La rédemption du genre humain, le sacerdoce, le Saint Sacrifice de la Messe, la Sainte Eucharistie, l’Église, étaient contenus dans ce petit enfant incapable encore de se mouvoir, de parler, de se défendre. Et ce trésor inouï était confié à la charge d’un seul homme, inconnu de l’univers entier et voué à l’indifférence commune, un modeste artisan : saint Joseph. « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et pars en Égypte car on en veut à la vie de l’enfant ». Sans l’intervention de saint Joseph, sans sa promptitude, sans son obéissance fidèle, ce dépôt inestimable eût été brisé, perdu.
Étonnante disposition de la Providence qui expose ses biens les plus rares à la malice des hommes souvent puissants et nombreux, mais les confie à la protection d’autres hommes d’ordinaire isolés. Surprenante attitude de Dieu qui fait avancer son œuvre en tirant le bien de la méchanceté des hommes et en préférant s’appuyer sur la faiblesse d’autres hommes.
Comparaison n’est pas raison, mais l’on peut trouver des points de ressemblance entre saint Joseph et Mgr Lefebvre. Lorsque la messe de Paul VI est promulguée, que la chasse aux prêtres fidèles est lancée, que les séminaires deviennent des matrices de pasteurs progressistes, animateurs de la nouvelle liturgie, qui garde le précieux dépôt de la Sainte Messe, du vrai sacerdoce, de la doctrine traditionnelle, qui conserve, protège et transmet le dépôt de la vraie doctrine, de la vraie messe sinon Mgr Lefebvre ?
Sans doute n’est-il pas seul, sans doute est-il entouré de nombreux prêtres et fidèles. Mais à qui la Providence demande-t-elle de partir en Suisse pour y fonder un séminaire qui maintiendrait le vrai sacerdoce, formerait des prêtres à la vraie doctrine, à la vraie messe ? Il n’est pas exagéré de songer que si Mgr Lefebvre n’avait pas fondé le séminaire d’Écône, s’il n’avait supporté d’être victime de la persécution et de l’incompréhension, s’il n’avait accepté de partir en exil loin du périmètre de l’Église officielle dominée par les ennemis du Christ Roi, ce trésor de la messe ferait partie des souvenirs d’antan et du butin de Satan.
Abbé François-Marie Chautard
Source : Le Chardonnet n°365