortho­doxes. Ana­thème à qui ne croit pas ain­si. C’est Pierre qui a par­lé par Léon » [22].

Après cela, tous d’un com­mun accord, convinrent que le docu­ment de l’évêque de Rome s’accordait aisé­ment et par­fai­te­ment avec les sym­boles de Nicée et de Cons­tantinople. Toutefois, à la cin­quième ses­sion syno­dale, sur les ins­tances répé­tées de Marcien et du Sénat, une com­mis­sion élue d’évêques de diverses régions, réunie dans l’oratoire de la basi­lique de Sainte-​Euphémie, for­mula une nou­velle défi­ni­tion, qui com­prend un pro­logue, les sym­boles de Nicée et de Constantinople, (celui-​ci étant ain­si pro­mul­gué pour la pre­mière fois), et une con­damnation solen­nelle de la doc­trine euty­chéenne. Cette règle de foi fut approu­vée à l’unanimité par les Pères du Concile.

Analysant le texte du Pape saint Léon, on y lit la réfutation d’Eutychès :

Et main­te­nant, Vénérables Frères, il convient que nous nous arrê­tions un ins­tant à consi­dé­rer le docu­ment du Pontife romain, glo­rieux défen­seur de la foi catho­lique. Tout d’abord, contre Eutychès, disant : « Je con­fesse que Notre-​Seigneur fut de deux natures avant l’union, mais après l’union, je confesse une seule na­ture » [23], le saint évêque oppose et non sans indi­gna­tion, cette véri­té lumi­neuse et écla­tante : « Je m’étonne qu’une for­mule aus­si absurde et aus­si per­verse n’ait été répri­mandée par aucun des juges… alors qu’il y a autant d’impiété à dire que l’unique Fils de Dieu fut de deux natures avant l’Incarnation qu’il n’y a d’iniquité à lui at­tribuer une seule nature après que le Verbe s’est fait chair » [24].

Ensuite la réfutation de Nestorius :

Avec non moins d’ardeur, il com­bat Nestorius, qui va à l’opposé dans l’erreur : « A cause donc de cette uni­té de per­sonne à admettre, dans les deux natures, nous lisons d’une part, que le Fils de l’Homme est des­cen­du du ciel quand le Fils de Dieu a pris chair de cette Vierge dont il est né et d’autre part, le Fils de Dieu est dit cru­ci­fié et ense­ve­li, alors qu’il a souf­fert cela non dans la divi­ni­té, par laquelle le Fils unique est coéter­nel et consub­stan­tiel au Père, mais dans l’infirmité de la nature humaine. C’est pour­quoi nous confes­sons tous dans le sym­bole l’Unique Fils de Dieu cru­ci­fié et mis au tom­beau » [25].

Le document de saint Léon donnait les précisions dogmatiques suivantes :

Outre la dis­tinc­tion des deux natures, dans le Christ, la dis­tinc­tion des pro­prié­tés et opé­ra­tions de ces deux natures est clai­re­ment démon­trée dans cette lettre : « Lais­sant intacte la pro­prié­té des deux natures, se rap­pro­chant dans l’unité de per­sonne, l’humilité a été prise par la ma­jesté, l’infirmité par la force, la mor­ta­li­té par l’éternité » [26]. Et encore : « Chacune des deux natures retient sans di­minution ce qui lui est propre » [27].Toutefois la double série de ces pro­prié­tés et de ces opé­ra­tions est attri­buée à l’unique per­sonne du Verbe, car « Un seul… et le même est vrai­ment Fils de Dieu et vrai­ment fils de l’homme » [28]. C’est pour­quoi : « Chaque forme, en par­faite com­mu­nion avec l’autre, opère ce qui lui est propre : le Verbe opé­rant ce qui est du Verbe et la chair exé­cu­tant ce qui est de la chair » [29]. On voit là employée ce qu’on appelle la com­mu­ni­ca­tion des idiomes que Cyrille défen­dit à bon droit contre Nestorius, en ver­tu de cet axiome que les deux natures sub­sistent dans l’unique per­sonne du Verbe, du Verbe engen­dré par le Père avant les siècles, selon la divi­ni­té, et né de Marie dans le temps selon l’humanité.

La définition même du Concile de Chalcédoine reprend la doctrine énoncée par saint Léon le Grand :

Cette haute doc­trine pui­sée dans l’Evangile, en accord avec ce qui avait été décré­té au Concile d’Ephèse, con­damne Eutychès, sans épar­gner Nestorius. Avec elle est abso­lu­ment et par­fai­te­ment har­mo­ni­sée la défi­ni­tion dog­ma­tique du Concile de Chalcédoine, qui, semblable­ment pro­nonce avec clar­té et pré­ci­sion qu’il y a dans le Christ deux natures dis­tinctes et une seule per­sonne ; voi­ci en quels termes : « Le saint, grand et uni­ver­sel Con­cile condamne aus­si ceux qui ima­ginent deux natures dans le Seigneur avant l’union, et une seule après l’union. Aussi, sui­vant les saints Pères, nous ensei­gnons tous una­ni­me­ment un seul et même fils, Notre-​Seigneur Jésus- Christ, com­plet quant à la divi­ni­té, et com­plet quant à l’humanité, vrai­ment Dieu et vrai­ment homme, com­po­sé d’une âme rai­son­nable et d’un corps, consub­stan­tiel au Père selon la divi­ni­té, et consub­stan­tiel à nous selon l’humanité sem­blable à nous en tout hor­mis le péché ; en­gendré du Père avant les siècles selon la divi­ni­té, et, selon l’humanité, né pour nous et pour notre salut dans les der­niers temps, de la Vierge Marie, Mère de Dieu ; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique, en deux natures, sans mélange, sans trans­for­ma­tion, sans divi­sion, sans sépa­ra­tion : car l’union n’a pas sup­pri­mé la dif­fé­rence des natures : cha­cune a conser­vé sa manière d’être propre, et s’est ren­con­trée avec l’autre dans une unique per­sonne et sub­sis­tance : non point sépa­ré et di­visé en deux per­sonnes, mais un seul et même Fils unique, Dieu, Verbe, Seigneur Jésus-​Christ » [30].

La formule dogmatique est remarquable par sa précision :

Si l’on demande com­ment il se fait que, pour com­battre l’erreur, les for­mules du Concile de Chalcédoine ont tant d’éclat et d’efficacité, cela vient sur­tout, croyons- nous, de l’extrême pro­prié­té des termes employés, toute ambi­gui­té étant évi­tée. En effet, dans la défi­ni­tion de la foi, de Chalcédoine, les mots de per­sonne et d’hypostase (πφόσωπον ὑπόστασις) ont le même sens ; tan­dis que le mot de nature a un autre sens, pour lequel on n’emploie jamais les pre­miers mots.

Les définitions d’Ephèse et de Chalcédoine se complètent mutuellement :

Aussi est-​ce faus­se­ment qu’autrefois Nestoriens et Eutychéens, et aujourd’hui encore quelques his­to­riens, sont allés répé­tant que le Concile de Chalcédoine avait cor­ri­gé ce qui avait été défi­ni à Ephèse.

Bien plu­tôt un Concile com­plète l’autre, de telle sorte cepen­dant que la doc­trine chris­to­lo­gique appa­raisse plus puis­sante dans les second et troi­sième Conciles de Constantinople.

Aujourd’hui encore, il y a des monophysites, c’est-​à-​dire des héré­tiques qui professent que le Christ n’a qu’une nature [31].

Il est donc regret­table que cer­tains anciens adver­saires du Concile de Chalcédoine, appe­lés eux aus­si monophy­sites, aient reje­té une foi aus­si pure, si sin­cère, si intègre, par attache à des expres­sions des anciens mal comprises.

Sans doute, ils ne sui­vaient pas Eutychès et ses absur­des pro­pos sur le mélange des natures, mais ils s’atta­chèrent avec obs­ti­na­tion à la fameuse for­mule : « Une seule nature du Verbe incar­née », qu’avait employée saint Cyrille d’Alexandrie, la croyant de saint Athanase, et d’ailleurs, en un sens, ortho­doxe, puisque, par nature, il enten­dait la per­sonne elle-​même. Les Pères de Chal­cédoine avaient sup­pri­mé tout ce que les mots représen­taient de caduc et d’incertain : don­nant aux termes de la théo­lo­gie tri­ni­taire le même sens qu’à ceux employés pour par­ler de l’Incarnation du Seigneur, ils iden­ti­fièrent d’une part nature et essence οὐσία, et d’autre part per­sonne et hypo­stase, dis­tin­guant abso­lu­ment ces der­niers mots des pre­miers, tan­dis que les dis­si­dents font la nature équi­valente à la per­sonne et non à l’essence. Selon le lan­gage tra­di­tion­nel et exact, il faut donc dire qu’il y a en Dieu une nature et trois per­sonnes, et dans le Christ une per­sonne et deux natures.

Pour la rai­son que nous venons de don­ner, aujourd’hui encore, plu­sieurs groupes de chré­tiens dis­si­dents, en Egypte, en Syrie, en Arménie et ailleurs, ne s’écartent du droit che­min que dans les mots, quand ils exposent la doc­trine de l’Incarnation du Seigneur : ce que l’on peut déduire de leurs livres litur­giques et théologiques.

Il semble cependant que cette théorie est surtout dans les mots et non dans la croyance proprement dite. Pourquoi donc ne pas se dégager d’une formule inadéquate et revenir à l’unité de l’Eglise romaine ?

Déjà, en fait, au dou­zième siècle, un écri­vain qui jouis­sait auprès des Arméniens d’une très grande autori­té, décla­rait ouver­te­ment ce qu’il pen­sait à ce sujet : « Nous disons que le Christ est une seule nature non point par confu­sion, comme Eutychès, ni par dimi­nu­tion comme Apollinaire, mais comme Cyrille d’Alexandrie, qui dans son ouvrage des Scholies contre Nestorius dit : « Une est la nature du Verbe incar­né, comme ont ensei­gné les Pères… C’est ce que nous disons, nous aus­si, selon la tra­di­tion des saints, et nous n’introduisons nul­lement dans l’union du Christ, comme font les héré­tiques, ni confu­sion, ni chan­ge­ment, ni alté­ra­tion ; nous affir­mons une seule nature pour signi­fier l’hypostase que vous aus­si admet­tez dans le Christ : ce qui est juste et nous l’ad­mettons, et cela a tout à fait le même sens que notre for­mule : une seule nature… Et nous ne refu­sons pas de dire « deux natures » pour­vu que ce ne soit pas par divi­sion, comme Nestorius, mais pour mon­trer l’absence de confu­sion, contre Eutychès et Apollinaire » [32].

Si le comble de la joie et la par­faite allé­gresse se trouvent dans l’accomplissement de cette parole du psaume : « Voyez comme il est bon et agréable d’habiter ensemble comme des frères » [33] ; si la gloire de Dieu, unie au meilleur bien de tous, res­plen­dit quand les bre­bis du Christ sont unies par la pleine véri­té et la pleine cha­rité ; qu’ils voient donc, ceux dont nous avons par­lé plus haut avec amour et tris­tesse, qu’ils voient s’il est juste et pro­fi­table, sur­tout pour une cer­taine ambi­guï­té de termes sur­ve­nue au com­men­ce­ment, de se tenir sépa­ré de l’Eglise une et sainte, fon­dée sur les saphirs [34], c’est-à-dire sur les pro­phètes et les apôtres, et sur la suprême pierre angu­laire, le Christ-​Jésus [35].

Des erreurs récentes sont apparentées à l’erreur ancienne d’Eutychès : certains théologiens anglicans ont imaginé la théorie dite kénotique :

Très oppo­sée à la foi de Chalcédoine, est aus­si une opi­nion assez répan­due hors des fron­tières de la reli­gion catho­lique, à laquelle un pas­sage de l’apôtre Paul aux Philippiens (Philip., II, 7.), témé­rai­re­ment et faus­se­ment inter­pré­té, a don­né occa­sion avec un sem­blant d’apparence : on l’ap­pelle la doc­trine kéno­tique. Elle ima­gine une limi­ta­tion de la divi­ni­té du Verbe dans le Christ : inven­tion détes­table, aus­si condam­nable que son contraire le docé­tisme et qui réduit tout le mys­tère de l’Incarnation et de la Ré­demption à de vains et pâles fan­tômes. « Dans une na­ture intègre et par­faite d’homme véri­table, enseigne ma­gnifiquement Léon le Grand, est né un Dieu véri­table, tout entier en ce qui est sien, tout entier en ce qui est notre » [36].

2° certains psychologues catholiques ont exagéré l’autonomie de la nature humaine du Christ, la considérant comme un individu humain placé à côté du Verbe [37] :

Bien que rien n’interdise de scru­ter pro­fon­dé­ment l’humanité du Christ, même selon les prin­cipes et les méthodes de la psy­cho­lo­gie, il en est cepen­dant, qui, dans des recherches déli­cates de ce genre, aban­donnent plus que de rai­son les posi­tions anciennes pour en édi­fier de nou­velles, et uti­lisent mal l’autorité et la défi­ni­tion du Concile de Chalcédoine pour appuyer leurs propres idées.

Ils parlent de telle façon de l’état et de la condi­tion de la nature humaine du Christ, que celle-​ci semble être un sujet sui juris, au moins psy­cho­lo­gi­que­ment, comme si elle ne sub­sis­tait pas dans la per­sonne du Verbe lui- même. Mais le Concile de Chalcédoine, plei­ne­ment d’ac­cord avec celui d’Ephèse, affirme que l’une et l’autre natures de Notre Rédempteur s’unissent dans « une seule per­sonne et sub­sis­tance, » et défend d’admettre deux indi­vidus dans le Christ, de telle sorte qu’à côté du Verbe, soit pla­cé un « homo assump­tus » jouis­sant d’une entière autonomie.

Dans son document, saint Léon prouve que sa pensée est puisée aux sources de la Révélation :

Non seule­ment, saint Léon retient la même doc­trine mais il indique et montre la source d’où il tire ses clairs prin­cipes : « Tout ce que nous avons écrit, dit-​il, est démon­tré venir de la doc­trine apos­to­lique et évan­gélique » [38].

En effet, dans les pre­miers temps, l’Eglise, dans les docu­ments écrits, dans les ser­mons, dans les prières li­turgiques, pro­fesse ouver­te­ment et abso­lu­ment que le Fils unique de Dieu, né de la sub­stance du Père, Notre- Seigneur Jésus-​Christ, Verbe incar­né, est né sur la terre, a souf­fert, a été atta­ché au bois de la croix, et après être res­sus­ci­té du tom­beau, est mon­té aux cieux. Outre cela, les pages des Saintes Ecritures attri­buent à l’unique Christ, Fils de Dieu, des pro­prié­tés humaines et au mê­me Fils de l’homme des pro­prié­tés divines.

Jean l’Evangéliste déclare, en effet : « Le Verbe s’est fait chair » (Jean, I, 14.) ; Paul écrit aus­si de Lui : « Lui qui, pos­sédant la nature divine, s’est humi­lié Lui-​même en se fai­sant obéis­sant jusqu’à la mort » (Philip., II, 6–8.) ; ou bien : « lors­que les temps ont été révo­lus, Dieu envoya son Fils, qui est né d’une femme » (Gal., IV, 4.) ; mais le divin Rédempteur dé­clare Lui-​même avec cer­ti­tude : « Mon Père et moi, nous sommes un » (Jean, X, 30.) ; et encore : « Je suis sor­ti du Père et venu en ce monde » (Jean, XVI, 28.). L’origine céleste de notre Rédemp­teur res­plen­dit encore dans ce pas­sage de l’évangile : « Je suis des­cen­du du ciel, non pour faire ma volon­té, mais la volon­té de celui qui m’a envoyé » (Jean, VI, 38.). Et encore dans cet autre : « Celui qui est des­cen­du c’est celui-​là même qui est remon­té au plus haut des cieux » (Eph., IV, 10.). Paro­les que saint Thomas illustre par ce com­men­taire : « Celui qui des­cend est celui même qui monte. En cela est signi­fiée l’unité de per­sonne du Dieu-​Homme. Il est des­cen­du, en effet… le Fils de Dieu en pre­nant la nature humaine ; et le fils de l’homme est mon­té selon la nature humaine à la subli­mi­té de la vie immor­telle. Et ain­si le même est le Fils de Dieu qui des­cend et le fils de l’homme qui monte » [39].

Notre Prédécesseur Léon le Grand énon­çait cette même doc­trine, dans les termes sui­vants : « Puisqu’à la jus­ti­fi­ca­tion des hommes concourt prin­ci­pa­le­ment le fait que le Fils Unique de Dieu a dai­gné être aus­si le Fils de l’homme, de telle sorte que celui qui est Dieu : consubs­tantiel (ὁμοούσιος) au Père, c’est-à-dire de la même subs­tance que le Père, fut aus­si véri­ta­ble­ment homme et con­substantiel à sa Mère, selon la chair, nous jouis­sons de l’une et de l’autre puisque nous ne nous sau­vons qu’en ver­tu de toutes les deux, ne sépa­rant d’aucune façon le visible de l’invisible ; le cor­po­rel de l’incorporel ; celui qui peut souf­frir de celui que ne peut pas souf­frir ; celui que l’on peut, de celui qu’on ne peut pas tou­cher ; la nature de ser­vi­teur de la nature de Dieu : parce que, s’il est vrai que l’une dure l’éternité et que l’autre a com­men­cé dans le temps, il reste que, s’étant unies, elles ne peuvent plus avoir ni sépa­ra­tion ni fin » [40].

Le mystère de la Rédemption ne s’éclaire d’ailleurs qu’en évoquant la doctrine professée au Concile de Chalcédoine :

C’est seule­ment en croyant d’une foi sainte et sans tache qu’il y a dans le Christ une seule per­sonne, celle du Verbe, en qui s’unissent les deux natures, la divine et l’humaine, vrai­ment dis­tinctes l’une de l’autre, avec leurs pro­prié­tés et opé­ra­tions diverses, que se mani­festent la magni­fi­cence et la bon­té de notre rédemp­tion telles qu’on ne pour­ra jamais assez les exalter.

Ô subli­mi­té de la misé­ri­corde et de la jus­tice de Dieu, qui est venu au secours des cou­pables et en a fait ses fils ! Ô cieux qui se sont abais­sés, pour que les brumes de l’hiver se dis­sipent et que les fleurs appa­raissent sur notre terre [41], et que nous deve­nions des hommes nou­veaux, une créa­tion nou­velle, une nou­velle for­ma­tion, une nation sain­te, une pro­gé­ni­ture céleste ! Le Verbe a vrai­ment souf­fert dans sa chair, il a ver­sé son sang sur la croix, et il a payé pour nous au Père céleste le prix sur­abon­dant de la satis­fac­tion : d’où il résulte qu’un espoir cer­tain de salut brille pour ceux qui adhèrent à Lui par une foi sin­cère et une cha­ri­té active, et qui par le secours de la grâce qu’Il leur donne, pro­duisent des fruits de justice.

III. Appel à l’unité des schismatiques

Le Concile de Chalcédoine se caractérise par la présence presque exclusive d’évêques orientaux. Pie XII déplorant qu’aujourd’hui, les successeurs de ces mêmes évêques soient séparés de Rome, lance un appel nouveau à l’unité :

Le sou­ve­nir de ces nobles et glo­rieuses annales de l’Eglise fait que spon­ta­né­ment, par la nature des choses, Nous tour­nons Nos pen­sées vers les Orientaux, avec un sen­ti­ment plus affec­tueux de Notre cœur pater­nel. Le Con­cile œcu­mé­nique de Chalcédoine est en effet, pour eux, un monu­ment insigne de gloire qui dure­ra cer­tai­ne­ment à tra­vers tous les siècles ; c’est là que sous la conduite du Siège Apostolique, par une assem­blée de près de six cents évêques d’Orient, l’unité du Christ, en l’unique per­sonne de qui s’unissent deux natures, la divine et l’humaine, res­tant dis­tinctes et sans confu­sion, après qu’une vio­lence impie l’avait niée, fut défen­due avec soin et admi­ra­ble­ment définie.

Mais, hélas ! un grand nombre dans ces régions d’Orient se sont misé­ra­ble­ment sépa­rés depuis de longs siècles de l’unité du Corps mys­tique du Christ, dont l’union hypo­sta­tique est le modèle écla­tant. N’est-ce pas chose sainte, salu­taire, conforme à la volon­té de Dieu, que tous enfin reviennent à l’unique ber­ge­rie du Christ ?

Le Pape ne veut pas la guerre, mais la paix :

En ce qui Nous regarde, Nous vou­lons qu’ils aient pré­sent à l’esprit que Nos pen­sées sont de paix et non d’affliction (Cf. Jerem., XXIX, 11.).

Le Pontife romain n’a pas de vues ambitieuses, mais il se glorifie des triomphes du Christ :

Il est d’ailleurs assez mani­feste que Nous l’avons mon­tré par les actes ; que si la néces­si­té Nous oblige à Nous en glo­ri­fier, c’est dans le Seigneur que Nous Nous glo­ri­fions en Lui, l’auteur de toute bonne volonté.

Pie XII énumère ce qu’il a fait à son tour en faveur des Eglises d’Orient :

En effet, sur la trace de Nos Prédécesseurs, Nous Nous sommes effor­cé de rendre aux Orientaux plus facile le retour à l’Eglise catho­lique : Nous avons pro­té­gé leurs rites légi­times ; Nous avons pro­mu des études qui les concernent ; Nous avons pro­mul­gué des lois bien­fai­santes pour eux ; Nous avons entou­ré d’une grande sol­li­ci­tude la Sacrée Congrégation éta­blie dans la curie romaine pour l’Eglise orien­tale ! Nous avons hono­ré de la pourpre romaine le Patriarche d’Arménie.

De même, le Saint-​Père a multiplié l’octroi de secours envers tous : orientaux comme occidentaux :

Lorsque récem­ment sévis­saient les fureurs de la guerre et les maux qu’elle engendre, la misère, la famine, les ma­ladies, Nous n’avons fait aucune dis­tinc­tion entre eux et ceux qui ont cou­tume de Nous don­ner le nom de Père, et Nous avons cher­ché à allé­ger par­tout le poids du mal­heur ; Nous Nous sommes effor­cé de secou­rir les veuves, les enfants, les vieillards, les malades ; heu­reux, si Nous avions pu éga­ler Nos res­sources à Nos désirs.

Qu’à l’imitation de ceux qui prirent part au Concile de Chalcédoine, tous prennent à cœur d’adhérer au Siège de Pierre :

Qu’ils se hâtent donc ceux que l’iniquité des temps en a sépa­ré, de rendre l’hommage qui est dû à ce Siège Apostolique, pour qui pré­si­der, c’est ser­vir, à ce rocher de la véri­té que Dieu a dres­sé inébran­lable ; qu’ils aient devant les yeux et qu’ils imitent Flavien, ce nou­veau Jean Chrysostome, souf­frant pour la jus­tice, qu’ils imitent les Pères du Concile de Chalcédoine, membres insignes du Corps mys­tique du Christ, et Marcien, prince éner­gique, doux et sage, et Pulchérie, lis écla­tant de royale et pure beau­té. De ce retour à l’unité de l’Eglise, Nous pré­voyons que décou­le­ra une abon­dante effu­sion de biens pour l’a­vantage com­mun du monde chrétien.

Il faut prier pour que cette unité des chrétiens se réalise :

Certes, Nous n’ignorons pas qu’une foule de pré­ju­gés invé­té­rés s’opposent tena­ce­ment à ce qu’elle ait son heu­reux effet, la prière que le Christ, à la der­nière Cène, adresse au Père Eternel pour les dis­ciples de l’Evangile : « Qu’ils soient tous un » (Jean, XVII, 21.). Mais Nous savons aus­si que la puis­sance des prières est si grande, quand, du saint assaut des priants, elles s’élèvent fer­ventes, avec une foi assu­rée et une conscience pure, qu’elle peut sou­le­ver une mon­tagne et la jeter dans la mer (Cf. Marc, XI, 23.). Nous sou­hai­tons donc et Nous dési­rons que tous ceux qui ont à cœur le cha­leu­reux appel à embras­ser l’unité chré­tienne — et aucun de ceux qui appar­tiennent au Christ ne peut sous-​estimer une si grande cause — Nous sou­hai­tons qu’ils adressent des prières et des sup­pli­ca­tions à Dieu, de qui pro­cèdent l’or­dre, l’unité, la beau­té, afin que les louables vœux des meilleurs soient bien­tôt accomplis.

La recherche tran­quille et sans colère et sans parti-​pris, par laquelle aujourd’hui plus qu’autrefois, on recons­ti­tue et consi­dère les faits du pas­sé, contri­bue cer­tai­ne­ment à apla­nir la route qui conduit au but.

D’ailleurs, l’assaut livré actuellement par les forces du mal exige plus impérieusement encore que tous les chrétiens s’unissent :

II y a tou­te­fois un autre motif qui demande ins­tam­ment que, sous l’unique signe du nom de chré­tien, les rangs se serrent le plus vite pos­sible pour le com­bat contre les vio­lents assauts de l’ennemi infer­nal. Qui n’est effrayé de la haine et de la cruau­té avec les­quelles les enne­mis de Dieu, dans de nom­breuses régions de la terre, menacent de sup­primer, ou s’efforcent d’arracher tout ce qui est divin et chré­tien ? Contre les bataillons réunis de ces hommes, il est impos­sible que conti­nuent à res­ter dés­unis et dis­per­sés ceux qui, mar­qués du carac­tère sacré du bap­tême, ont, par devoir, à com­battre les bons com­bats du Christ.

Il y a d’ailleurs aujourd’hui, des martyrs de la foi dont le sang nous crie la nécessité du retour à l’unité de tous les chrétiens :

Les chaînes, les sup­plices, les tor­tures, les gémisse­ments, le sang de ceux qui, connus, et incon­nus, en mul­titudes innom­brables, ont récem­ment souf­fert et souffrent encore aujourd’hui pour la constance de leur ver­tu et pour la pro­fes­sion de leur foi chré­tienne, sont comme une voix chaque jour plus puis­sante, qui est pour tous un appel pres­sant à embras­ser la sainte uni­té de l’Eglise.

L’espérance du retour de frères et de fils, depuis long­temps sépa­rés de ce Siège Apostolique, est affer­mie par la croix plus cruelle et ensan­glan­tée par les mar­tyres de tant d’autres frères et fils : que per­sonne ne fasse obs­tacle à l’œuvre salu­taire de Dieu, que per­sonne ne la néglige.

Pie XII fait appel spécialement aux nestoriens et aux monophysites du XXe siècle, afin qu’ils reviennent à l’unité de la foi :

Aux bien­faits et aux joies de cette uni­té, Nous appe­lons aus­si avec une pres­sante et pater­nelle exhor­ta­tion ceux qui suivent les erreurs de Nestorius [42] et du mono­phy­sisme. Qu’ils soient per­sua­dés que Nous esti­me­rions rece­voir une des perles les plus pré­cieuses de la cou­ronne de Notre apos­to­lat, s’il Nous était don­né de com­bler de cha­ri­té et d’honneur ceux qui Nous sont d’autant plus chers qu’une plus longue sépa­ra­tion Nous les fait dési­rer davantage.

Et que tous les catholiques restent fermement attachés à la foi très pure telle qu’elle fut énoncée au Concile de Chalcédoine :

Nous for­mons enfin le vœu que la com­mé­mo­ra­tion du sacro-​saint Concile de Chalcédoine, que vous ferez avec ardeur, Vénérables Frères, presse cha­cun d’adhérer avec une foi très ferme au Christ, notre Rédempteur et notre Roi. Que per­sonne, séduit par les dévia­tions d’une hu­maine phi­lo­so­phie, ou trom­pé par les détours du lan­gage, n’ébranle par des doutes, ou ne cor­rompe par des inno­vations le dogme défi­ni à Chalcédoine, à savoir que dans le Christ sont deux vraies et par­faites natures, la divine et l’humaine, qu’elles sont unies, non confon­dues, et qu’elles sub­sistent dans l’unique per­sonne du Verbe. Unis plu­tôt d’un lien étroit, avec l’auteur de notre salut, qui est « Voie d’une sainte conduite, Vérité de la doc­trine divine et Vie de l’éternelle béa­ti­tude » [43], que tous en Lui aiment leur nature répa­rée, qu’ils honorent leur liber­té rache­tée, et que, secouant la folie d’un monde sénile, ils passent avec joie à la sagesse de l’enfance spi­ri­tuelle qui ne vieil­lit jamais.

Que le Dieu un et trine, dont la nature est bon­té et dont la volon­té est puis­sance, agrée ces vœux ardents, par l’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu, des saints Apôtres Pierre et Paul, d’Euphémie de Chal­cédoine, vierge et mar­tyre triom­phante. Et vous, véné­rables Frères, joi­gnez pour cela vos prières aux Nôtres et faites connaître au plus grand nombre pos­sible ce que Nous avons écrit. Nous vous en remer­cions déjà et, à vous, à tous les prêtres et fidèles, au bien spi­ri­tuel des­quels vous consa­crez vos soins, Nous accor­dons de tout cœur la Bénédiction apos­to­lique. Qu’elle vous aide à accep­ter plus joyeu­se­ment le joug du Christ, qui est léger et doux, et à deve­nir tou­jours plus sem­blables dans l’humilité à Celui dont vous vou­lez par­ta­ger la gloire.

Source : Documents Pontificaux de Sa Sainteté Pie XII, année 1951, Edition Labergerie – D’après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 625.

Notes de bas de page
  1. Cf. A. Bardy, Le Brigandage d’Ephèse et le Concile de Chalcédoine dans Fliche et Martin, Histoire de l’Eglise, t. IV, p. 211.[]
  2. De fait, à Rome eurent lieu des céré­mo­nies impor­tantes pour com­mé­mo­rer cet évé­nement : une assem­blée solen­nelle le 25 octobre 1951 où le car­di­nal Agagianian lut un dis­cours remar­quable, celui-​ci sui­vi par un radio­mes­sage de Pie XII (cf. p. 456) ; une messe célé­brée le 1er novembre 1951 en la basi­lique de Saint-​Pierre par le car­di­nal Tisserant avec assis­tance pon­ti­fi­cale de Pie XII.[]
  3. Registrum Epistularum I, 25, al. 24, PL. 77, 478 ; ed. Ewald, I, 56.[]
  4. Nestorius, évêque d’Antioche, fut sacré évêque de Constantinople en 428. Celui-​ci pro­fes­sa que, dans le Christ, il y avait deux per­sonnes et que la Vierge n’é­tait mère que de la per­sonne humaine du Christ. En En 430, Nestorius était condam­né par le pape saint Célestin et le Concile d’Ephèse défi­nis­sait l’u­ni­té de la per­sonne du Christ.[]
  5. Leo M. ad Flavianum, Ep. 28, I ; PL. 54 ; 755 s.[]
  6. Cf. Flavianus ad Leonem M., Ep. 26 ; PL 54, 745.[]
  7. Valentin et Apollinaire, théo­lo­giens du IVe siècle qui niaient que le Christ ait deux natures.[]
  8. Saint Flavien était évêque de Constantinople ; dès 448, il réfute les erreurs d’Euty­chès et invite les évêques à pro­cla­mer leur foi dans les deux natures et l’u­nique per­sonne du Christ.[]
  9. Eusèbe, évêque de Dorylée, dénon­ça les erreurs d’Eutychès et pro­vo­qua la réunion d’un Concile par­ti­cu­lier à Constantinople en 448 où Eutychès est condam­né.[]
  10. Eutychès condam­né en appelle à Rome au pape saint Léon qui confirme les déci­sions de Constantinople et convoque un Concile géné­ral.[]
  11. S. Leonis M., Ep. 28, 5 (PL. 54, 777).[]
  12. Dioscore, évêque d’Alexandrie, avait pris fait et cause en faveur d’Eutychès.[]
  13. Théodoret de Cyr, par­ti­san de l’or­tho­doxie, fut dépo­sé par le synode.[]
  14. Schwartz, Acta Conciliorum Œcumenicorum, II, vol. II ; pars. prior, p. 78.[]
  15. Theodoretus ad Leonem M., Ep. 52, I, 5, 6 ; PL. 54, 847 et 851 ; cf. PG. 83, 1311 s. et 1315 s.[]
  16. Théodose II est empe­reur de Constantinople. Pulchérie est la sœur de l’empereur et jouis­sait d’une grande influence.[]
  17. Valentinien est empe­reur d’Occident.[]
  18. Mansi, Conciliorum amplis­si­ma col­lec­tio, VI, 1.047, act. III ; Schwartz, II, vol. I, pars alte­ra, p. 29 (225), act. II.[]
  19. Synodus Chalcedonensis ad Leonem M., Ep. 98, I ; PL. 54, 951 ; Mansi, VI, 147.[]
  20. Anatolius ad Leonem M., Ep. 132, 4 ; PL. 54, 1084 ; Mansi, VI, 278 s.[]
  21. Mansi, VII, 147.[]
  22. Schwartz. II, vol. I ; pars alte­ra, p. 81 (277), act. III ; Mansi, VI, 971, act. II.[]
  23. S. Leonis M., Ep. 28, 6 ; PL. 54, 777.[]
  24. Ibid.[]
  25. Ep. 28, 5 ; PL. 54, 771 ; cf. Augustinus, Contra ser­mo­nem Arianorum, c. 8, PL. 42, 688.[]
  26. Ep. 28, 3 ; PL. 54, 763. Cf. S. Leonis M., Serm. 21, 2, PL. 54, 192.[]
  27. Ep. 28, 3 ; PL. 54, 765 ; cf. Serm. 23, 2, PL. 54, 201.[]
  28. Ep. 28, 4, PL. 54, 767.[]
  29. Ibid.[]
  30. Mansi, VII, 114 et 115.[]
  31. Aujourd’hui, il y a encore des mono­phy­sites. Les patriarches d’Alexandrie persé­vèrent dans l’er­reur d’Eutychès et une hié­rar­chie dis­si­dente fut orga­ni­sée et des Eglises monophysites-​syriennes furent fon­dées. De même, des groupes des Eglises d’Arménie et d’Ethiopie se ran­gèrent du côté mono­phy­site.[]
  32. Ita Nerses IV († 1173), in Libella confes­sio­nis fidei, ad Alexium supre­mum exer­ci­tus byzan­ti­ni Ducem : I. Cappelletti, S. Narsetis Claiensis, Armenorum Catholici, ope­ra, I ; Venetiis, 1833, pp. 182, 183.[]
  33. Ps. CXXXII, 1.[]
  34. Cf. Is., LIV, 11.[]
  35. Cf. Eph., II, 20.[]
  36. EP. 28, 3 ; PL. 54, 763. Cf. Serm. 23, 2, PL. 54, 201.[]
  37. C’est pour ce motif qu’un article du R. P. Seiller fut mis à l’in­dex (cf. p. 295).[]
  38. Ep. 152, PL. 54, 1123.[]
  39. S. Thomas, Comm. in Ep. ad Ephesios, c. IV ; lect. III cir­ca finem.[]
  40. S. Leonis M., Serm. 30, 6, PL. 54, 233, s.[]
  41. Cf. Cant. II, 11, s.[]
  42. Il y a encore des nes­to­riens ; en effet, des dis­ciples de Nestorius ins­tal­lèrent en Perse une Eglise dis­si­dente qui compte encore des adeptes.[]
  43. S. Leonis M., Serm. 72, 1, PL. 54, 390.[]