« Deus, venerunt gentes in hæreditatem tuam,
polluerunt templum sanctum tuum,
posuerunt Jérusalem in pomorum custodiam ».
(Ps. 78,1)
O Dieu, les païens ont envahi votre héritage,
ils ont profané votre saint temple,
ils ont fait de Jérusalem un monceau de pierres.
Chers Amis et Bienfaiteurs,
es semaines et les mois passés ont été dramatiques pour l’Eglise. Le Synode extraordinaire qui s’est déroulé à Rome du 25 novembre au 8 décembre 1985 a confirmé Vatican II avec toutes ses erreurs et ambiguïtés, en dépit du désastre qu’elles ont entraîné depuis vingt ans. Voici ce qu’on peut lire dans le rapport final de synthèse : « Unanimement et avec joie aussi nous avons vérifié que le Concile Vatican II est une expression, légitime et valable, et une interprétation du dépôt de la foi, tel qu’il est contenu dans l’Ecriture Sainte et dans la Tradition vivante de l’Eglise ». Citons ensuite : « Unanimement, nous avons célébré le Concile Vatican II comme une grâce de Dieu et un don de l’Esprit-Saint : il s’en répandit de nombreux fruits spirituels pour l’Eglise universelle comme pour les Eglises particulières, ainsi que pour les hommes de notre temps ».
Et le 25 janvier, le Pape, dans un sermon donné en la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs, invite toutes les religions à Assise pour prier ensemble pour la paix.
Il suffit de jeter un regard sur les événements des trois dernières années pour voir à quel point nous nous approchons maintenant de l’établissement d’une grande religion universelle sous la présidence du Pape, avec le seul dogme de la liberté, égalité et fraternité de la révolution française et des loges maçonniques.
1. Le nouveau Droit Canon, promulgué par le Pape lui-même le 25 janvier 1983, abolit l’état clérical. Dorénavant, l’Eglise est le « peuple de Dieu » dans un sens protestant et égalitaire, sans subordonnés et sans chefs. La hiérarchie n’est qu’un « service » ; selon l’exposé de Jean-Paul II dans sa Constitution, l’Eglise se définit comme une « communion » et par son « souci de l’œcuménisme ». Le canon 844 permet expressément l’intercommunion, le canon 204 mélange le sacerdoce du prêtre avec le sacerdoce spirituel des laïcs, etc.
2. Le dimanche 11 décembre 1983, le Pape prêche dans une église protestante de Rome, et ceci après s’y être invité plus ou moins lui-même.
3. L’évêque de Sherbrooke au Québec (Canada) a invité à plusieurs reprises les protestants dans sa cathédrale pour leur fausse ordination. Il a lui-même participé à une de ces cérémonies et a reçu la « communion » de la main d’une pastoresse nouvellement ordonnée.
4. Le 18 février 1984, un nouveau concordat est conclu entre le Saint Siège et l’Italie : désormais en application de la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse, l’Italie n’est plus un Etat catholique, mais un Etat laïc, c’est-à- dire athée ; d’après le même document, Rome n’est plus la Ville sainte !
5. Le 10 mai 1984, le pape visite un temple bouddhiste en Thaïlande, il se déchausse et s’assied au pied du bonze bouddhiste, assis lui-même devant l’autel où se trouve une grande statue de Bouddha.
6. Dans leur lettre pastorale du 16 septembre 1984, les évêques suisses arrivent à cette conclusion importante que « Le désir de recevoir ensemble le même pain à la même table, c’est-à-dire le désir que la messe et la cène ne soient plus célébrées séparément, vient de Dieu ». « Il faut cependant envisager avec prudence le moment où nous allons réaliser ce désir », ajoutent les évêques. De plus ils ont soutenu un projet de loi visant à changer le droit matrimonial et qui détruit, ni plus ni moins, le mariage et la famille. Et bien, grâce à leur soutien, ce nouveau droit matrimonial a été accepté en Suisse le 22 septembre 1985. Une fois de plus, les évêques s’avèrent être non seulement les fossoyeurs de l’ordre surnaturel, mais même de l’ordre naturel établi par Dieu.
7. L’épiscopat français continue à imposer le catéchisme hérétique Pierres vivantes pour l’instruction religieuse, au grand détriment des enfants. « Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou la meule qu’un âne tourne, et qu’on le précipitât au fond de la mer » (Mtt. 18, 6).
8. Une déclaration commune du Cardinal Höffner et de M. Lohse, président du conseil de l’Eglise Evangélique d’Allemagne, signée le 1er janvier 1985, accorde aux époux des mariages mixtes la liberté de se marier, de faire baptiser leurs enfants et de les élever dans l’une ou l’autre Eglise. Or le Droit Canon de 1917, canon 2319, punit chacun de ces trois crimes d’une excommunication spéciale.
9. Dans son livre Entretien sur la Foi (1985), le Cardinal Ratzinger prétend que les autres religions sont à la rigueur des moyens « extraordinaires » de salut. Non, Eminence, Jésus-Christ seul, Lui tout seul, est la Voie, la Vérité et la Vie ; personne ne vient au Père que par Lui !
10. Dans une note sur la présentation du judaïsme dans la catéchèse, publiée le 24 juin 1985, le Cardinal Willebrands prétend que nous attendons le Messie avec les Juifs ! Et il se réfère au Pape lui-même, qui a déclaré devant les Juifs, le 17 novembre 1980 à Mayence, que l’Ancienne Alliance n’est pas encore abolie.
11. Durant l’été 1985, le Vatican envoie un délégué officiel à la pose de la première pierre d’une nouvelle mosquée géante à Rome.
12. En août 1985, il proclame aux jeunes musulmans à Casablanca que nous chrétiens, nous adorons le même Dieu qu’eux – comme s’il y avait une très Sainte Trinité et une Incarnation de Dieu dans l’Islam ! – Peu de jours après, il se rend, avec des prêtres animistes et leur escorte, à la périphérie de Lohomay, à un culte dans la « forêt sainte » où l’on évoque « la force de l’eau » et les âmes divinisées des ancêtres. Et au moins deux fois, à Kara et à Togoville – à Kara avant la sainte Messe ! – il verse de l’eau et jette de la farine de maïs dans le fond sec d’une écorce de courge, geste par lequel on professe une croyance religieuse fausse.
13. Une commission catholique-évangélique, constituée pour clôturer la visite du Pape en Allemagne en 1980, déclare dans son rapport final publié le 24 janvier 1986 qu’il n’y a plus de divergences entre les deux confessions en ce qui concerne la justification, l’eucharistie, le sacerdoce et la papauté. Il n’échappe pas à un observateur attentif qu’on proclame ici ouvertement la religion unifiée œcuménique.
14. Et maintenant, le 25 janvier 1986, il appelle toutes les religions à se réunir à Assise pour une prière de paix en automne. Selon les journaux, la date du 24 octobre, anniversaire de la fondation de l’ONU, pourrait être choisie. – « Quel Dieu vont donc prier ceux qui nient expressément la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? C’est là une véritable insinuation du diable », commente Monseigneur Lefebvre.
15. Enfin, au cours du voyage en Inde, le Pape ne parle que de dialogue, de compréhension mutuelle des religions, afin de promouvoir en commun la fraternité humaine et le bien-être social.
Croyez-vous, bien chers amis, que cet exposé soit pour nous un message joyeux ? C’est rempli de douleur que nous l’avons rédigé, dans le seul souci du bien de la sainte Eglise. De même, nous sommes loin de vouloir juger le Pape. – Nous laissons volontiers cette tâche délicate à un jugement ultérieur de l’Eglise. Nous ne faisons pas partie de ceux qui déclarent hâtivement le siège papal vacant, mais nous nous laissons conduire par l’Histoire de l’Eglise. Le Pape Honorius fut anathématisé par le VIe Concile œcuménique à cause de ses faux enseignements, mais jamais on n’a prétendu que Honorius n’était pas Pape. Cependant, il nous est impossible de fermer les yeux devant les faits.
Et les instructions secrètes des Carbonari ainsi que leur correspondance, vers 1820, sont aussi des faits ! Nous y lisons : « Le travail que nous allons entreprendre (…) peut durer plusieurs années, un siècle peut-être (…) Ce que nous devons chercher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins (…) Avec cela, pour briser le rocher sur lequel Dieu a bâti son Eglise, (…) nous avons le petit doigt du successeur de Pierre engagé dans le complot (…). Pour nous assurer un pape dans les proportions voulues, il s’agit d’abord de lui façonner (…) une génération digne du règne que nous rêvons (…). Faites vous une réputation de bon catholique (…). Cette réputation donnera facilement accès à nos doctrines parmi le jeune clergé (…). Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions (…) ; il sera appelé à choisir le Pontife (…) et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera nécessairement (…) imbu des principes (…) humanitaires que nous allons mettre en circulation ».
« Nous devons (…) arriver, par de petits moyens bien gradués (…), au triomphe de l’idée révolutionnaire par un pape (…). Ce projet m’a toujours paru d’un calcul surhumain ».
Bien plus, nous lisons dans le petit exorcisme de Léon XIII, en sa version originale : « voici que des ennemis très rusés ont rempli d’amertume l’Eglise, épouse de l’Agneau immaculé, l’ont abreuvée d’absinthe, ils ont jeté des mains impies sur tout ce qui est désirable en elle. Là où le Siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la vérité fut établie comme une lumière pour les nations, là ils ont posé le trône de l’abomination de leur impiété ; afin que, le pasteur une fois frappé, ils puissent disperser le troupeau ».
Que faire, face à cette situation, humainement parlant, désespérée ? Prier, travailler et souffrir avec l’Eglise. Nous faisons ce qui est en notre pouvoir, et cela signifie avant tout, selon nos statuts, la formation de saints prêtres pour l’Eglise. Les ordinations de la Reja (Argentine), le 1er dimanche de l’Avent, 1er décembre, auxquelles Mgr de Castro Mayer et quatre de ses prêtres ont également participé, a élevé le nombre total des nouveaux prêtres ordonnés pour la Fraternité en 1985, au nombre de 30. C’est beaucoup et en même temps peu si l’on considère tous les appels au secours urgents qui affluent du monde entier.
Il y a quelques semaines seulement, nous avons pu ouvrir une nouvelle maison au Gabon. Bientôt les deux premiers de nos prêtres s’établiront au prieuré que nous venons d’acquérir avec une église à Santiago du Chili. D’autres nouvelles fondations sont en vue, au cours de cette année : en Inde, en Nouvelle Zélande et probablement au Brésil. Nos édifices extérieurs ne sont rien d’autre que des signes de la construction intérieure du Corps Mystique de Jésus-Christ, son Eglise. C’est pourquoi nous ouvrirons, en automne, un séminaire en France, car Ecône ne suffit plus à accueillir les nombreuses vocations qui y affluent.
Mais ce sont aussi nos Sœurs fidèles collaboratrices de notre apostolat dans les maisons de retraite et les prieurés, qui prévoient de nouvelles fondations : elles prendront en charge le noviciat qui existe déjà auprès de notre séminaire argentin de La Reja ; et au mois de juillet, elles fonderont un noviciat de langue anglaise à Armada (Michigan, Etats-Unis). Un noviciat de langue allemande devrait naître en 1987.
Chers amis et bienfaiteurs ! Soyez fermes dans la foi, gardez l’espérance chrétienne, nourrissez la charité divine ! C’est de sainteté, et d’elle seule, que le monde a besoin aujourd’hui : sainteté des prêtres et des religieux et religieuses, sainteté dans la famille et le mariage, sainteté de la jeunesse et de la vieillesse. « Je chargerai mes enfants de croix », a dit la très Sainte Vierge à Fatima, et elle a ajouté : « nombreuses et lourdes ». Sans aucun doute, notre office est de semer aujourd’hui en tribulations ce que d’autres demain pourront récolter en joies. Les épreuves actuelles trouveront une fin. Tôt ou tard, le modernisme progressiste s’écroulera comme un château de cartes. Préparons dès aujourd’hui l’avenir qui appartient au Christ et à sa Très Sainte Mère.
Ne vous laissez pas non plus abuser par de faux prophètes : fausses apparitions et révélations, qui représentent souvent un grave danger pour la foi, de même que le mouvement pentecôtiste et les machinations charismatiques. L’antique catéchisme, le chapelet, la vraie Messe et les sacrements non falsifiés, tels sont les moyens que Dieu lui-même nous a donnés sur notre route vers le ciel.
Nous comptons bien sûr toujours sur votre aide charitable, afin de pouvoir faire face aux dépenses énormes de chaque jour. Cherchez à apaiser les douleurs de l’Eglise qui saigne de mille blessures, par une généreuse aumône de carême en faveur de nos différentes institutions. L’aumône, jointe au jeûne, efface les péchés comme l’eau éteint le feu.
Nous vous portons tous dans notre cœur sacerdotal. La charité du Christ nous fait demeurer jour et nuit auprès de vous et de vos familles regroupées pour la prière dans nos chapelles et missions dispersées de par le monde. Qu’ainsi le Dieu tout-puissant, Père, Fils et saint-Esprit vous bénisse et vous protège !
Rickenbach, le vendredi du Sacré-Cœur, 7 février 1986
Abbé Franz Schmidberger, Supérieur Général de la FSSPX
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