Au noble Miramolinus, connaître le chemin de la vérité et y demeurer fidèlement.
Dans une autre lettre que nous avons fait parvenir à ta grandeur par nos chers fils, les frères de l’ordre des Mineurs, te montrant la vérité de la foi chrétienne, nous suppliions comme nous le pouvons le père des lumières que, considérant avec la clémence qui est la sienne l’élan de notre intention, il se montre accueillant et favorise avec bonté nos prières, et qu’il ouvre les oreilles de ton cœur afin que, comme nous le désirons ardemment pour toi, tu acquières la grâce dans le présent et la gloire dans l’avenir, dans la dévotion du cœur et l’humilité de l’esprit.
Nous désirons et nous voulons ardemment que, à toi qui marche dans les ténèbres, la vraie lumière montre son fils unique, et qu’elle t’appelle avec miséricorde à la foi de la vérité chrétienne dans la reconnaissance de son fils le Seigneur Jésus-Christ, afin que, purifié par le baptême de régénération tu t’attaches à plaire à Dieu dans une nouvelle vie, comme son fils adoptif, lui qui veut régner avec ses fidèles dans le royaume des cieux. Et plût au ciel que la confiance que nous avons conçue ne soit pas trompée, espérant d’après tes propos que tu te montres accueillant et bien disposé envers les religieux de notre foi et spécialement notre vénérable frère A[gnellus], évêque de Fès, et les autres frères de l’ordre des Mineurs, et que tu les honores avec suffisamment de bienveillance, ce qui sera un signe clair de la miséricorde divine en vue de ton salut. C’est pourquoi, l’évêque et les frères susdits te portant une bien sincère affection dans le Christ, s’emploient à promouvoir auprès du Seigneur et du Siège apostolique ton profit tant temporel qu’éternel avec l’amour et le zèle d’une piété inlassable. Enfin, comme les richesses de la bonté du Christ sont ineffables, tu dois avoir le ferme espoir et la pleine confiance que si un changement s’opère en tout par la droite du très-haut, ce que nous souhaitons et désirons, celui-ci augmentera l’honneur de ton règne, lui qui promet à ceux qui l’aiment le centuple ici-bas et la vie éternelle dans le monde à venir ; quant à nous, nous te confions des choses plus grandes et plus dignes, de sorte que ta magnificence et ton renom soient plus amples.
Sinon, si par hasard tu préférais être l’ennemi plutôt que l’ami du Christ, nous ne souffririons en aucune manière, comme nous ne devons le souffrir, que tu sois servi par ses fidèles.
Donné au Latran le VI des calendes de juin, la septième année.
Source : Pierre Guichard & Denis Menjot, Pays d’Islam et Monde Latin, pp. 186–190 – K.-E. Lupprian, ibid, p. 128–129 (coll. Studi e Testi, 291)