Lettre n° 27 de l’abbé Franz Schmidberger aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de septembre 1984

« Demeurez fermes dans la foi de vos pères, car il se lève­ra une grande révolte dans la chré­tien­té. A ce moment pre­nez garde à ne pas être trom­pés par les nou­veau­tés et les ruses du diable. Soyez unis, res­tez dans les pas de vos pieux ancêtres, gar­dez et sui­vez leur doc­trine. Alors, assauts et tem­pêtes ne peuvent nous nuire », (Saint Nicolas de Flüe, + 1487)

Chers Amis et Bienfaiteurs,

endant qu’à Rome et dans les palais épis­co­paux, sous le signe d’un faux œcu­mé­nisme, de faux droits de l’homme et d’une fausse liber­té reli­gieuse, les res­pon­sables conduisent tou­jours davan­tage l’Eglise à sa perte, alors que la foi catho­lique dis­pa­rait et que la cha­ri­té du Christ se refroi­dit) en dépit de toute résis­tance et de toute oppo­si­tion, se lève, à tra­vers de bien humbles débuts, une nou­velle géné­ra­tion de prêtres, ani­més de deux seuls inté­rêts : glo­ri­fier Dieu Trinité et pré­ser­ver les âmes immor­telles de la com­mu­nion éter­nelle avec le diable !

1. Nous refu­sons tout com­pro­mis entre le dogme catho­lique et le pro­tes­tan­tisme libé­ral, de quelque nuance qu’il soit. Radoucir, diluer, ou encore fal­si­fier la doc­trine du Christ, c’est blas­phé­mer contre Dieu, c’est humi­lier l’Eglise et cau­ser aux âmes un dom­mage incal­cu­lable. Pour nous, catho­liques, le Dieu que nous véné­rons n’est pas le même que celui des juifs ou des musul­mans, notre Rédemption ne consiste pas, comme celle des Francs-​Maçons, en une fra­ter­ni­té uni­ver­selle, notre concep­tion de l’Eglise et de la grâce n’est pas celle des pro­tes­tants. Au nom de la cha­ri­té, nous devons opé­rer cette cla­ri­fi­ca­tion des posi­tions et nous écrier avec Lactance : « Seule l’Eglise Catholique conserve le culte véri­table. Là est la source de véri­té, la demeure de la foi, le temple de Dieu. Qui n’y entre pas ou en sort perd tout espoir de vie et de salut. Que per­sonne ne se fasse illu­sion par d’o­pi­niâtres contes­ta­tions : il s’a­git de la vie et du salut : ce serait les perdre ou les éteindre que de n’y pas réflé­chir atten­ti­ve­ment et dili­gem­ment ». Or l’en­trée du Pape dans un temple boud­dhiste en Thaïlande, son incli­na­tion devant le bonze boud­dhiste, expriment toute l’hu­mi­lia­tion de l’Eglise : on lui a arra­ché son sceptre et sa cou­ronne. Dès lors le Christ n’est plus qu’une voie par­mi d’autres, qu’une véri­té entre beau­coup d’autres, qu’une vie lais­sée au libre choix.

2. La pro­cla­ma­tion inces­sante des droits de l’homme fait oublier que ceux-​ci ont pour fon­de­ment des devoirs cor­res­pon­dants, et de façon ultime les droits de Dieu : c’est dans le déca­logue qu’ils trouvent leur norme et leur règle. Tout d’a­bord le pre­mier com­man­de­ment de Dieu : Reconnaissance de son auto­ri­té, sans « si » ni « mais », ado­ra­tion et ser­vice en silence dans son Royaume ; ensuite le qua­trième com­man­de­ment : rejet déter­mi­né de tout éga­li­ta­risme et du tra­vail de sape de l’au­to­ri­té ins­ti­tuée par Dieu ; enfin le sixième : pure­té, chas­te­té et pudeur, refus clair de la morale per­mis­sive. Alors dans les condi­tions spi­ri­tuelles d’au­jourd’­hui, prô­ner les droits de l’homme « n’a­bou­tit qu’à flat­ter l’or­gueil, l’ha­bi­tude d’une cri­tique égoïste, les ten­dances révo­lu­tion­naires, les mou­ve­ments d’é­man­ci­pa­tion des­truc­teurs et la men­ta­li­té reven­di­ca­trice de nos contem­po­rains, jus­qu’à ce que, dans une ado­ra­tion luci­fé­rienne de soi-même,
ils jettent à la face de Dieu et de son Eglise le non ser­viam (je ne ser­vi­rai pas l),

3. La fausse liber­té reli­gieuse pro­duit par­tout ses fruits délé­tères : le nombre des avor­te­ments aug­mente sans cesse (actuel­le­ment cin­quante mil­lions par an I}, le divorce devient une mode, la libre coha­bi­ta­tion : l’é­tat nor­mal. A Rome va être éta­bli à proxi­mi­té du Forum une « Love City » pour atti­rer au péché et au vice. Les sectes se répandent comme des sau­te­relles sur le pays. le culte du diable, la magie noire, la sor­cel­le­rie prennent des dimen­sions inima­gi­nables. Ces jours-​ci jus­te­ment, la télé­vi­sion alle­mande pré­sen­tait un film sur la sor­cel­le­rie et le culte de Satan, pour livrer mani­fes­te­ment tout un peuple au pou­voir du Malin. Le déi­cide social de l’ère conci­liaire et post-conciliaire
va coû­ter la vie éter­nelle à encore beau­coup de générations.

Nous disons ouver­te­ment ce que nous pen­sons : Vatican II est le plus grand désastre de notre siècle ! Alors qu’il y a vingt-​cinq ans, dans chaque église, du Nord au Sud, et de l’Est à l’Ouest, le Saint Sacrement rece­vait l’hom­mage de l’a­do­ra­tion amou­reuse des clercs et des fidèles, voi­ci main­te­nant cette ado­ra­tion détruite jusque dans le der­nier vil­lage, la plus petite cha­pelle de mis­sion en brousse, par la réforme litur­gique et l’ac­ti­vi­té pro­gres­siste ! L’indifférence, la pro­fa­na­tion et le sacri­lège ont pris sa place.

Quelle n’est donc pas notre joie de voir, sur ce sombre arrière-​plan, se déga­ger le beau nombre d’or­di­na­tions sacer­do­tales de cette année (vingt cinq pour la Fraternité et huit pour les com­mu­nau­tés amies !). Elles nous per­mettent d’é­tendre et de for­ti­fier consi­dé­ra­ble­ment notre œuvre : nous avons fon­dé dix nou­velles mai­sons dans les der­niers mois, dont une dans cha­cun de cinq pays : Hollande, Portugal, Mexique, Colombie et Afrique du Sud, où nous n’a­vions pas de fon­da­tion jus­qu’i­ci. Avec la grâce de Dieu, un chiffre d’or­di­na­tions sen­si­ble­ment équi­valent l’an­née pro­chaine nous fait pré­voir un accrois­se­ment sem­blable. Je ne puis vous don­ner ici tous les évé­ne­ments et déve­lop­pe­ments des der­niers mois concer­nant notre œuvre, la liste en serait trop longue. Toutefois le nombre d’en­trées crois­sant dans nos quatre sémi­naires (cette année soixante en tout) nous pousse à cher­cher des pos­si­bi­li­tés de fon­der de nou­veaux sémi­naires. La for­ma­tion de bons prêtres – por­teurs et pré­di­ca­teurs de la doc­trine des Apôtres, dis­pen­sa­teurs fidèles des mys­tères de Dieu, média­teurs entre Dieu et les hommes – voi­ci l’œuvre la plus impor­tante, l’œuvre pri­mor­diale de la misé­ri­corde pour les jours actuels. Nous nous pré­pa­rons inté­rieu­re­ment à réta­blir la mis­sion uni­ver­selle, et dans une pre­mière étape nous vou­lons fon­der nos prieu­rés de façon dis­sé­mi­née, comme des avant-​postes, des points de réfé­rence et des foyers ardents. Les libé­raux veulent rendre le monde libé­ral, les socia­listes, le faire socia­liste, nous vou­lons le conqué­rir à la foi catholique.

Vous, chers amis, nous vous appe­lons à une action catho­lique véri­table et réso­lue. Dans la grande bataille des esprits et des cœurs, ne lais­sez pas tom­ber le glaive ! Levez-​vous pour la défense des droits de Dieu. Priez, jeû­nez, faites des sacri­fices, expiez, don­nez l’au­mône et faites le bien sans cesse. Si d’autres aban­donnent et tra­hissent la foi, nous devons pour eux croire dou­ble­ment ! Si d’autres se refroi­dissent dans la cha­ri­té, nous devons nous sub­sti­tuer à eux par un triple amour ! Si d’autres quittent le front, nous devons tenir à leur place. C’est pour­quoi aidez-​nous à for­mer par­tout une élite spi­ri­tuelle et à sau­ver de la ruine totale les ins­ti­tu­tions chré­tiennes rache­tées par le sang du Sauveur : sémi­naires et monas­tères, mariage et famille, Eglise et Cité catho­lique. Mais avant tout, en ren­dant ce ser­vice de bon sama­ri­tain, sau­vez votre propre âme ! Sauvez votre âme et celle de vos parents, amis, col­lègues et voi­sins. N’oubliez pas ceci : notre crois­sance en force est la fai­blesse des libé­raux ; nos suc­cès sont leurs défaites. Peut-​être, grâce à vos prières inces­santes, quelques évêques se décideront-​ils mal­gré tout à rejoindre notre che­min. Ainsi l’un d’eux écri­vait à Monseigneur en la fête de Saint Pie X, le 3 sep­tembre : « Je pense très hum­ble­ment que vous auriez votre parole à dire dans cette Collégialité Episcopale qui m’a ins­pi­ré le besoin de m’a­dres­ser à votre cœur et à votre intel­li­gence pour vous prier de nous aider à vivre tou­jours davan­tage dans l’or­tho­doxie de la foi et des mœurs… Permettez-​moi de vous dire toute mon affec­tion fra­ter­nelle et mes sen­ti­ments d’es­time et de considération ».

Un deuxième évêque veut nous aider à implan­ter notre œuvre dans son pays ; un troi­sième est d’ac­cord, sinon en tout du moins en grande par­tie, avec la lettre ouverte adres­sée au Pape en la fête de la Présentation 1983.
En la fête pro­chaine de l’Immaculée Conception, toute notre Fraternité, avec la branche de ses Soeurs, avec ses Frères et ses Oblates et les membres de son Tiers Ordre, veut se consa­crer à la Très Sainte Vierge : qu’Elle nous rem­plisse désor­mais de sa pen­sée et de ses vou­loirs ; qu’Elle soit la vraie pro­prié­taire de nos biens maté­riels, qu’Elle soit la Domina dans notre Maison, qu’Elle nous garde fidèles dans notre mis­sion et ne nous per­mette pas de dévier du droit che­min. L’Immaculée Conception nous aide­ra à gar­der pur le dépôt de la Foi et à l’ex­po­ser sain­te­ment, la Mère des dou­leurs nous ensei­gne­ra à com­prendre davan­tage le Saint Sacrifice de la Messe et à le vivre, la Reine du Ciel et
de la terre mène­ra pour nous le com­bat pour la construc­tion du Royaume de son Fils, le Roi Jésus.

Soyez assu­rés de notre pro­fonde et cor­diale recon­nais­sance pour votre aide pré­cieuse. Nos com­mu­nau­tés récitent chaque jour le cha­pe­let pour vous, vos inten­tions, sou­cis et néces­si­tés. Et que le Dieu de bon­té dirige vos jours dans sa paix, qu’il vous pré­serve de la dam­na­tion éter­nelle et vous réunisse, après la consom­ma­tion de votre pèle­ri­nage, au
nombre des élus.

Rickenbach, en la fête de Saint Nicolas de Flüe,
le 25 sep­tembre 1984

Avec ma béné­dic­tion sacerdotale
Abbé Franz Schmidberger,
Supérieur Général.

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