Donné à Rome, près Saint-Pierre en la fête de l’Invention de la Sainte Croix, le 3 mai de l’an 1932
A nos vénérables frères Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres Ordinaires des lieux, demeurant en paix et en communion avec le Siège apostolique
Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction apostolique !
La charité du Christ Nous poussait, le 2 octobre de l’année passée, à inviter, par l’Encyclique Nova impendet, tous les fils de l’Église catholique, tous les hommes de cœur à s’unir dans une sainte croisade d’amour et d’aide mutuelle pour alléger quelque peu les terribles conséquences de la crise économique, dans laquelle se débat le genre humain. Et c’est vraiment avec un accord et un élan admirables qu’ont répondu à Notre appel la générosité et l’activité de tous. Mais le mal est allé croissant, le nombre des chômeurs a augmenté dans presque tous les pays, et les partis avides de bouleversement en profitent pour leur propagande ; aussi l’ordre public est-il toujours plus menacé, et les dangers du terrorisme et de l’anarchie pèsent-ils toujours plus graves sur la société.
Dans un tel état de choses, la même charité du Christ Nous presse de Nous adresser de nouveau à vous, Vénérables Frères, à vos fidèles, au monde entier, pour exhorter tous les hommes à s’unir et à s’opposer de toutes leurs forces aux maux qui accablent toute l’humanité et à ceux, encore pires, qui la menacent..
L’ampleur de la crise actuelle
2. Si nous remontons, par la pensée, la longue et douloureuse suite de maux qui, triste héritage du péché, ont marqué pour l’homme déchu les étapes du pèlerinage terrestre, difficilement, depuis le Déluge, rencontrons-nous une crise spirituelle et matérielle aussi profonde, aussi universelle que celle que nous traversons maintenant : les plus grands fléaux eux-mêmes, ceux dont les traces sont restées indélébiles dans la vie et dans la mémoire des peuples, s’abattaient tantôt sur l’une nation, tantôt sur l’autre. Maintenant, au contraire, c’est l’humanité entière qui se trouve étreinte par la crise financière et économique et de façon si tenace que, plus elle cherche à se dégager, plus ses liens semblent impossibles à rompre : il n’y a pas de peuple, il n’y a pas d’État, de société ou de famille, qui ne soit plus ou moins gravement accablé par les calamités ou ne sente le contrecoup de celles des autres.
Ceux-là mêmes, un tout petit nombre, qui semblent avoir entre leurs mains, avec les richesses les plus démesurées, les destinées du monde, ces quelques hommes eux-mêmes qui, par leurs spéculations, ont été et restent en grande partie la cause d’un tel mal, en sont bien souvent, eux aussi, les premières et scandaleuses victimes, entraînant avec eux dans l’abîme les fortunes d’une masse innombrable d’autres hommes ; et ainsi se vérifie terriblement pour le monde entier ce que le Saint-Esprit avait déjà proclamé de chaque pécheur en particulier : Ce qui sert à l’homme pour pécher, sert aussi à son châtiment. [1]
La cupidité racine de tous les maux
3. Déplorable condition des choses, Vénérables Frères, qui fait gémir Notre cœur de Père et Nous fait sentir toujours plus intimement le besoin d’exprimer selon la mesure de Notre petitesse les sublimes sentiments du Sacré-Cœur de Jésus : J’ai pitié de cette foule. (Marc. viii, 2.)
Mais encore plus déplorable est la racine d’où naît cette lamentable condition de choses : car si ce que le Saint-Esprit affirme par la bouche de saint Paul est toujours vrai : La racine de tous les maux est l’amour de l’argent [2], combien plus cette parole s’applique-t-elle au cas présent ! N’est-ce pas, en effet, cette avidité des biens de cette vie que le poète païen appelait déjà dans sa juste indignation auri sacra fames ; n’est-ce pas ce sordide égoïsme qui trop souvent préside aux relations individuelles et sociales ; n’est-ce pas, en somme, la cupidité, quelles qu’en soient l’espèce et la forme, qui a entraîné le monde aux extrémités que tous nous voyons et déplorons ? De la cupidité, en effet, naît la mutuelle défiance qui stérilise toutes les relations des hommes entre eux ; de la cupidité, l’odieuse jalousie qui fait considérer comme un dommage pour soi tout avantage d’autrui ; de la cupidité, le mesquin individualisme qui utilise et subordonne tout à son avantage propre, sans s’occuper des autres, bien plus, en foulant cruellement tous leurs droits. De là, ce désordre et ce déséquilibre injuste par lequel on voit les richesses des nations accumulées entre les mains de quelques individus qui règlent, selon leur caprice, le marché mondial, pour l’immense dommage des masses, comme nous l’avons exposé l’année dernière dans Notre Encyclique Quadragesimo anno.
4. Que si ce même égoïsme, abusant du légitime amour de la patrie et poussant à l’exagération ce sentiment de juste nationalisme que l’ordre légitime de la charité chrétienne non seulement ne désapprouve pas, mais sanctifie et vivifie en le réglant, si cet égoïsme s’insinue dans les relations entre peuple et peuple, il n’y a plus d’excès qui ne semble justifié, et ce qui entre individus serait par tous estimé condamnable est dès lors considéré comme permis et digne de louanges, du moment qu’on l’accomplit au nom de ce nationalisme exagéré.
À la place de la grande loi de l’amour et de la fraternité humaine, qui embrasse toutes les races et tous les peuples et les unit en une seule famille sous un seul Père qui est dans les cieux, c’est la haine qui s’insinue et pousse tout à la ruine. Dans la vie publique, on foule aux pieds les principes sacrés qui étaient la règle de toute vie en société, on en vient à saper les solides fondements du droit et de la fidélité sur lesquels devrait s’appuyer l’État, on voit contaminer et tarir les sources de ces vieilles traditions qui, dans la foi en Dieu et la fidélité à Sa loi, voyaient les bases les plus sûres pour le vrai progrès des peuples.
La guerre ouverte contre Dieu
5. Profitant d’un si grand malaise économique et d’un si grand désordre moral, les ennemis de tout ordre social, quel que soit leur nom : communistes ou autres – et cela est le mal le plus redoutable de notre temps – s’emploient avec audace à rompre tout frein, à briser tout lien imposé par une loi divine ou humaine, à engager, ouverte ou sournoise, la lutte la plus acharnée contre la religion, contre Dieu même, en exécutant ce programme diabolique : bannir du cœur de tous, même des enfants, toute idée et tout sentiment religieux, car ils savent fort bien qu’une fois enlevée du cœur des hommes la foi en Dieu, ils pourront faire tout ce qu’ils voudront. Et ainsi, nous voyons aujourd’hui ce qui ne se vit jamais dans l’histoire : le drapeau de la guerre satanique contre Dieu et contre la religion effrontément déployé par la rage abominable des impies à travers tous les peuples et dans toutes les parties de l’univers.
6. Il n’a jamais manqué de méchants ; il n’a même jamais manqué de négateurs de Dieu : mais ceux-ci étaient relativement peu nombreux, isolés, et constituant des exceptions ; ils n’avaient pas l’audace ou ne croyaient pas opportun de révéler trop ouvertement leur mentalité impie, ainsi que semble vouloir insinuer lui-même l’auteur des Psaumes quand il s’écrie : L’insensé dit dans son cœur : Il n’y a pas de Dieu ! [3]. L’impie, l’athée, individualité au milieu de la multitude, nie Dieu, son Créateur, mais dans le secret de son cœur.
Aujourd’hui, au contraire, l’athéisme a déjà pénétré dans de larges masses humaines : avec ses organisations, il s’insinue aussi dans les écoles populaires, se manifeste au théâtre, et utilise, pour une plus large diffusion, les inventions les plus récentes, films cinématographiques, phonographe, concerts et conférences radiophoniques ; il a ses librairies à lui ; il imprime des opuscules dans toutes les langues, organise des cortèges publics, des expositions de documents et monuments de son impiété. Bien plus, il a constitué des partis politiques à lui, des formations économiques et militaires à lui.
L’infernale propagande de l’athéisme.
Cet athéisme organisé et militant travaille inlassablement par l’organe de ses agitateurs, au moyen de conférences et d’images, avec tous les procédés de propagande occulte et ouverte dans toutes les classes, sur toutes les voies publiques ; il donne à cette activité néfaste l’appui moral de ses propres Universités et enlace les imprudents dans les liens puissants de ses fortes organisations. À voir tant d’activité mise au service d’une cause détestable, elle Nous vient en réalité spontanément à l’esprit et aux lèvres la plainte attristée du Christ : Les enfants de ce siècle sont plus habiles entre eux que les enfants de la lumière. (Luc. xvi, 8.)
7. De plus, les chefs de toute cette campagne d’athéisme, tirant parti de la crise économique actuelle, cherchent avec une dialectique infernale à faire croire aux masses que Dieu et la religion sont la cause de cette misère universelle. La Croix sainte de Notre-Seigneur, symbole d’humilité et de pauvreté, se trouve associée aux symboles de l’impérialisme moderne, comme si la religion était alliée à ces forces ténébreuses qui produisent tant de maux parmi les hommes.
Ils essayent ainsi, et non sans succès, d’unir la lutte contre Dieu avec la lutte pour le pain quotidien, avec le désir de posséder en propre un coin de terre, d’avoir des salaires convenables, des habitations décentes, en somme une condition de vie digne de l’homme.
Pour comble de malice, les aspirations les plus légitimes et les plus nécessaires comme les instincts les plus brutaux, tout sert à leur programme antireligieux, comme si les lois éternelles promulguées par Dieu étaient en opposition avec le bien de l’humanité, et comme s’il n’en était pas, au contraire, le seul protecteur sûr ; comme si les forces humaines, même avec les moyens de la technique moderne, étaient capables d’introduire contre la volonté du Dieu tout-puissant un ordre de choses nouveau et meilleur.
8. Hélas ! tant de millions d’hommes, croyant lutter pour l’existence, s’attachent à de telles théories dans un renversement total de la vérité, et vocifèrent contre Dieu et la religion. Et ces assauts ne sont pas dirigés seulement contre la religion catholique, mais aussi contre quiconque reconnaît Dieu comme Créateur du ciel et de la terre et comme Maître absolu de toutes choses. Quant aux sociétés secrètes, toujours prêtes à soutenir les ennemis de Dieu et de l’Église, quels qu’ils soient, elles ne manquent pas de raviver toujours davantage cette haine insensée, qui ne peut donner ni la paix ni le bonheur, mais qui conduira certainement à la ruine.
9. Ainsi, cette nouvelle forme d’athéisme, tandis qu’elle déchaîne les plus violents instincts de l’homme, proclame avec une cynique impudence qu’il n’y aura ni paix ni bien-être sur terre tant que ne sera pas arraché jusqu’au dernier reste de religion, et supprimé son dernier fidèle. Comme s’ils croyaient pouvoir étouffer l’admirable concert dans lequel la créature chante la gloire du Créateur (Ps. xviii, 2.).
Le grand remède : la prière
Motifs d’espérance
10. Nous savons parfaitement, Vénérables Frères, que tous ces efforts sont vains et qu’à l’heure fixée par lui Dieu se lèvera et ses ennemis seront dissipés (Ps. lxviii, 2.) ; nous savons que les portes de l’enfer ne prévaudront pas [4] ; nous savons que notre divin Rédempteur, comme il l’a prédit lui-même, frappera la terre de la verge de sa bouche et par le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant [5] et que surtout terrible sera pour ces malheureux l’heure où ils tomberont dans les mains de Dieu vivant (Heb. x, 31.).
11. Cette confiance inébranlable dans le triomphe final de Dieu et de l’Église se trouve, par l’infinie bonté de Notre-Seigneur, tous les jours raffermie en nous au consolant spectacle du généreux élan vers Dieu d’âmes innombrables dans toutes les parties du monde et toutes les classes de la société. C’est vraiment un souffle puissant du Saint-Esprit qui passe en ce moment sur la terre, attirant les âmes, de jeunes gens en particulier, vers le plus haut idéal chrétien, les élevant au-dessus de tout respect humain, les rendant prêts à tous les sacrifices, même les plus héroïques ; c’est un souffle divin qui secoue toutes les âmes, fût-ce malgré elles, et fait éprouver une inquiétude intime, une vraie soif de Dieu, même à celles qui n’osent pas l’avouer.
Notre appel aux laïques à collaborer avec l’apostolat hiérarchique dans les rangs de l’Action Catholique a été lui aussi docilement et généreusement écouté : dans les villes et dans les campagnes le nombre va sans cesse croissant de ceux qui s’emploient de toutes leurs forces à répandre les principes chrétiens et à les faire passer en pratique jusque dans la vie publique, s’appliquant eux aussi à appuyer leurs paroles par les exemples d’une vie sans reproche.
12. Toutefois, devant une telle impiété, une telle ruine de toutes les traditions les plus saintes, une telle perte d’âmes immortelles, un tel mépris de la Majesté Divine, Nous ne pouvons pas, Vénérables Frères, ne pas laisser s’épancher toute l’amère douleur que Nous en ressentons ; Nous ne pouvons pas ne pas élever Notre voix et ne pas prendre, avec toute l’énergie de Notre cœur apostolique, la défense des droits de Dieu foulés aux pieds et des sentiments les plus sacrés du cœur humain, pour qui Dieu est un besoin absolu. D’autant plus que ces troupes pleines de l’esprit diabolique ne se contentent pas de vociférer, mais unissent toutes leurs forces pour réaliser au plus tôt leur néfaste entreprise. Malheur à l’humanité, si Dieu, outragé à ce point par ses créatures, laissait dans sa justice libre cours à cette inondation dévastatrice et s’en servait comme de verges pour le châtiment du monde !
Le choix s’impose : pour Dieu ou contre Dieu
13. Il est donc nécessaire, Vénérables Frères, qu’inlassablement nous élevions une muraille autour de la maison d’Israël [6] unissant, nous aussi, toutes nos forces en un groupe compact, qui oppose un front unique et solide aux phalanges malfaisantes, ennemies de Dieu aussi bien que du genre humain. Dans cette lutte, en effet, il s’agit de la décision la plus importante qui puisse être demandée à la liberté humaine : pour Dieu ou contre Dieu, c’est là de nouveau le choix qui doit décider du sort de toute l’humanité : dans la politique, dans les questions économiques, dans la morale, dans la science, dans l’art, dans l’État, dans la société, dans la famille, en Orient et en Occident, partout ce problème se présente comme décisif, par les conséquences qui en dérivent. Au point que les représentants mêmes d’une conception entièrement matérialiste du monde voient sans cesse reparaître devant eux cette question de l’existence de Dieu qu’ils croyaient écartée pour toujours, et dont ils sont toujours obligés de reprendre la discussion.
14. Nous conjurons donc dans le Seigneur aussi bien les individus que les nations de vouloir, en face de tels problèmes et dans un moment de luttes si acharnées et si vitales pour l’humanité, laisser de côté cet étroit individualisme, ce bas égoïsme qui aveugle les esprits les plus perspicaces et stérilise les initiatives les plus nobles, pour peu qu’elles sortent d’un cercle étroit de petits intérêts particuliers ; qu’ils s’unissent tous, au prix même de lourds sacrifices pour leur propre salut et pour celui de l’humanité entière.
Dans une telle union d’esprits et de forces, ceux-là, naturellement, doivent être les premiers qui se glorifient du nom de chrétiens, fidèles à la glorieuse tradition des temps apostoliques, quand la multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme [7] ; mais que tous ceux qui admettent encore un Dieu et lui adressent leurs adorations apportent, eux aussi, leur concours sincère et cordial, afin d’éloigner de l’humanité le grand danger qui la menace tout entière. La croyance en Dieu est, en effet, sur la terre le fondement inébranlable de tout ordre social et toute autorité humaine ; tous ceux donc qui ne veulent pas de l’anarchie et du terrorisme doivent s’employer énergiquement à empêcher les ennemis de la religion d’atteindre leur but si fortement et si ouvertement proclamé.
Les moyens humains
15. Nous savons, Vénérables Frères, que dans cette lutte pour la défense de la religion il faut avoir recours à tous les moyens humains légitimes qui sont en notre pouvoir. C’est pour cela que, suivant les traces lumineuses de Notre prédécesseur de sainte mémoire Léon XIII, Nous avons, dans Notre Encyclique Quadragesimo anno, revendiqué si énergiquement une plus juste répartition des biens de la terre, et marqué les moyens les plus efficaces pour faire retrouver santé et force au corps social si malade et rendre le repos et la paix à ses membres souffrants. L’irrésistible aspiration à trouver même sur la terre le bonheur convenable n’est-elle pas mise dans le cœur de l’homme par le Créateur de toutes choses, et le christianisme n’a‑t-il pas toujours reconnu et favorisé tous les justes efforts de la vraie civilisation et du progrès bien compris pour le perfectionnement et le développement de l’humanité ?
Ils ne suffisent pas
16. Mais, en face de cette haine satanique contre la religion, qui fait penser au mystère d’iniquité [8] dont parle saint Paul, les seuls moyens humains et les ressources de la prévoyance des hommes ne suffisent plus : Nous croirions, Vénérables Frères, manquer à Notre charge apostolique, si Nous ne rappelions pas à l’humanité ces merveilleux mystères de la lumière qui seuls recèlent en eux les forces nécessaires pour dominer le déchaînement des puissances des ténèbres. Lorsque Notre-Seigneur, descendant des splendeurs du Thabor, guérit l’enfant tourmenté par le démon et que les disciples n’avaient pu guérir, à leur humble demande : Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? Il répondit par ces mémorables paroles : Ce genre de démon n’est chassé que par le jeûne et la prière [9]. Il nous semble, Vénérables Frères, que ces divines paroles s’appliquent exactement aux maux de notre temps, qui ne peuvent être conjurés que par la prière et la pénitence.
La prière est le grand remède
17. Nous souvenant donc de notre condition d’êtres essentiellement limités et absolument dépendant de l’Être suprême, recourons avant tout à la prière. Nous savons par la foi combien grande est la puissance de la prière humble, confiante, persévérante : à aucune autre œuvre de piété le Dieu Tout-Puissant n’a jamais attaché de promesses aussi amples, aussi universelles, aussi solennelles qu’à la prière. Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe (Matth. vii, 7–8.).
En vérité, en vérité, je vous le dis ; Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera. (Jo. xvi, 23.)
18. Et quel objet plus digne de notre prière et convenant mieux à la personne adorable de Celui qui est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus fait homme (I Tim. ii, 5.), que de l’implorer pour la conservation sur terre de la foi dans le seul Dieu vivant et vrai ? Une telle prière porte déjà en elle-même une part de son exaucement, puisque là où prie un homme, là il s’unit à Dieu et pour ainsi dire maintient déjà vivante sur la terre l’idée de Dieu. L’homme qui prie, par l’humilité même de son attitude, professe devant le monde sa foi dans le Créateur et Seigneur de toutes choses ; en outre, lorsqu’il le fait en commun avec autrui et non plus en particulier, par cela seul, il reconnaît que non seulement l’individu, mais aussi la société humaine ont au-dessus d’eux un Maître suprême et absolu.
19. Quel spectacle n’offre pas au ciel et à la terre l’Église en prières ! Sans interruption, le jour entier et la nuit entière, se répète sur la terre la divine psalmodie des chants inspirés ; il n’est pas d’heure du jour qui ne soit sanctifiée de sa liturgie spéciale ; il n’est pas de période, brève ou courte, de la vie, qui n’ait une place dans l’action de grâces, dans la louange, dans les demandes, dans la réparation de cette prière commune du Corps mystique du Christ, qui est l’Église. Ainsi la prière elle-même assure la présence de Dieu parmi les hommes, comme le promit le divin Rédempteur : Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. (Matth. xviii, 20.)
La prière source de paix intérieure et extérieure
20. La prière, de plus, fera précisément disparaître la cause elle-même des difficultés actuelles, signalées plus haut par Nous. Nous voulons dire l’insatiable cupidité des biens terrestres. L’homme qui prie regarde en haut, vers les biens du ciel, qu’il médite et désire ; tout son être se plonge dans la contemplation de l’ordre admirable établi par Dieu, qui ne connaît pas la passion des vains succès ni les vaines luttes pour une vitesse toujours plus grande ; et ainsi, comme spontanément, se rétablira cet équilibre entre le travail et le repos qui, au grand dommage de la vie physique, économique et morale, manque totalement à la société d’aujourd’hui. Si ceux qui, par suite d’une excessive surproduction, ont été jetés dans le chômage et le dénuement, voulaient donner le temps convenable à la prière, travail et production rentreraient bien vite dans les limites convenables, et la lutte qui divise actuellement l’humanité en deux grandes armées de combattants pour la défense d’intérêts passagers, ferait place à la lutte noble et pacifique pour l’acquisition des biens célestes et éternels.
21. De la sorte s’ouvrirait aussi la voie vers la paix tant désirée, comme l’indique heureusement saint Paul, lorsqu’il unit précisément le précepte de la prière avec les saints désirs de la paix et du salut de tous les hommes : Avant tout, j’exhorte donc à faire des prières, des supplications, des intercessions, des actions de grâces pour les âmes, pour les rois et pour ceux qui sont constitués en dignité, afin que nous passions une vie paisible en toute tranquillité et honnêteté. Cela est bon et agréable aux yeux de Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. (I Tim. ii, 1–4.)
22. C’est pour tous les hommes qu’on doit implorer la paix, mais spécialement pour ceux qui, dans la société humaine, ont les graves responsabilités du gouvernement : comment pourraient-ils donner la paix à leurs peuples, s’ils ne l’ont pas eux-mêmes ? Et c’est précisément la prière, qui, suivant l’Apôtre, doit apporter le don de la paix : la prière, qui s’adresse au Père céleste qui est père de tous les hommes ; la prière, qui est l’expression commune des sentiments de famille, de cette grande famille qui s’étend au-delà des frontières de tous les pays et de tous les continents.
23. Des hommes qui, dans toute nation, prient le même Dieu pour la paix sur la terre ne peuvent pas être en même temps les agents de la discorde entre les peuples ; des hommes qui se tournent, dans la prière, vers la divine Majesté ne peuvent pas fomenter cet impérialisme nationaliste qui, de chaque peuple, fait son propre Dieu : des hommes qui jettent leur regard vers le Dieu de paix et d’amour (II Cor. xiii, 11.), qui s’adressent à lui par l’intermédiaire du Christ qui est Pax nostra (Eph. ii, 14.), ne s’accorderont pas de repos jusqu’à ce que, finalement, la paix, que le monde ne peut pas donner, descende de l’Auteur de tout bien sur les hommes de bonne volonté (Luc. ii, 14.).
La paix soit avec vous (Jo. xx, 19, 26.) fut le salut pascal du Seigneur à ses apôtres et à ses premiers disciples ; ce salut béni, de ces premiers temps jusqu’à nous, n’a jamais cessé dans la liturgie sacrée de l’Église, et aujourd’hui plus que jamais, c’est lui qui doit réconforter et soulager les cœurs humains ulcérés et oppressés.
Il faut joindre la pénitence à la prière
24. Mais à la prière doit aussi se joindre la pénitence, l’esprit de pénitence et la pratique de la pénitence chrétienne. C’est là l’enseignement du divin Maître, dont la première prédication fut précisément la pénitence : Jésus commença à prêcher, disant : Faites pénitence (Matth. iv, 17.).
C’est aussi l’enseignement de toute la tradition chrétienne, de toute l’histoire de l’Église : dans les grandes calamités, dans les grandes épreuves de la chrétienté, lorsque le besoin du secours divin se faisait plus urgent, les fidèles, soit spontanément, soit plus souvent mus par l’exemple et les exhortations de leurs pasteurs, ont toujours pris en main l’une et l’autre des deux plus puissantes armes spirituelles : la prière et la pénitence. Grâce à cet instinct religieux par lequel le peuple chrétien se laisse guider presque sans le savoir, lorsque les semeurs de zizanie ne viennent pas le dévoyer, et qui du reste n’est pas autre chose que ce sens du Christ [10] dont parle l’Apôtre, les fidèles ont toujours en pareil cas senti aussitôt le besoin de purifier leurs âmes du péché par la contrition du cœur et par le sacrement de la réconciliation, et d’apaiser aussi la divine justice par des œuvres extérieures de pénitence.
Vertus méprisées qu’il faut remettre en honneur
25. Nous le savons, assurément, et Nous le déplorons avec vous, Vénérables Frères, de nos jours l’idée et les mots mêmes d’expiation et de pénitence ont, auprès de beaucoup d’âmes, perdu en grande partie le pouvoir de susciter ces élans de cœur et ces héroïsmes de sacrifices qu’ils savaient inspirer en d’autres temps, quand ils se présentaient aux yeux des hommes de foi marqués d’un caractère divin par les exemples du Christ et de ses saints : il ne manque pas d’hommes qui voudraient qu’on laissât de côté les mortifications comme choses d’un autre âge ; sans même parler de l’homme moderne qui, au nom de l’autonomie de la volonté, méprise orgueilleusement la pénitence comme un acte servile. Il est, en effet, bien naturel que plus s’affaiblit la foi en Dieu, plus devienne confuse et finisse par disparaître l’idée d’une faute originelle et d’une révolte primitive de l’homme contre Dieu, et que par suite plus encore se perde la pensée d’une nécessité de la pénitence et de l’expiation.
26. Mais Nous, Vénérables Frères, Nous devons en vertu de Notre charge pastorale maintenir bien haut ces mots et idées et les conserver dans leur vraie signification, dans leur authentique noblesse, et plus encore procurer leur application pratique à la vie chrétienne.
La défense même de Dieu et de la religion pour laquelle Nous combattons Nous en fait un devoir : la pénitence, en effet, est par sa nature même une reconnaissance et une restitution de l’ordre moral dans le monde, de cet ordre moral qui se fonde sur la loi éternelle, c’est-à-dire sur le Dieu vivant. Qui satisfait à Dieu pour le péché reconnaît par là-même la sainteté des principes suprêmes de la morale, leur force propre d’obligation, la nécessité d’une sanction contre leur violation.
27. C’est assurément une des erreurs les plus dangereuses de notre temps que d’avoir prétendu séparer la morale de la religion, enlevant ainsi toute base solide à n’importe quelle législation. Cette erreur d’ordre intellectuel pouvait peut-être passer inaperçue et sembler moins dangereuse tant qu’elle n’était le fait que d’un petit nombre, et que la foi en Dieu était encore un patrimoine commun de l’humanité et restait tacitement supposée même de ceux qui n’en faisaient plus une profession explicite.
Mais aujourd’hui, quand l’athéisme se répand dans les masses populaires, les terribles conséquences de cette erreur deviennent chaque jour plus tangibles et se montrent partout. À la place des lois morales qui disparaissent avec la perte de la foi en Dieu, c’est le règne de la force brutale, foulant aux pieds tous les droits. Les antiques vertus de fidélité et d’honnêteté dans la conduite personnelle et dans les relations avec autrui, si louées même par les rhéteurs et poètes païens, font place aujourd’hui à des spéculations sans retenue et sans conscience, aussi bien dans les affaires propres de chacun que dans celles des autres. Et de fait, comment peut tenir un contrat quelconque, et quelle valeur peut avoir un traité, là où manque toute garantie de conscience ? Et comment peut-on parler de garantie de conscience, là où a disparu toute foi en Dieu, toute crainte en Dieu ? Enlevée cette base, toute loi morale s’écroule avec elle, et il n’y a plus aucun remède qui puisse empêcher de se produire, peu à peu, mais inévitablement, la ruine des peuples, des familles, de l’État, de la civilisation même.
La pénitence arme salutaire…
28. La pénitence est donc comme une arme de salut mise entre les mains des vaillants soldats du Christ, décidés à combattre pour la défense et le rétablissement de l’ordre moral dans l’univers. C’est une arme qui atteint la racine même de tous les maux, c’est-à-dire la concupiscence des biens matériels et des plaisirs désordonnés de la vie. Par des sacrifices volontaires, par des renoncements pratiques, même douloureux, par les diverses œuvres de pénitence, le chrétien vraiment généreux subjugue les viles passions qui tendent à l’entraîner à la violation de l’ordre moral. Mais si le zèle pour la loi divine et la charité fraternelle sont en lui aussi grands qu’ils doivent l’être, alors non seulement il s’applique à l’exercice de la pénitence pour son propre compte et pour ses péchés personnels, mais il prend encore sur lui d’expier les péchés d’autrui, à l’exemple des saints, qui souvent se sont faits victimes héroïques de réparation pour les péchés de générations entières ; mieux, à l’exemple du divin Rédempteur, devenu volontairement l’Agneau de Dieu qui porte les péchés du monde [11].
… et mystère de paix.
29. Mais ne se cache-t-il pas aussi, Vénérables Frères, dans cet esprit de pénitence, un suave mystère de paix ? Il n’y a pas de paix pour les impies [12], dit le Saint-Esprit, parce qu’ils vivent dans une lutte et une opposition incessante contre l’ordre voulu par la nature et par son Créateur. C’est seulement le jour où cet ordre sera rétabli, où tous les peuples, spontanément et fidèlement, le reconnaîtront et l’observeront, où les conditions de la vie à l’intérieur des peuples et les relations extérieures entre nations seront fondées sur cette base, c’est alors seulement que sera possible sur la terre une paix vraiment stable.
Au contraire, à créer cette atmosphère de paix durable, ne suffiront ni les traités de paix, ni les conventions les plus solennelles, ni les réunions et les conférences internationales, ni les efforts, même les plus nobles et les plus sincères, des hommes d’État, si d’abord on ne reconnaît pas les droits sacrés de la loi naturelle et divine. Aucun de ceux qui dirigent la vie économique des peuples, aucun talent d’organisation, ne pourra jamais dénouer pacifiquement les difficultés sociales, si d’abord, sur le terrain économique lui-même, ne triomphe la loi morale appuyée sur Dieu et sur la conscience. Là est la valeur fondamentale, source de toutes les valeurs dans la vie aussi bien économique que politique des nations ; c’est la « monnaie » la plus sûre : si on la conserve bien solide, toutes les autres seront stables, étant garanties par l’autorité la plus forte, par la loi de Dieu immuable et éternelle.
30. Mais pour les individus aussi la pénitence est fondement et source de paix véritable : elle les détache des biens terrestres et caducs, elle les élève jusqu’aux biens éternels, elle leur donne, au milieu même des privations et des adversités, une paix que le monde, avec toutes ses richesses et tous ses plaisirs, est incapable de donner. Un des chants les plus sereinement joyeux qui aient jamais été entendus dans cette vallée de larmes, n’est-il pas le célèbre Cantique du Soleil de saint François ? Or, celui qui le composa, qui l’écrivit, qui le chanta, fut un des plus austères parmi les disciples du Christ, le Pauvre d’Assise, qui ne possédait absolument rien sur la terre et portait sur son corps épuisé les stigmates douloureux de son Maître crucifié
31. Esprit de prière donc et esprit de pénitence, ce sont là les deux esprits puissants que Dieu nous envoie en ces jours pour ramener à lui l’humanité égarée qui erre çà et là sans conducteur ; ce sont là les deux esprits qui doivent faire disparaître et guérir la première et principale cause de toute révolte et de toute révolution, la révolte de l’homme contre Dieu. Mais ce sont les peuples eux-mêmes qui sont appelés à faire leur choix définitif : ou ils se livreront à ces bons et bienfaisants esprits, et ils se tourneront, humbles et repentants, vers leur Maître et leur Père miséricordieux, ou ils s’abandonneront, eux-mêmes et le peu de bonheur qui reste encore sar la terre, à la merci de l’ennemi de Dieu, à l’esprit de vengeance et de ruine spirituelle.
32. Il ne nous reste donc autre chose à faire que d’inviter ce pauvre monde qui a répandu tant de sang, qui a ouvert tant de tombes, qui a détruit tant de biens, qui a privé de pain et de travail tant d’hommes, il ne nous reste, disons-Nous, qu’à lui adresser les tendres paroles de la sainte liturgie : Reviens au Seigneur ton Dieu !
Prière et réparation en l’octave du Sacré-Cœur de Jésus
33. Et quelle occasion plus opportune pourrions-Nous vous indiquer, Vénérables Frères, pour une telle union de prières et de réparation que la fête prochaine du Sacré-Cœur de Jésus ? L’esprit propre de cette solennité, comme Nous l’avons amplement montré il y a quatre ans dans Notre Encyclique Miserentissimus, est précisément un esprit d’amour réparateur, et, c’est pourquoi, Nous avons voulu qu’en un tel jour chaque année, à perpétuité, l’on fît, dans toutes les églises de la terre, acte public d’amende honorable pour tant d’offenses qui blessent ce Cœur divin.
34. Que cette année, la fête du Sacré-Cœur soit donc pour toute l’Église un jour de sainte émulation dans la réparation et la prière. Que les fidèles accourent nombreux à la Sainte Table, qu’ils accourent au pied des autels pour adorer le Sauveur du monde sous les voiles du Saint Sacrement, que vous, Vénérables Frères, veillerez à faire exposer solennellement en ce jour dans toutes les églises ; qu’ils répandent dans ce Cœur miséricordieux, qui a connu toutes les peines du cœur humain, l’abondance de leurs douleurs, la fermeté de leur foi, la confiance de leur espérance, l’ardeur de leur charité Qu’ils le prient, en recourant à la puissante intercession de Marie, Médiatrice de toutes les grâces, pour eux et pour leurs familles, pour leur patrie, pour l’Église ; qu’ils Le prient pour le Vicaire du Christ et pour les autres pasteurs qui partagent avec lui le poids redoutable du gouvernement des âmes ; qu’ils le prient pour leurs frères dans la foi, pour leurs frères qui sont encore dans l’erreur, pour les incrédules, pour les infidèles, pour les ennemis mêmes de Dieu et de l’Église, afin qu’ils se convertissent.
35. Et que cet esprit de prière et de réparation persévère aussi intense, aussi vivant et actif chez tous les fidèles pendant toute l’octave par laquelle Nous avons voulu accroître la solennité de cette fête ; que pendant cette octave, de la manière que chacun de vous, Vénérables Frères, croira opportun, suivant les circonstances locales, de prescrire ou de conseiller, l’on fasse des prières publiques et autres exercices de piété aux intentions brièvement indiquées plus haut, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce pour être secourus en temps opportun (Heb, IV, 16).
36. Que cette octave soit vraiment pour tout le peuple chrétien une octave de réparation et de sainte tristesse ; que ce soient des jours de mortification et de prière. Que les fidèles s’abstiennent au moins des spectacles, des divertissements mêmes licites ; quant aux personnes plus aisées, qu’en esprit d’austérité chrétienne, elles fassent quelque réduction volontaire sur leur train de vie, même déjà modeste, et donnent de préférence aux pauvres le produit d’un tel retranchement, car l’aumône, elle aussi, est un excellent moyen de satisfaire à la divine Justice et d’attirer la divine Miséricorde.
Que les pauvres, et tous ceux qui, en ce moment, sont durement éprouvés par la pénurie du travail et le manque de pain, offrent avec un égal esprit de pénitence, avec une plus grande résignation, les privations que leur imposent la difficulté des temps et la condition sociale que la divine Providence leur a assignée dans ses dispositions mystérieuses, mais, cependant, toujours inspirées par l’amour ; qu’ils acceptent de la main de Dieu, d’un cœur humble et confiant, les effets de la pauvreté, rendus plus durs par la gêne dans laquelle se débat actuellement l’humanité ; que, par une générosité plus grande encore, ils s’élèvent jusqu’à la divine sublimité de la Croix du Christ, se rappelant que, si le travail est une des valeurs les plus grandes de cette vie, c’est, cependant, l’amour d’un Dieu souffrant qui a sauvé le monde ; qu’ils se consolent dans la certitude que leurs sacrifices et leurs peines chrétiennement supportées contribueront efficacement à hâter l’heure de la miséricorde et de la paix.
37. Le Divin Cœur de Jésus ne pourra pas ne pas exaucer les prières et les sacrifices de son Église, et Il dira enfin à son Épouse bien-aimée qui gémit à ses pieds sous le poids de tant de peines et de tant de maux : Ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le désires (Matt., XV, 28).
38. Remplis de cette confiance que vient encore augmenter le souvenir de la croix, signe sacré et précieux instrument de notre Rédemption, et dont nous célébrons aujourd’hui la glorieuse invention, à vous, Vénérables Frères, à votre clergé et à votre peuple, à tout l’univers catholique. Nous accordons de toute l’affection de notre cœur paternel la Bénédiction apostolique.
39. Donné à Rome, près Saint-Pierre en la fête de l’Invention de la Sainte Croix, le 3 mai de l’an 1932, onzième de Notre Pontificat.
Pie XI, Pape