IVe UDT de la FSSPX : Entretien de l’abbé de Cacqueray à Présent

Présent du samedi 18 juillet 2009

— Vous orga­ni­sez votre qua­trième uni­ver­si­té d’été. Il semble que ce soit le signe d’un cer­tain succès…

— C’est effec­ti­ve­ment la qua­trième fois que la Fraternité Saint-​Pie X en France orga­nise cette uni­ver­si­té d’été, qui se déroule à Saint-​Malo, dans l’école que nous avons en Bretagne, et qui ras­semble de 150 à 200–250 étu­diants sur le thème géné­ral de l’apologétique, dont nous avons com­men­cé à dérou­ler le cur­sus depuis trois ans. La qua­trième va avoir pour thème la Révélation, et les signes de la mes­sia­ni­té et de la divi­ni­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, les trois pré­cé­dentes ayant por­té sur ce qu’on appelle la théo­di­cée ou la théo­lo­gie natu­relle, c’est-à-dire les fon­de­ments ration­nels qui per­mettent de par­ve­nir aux grandes conclu­sions que sont l’existence de Dieu, la spi­ri­tua­li­té et l’immortalité de l’âme.

— Vous avez employé le terme d’« étu­diants ». Est-​ce réser­vé à une cer­taine classe d’âge ?

— Non, j’ai pris le terme étu­diant, parce qu’en l’occurrence tout le monde se retrouve sur les bancs de l’école, ou plu­tôt sur les chaises de l’université, mais c’est ouvert à tout âge, pas de 7 à 77 ans, mais de 17–18 ans jusqu’à point d’âge, avec une forte pré­sence certes de la jeu­nesse, mais aus­si des pères et mères de famille (nous avons d’ailleurs mis au point un sys­tème de garde d’enfants pour cette année !), et puis des per­sonnes âgées, et je dois dire que ce mode d’inter-générations est assez sym­pa­thique. Et puis c’est enthou­sias­mant de voir des jeunes qui sont capables de se dépla­cer pour des sujets un petit peu arides, le mot apo­lo­gé­tique est un mot long et savant qui peut faire peur au départ, et des per­sonnes âgées qui en voient aus­si l’intérêt, qui ont gar­dé une jeu­nesse d’âme suf­fi­sante pour vou­loir être présents.

— L’apologétique est donc la défense de notre foi. Vous avez beau­coup d’écoles et d’instituts de for­ma­tion. Alors pre­mière ques­tion : est-​il néces­saire de faire une uni­ver­si­té d’été ? Qu’est-ce que cela apporte de plus ? Deuxième ques­tion : votre uni­ver­si­té s’adresse-t-elle à ceux qui n’auraient pas fait ce cur­sus, ou au contraire est-​ce vrai­ment quelque chose qui appro­fon­dit, qui va beau­coup plus loin ?

— Il est vrai que dans nos dif­fé­rentes écoles est dis­pen­sée une pre­mière for­ma­tion apo­lo­gé­tique. Mais, lorsque l’on se déplace volon­tai­re­ment – en géné­ral les enfants ne choi­sissent pas l’école dans laquelle ils vont, ce sont les parents qui font le choix pour eux –, cela signi­fie un enga­ge­ment de leur part. Cela donne la pos­si­bi­li­té d’aller plus loin parce que les intel­li­gences sont ouvertes. D’autre part, il est cer­tain que l’on va quand même net­te­ment plus loin et que le niveau moyen auquel nous nous adres­sons est celui de jeunes gens qui ont fait leur année de phi­lo­so­phie en Terminale. Cela per­met à la fois de revoir un cer­tain nombre de choses abor­dées en phi­lo­so­phie et en caté­chisme, et de les conduire plus loin.

— On évoque le fait qu’au fur et à mesure des « géné­ra­tions » de sémi­na­ristes, il est par­fois néces­saire de rehaus­ser le niveau en fai­sant une ou deux années de for­ma­tion pré­li­mi­naire. Est-​ce que cette uni­ver­si­té assez récente pro­cède de la même logique ? La réponse à un défaut de for­ma­tion chez cer­tains jeunes ?

— Elle n’est pas des­ti­née aux sémi­na­ristes, mais c’est l’un des buts recher­chés : on constate effec­ti­ve­ment une baisse de la connais­sance reli­gieuse, de la connais­sance de la foi, de la connais­sance théo­lo­gique. Simplement, par­mi les objec­tifs de l’université d’été, ce n’est peut-​être pas le pre­mier que nous nous sommes fixé. Ce que nous avons vou­lu, c’est, d’abord, for­ti­fier les catho­liques dans leur foi dans un contexte d’ébranlement géné­ral de cette foi : il s’agit de don­ner la pos­si­bi­li­té à tous de pou­voir consta­ter et adhé­rer à la soli­di­té, à la pro­fon­deur des argu­ments qui existent en faveur de la phi­lo­so­phie natu­relle, en faveur de la foi. Celle-​ci n’est pas sim­ple­ment la foi du char­bon­nier : elle repose sur des argu­ments qui sont extrê­me­ment solides et par­fai­te­ment étayés.

Mais il y a un deuxième point : nous vou­lons aus­si par cet inter­mé­diaire, contre l’œcuménisme ambiant, en mon­trant aux par­ti­ci­pants toute la soli­di­té de leur foi, essayer de déployer un véri­table zèle mis­sion­naire autour d’eux. L’université d’été doit vrai­ment abou­tir à des cel­lules d’apostolat qui se déve­loppent en France et qui essaient, contre l’envahissement de l’islam et celui des sectes, de pous­ser les catho­liques non pas à avoir peur et à se retran­cher, mais à ne pas hési­ter à aller au contact – un contact vrai­ment mis­sion­naire. C’est pour cela que nous avons vou­lu que l’université soit ouverte à tous les âges. Ainsi les catho­liques témoi­gne­ront, ren­dront compte de leur foi.

— Avez-​vous déjà connais­sance de retom­bées de cette sorte ?

— Oui, et je vous cite­rai en exemple quelqu’un qui en a témoi­gné à plu­sieurs reprises : il s’agit du bap­tême de Mathias Barbier, « fruit » de l’une des pre­mières uni­ver­si­tés d’été. Il explique que celle-​ci a été un jalon déter­mi­nant dans la voie qui l’a ame­né au baptême.

— Il existe d’autres uni­ver­si­tés dans notre famille de pen­sée, uni­ver­si­tés dont cer­taines sont assez anciennes, comme celle de Renaissance catho­lique, et même cer­taines assez proches de la Fraternité Saint-​Pie X, comme celle de Civitas. Qu’est-ce qui fait la spé­ci­fi­ci­té, la dif­fé­rence de l’université d’été de la Fraternité elle-même ?

— Le propre, c’est le seul sujet, certes très vaste, sur lequel elle concentre ses efforts : l’apologétique. Je pense qu’aucune autre uni­ver­si­té d’été, que ce soit Renaissance catho­lique, Civitas, Ichtus ou une autre, n’a pris ce format-​là. C’est vrai­ment cela qui nous inté­resse : non seule­ment faire pas­ser des vacances stu­dieuses, mais avoir cette volon­té missionnaire.

Par le biais de l’apologétique, on peut rendre confiance aux catho­liques. On peut leur rendre, et ce n’est pas rien, la fier­té d’être catho­lique. Dans cette tour­mente où l’on peut avoir l’impression que l’Eglise est en train, petit à petit, de s’effacer devant d’autres – fausses – reli­gions, nous mon­trons que tout dépend de nous et que tout est encore pos­sible si on se donne pour de bon.

— Il y a dans divers dis­cours du Pape actuel, et notam­ment dans l’encyclique Caritas in veri­tate que vient de don­ner Benoît XVI, un dis­cours très pré­cis, très net contre le rela­ti­visme. Y retrouvez-​vous la même épine dorsale ?

— Je dirais, oui, évi­dem­ment, lorsque le Pape com­bat le rela­ti­visme, et dans un cer­tain nombre d’actes qu’il pose dans ce sens-​là, mal­heu­reu­se­ment avec les limites que son dis­cours pré­sente aus­si. Je crois que c’est au para­graphe 55 et 56 de l’encyclique, que mani­fes­te­ment le Pape déve­loppe une optique qui n’est pas du tout la nôtre. Il déve­loppe l’optique de ce que les reli­gions, même s’il pré­cise qu’elles ne sont pas équi­va­lentes les unes aux autres, apportent à la socié­té en faveur de la paix. Nous ne sommes pas du tout dans cette optique qui à notre avis est déjà rela­ti­viste, et qui sur le vrai plan, qui est celui de la foi, s’oppose à l’Eglise comme unique arche de salut.

— Vous avez par­lé du fait que les thèmes choi­sis obéissent à un ordre. Est-​ce un incon­vé­nient, dès lors, pour des gens de débar­quer en cours de route, si je puis dire ? Et quels sont les thèmes à venir, s’ils sont déjà arrêtés ?

— Nous essayons de pal­lier cet incon­vé­nient en cher­chant au début de chaque uni­ver­si­té d’été à faire un rap­pel syn­thé­tique des uni­ver­si­tés pré­cé­dentes. La pre­mière des douze confé­rences de cette année est une syn­thèse des conclu­sions de la théo­lo­gie natu­relle, ce qui per­met aux nou­veaux d’être ain­si « mis au parfum ».

Quant au cur­sus, nous n’avons pas à l’inventer : il a magni­fi­que­ment exis­té dans l’Eglise aus­si bien dans les sémi­naires qu’au-delà lorsqu’il y avait un inté­rêt pour cela. Il mène à la cré­di­bi­li­té du dogme catho­lique et plus pré­ci­sé­ment, à la « cré­den­ci­té » ; le fait d’amener les intel­li­gences de bonne volon­té, non pas à la foi, parce qu’elle est un don de Dieu, mais au seuil de la foi. Je peux vous dire déjà les pers­pec­tives prin­ci­pales de ce qui sui­vra : l’étude de la Révélation, de l’historicité des évan­giles… Le pro­chain thème prin­ci­pal sera de mon­trer que c’est l’Eglise catho­lique et non pas une autre Eglise, ou dite telle, qui véri­ta­ble­ment est celle que Jésus-​Christ a vou­lue. Donc, de mon­trer cette fidé­li­té de l’Eglise à ce que l’Evangile a vou­lu donner.

— Vous avez employé le mot « vacances » tout à l’heure. Est-​ce que, lors de l’université, au-​delà des confé­rences stu­dieuses, il est pré­vu un cadre plus libre, avec des visites, des veillées comme cela existe habi­tuel­le­ment dans ce genre d’universités ?

— Je vou­drais d’abord pré­ci­ser qu’outre les confé­rences elles-​mêmes, nous avons un autre mode un peu plus pra­tique de res­ter sur notre sujet, éla­bo­ré au cours des pré­cé­dentes uni­ver­si­tés d’été : ce sont les ate­liers. Ils sont au nombre de huit [NDLR de LPL : 6 en réa­li­té] cette année (chaque étu­diant en choi­sit deux) et servent à faire pas­ser de ce qu’il y a d’intellectuel dans les confé­rences à quelque chose de plus pra­tique et de plus mis­sion­naire. On y orga­nise des petites joutes entre les étu­diants qui vont devoir réfu­ter des thèses qui portent, en géné­ral, soit sur le pro­gramme des uni­ver­si­tés d’été pré­cé­dentes soit sur le pro­gramme de celle en cours. On recherche l’argumentation la plus for­melle pos­sible entre les pro­ta­go­nistes. Voilà qui donne cette espé­rance de pou­voir vrai­ment arri­ver, dans des dis­cus­sions, à faire pas­ser des prin­cipes et la vérité.

Mais il y a aus­si des veillées ! Les pro­fes­seurs de Saint-​Benoît [NDLR de LPL : lire « école Sainte-​Marie »], qui par­ti­cipent à toute l’université d’été, montent en géné­ral une pièce de théâtre qui est le plus sou­vent celle que les enfants ont jouée en fin d’année. Il y a un film à saveur apo­lo­gé­tique ou mis­sion­naire. Nous fai­sons venir cette année des musi­ciens qui joue­ront du cor des Alpes. Outre ces soi­rées récréa­tives, les par­ti­ci­pants appré­cient éga­le­ment le fait que tous les repas soient pris en com­mun, avec les confé­ren­ciers et les prêtres pré­sents qui se répar­tissent par­mi les tables, ce qui rend l’atmosphère vrai­ment fami­liale. Nous essayons aus­si, au cours de ces jour­nées bien char­gées, de don­ner la pos­si­bi­li­té à cha­cun d’avoir l’atmosphère des mai­sons de la Fraternité avec la messe quo­ti­dienne, les com­plies et la prière du matin.

— Je note que par­mi les douze confé­rences annon­cées il y en a trois qui portent sur la façon de par­ler : « Tourner sept fois sa langue », « Ce qui se conçoit bien s’énonce clai­re­ment », « La forme du dis­cours ». Comment cela se traduit-​il pra­ti­que­ment ? Et pour­quoi ce choix ?

— C’est la pre­mière fois que nous insis­tons autant, pas seule­ment sur la forme, plu­tôt sur la logique et l’art d’exposer. Nous avons vu, les années pré­cé­dentes, que les étu­diants s’intéressaient vrai­ment au fond de ce qui leur était dit, mais se mon­traient en même temps un peu inti­mi­dés à l’idée de devoir aller au contact et argu­men­ter. Il y avait aus­si une mécon­nais­sance et un mélange entre les dif­fé­rents types d’arguments. On les voyait assez sou­vent dans les joutes mélan­ger des argu­ments ad homi­nem, des argu­ments affec­tifs et des argu­ments de fond. Nous avons vu qu’en leur appre­nant à bien savoir dis­cer­ner les dif­fé­rents types d’arguments, cela ren­dait leur dis­cours beau­coup plus percutant.

— Vous com­men­cez avec des « tout juste » ou des « à peine » bache­liers, sans limite… Il y a quand même une diver­si­té de ce fait. Est-​elle un apport ou les gens qui viennent rattrapent-​ils quelque chose qu’ils n’ont jamais eu, pour les plus âgés d’entre eux ?

— Les impres­sions sont très diverses. Nous avons un public de tous les âges, de per­sonnes qui ont connu la Tradition dès ses « débuts » ou de conver­tis récents. Cela ne rend pas la tâche des confé­ren­ciers très facile. Il faut arri­ver à cibler dans cette grande diver­si­té le niveau qui sera exac­te­ment choi­si. Vu que, d’année en année, la grande diver­si­té consta­tée dès le début conti­nuait d’exister, même si les gens trouvent que c’est un peu dif­fi­cile par­fois, nous en dédui­sons que cha­cun y trouve de quoi l’intéresser. Peu de gens nous disent : « On savait tout » ! La plu­part découvrent, appro­fon­dissent des véri­tés, et sont en géné­ral contents du bagage qu’ils emportent en partant.

— Vous avez mis cette uni­ver­si­té sous le patro­nage d’Eugenio Zolli. Sera-​t-​il ques­tion par­ti­cu­liè­re­ment de lui ?

— Nous avons vou­lu le faire, évi­dem­ment, en hom­mage à un Pie XII épou­van­ta­ble­ment atta­qué. Nous cher­chons, à tra­vers les noms de pro­mo­tion que nous don­nons depuis l’année der­nière, à mon­trer des exemples de grandes et belles conver­sions qui ont jalon­né le XXe siècle. La pre­mière figure choi­sie, l’an der­nier, était celle de Psichari.

— Vos tra­vaux laissent-​ils des traces ? Sont-​ils publiés ?

— Nous avons publié les actes des trois pré­cé­dentes uni­ver­si­tés.[NDLR de LPL : à com­man­der ICI]

— Nombre d’ouvrages d’apologétique sortent aux Etats-​Unis ; cela tourne autour des thèmes : « Vous avez un ami pro­tes­tant, voi­là ce qu’il faut lui dire pour lui démon­trer que la foi catho­lique est la foi véri­table », « Vous avez un ami athée, voi­là des argu­ments », « Un de vos proches est apos­tat, parlez-​lui »… C’est une lit­té­ra­ture extrê­me­ment abon­dante, révé­la­trice d’un réel sou­ci. Le tra­vail que vous faites pourrait-​il débou­cher sur ce genre de maté­riel offert de façon beau­coup plus large qu’aux seules per­sonnes qui par­ti­cipent à vos universités ?

— Absolument. De fait, j’ai deman­dé à l’abbé Célier qui par­ti­cipe aux uni­ver­si­tés d’été depuis le départ d’écrire un livre d’apologétique avec des adap­ta­tions faites par rap­port au contexte actuel pour essayer de répondre non pas aux nou­veaux argu­ments (les argu­ments sont tou­jours les mêmes !) mais aux nou­velles moda­li­tés qu’ils prennent.

— Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet « existe » depuis plus de trente ans, la Fraternité un peu plus. Je ne pense pas que le dis­cours de la Fraternité ait chan­gé depuis sa fon­da­tion, dans l’affirmation d’une foi inté­grale. Mais y a‑t-​il besoin aujourd’hui, plus qu’il y a trente ans, d’une affir­ma­tion plus intel­lec­tuelle de la foi ? Y a‑t-​il un nou­veau déca­lage par rap­port à la com­pré­hen­sion de la foi ?

— Je peux répondre à titre per­son­nel que le livre qui m’a le plus appor­té dans la com­pré­hen­sion de la crise de l’Eglise est Iota unum, de Romano Amerio. Celui-​ci a mon­tré com­ment la crise du moder­nisme était une mise en cause de l’intelligence, rem­pla­cée par une sorte de sen­ti­ment reli­gieux qui ser­vi­rait de tout. L’intelligence a été vrai­ment mise de côté, ce qui fait que beau­coup de catho­liques aujourd’hui pensent que la foi se réduit effec­ti­ve­ment à ce sen­ti­ment reli­gieux dont saint Pie X par­lait dans Pascendi… On s’aperçoit qu’en expri­mant ce que l’intelligence est capable de dire de la foi, ses beau­tés et ses gran­deurs, on fait décou­vrir des pay­sages abso­lu­ment incon­nus, même à nos fidèles qui fina­le­ment, d’eux-mêmes et lais­sés à eux-​mêmes, vivraient plus d’une sen­si­bi­li­té reli­gieuse qui est bonne en elle-​même mais qui est insuffisante.

— Est-​ce plus vrai de la « deuxième géné­ra­tion » dont on peut avoir l’impression qu’elle vit dans son cocon ? Les pre­miers avaient besoin de se battre et donc de se for­mer ; les seconds sui­vant plu­tôt le mou­ve­ment. Le fait que vous ayez démar­ré cette uni­ver­si­té il y a trois ans répond-​il à un dés­équi­libre qui s’est créé au fil des ans ?

— Je pense qu’effectivement, mal­gré nos écoles – je suis très franc ! – ; mal­gré tout ce que la résis­tance de leurs parents a sup­po­sé d’études des ques­tions rela­tives à la messe et à la doc­trine, on voit que la force de l’adhésion à la foi des plus jeunes s’étiolerait plu­tôt vers cette espèce de sen­ti­ment reli­gieux pas suf­fi­sam­ment éclai­ré. Le fait de vou­loir les ame­ner au front de l’apostolat, vise à leur mon­trer que lorsque l’on se trouve devant des argu­ments bien déter­mi­nés et qu’on n’y répond pas seule­ment par du sen­ti­ment. Il y a quelque chose à don­ner… Il faut presque qu’ils n’arrivent pas à réfu­ter ces argu­ments, et que cela les oblige à étudier.

— Avez-​vous au sein de vos uni­ver­si­tés des gens d’autres convic­tions qui viennent argu­men­ter ou est-​ce que cela reste plus théorique ?

— Pour l’instant cela reste théo­rique, avec cet essai par le biais des ate­liers de créer des petites dis­pu­ta­tio. En revanche, nous vou­lons fon­der ces cel­lules dans les prieu­rés, ins­pi­rées de ce qu’était la Légion de Marie avant le Concile. Nous les lan­ce­rons avec l’aide du Bon Dieu et je suis cer­tain que cela trans­for­me­ra ces men­ta­li­tés ras­sa­siées. Pour leur faire com­prendre qu’à n’importe quel âge, quand on a des cou­sins ou des voi­sins, on doit se dire qu’on a quelque chose à leur appor­ter. Jésus choi­sit ses apôtres et ses dis­ciples, il les envoie deux par deux sur les routes, prê­cher l’Evangile jusqu’aux extré­mi­tés de la terre… Pour aller au ciel, il faut être catho­lique, je pense qu’il y a vrai­ment un devoir pres­sant qui nous « urge », comme dirait saint Paul.

Propos recueillis par Jeanne Smits et Olivier Figueras

Article extrait de Présent n° 6884 du Samedi 18 juillet 2009

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.