Sermon écrit de l’abbé de Cacqueray lors des 13e Journées de la Tradition à Villepreux les 12 et 13 octobre 2013

Villepreux, 21e dimanche après la Pentecôte

Dans son ser­mon M. l’ab­bé de Cacqueray rap­pelle que c’est à saint Joseph que Dieu a choi­si de confier la mère de Jésus, véri­table « aque­duc » pla­cé entre Dieu et les hommes pour ser­vir de véhi­cule pour ache­mi­ner toutes les grâces dont Il veut pour­voir les hommes et toutes les prières que les hommes veulent por­ter à l’oreille de Dieu. L’abbé de Cacqueray en est conduit alors à répondre à ceux qui s’é­tonnent de ne pas voir le District de France « asso­cié à la prière que le pape fait en ce jour au Cœur Immaculé de Marie pour le monde ? ». A cette objec­tion trois motifs sont décli­nés pour expli­quer clai­re­ment le refus de par­ti­ci­per à cette cérémonie.

Notre Fraternité saint Pie X s’est consacrée au cours de cette année 2012 à saint Joseph

Notre Fraternité saint Pie X s’est consa­crée au cours de cette année 2012 à saint Joseph. En France, nous avons cher­ché à hono­rer l’époux de la très sainte vierge Marie à Cotignac, puis pen­dant les trois jours un peu plu­vieux du pèle­ri­nage de Paris. En nous tour­nant ain­si vers lui, nous ne dou­tions pas de cau­ser une vraie joie à la très sainte Vierge Marie car, si toute femme aime à voir son mari hono­ré, per­sonne ne l’a vou­lu et ne le veut pré­sen­te­ment autant que Notre-​Dame car elle seule connaît l’immensité de sa sain­te­té. Par ailleurs, celui qui aime réel­le­ment la très sainte Vierge Marie ne doit-​il pas être por­té à épou­ser en consé­quence toutes les affec­tions ses plus chères ? Or, après Dieu, n’est-ce pas son époux qui est la per­sonne que Marie aime le plus ten­dre­ment ? Enfin, c’est à Joseph que Dieu a choi­si de confier la mère de Jésus. C’est lui qui en est le gar­dien fidèle. Celui qui veut accé­der à Marie ne peut trou­ver de voie plus natu­relle que de se lais­ser conduire à la vierge Marie par son époux Joseph. Il est comme l’unique déten­teur de la clef de la demeure où elle réside car il est le chef de la sainte Famille.

Notre vie catho­lique, et donc notre vie spi­ri­tuelle que nous devons ardem­ment dési­rer, nous fait aller à saint Joseph avec grande confiance pour qu’il nous ins­truise des gran­deurs de Marie et qu’il nous amène jusqu’à elle. Nulle jalou­sie chez lui ! Il se sert de cette clef qu’il pos­sède en propre. Il nous ouvre le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie, ce Cœur qui nous a été magni­fi­que­ment révé­lé lors des appa­ri­tions de Fatima comme étant le der­nier refuge et le der­nier recours que le Ciel mon­tre­ra à nos géné­ra­tions d’incrédules. Ce Cœur recèle en lui-​même toutes les mer­veilles de l’Economie Chrétienne. Comme le patriarche Joseph ouvrait les gre­niers d’Egypte, Saint Joseph nous ouvre le cœur de Marie et nous invite dès cette terre à nous y réfu­gier, à y vivre car il la plus belle de toutes les demeures. Il nous presse à deman­der comme une grâce insigne de vivre dès cette terre dans le cœur de notre Mère et notre tendre ambi­tion est de sans cesse récla­mer d’y pas­ser là notre éternité.

Loin d’être une petite dévo­tion sen­ti­men­tale, la dévo­tion au Cœur Immaculé de Marie dans laquelle nous intro­duit saint Joseph, est la plus pro­fonde, la plus mâle et la plus sûre qui soit. Nul endroit n’est plus aimé que Dieu que celui-​là puisqu’il a choi­si, dans son incar­na­tion, pour y vivre les neufs pre­miers mois de son exis­tence sur la terre. Ces neuf mois, étant pas­sés, il en est sor­ti comme le veut la nature mais il a tou­jours conti­nué à « inha­bi­ter » là, dans une constante inti­mi­té avec sa mère qu’il asso­cia à toute son œuvre rédemp­trice. L’Evangile nous pré­cise d’ailleurs que tous les mys­tères de Dieu se trouvent conte­nus dans son cœur puisqu’il nous dit qu’elle gar­dait toutes ces choses en son cœur. Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort a pré­dit qu’elle serait la dévo­tion des grands saints à venir. Ce cœur est tout en même temps l’oasis de pure­té qui nous gar­de­ra dans la pure­té au milieu de ce monde d’impureté et la four­naise de cha­ri­té qui nous enflam­me­ra de l’amour de Dieu et des âmes dans un siècle d’inversion et d’invertis où la cha­ri­té paraît avoir dis­pa­ru tan­dis que la divi­sion et la haine semblent par­tout triompher.

La très sainte Vierge Marie est pour son Fils et pour les pauvres pécheurs que nous sommes le der­nier refuge et l’ultime che­min, comme elle l’a dit à Fatima, le 13 juin 1917. Elle fut sur la terre ce refuge choi­si entre tous où, pen­dant neuf mois, vécut en ses entrailles le Dieu qui s’incarna. Puis elle demeu­ra encore, pen­dant tout le res­tant de sa vie sur la terre, l’habitation la plus chère où habi­ta son Fils.

Il se ren­dit certes visible aux yeux des hommes mais il conti­nua sur­tout à se tenir dans l’intime d’elle-même pour y rem­plir sa mis­sion. Marie ne lui fut pas un che­min pour qu’il aille vers Dieu, étant don­né que lui-​même est Dieu. Mais elle fut cet unique che­min qu’il emprun­ta pour des­cendre du Ciel sur la terre. Il la consti­tua média­trice de toutes les grâces pour qu’elle devienne cet « aque­duc »((Saint Bernard )) pla­cé entre Dieu et les hommes et ser­vir ain­si de véhi­cule pour ache­mi­ner toutes les grâces dont Il veut pour­voir les hommes et toutes les prières que les hommes veulent por­ter à l’oreille de Dieu.

Pour les pas­tou­reaux de Fatima comme pour nous tous, la très sainte vierge Marie nous est ce refuge et ce che­min. Elle nous est l’unique refuge qui nous pro­tège contre les attaques de nos mor­tels enne­mis. Elle consti­tue un rem­part inex­pug­nable. Ceux qui se réfu­gient en son sein ne peuvent y été mor­dus par le ser­pent, par les convoi­tises du monde ou par les concu­pis­cences. Mais fai­sons bien atten­tion : il n’existe pas et il n’existera jamais aucun autre refuge et aucun autre che­min qu’elle seule. Elle nous l’a redit à Fatima de telle manière qu’il faut affir­mer que tous ceux qui ne se seront pas réfu­giés dans son cœur et qui n’auront pas emprun­té son che­min seront damnés.

Elle conduit infailli­ble­ment à Dieu ceux qui se confient en elle. Elle a déjà ache­mi­né au Ciel tous les élus qui s’y trouvent. Et elle tend la main à tous les autres qui, encore sur la terre, veulent bien la sai­sir. Bientôt, elle nous pren­dra dans ses bras et elle nous empor­te­ra dans son cœur. Nous décou­vri­rons alors que cha­cun de ses pas nous est un envol.

Je crains vive­ment que nous autres qui vivons après Fatima, nous ne soyons en train de ne més­es­ti­mer gran­de­ment la puis­sance et la gran­deur de cette révé­la­tion du Cœur de Marie, véri­table pen­dant de la révé­la­tion du Sacré-​Cœur de Jésus à Paray-​le-​Monial. Nous devons confier avec une foi, une espé­rance et une cha­ri­té crois­santes nos com­bats inté­rieurs et exté­rieurs au Cœur de Marie et acqué­rir la convic­tion pro­fonde que Notre-​Seigneur ne per­met­tra jamais que les catho­liques rem­portent une vic­toire s’ils négligent de se fon­der sur le Cœur de Marie. Plus nous lui serons dociles, comme des sol­dats le sont envers leur géné­ra­lis­sime, plus nous hâte­rons l’heure de la victoire.

Constatons éga­le­ment que la vie catho­lique, donc la vie spi­ri­tuelle, est un chef‑d’œuvre d’ordre et d’harmonie. Si nous sommes intro­duits par saint Joseph dans le Cœur de Marie, si nous y vivons en réa­li­té, nous y trou­ve­rons Dieu qui fait ses délices dans ce deuxième ciel que lui est l’intérieur de Marie. Nous vivons vrai­ment dans le taber­nacle du Très-​Haut. Marie nous forme à sa prière, elle nous forme en son sein comme elle a for­mé d’abord en elle son Jésus. Quelle mère n’éprouve pas de la joie d’apercevoir les marques de res­sem­blance qui existent entre ses enfants.

La grande joie de Marie qui nous fait vivre en elle est de nous mou­ler à l’imitation de son Jésus. Elle veut faire de nous des vic­times comme son Fils l’a été la pre­mière. Dans son Cœur, nous appre­nons à être ces vic­times livrées à l’amour misé­ri­cor­dieux de Dieu qui ont le désir de sans cesse s’offrir à Dieu. C’est ain­si que vécut et qu’entra dans son éter­ni­té sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. C’est ain­si qu’à notre tour, nous appren­drons ces sen­ti­ments d’immolation qui furent ceux de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ sur la croix et de la très sainte Vierge Marie au pied de la croix.

N’est-ce pas que tout cela est très beau ? Ne percevons-​nous pas l’unité de cette vie spi­ri­tuelle, nul­le­ment faite d’une jux­ta­po­si­tion de dévo­tions ? Loin de nous faire pas­ser de l’une à l’autre, comme le papillon qui passe de fleur en fleur, la vraie pié­té les ordonne et les uni­fie pour que notre esprit au fur et à mesure qu’il pro­gresse réel­le­ment dans une dévo­tion n’en oublie pas les autres. La vraie dévo­tion ne fait jamais deve­nir chaud d’un côté et froid de l’autre. Dans un même embra­se­ment l’âme ren­contre quand elle prie Joseph, Marie et Jésus qui l’ouvre à la sainte Trinité. Plus une âme aspire à vivre et com­mence à vivre dans une atmo­sphère de vraie vie chré­tienne, plus aug­mente en son cœur sa convic­tion que toutes les solu­tions des pro­blèmes reli­gieux, moraux, poli­tiques, fami­liaux et de toutes les autres ques­tions ne trou­ve­ront jamais de réponse autre part que dans le Cœur de Marie.

La prière que le pape fait en ce jour au Cœur Immaculé de Marie pour le monde

Nous pour­rions ter­mi­ner notre ser­mon ici. Il aurait au moins le mérite d’être assez court. Cependant, il nous semble que l’on pour­rait nous faire cer­taines objec­tions si nous nous arrê­tions là. Nous en don­ne­rons une.

« Mais pour­quoi, alors que vous insis­tez sur la dévo­tion à Fatima et sur le Cœur de Marie, pour­quoi, dans ce cas-​là, ne vous êtes pas asso­cié à la prière que le pape fait en ce jour au Cœur Immaculé de Marie pour le monde ?((Le bul­le­tin offi­ciel de la salle de presse du Saint-​Siège du 14/​10/​2013 parle, quant à lui, d’une consé­cra­tion : « A la fin de la céré­mo­nie, le Pape a réci­té l’acte de consé­cra­tion à la Vierge de Fatima. » )) Ne serait-​ce pas dû à un esprit sys­té­ma­tique d’opposition à Rome et au pape, esprit qui ne sait pas faire la part des choses, qui ne sait pas dis­cer­ner entre ce qui est bon et ce qui est mau­vais ? Vous insis­tez sur l’importance de la dévo­tion mais n’oubliez-vous pas le pape ? Certes, nous avons conscience que ce n’est tou­jours pas la consé­cra­tion de la Russie, comme la sainte Vierge Marie l’a deman­dée à Fatima, mais une prière pour le monde entier que le pape va faire. Mais n’est-ce pas déjà un acte impor­tant, sus­cep­tible d’apporter des béné­dic­tions à un monde qui en a tel­le­ment besoin ? En priant le Cœur Immaculé de Marie pour le monde, le pape François fait-​il autre chose que de com­men­cer à mar­cher sur les pas de son pré­dé­ces­seur Pie XII qui avait fait la consé­cra­tion du monde le 31 octobre 1942 et de Jean-​Paul II qui l’avait faite en 1982 et renou­ve­lée en 1983 ? Etes-​vous contre ? »

Nous com­pre­nons cette objec­tion et nous vou­drions vous faire part de trois motifs pour les­quels nous ne nous asso­cions pas à cette cérémonie.

Certes, une prière au Cœur Immaculé de Marie pour le monde est un acte qui est bon et qui est peut-​être excellent en lui-​même. Mais, comme vous le savez aus­si, la bon­té d’un acte humain dépend éga­le­ment des cir­cons­tances qui influent sur sa mora­li­té et peuvent éven­tuel­le­ment trans­for­mer une bonne action en mau­vaise action, un péché véniel en péché mor­tel ou vice-​versa. Or nous sen­tons bien qu’il y a quelque chose dans cet acte qui sonne faux. Pourquoi ne tou­jours pas obéir à ce que la très sainte Vierge Marie a pré­ci­sé­ment deman­dé le 13 juillet 1917 :

« Je vien­drai deman­der la consé­cra­tion de la Russie à mon cœur imma­cu­lé et la com­mu­nion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se conver­ti­ra. »((Joseph de Belfont Mystères et véri­tés cachées du troi­sième secret de Fatima page 181)) ?

Nous vous recom­man­dons le livre de Joseph de Belfont qui a démon­tré, après plu­sieurs autres spé­cia­listes de Fatima, dans son livre : « Mystères et véri­tés cachées du troi­sième secret de Fatima » qu’aucune des consé­cra­tions déjà faites par les sou­ve­rains pon­tifes depuis Pie XII n’a cor­res­pon­du aux demandes pré­cises de la très sainte Vierge Marie.

Et, une fois de plus, la prière d’aujourd’hui passe à côté de ce que veut la sainte Vierge Marie. Il y a des manières sub­tiles de déso­béir. Elles consistent, non pas à refu­ser fron­ta­le­ment de faire ce que demande l’autorité, mais à faire autre chose qu’elle n’a pas deman­dé. C’est un peu ce que ferait un enfant à qui sa maman lui aurait deman­dé de faire ses devoirs. Comme il n’a pas envie d’aller les faire, il va alors mettre le cou­vert pour la table du soir mais ce n’est pas ce que sa mère lui deman­dait ! Nous disons : pour­quoi pas une prière pour le monde mais ce que demande la sainte Vierge Marie depuis si long­temps, c’est la consé­cra­tion de la Russie !

Par ailleurs, nous nous posons aus­si une autre ques­tion : quel est le sens réel de la prière d’aujourd’hui ? Quel est le but réel pour­sui­vi par le pape en fai­sant cette prière ? Incontestablement, ce nou­veau pape se montre capable de pro­non­cer des homé­lies qui enseignent une spi­ri­tua­li­té sur laquelle il n’y a par­fois rien à redire.

Mais, en même temps qu’il tient ce dis­cours ad intra, pour les catho­liques, il ne lui aura fal­lu que quelques semaines pour lézar­der très gra­ve­ment des pans entiers de la morale et des rares exi­gences catho­liques sur les­quels ses pré­dé­ces­seurs avaient encore tenu bon jusque-​là.

Pourquoi est-​il applau­di par le monde et par les jour­naux du monde ? Pourquoi même tant de catho­liques des paroisses se sentent-​ils mal à l’aise aujourd’hui ? Le nou­veau pape a déjà ébran­lé ou per­mis qu’on ébranle ou, au mini­mum, ren­du confus le céli­bat des prêtres, la condam­na­tion du vice contre-​nature, le refus de l’accession des divor­cés rema­riés à la sainte communion.

Il déve­loppe une orien­ta­tion réso­lu­ment pro­gres­siste et des­truc­trice pour l’Eglise. Dans l’entretien qu’il a don­né au jour­nal ita­lien La Repubblica du 1er octobre, il invite les hommes à choi­sir et à suivre la véri­té selon l’idée que l’on s’en fait et pareille­ment à com­battre le mal selon l’idée que l’on s’en fait. De plus, il incite les hommes à mutuel­le­ment s’encourager à être fidèles à l’idée qu’ils se font du bien et du mal ; l’essentiel étant de se trou­ver en cohé­rence avec soi-​même. C’est une véri­table déi­fi­ca­tion de la conscience. En cela, il va plus loin dans le rela­ti­visme et le sub­jec­ti­visme que tous ses pré­dé­ces­seurs depuis le concile et il dépasse même le concile qui était pour­tant déjà allé si loin dans l’exaltation de la conscience.

Dès lors, quelle est la signi­fi­ca­tion de la céré­mo­nie d’aujourd’hui ? Outre qu’elle est por­teuse d’une déso­béis­sance dégui­sée aux demandes de Notre-​Dame de Fatima, ne s’inscrit-elle pas dans cette vision reli­gieuse par­fai­te­ment sub­jec­ti­viste que le pape pro­fesse ? Si c’est fina­le­ment au nom de l’idée que les hommes se font de ce qui est bien qu’est faite cette prière au Cœur Immaculé de Marie pour le monde, et non par obéis­sance à la demande de Notre-​Dame de Fatima, son esprit est sujet à caution.

Enfin, il est pos­sible, par­mi les motifs du refus de la consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, que s’en trouvent de fort peu avouables. Les papes du Concile et de l’après concile sont res­tés muets sur la ques­tion du com­mu­nisme qui n’a pas été solen­nel­le­ment condam­né au concile Vatican II mal­gré la demande de plu­sieurs cen­taines d’évêques. Il y a fort à craindre que la consé­cra­tion n’ait pas eu lieu parce que l’on crai­gnait d’incommoder et de fâcher tout rouge les com­mu­nistes. Et, main­te­nant que le com­mu­nisme paraît lâcher son emprise sur la Russie mais que ses erreurs se sont répan­dues à tra­vers le monde entier, il est pos­sible que la consé­cra­tion ne soit main­te­nant pas faite parce qu’elle s’opposerait à la doc­trine œcu­mé­nique actuelle. Si, en effet, la Russie semble sor­tie du com­mu­nisme, elle n’est certes pas sor­tie de l’orthodoxie. Si l’on prie donc pour sa conver­sion, cela signi­fie qu’elle n’est pas conver­tie et qu’elle doit se conver­tir. Mais le pape François qui pense que notre seule tâche consiste à inci­ter les hommes à demeu­rer dans la voie où ils se trouvent, com­ment pourrait-​il faire une consé­cra­tion dont le but est de deman­der la conver­sion de la Russie ?

Ce refus est d’autant plus dom­ma­geable que le renou­veau en Russie paraît une réa­li­té extrê­me­ment impor­tante. S’il est mal­heu­reu­se­ment cen­tré et orien­té dans l’orthodoxie, il est pro­bable que la sainte Vierge n’attende que cette consé­cra­tion pour en faire le pre­mier pays catho­lique du monde. Et ces nou­veaux catho­liques, j’en suis cer­tain, ne seraient pas des adeptes des nou­velles messes. Cette conver­sion chan­ge­rait la géos­tra­té­gie des forces en pré­sence bien plus sûre­ment que toute autre chose.

Conclusion

Quant à nous, il faut que nous fas­sions ce qu’il dépend de nous. Il faut que nous nous cou­lions très sim­ple­ment, sans plus attendre, dans le Cœur de Marie afin que le pape fasse la consé­cra­tion qui lui a été deman­dée en union avec les évêques du monde entier. Il faut que nous pra­ti­quions avec zèle la dévo­tion des cinq pre­miers same­dis puisque la sainte Vierge Marie demande et la consé­cra­tion et cette dévo­tion. Pour demeu­rer fermes dans la foi, il faut nous atta­cher à notre cha­pe­let, à notre rosaire si pos­sible. C’est que nous pou­vons faire, autant que nous sommes, pour pou­voir hâter le triomphe du Cœur Immaculé. Même dans ces moments de tur­bu­lence que notre Fraternité elle-​même a connus, même quand les plus grands scan­dales ébranlent l’Eglise, nous ne serons pas ébran­lés si nous nous enra­ci­nons dans la dévo­tion à ce Cœur qui sau­ve­ra le monde.

Il nous faut être les veilleurs du Christ-​Roi, ces vrais veilleurs que l’Evangile appelle de ses vœux et qui veillent, leur lampe allu­mée. Ils veillent dans la nuit obs­cure du monde et du péché et ils prient pour les pécheurs. Qu’ils aillent veiller sur la place Vendôme ou qu’ils demeurent au fond de leurs ora­toires, qu’ils se rendent à la marche contre l’antichristianisme et contre la poli­tique anti­fa­mi­liale orga­ni­sée dimanche pro­chain contre la sup­pres­sion des fêtes chré­tiennes et la recru­des­cence des pro­fa­na­tion par Civitas ‑et je les encourage- ou qu’ils s’y unissent par la prière, qu’ils veillent tou­jours dans le Cœur de Marie et que leurs lèvres mur­murent ces « je vous salue Marie » vain­queurs avant, pen­dant et après leurs com­bats. Et qu’ils mènent leurs com­bats dans la belle intran­si­geance de la véri­té, dans la sainte haine de l’erreur et de l’hérésie, dans le mépris d’eux-mêmes, pauvres pécheurs, et dans l’amour de leur prochain.

Une der­nière chose : nous sommes encore à la ren­trée, j’ose vous deman­der de pré­voir d’aller faire une retraite cette année. Plus les temps sont dif­fi­ciles, plus il faut être armé pour y vivre pro­fon­dé­ment dans la grâce de Dieu.

Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.