Jean XXIII

261e pape ; de 1958 à 1963

22 février 1959

Motu proprio Boni Pastoris

Sur la tâche de Bon Pasteur

Donné à Rome près de Saint Pierre, sous l’an­neau du Pêcheur, le 22 février de l’an l959, pre­mier de Notre Pontificat.

La tâche de Bon Pasteur de tout le trou­peau du Seigneur qui, depuis le début de Notre Pontificat « Nous est à cœur d’une manière toute spé­ciale » (cfr. A. A. S., vol. L, p. 886), Nous tient sans cesse atten­tif à toutes les néces­si­tés de l’Eglise et Nous pousse à consi­dé­rer avec une sol­li­ci­tude par­ti­cu­lière tous les fac­teurs de la civi­li­sa­tion moderne qui influent sur la vie spi­ri­tuelle de l’homme ; par­mi ceux-​ci il faut comp­ter la radio, la télé­vi­sion et le cinéma.

Déjà Notre Prédécesseur Pie XII d’im­mor­telle mémoire a, plu­sieurs fois, dans son Encyclique et dans ses dis­cours, rap­pe­lé aux fidèles et à tous les hommes droits leur grave devoir d’u­ti­li­ser ces tech­niques admi­rables de dif­fu­sion d’une manière conforme au plan pro­vi­den­tiel de Dieu et à la digni­té de l’homme, au per­fec­tion­ne­ment duquel elles doivent servir.

A cette fin, Notre même Prédécesseur a vou­lu « ins­ti­tuer dans la Curie Romaine une Commission spé­ciale » (A. A. S., vol. LXIX, p. 768) qu’il a char­gée de faire exé­cu­ter fidè­le­ment les mesures et dis­po­si­tions de l’Encyclique Miranda pror­sus sur les ques­tions concer­nant la foi, la morale et la dis­ci­pline ecclé­sias­tique, dans le sec­teur de la radio, de la télé­vi­sion et du ciné­ma (ibi­dem, p. 805).Sensible aux graves pro­blèmes posés par ces tech­niques audio­vi­suelles de dif­fu­sion, si puis­santes sur les esprits, dans le domaine de la mora­li­té publique, de la pro­pa­ga­tion des idées et de l’é­du­ca­tion de la jeu­nesse, Nous dési­rons faire Nôtres et confir­mer les exhor­ta­tions et les dis­po­si­tions de Notre même Prédécesseur et contri­buer à faire de ces moyens que la divine Bonté a mis à la dis­po­si­tion des hommes des ins­tru­ments de bien.

Personne n’i­gnore en effet les grands pos­si­bi­li­tés que le ciné­ma, la radio et la télé­vi­sion offrent pour la dif­fu­sion d’une plus haute culture, d’un art digne de son nom et sur­tout de la vérité.

Lorsque Nous étions Patriarche de Venise, Nous avons par­fois reçu et exhor­té pater­nel­le­ment les repré­sen­tants de l’art et de l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique et après Notre élec­tion au Souverain Pontificat, vou­lue par un des­seins secret de la Divine Providence, Nous avons vou­lu expri­mer Notre bien­veillance aux res­pon­sables de la radio, de la télé­vi­sion et du ciné­ma (cfr. Lettre de la Secrétairerie d’Etat, n. 117, du 4 novembre l958, au Président de la Commission Pontificale pour le Cinéma, la Radio et la Télévision), sans omettre ensuite aucune occa­sion pro­pice pour les encou­ra­ger à res­ter fidèles à l’i­déal chré­tien de leur profession.

Nous devons tou­te­fois déplo­rer avec tris­tesse les périls et les dom­mages moraux pro­vo­qués assez sou­vent par des spec­tacles ciné­ma­to­gra­phiques et des trans­mis­sions de radio et de télé­vi­sion qui attentent à la morale chré­tienne et à la digni­té même de l’homme.

Nous adres­sons donc à cha­cun des res­pon­sables de ces pro­duc­tions ou trans­mis­sions Notre pater­nel et pres­sant aver­tis­se­ment à suivre tou­jours les impé­ra­tifs d’une conscience droite et déli­cate, comme il convient à qui est inves­ti d’une mis­sion très grave d’éducation.

En même temps, Nous confions à la vigi­lance et à la sol­li­ci­tude expé­ri­men­tée de Nos Vénérables Frères Archevêques et Evêques les diverses formes d’a­pos­to­lat recom­man­dées dans l’Encyclique déjà citée Miranda pror­sus et, en par­ti­cu­lier, les Offices natio­naux, ins­ti­tués dans les divers pays pour diri­ger et coor­don­ner toutes les acti­vi­tés catho­liques dans le domaine du ciné­ma, de la radio et de la télé­vi­sion (cfr. A. A. S., vol. XLIX, p. 783–4). Parmi ces acti­vi­tés, Nous recom­man­dons les ini­tia­tives de carac­tère for­ma­teur et cultu­rel telles que la pré­sen­ta­tion et la dis­cus­sion de films pré­sen­tant des mérites artis­tiques et moraux particuliers.

En outre, puisque la nature même des moyens sus­dits de dif­fu­sion exige – même en ce qui regarde la com­pé­tence du Saint Siège – l’u­ni­té de direc­tion et d’ac­tion, Nous éta­blis­sons, « motu pro­prio », de science cer­taine et après mûre déli­bé­ra­tion, avec la plé­ni­tude de l’Autorité Apostolique, en ver­tu de cette Lettre et de manière per­pé­tuelle, les normes sui­vantes pour le fonc­tion­ne­ment de la Commission Pontificale sus­dite pour le Cinéma, la Radio et la Télévision et cela par déro­ga­tion à celles conte­nues dans le Statut actuel de la même Commission (cfr. A. A. S., vol. XLVI, p. 783–4).

Nous dis­po­sons donc que la Commission Pontificale pour le Cinéma, la Radio et la Télévision aura un carac­tère per­ma­nent en tant qu’Office du Saint-​Siège pour l’exa­men, le déve­lop­pe­ment, l’as­sis­tance et la direc­tion des diverses acti­vi­tés dans le domaine du ciné­ma, de la radio et de la télé­vi­sion, en confor­mi­té avec les direc­tives don­nées dans l’Encyclique Miranda pror­sus et selon les dis­po­si­tions ulté­rieures du Saint-Siège.

Il appar­tient à la dite Commission Pontificale de suivre les orien­ta­tions et les réa­li­sa­tions pra­tiques de la pro­duc­tion des films et des trans­mis­sions radio­pho­niques et de télé­vi­sion ; de diri­ger et de pro­mou­voir l’ac­ti­vi­té des Organismes catho­liques inter­na­tio­naux et des Offices ecclé­sias­tiques natio­naux du ciné­ma, de la radio et de la télé­vi­sion, en ce qui concerne tout spé­cia­le­ment la clas­si­fi­ca­tion morale des films, le contrôle des trans­mis­sions de radio et de télé­vi­sion ayant un carac­tère reli­gieux et la for­ma­tion des fidèles, spé­cia­le­ment de la jeu­nesse, aux devoirs du chré­tien à l’é­gard des spec­tacles (cfr. A. A. S., vol. XLIX, p. 780 et ss.); en outre, de res­ter en rap­port avec les SS. Congrégations et les Offices du Saint-​Siège, les Conférences Episcopales et cha­cun des Ordinaires pour tout ce qui touche à ces pro­blèmes com­plexes et difficiles.

D’autre part, les SS. Congrégations de la Curie Romaine et les autres Offices du Saint-​Siège deman­de­ront l’a­vis de la Commission avant de pro­mul­guer des dis­po­si­tions ou d’ac­cor­der des auto­ri­sa­tions concer­nant les sec­teur du ciné­ma, de la radio et de la télé­vi­sion et infor­me­ront la Commission même des mesures prises sur le ter­rain de leur com­pé­tence propre.

La Commission Pontificale pour le Cinéma, la Radio et la Télévision est diri­gée par un Président qui pré­sen­te­ra tous les six mois un rap­port sur l’ac­ti­vi­té de la Commission.

Sont membres de la Commission : les Assesseurs et Secrétaires des SS. Congrégations du Saint-​Office, Consistoriale, pour l’Eglise Orientale, du Concile, des Religieux, de la Propagande, des Séminaires et Universités, et le Substitut de Notre Secrétairerie d’Etat. D’autres membres pour­ront être nom­més à Notre choix.

Le Président est aidé dans sa tâche par le Secrétaire de la Commission et par d’autres Officiers (cfr. A. A. S., vol. XLIII, appen­dice du fas­ci­cule 8, p. [3]).

La Commission est assis­tée par un col­lège de Consulteurs, choi­sis par le Saint-​Siège, et par­ti­cu­liè­re­ment com­pé­tents dans le domaine de l’a­pos­to­lat du ciné­ma, de la radio et de la télévision.

A la Commission est confié le soin de la ciné­ma­thèque Vaticane que Nous enten­dons consti­tuer pour recueillir les docu­ments ciné­ma­to­gra­phiques inté­res­sants pour le Saint-Siège.

La Commission a son siège dans la Cité du Vatican et est agré­gée à Notre Secrétaírerie d’Etat.

Nonobstant toute dis­po­si­tion contraire.

Nous bénis­sons de tout cœur l’ac­ti­vi­té de la Commission Pontificale pour le Cinéma, la Radio et la Télévision, dont Nous avons tant appré­cié dans le pas­sé l’ac­ti­vi­té féconde.

Cela Nous le décla­rons et l’é­ta­blis­sons, décré­tant que la pré­sente Lettre soit et reste en tout stable, valide et effi­cace ; qu’elle sorte ses effets pleins et entiers ; qu’elle serve main­te­nant et à l’a­ve­nir à tous ceux qui sont ou pour­ront y avoir inté­rêt ; qu’il faut ain­si légi­ti­me­ment juger et défi­nir ; qu’à par­tir de ce moment il faut consi­dé­rer nul et inva­lide tout ce que, sciem­ment ou par igno­rance, on essaie­rait de faire contre celle-​ci, par qui que ce soit et en ver­tu de n’im­porte quelle autorité.

Donné à Rome près de Saint Pierre, sous l’an­neau du Pêcheur, le 22 février de l’an l959, pre­mier de Notre Pontificat.

JEAN XXIII, PAPE