Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 17 juin 1939
Au moment d’invoquer sur les jeunes époux l’abondance des bénédictions divines, Nous aimons à croire que, au moins pour nombre d’entre eux, Nous aimerions dire pour tous, le rite nuptial s’est achevé, selon la pieuse coutume des noces chrétiennes, dans la Communion eucharistique. Quoi qu’il en soit, profitant de l’heureux retour de la Fête-Dieu, que l’Église célébrera demain, Nous voulons vous indiquer, chers enfants, dans la sainte Communion un moyen efficace entre tous de conserver les fruits bienfaisants de la grâce que le sacrement de mariage vous a communiquée.
Toute âme chrétienne a besoin de l’Eucharistie, selon la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jean, VI, 54–55).
La Communion eucharistique a donc pour effet d’alimenter l’union sanctifiante et vivifiante de l’âme avec Dieu, de maintenir et de fortifier la vie spirituelle et intérieure, d’empêcher que durant le voyage et le combat de cette terre les fidèles ne viennent à manquer de la vie que le baptême leur a communiquée.
C’est par la sainte Communion que Jésus-Christ veut enrichir les âmes de ces biens si précieux : bienheureux ceux qui obéissent aux intentions de son amour et savent user de ce moyen si puissant de sanctification et de salut !
De ces secours les époux chrétiens ont un besoin spécial, eux qui ont conscience de leurs graves devoirs et qui sont résolus de s’en acquitter avec soin.
Une réunion de corps ne suffit pas à établir la famille : elle repose sur le fondement de la communauté des âmes, sur une intime union de paix et d’amour mutuels. Or, l’Eucharistie est, selon la belle expression de saint Augustin, signe d’unité et lien de charité signum unitatis, vinculum caritatis ; elle unit, elle soude les cœurs. Pour supporter les charges, les épreuves, les douleurs communes, qui n’épargnent aucune famille, même bien ordonnée, il est besoin d’énergies quotidiennes ; la Communion eucharistique est génératrice de force, de courage, de patience ; et avec la douce joie qu’elle répand dans les âmes bien disposées, elle dispense le trésor le plus précieux des familles : la sérénité.
Nous Nous réjouissons, chers enfants, à la pensée que rentrés dans vos cités, vos villages, vos paroisses, vous donnerez le bel et édifiant spectacle de vous approcher souvent de la Table eucharistique et que vous rapporterez de l’église à votre foyer Jésus, et avec Jésus tous les biens.
Ce sera ensuite le tour de vos enfants, des petits que vous éduquerez et formerez dans la même foi et le même amour, dans la foi et l’amour de l’Eucharistie. Convaincus qu’il n’est pas de meilleur moyen de sauvegarder l’innocence de vos enfants, vous les conduirez à temps à la Table sainte. Vous les amènerez avec vous à l’autel pour recevoir Jésus, et il n’y aura point pour eux de leçon plus éloquente et plus persuasive que votre exemple. Nous pensons avec joie à tout cela et Nous en souhaitons de tout cour la consolante réalisation. Afin que ces vœux s’accomplissent, recevez-en un gage dans Notre paternelle bénédiction.
PIE XII, Pape.