LAB de l’ADEC n° 18 – Rien ne va plus à l’Éducation Nationale

Chers amis et bienfaiteurs

Rien ne va plus à l’Éducation Nationale. Une pluie de rap­ports natio­naux et inter­na­tio­naux accusent le sys­tème fran­çais et sou­lignent ses piètres résul­tats en matière de réus­site sco­laire tout autant que son inca­pa­ci­té à inté­grer sco­lai­re­ment les enfants d’é­tran­gers. En dix ans – de 2000 à 2010 – on a même noté très offi­ciel­le­ment l’aug­men­ta­tion d’un tiers des « enfants en grande dif­fi­cul­té », déli­cat euphé­misme qui cache l’au­then­tique illet­tré, c’est-​à-​dire l’en­fant qui ne com­prend pas un texte simple et ne sait pas effec­tuer des opé­ra­tions simples de calcul.

Il est clair que les appren­tis­sages du pri­maire qui ont fait l’ob­jet des plus grands délires « péda­go­gistes » portent leurs mau­vais fruits. L’obstination et l’a­veu­gle­ment sec­taire fini­ront peut-​être par être eux aus­si dénon­cés offi­ciel­le­ment. Il n’est pas inter­dit de rêver. On l’a vu, il y a quelques années, quand un ministre de l’Éducation a vou­lu réin­tro­duire la méthode de lec­ture syl­la­bique et condam­ner la méthode glo­bale : les tenants du semi-​global ont rica­né, sou­li­gnant que la méthode glo­bale n’était plus guère uti­li­sée. Ce sont les mêmes qui demandent tou­jours plus d’argent, pour s’oc­cu­per des dif­fi­cul­tés des élèves dont ils sont eux-​mêmes en par­tie la cause.

Dans la com­pé­ti­tion inter­na­tio­nale qui met l’ac­cent sur la capa­ci­té d’un État à pro­duire des étu­diants aptes à inté­grer la grande éco­no­mie mon­diale, on s’é­tonne des faibles per­for­mances d’un « grand pays » comme la France qui consacre pour­tant 20 % de son bud­get natio­nal à l’Éducation du même nom. Bref, le moral du « mam­mouth » est en berne.

Or, on le sait, une note sta­tis­tique récente du Ministère de l’Éducation natio­nale, publiée en sep­tembre 2010, le prouve : en com­pa­rant le par­cours de deux géné­ra­tions d’é­lèves entrés en sixième, les uns en 1989, les autres en 1995, leurs chances d’ob­te­nir le bac res­tent plus que jamais liées d’abord au niveau acquis dès l’é­cole pri­maire, puis au retard sco­laire et enfin à l’o­ri­gine sociale. Seul un quart des élèves qui a redou­blé au moins une fois dans le pri­maire par­vient à décro­cher le bac, et seule­ment 1% de la géné­ra­tion de 1995 pour ce qui est du bac scientifique.

Mais il reste une autre leçon à tirer de ces tristes bilans et elle n’a pas fait l’ob­jet dans les médias d’au­tant de publi­ci­té. Il s’a­git de l’é­chec des enfants vivant en famille « mono­pa­ren­tale » ou « recom­po­sée », autre­ment dit fruits mal­heu­reux du divorce et des unions libres. 51% des enfants issus de telles « familles » deviennent bache­liers, contre 67 % pour les autres. Il faut savoir qu’en France, comme en Europe, les familles mono­pa­ren­tales sont de plus en plus nom­breuses. De 1968 à 2005, on est pas­sé de 6 à 16% des enfants sco­la­ri­sés qui vivent avec un seul parent. 90% d’entre eux vivent avec leur mère. Et la ten­dance n’a pas de rai­son de s’in­ver­ser. L’équilibre psy­cho­lo­gique de l’en­fant sou­vent atteint par les bles­sures du divorce, c’est toute la sco­la­ri­té qui en pâtit. Ce triste constat montre que ce n’est pas pour rien que l’Église a tou­jours deman­dé que ceux qui se des­tinent au mariage en com­prennent les enjeux, notam­ment quant à leurs res­pon­sa­bi­li­tés envers ceux qui en sont la fin pre­mière : les enfants. La fidé­li­té, l’in­dis­so­lu­bi­li­té, le témoi­gnage exem­plaire d’un sou­tien mutuel entre les époux sont évi­dem­ment, n’en déplaise aux esprits liber­taires de tout poil, des fac­teurs de sta­bi­li­té, d’é­qui­libre psy­cho­lo­gique et affec­tif qui contri­buent, pour une part notable, à la réus­site sco­laire, tout autant d’ailleurs qu’à la vie future de l’enfant.

Ce n’est pas pour rien non plus que, face à cet échec – recon­nu publi­que­ment – du sys­tème édu­ca­tif fran­çais, les écoles pri­vées hors contrat se sont mul­ti­pliées. Elles répondent, en effet, à une demande crois­sante de la part de parents qui n’hé­sitent pas à inves­tir mas­si­ve­ment pour l’a­ve­nir de leurs enfants. Bien sou­vent sou­mis aux impôts et s’ac­quit­tant en plus des frais de sco­la­ri­té de ces écoles non sub­ven­tion­nées, ils sont dou­ble­ment impo­sés. C’est avec ce que l’on peut qua­li­fier, sans emphase, d’hé­roïsme que ces familles choi­sissent la qua­li­té pour pré­ser­ver leur pro­gé­ni­ture de l’école sans Dieu et de l’é­chec scolaire.

Les écoles diri­gées par les prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X sont dans ce cas. Les parents de nos familles catho­liques sont ces héros. La Providence a per­mis la mul­ti­pli­ca­tion de nos écoles, mal­gré leur coût exor­bi­tant lié aux exi­gences tou­jours crois­santes des normes de sécu­ri­té et aux charges sala­riales. Mais si ce miracle existe, c’est aus­si grâce à vous, bien­fai­teurs fidèles, qui offrez de votre super­flu, par­fois de votre néces­saire, pour que des enfants reçoivent une édu­ca­tion authen­ti­que­ment catho­lique, dans des écoles tou­jours plus aptes à leur trans­mettre l’a­mour de Jésus-​Christ et de la Vérité qui en découle. Mais l’argent ne fait pas tout. Comme nous l’ont mon­tré les ter­ribles sta­tis­tiques men­tion­nées ci-​dessus, à pro­pos des dégâts pro­vo­qués par la des­truc­tion des familles, il ne faut pas négli­ger, dans les milieux catho­liques non plus, la cohé­rence entre les prin­cipes ensei­gnés à l’é­cole et ceux ensei­gnés et pra­ti­qués dans les familles.

Comme inten­tion de prière, nous pour­rions, en cette année 2011, insis­ter non seule­ment sur la pré­ser­va­tion de l’in­té­gri­té des familles catho­liques, mais aus­si sur une plus grande prise de conscience des exi­gences édu­ca­tives qui relèvent des parents, de la néces­saire har­mo­nie et doci­li­té qu’ils doivent mani­fes­ter envers les auto­ri­tés ensei­gnantes, pour que l’é­du­ca­tion reçue à l’é­cole ne perde pas de son effi­ca­ci­té en rai­son d’un libé­ra­lisme fami­lial ram­pant ou effec­tif. Par ailleurs, on n’in­sis­te­ra jamais assez auprès des jeunes sur la néces­si­té de se pré­pa­rer ver­tueu­se­ment au mariage, au risque d’avoir omis de se pré­pa­rer aux épreuves du mariage qui jalonnent toute vie et accom­pagnent ses joies, de telle sorte que, jamais, les enfants ne soient les vic­times col­la­té­rales des mésen­tentes ou des fai­blesses conjugales.

Cet appel à votre géné­ro­si­té inclut donc une croi­sade de sou­tien, par la prière, à toutes nos familles. C’est à ces condi­tions que la Tradition catho­lique per­du­re­ra, par les fruits de ses familles et de ses écoles catholiques.

Abbé Philippe Bourrat [1], Recteur émé­rite de l’Institut Universitaire Saint-​Pie X

Notes de bas de page
  1. Depuis le 15 août 2010 M. l’ab­bé Philippe Bourrat est Directeur de l’en­sei­gne­ment pour le District de France[]

Association de Défense de l'École Catholique

Association de soutien financier pour les écoles de la Tradition